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Défi photo, quelle empreinte laissons-nous

Empreinte, photo des liquidateurs de Tchernobyl, 1, galerie au sol

Le nouveau thème du défi marche / photo de Monique / Bidouillette / Tibilisfil est cette fois-ci « Quelle empreinte laissons-nous »… J’aurais pu vous montrer des empreintes de pas (d’hommes ou d’animaux) fossilisés dans le bitume des trottoirs ou dans la boue au bord de la rivière… J’aurais pu vous parler de l’empreinte carbone ou autre que nous laissons sur terre…

J’ai choisi de vous montrer cette empreinte photographique laissée par les liquidateurs de la centrale nucléaire de Tchernobyl… qui a explosé le 26 avril 1986. Beaucoup sont morts dans les jours, les mois ou les années suivantes, d’autres souffrent toujours de graves cancers. Preuve vivante (morte plutôt) s’il en est de la dangerosité de la radioactivité… A la veille du premier anniversaire de la catastrophe de Fukushima et alors que les incidents continuent à s’égrener dans nos propres centrales nucléaires (mon dernier article sur la vie de nos centrales parlait de Cattenom sur le Rhin et de Civaux près de Poitiers, avec sa désormais célèbre fuite de tritium… dans la nappe phréatique), il s’agissait pour le collectif Sortir du Nucléaire et les organisations amies de rappeler ces catastrophes et de se souvenir des milliers d’hommes qui se sont sacrifiés à Tchernobyl. Sur les 700.000 personnes qui ont participé à la gestion de la catastrophe (25.000 dans les premiers mois, quasiment tous sont morts) puis à la construction du sarcophage (qu’il va maintenant falloir encore renforcer), au moins 25.000 sont morts pour les évaluations les plus basses, 125.000 pour les estimations hautes (et 90% des survivants seraient gravement malades), et l’on ne parle que des liquidateurs, pas des populations.

La mairie de Poitiers avait interdit que des portraits en grand format soient présentés samedi dernier (10 mars 2012) sur la place d’Armes (place Leclerc) et le samedi suivant sur la place du marché près de Notre-Dame-la Grande (place De Gaulle). Au motif, d’après la presse, que ces portraits pourraient choquer les jeunes enfants… Ce ne sont que des photographies avec le nom, la date de naissance et de décès de 270 liquidateurs…

Empreinte, photo des liquidateurs de Tchernobyl, 2, devant Notre-Dame Chaque manifestant a donc pris l’une de ces photographies… Direction Notre-Dame la Grande, pour quelques discours, notamment sur Besson qui s’est dégonflé et n’est pas allé à Civaux pour célébrer la mise en place d’une force d’intervention nucléaire. Il faut dire que cette centrale nucléaire est toujours construite sur le karst, en zone sismique, en aval du barrage réputé indestructible de Vassivière, accumule les incidents ces derniers mois, la Vienne déjà très basse ne va pas améliorer les choses et nous risquons encore de revivre cette année le cycle sécheresse, puis crue de la Vienne qui emporte la jussie qui se développe encore plus dans l’eau chaude, voire une fuite de tritium à cause de bassins de stockage trop sollicités (impossible de jeter le tritium et les déchets chlorés à la rivière si elle n’a pas assez de débit).

Empreinte, photo des liquidateurs de Tchernobyl, 3, rassurez-vous avec les pastis d'iode! Deux clowns du réseau des Deux-Sèvres étaient là pour détendre l’atmosphère… Leur « brigade de rassurage nucléaire » distribuait aux passants des « pastis à l’iode » (des bonbons à la menthe…).

Alors, quelle empreinte laissons-nous pour les générations futures? La demi-vie radioactive (durée après laquelle la radioactivité diminue de moitié) du plutonium 240 (un atome qui n’existe pas dans la nature, pur produit de l’industrie nucléaire) est de 6650 ans, le plutonium 239 et le plutonium 241 ont des demi-vies très différentes, 24.110 ans pour le premier, 14,4 ans pour le second, etc. il y a 19 isotopes du plutonium, tous ont une activité importante de rayonnements alpha, bêta et gamma. Pour qu’un stock de plutonium soit inoffensif ou presque, il faut plusieurs cycles complets, on estime cette durée à 200.000 ans… Une partie de ce plutonium est stockée (souvent en barres, c’est un métal, dans des fûts pas toujours étanches dans le temps), une autre part est intégrée dans le MOX, un combustible qui était présent à Fukushima et que certains experts soupçonnent d’avoir aggravé le problème au moment de la fusion du combustible des réacteurs.

Quelle empreinte les liquidateurs de Tchernobyl laissent-ils sur terre, sans monument commémoratif, niés par les autorités pour qui, officiellement, il y a eu 30 morts par irradiation directe et massive sur le site dans les premières heures, 1.500 morts parmi les habitants des zones les plus contaminées et 2.200 morts parmi les liquidateurs… à multiplier par dix ou cent suivant les experts…

Et demain, qu’en sera-t-il pour les liquidateurs de Fukushima? Il n’y a pas eu de gros incendie ni dissémination massive par explosion, mais nombre de liquidateurs ont mis et mettent encore leur vie en danger, des professionnels du nucléaire, mais aussi des SDF recrutés dans la rue, bien payés jusqu’à ce qu’ils atteignent une dose considérée comme dangereuse (recalculée à 5 fois la dose annuelle maximale autorisée en France pour les travailleurs du nucléaire).

Et pour les pro-nucléaires, et ceux qui répètent que c’est l’énergie la moins chère, n’oubliez pas que:

l’énergie la moins chère est celle que l’on ne consomme pas! Isolons no
s habitations, éteignons les lumières la nuit, éteignons les appareils électriques plutôt que de les laisser en veille, etc.

– en cas de catastrophe nucléaire, il n’y a aucune provision de la part d’EdF, qui a obtenu une loi après Tchernobyl… Elle n’assurera que 91,5 millions d’euros maximum de responsabilité civile… Tchernobyl et Fukushima ont un coût de centaines de milliards de dollars (l’Ukraine aurait déjà dépensé 200 milliards de dollars pour Tchernobyl, 25% de son budget de 1985 à 1991, la Biélorussie aurait dépensé à peu près autant, la Russie refuse de communiquer, il est trop tôt pour chiffrer Fukushima)…

– la cour des comptes a demandé un vrai chiffrage du coût du démantèlement des centrales nucléaires… L’expérience de Brinellis, dont le démantèlement a commencé en 1985, a été évalué en 2005 à presque un demi milliard d’euros, et cela ne concerne pas encore la partie la plus sensible, le réacteur dont on ne sait que faire… A multiplier par 58 réacteurs actifs à eau pressurisée et 10 en cours de démantèlement très partiel (Brinellis, réacteur gaz-eau-lourde, et 9 graphite-gaz arrêtés progressivement après la fusion partielle des coeurs de Saint-Laurent-Nouan dans le Loir-et-Cheren 1969 et 1980)… pour ne compter que le nucléaire civil d’EdF, il faudrait ajouter Phénix et Superphénix. Quant à l’EPR de Flammanville, pour l’instant, il a tant de malfaçons (l’Autorité de sûreté nucléaire / ASN a rappelé dès 2008 à Bouygues comment faire du béton avec du ciment et pas que des cailloux, voir les différentes lettres d’inspection de l’ASN à Flamanville) que ce n’est pas sûr qu’il ouvre un jour, tant qu’il n’est pas chargé en combustible, il ne produit pas de déchet (mais il coûte! jusqu’à présent, il est estimé à 6 milliards d’euros, le double de ce qui était prévu).

– le coût de la prolongation de la durée de vie des 58 réacteurs en activité n’est pas vraiment chiffré… EdF l’a estimé à 50 milliards sur les 25 prochaines années, la cour des comptes est dubitative.

– le coût du stockage et de la surveillance des déchets radioactifs pendant des centaines de milliers d’années n’est bien sûr pas chiffré…la cour des comptes n’a pas pu savoir à quoi correspondaient exactement les 30 milliards d’euros annoncés par l’Andra (agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs).

Un dernier chiffre, ramené en euros constant, la filière nucléaire a déjà coûté en France 228 milliards d’euros, valeur de 2010, d’après la cour des comptes.

La vie de nos centrales nucléaires (suite)

Civaux, dessin humoristique sur le silicone de la centrale Civaux (Vienne), suite de la fuite de tritium

Je n’ai pas pu me retenir, la semaine dernière, j’ai sorti mon carnet à dessin, pas utilisé depuis longtemps… Les légendes, si vous ne pouvez pas les lire…

« – et pour réparer les fissures?

– Pas de problème, on a racheté le stock de silicone de PIP »… le tout sur une jolie nappe au tritium…

Ceci pour illustrer cet extrait du rapport rapport d’inspection de l’autorité de sûreté nucléaire disponible en pdf en cliquant ici:

« Les inspecteurs ont constaté que, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur de la capacité de rétention, des fissures sont présentes dans le béton, dont certaines ont manifestement fait l’objet d’une réparation d’étanchéité à l’aide de mastics ou de gels de silicone. Ils ont également relevé que le revêtement armé n’est pas intègre, qu’il présente de nombreux faïençages, écaillages, cloques. Certaines cloques sont percées, révélant la présence de liquide entre le revêtement et le béton qu’il est censé protéger« .

Le rapport d’inspection de l’autorité de sûreté nucléaire (ASN) à télécharger à partir de ce lien (7 pages à lire absolument) et la lettre de suite étaient sévères, les vues montrées sur France 3 montraient une fissure réparée comme une fuite de WC (celle non déclarée à l’ASN et réparée au silicone), mais bon, il paraît que la fuite est colmatée (réparation provisoire d’une valve) en attendant la vidange du bassin et sa vraie réparation… Il paraît que les taux de tritium dans la nappe phréatique décroissent, mais aucun chiffre n’a été donné récemment sur le site d’EDF ni sur celui de la commission locale d’information (CLI)… Bonjour la transparence! La dernière mesure dans la nappe sous la centrale donnait encore 320 bcq/l le 30 janvier 2012, soit trois fois la norme d’alerte européenne et française, contre 8 avant l’incident… et la fuite est censée avoir été réparée le 25 janvier, c’est une nappe stagnante ou il y a encore des arrivées de tritium depuis le bassin percé??? Ou bien le tritium est passé dans le calcaire sous la centrale et s’égoutte doucement dans la nappe?

En plus, je suis très fâchée, j’ai saisi par le formulaire ad hoc et reçu un accusé de réception le 14 janvier 2012 sur le site d’EDF et sur celui de la CLI pour savoir pourquoi c’était les normes très favorables de l’OMS et non les normes européennes (page 14 de la directive 98/83/CE) et françaises (arrêté SANP0720201A du 11 janvier 2007) qui étaient appliquées en référence de l’incident, je leur laisse jusqu’au 14 février (cela fera un mois) et je leur renvoie la même question en recommandé avec accusé de réception, copie à l’ASN et aux députés…

De son côté, le réseau sortir du nucléaire a porté plainte contre EdF pour cet incident, enfin, une simple anomalie de niveau 1 sur l’échelle de l’INES. Anomalie qui n’a toujours pas été reportée comme telle (un triangle vert avec un 1 à l’intérieur) en marge de l’événement concerné. Je croyais que la règlementation leur demandait de le faire SANS DELAI…

PS, septembre 2012: une inspection de l’autorité de sûreté nucléaire a donné lieu à un constat d’écart notable dans une nouvelle lettre adressée à EdF le 11 septembre 2012. Elle a eu son effet, la commission locale d’information claironne le 21 septembre 2012 que les travaux de réparation sont terminés (sans parler du rappel à l’ordre). Le taux de tritium dans la nappe était encore à 120 bq/l le 23/10, et avait baissé à 79 bq/l le 6/11 (il a culminé à 540 au début du constat de la fuite, le taux habituellement mesuré avant cette fuite était de 8 à 10 bq/l, nous ne sommes donc toujours pas revenus à la situation antérieure).

Civaux (Vienne), un nouvel incident…

Cette fois, il s’agit, d’après une brève parue dans la Nouvelle République, qui dit répercuter un communiqué de presse d’EdF, le 7 février 2012, la rupture d’une tuyauterie d’eau chaude sous pression a activé des détecteurs automatiques de fumée dans le dans le local de déminéralisation de la centrale nucléaire. Silence radio sur la page d’EDF sur les incidents de la centrale de Civaux ni sur la page d’actualité de la commission locale d’information (au moins rien encore hier soir jeudi 9 février à 22h). Bonjour la transparence revendiquée par EdF et la CLI.

Mais tout va bien à Civaux, si vous cliquez sur l’onglet voisin, vie de la centrale, vous verrez que 150 employés de cette centrale ont été médaillées, avec grand ramdam privé au théâtre et auditorium de Poitiers / TAP, honte à lui et aussi à l’artiste Yannick Jaulin qui me déçoit beaucoup pour avoir animé cette soirée, il faut bien qu’ils vivent, que ce soit l’artiste ou la salle de spectacle, mais ils pourraient mieux choisir leurs clients… L’argent (d’EdF) n’a pas d’odeur…

Golfech (Tarn-et-Garonne), un jugement en attente de délibéré

Dans le même ressort que nous en ce qui concerne l’autorité de sûreté nucléaire, pour la première fois, EdF était poursuivie par cette dernière pour des contraventions de 5e classe devant le tribunal d’instance de Castelsarrasin. D’après un article du Canard Enchaîné, EdF a tout fait pour se défendre et essayer d’échapper à cette condamnation qui même modeste (2000 euros d’amende requis) serait une grande première! Le jugement a été mis en délibéré au 29 mars 2012. Quel que soit le verdict, il y aura probablement appel d’une partie ou de l’autre… Wait and see… le jugement définitif après tous les recours va prendre du temps…

Juste pour vous donner une échelle de valeur… Pour avoir montré les failles de la sécurité des centrales nucléaires françaises et coupé quelques dizaines de centimètres de grillage, les militants de Greenpeace qui s’étaient introduits sur les centrales nucléaires en décembre risquent jusqu’à 5 ans de prison ferme (voire 7 ans suivant les qualifications retenues) et 75.000 euros d’amende (voir par exemple sur le site du Monde), mais EdF ne risque que des amendes de cinquième classe (1500 euros maximum par infraction).

PS : EDF a été condamnée en appel le 3 décembre 2012 à 4000€ d’amende et devra verser 4500 € de dommages et intérêts, soit 1500€ à chacune des trois parties civiles (Sortir du nucléaire, France nature environnement et les Amis de la Terre). Nul doute qu’il y aura un procès en cassation, EdF ne va pas laisser passer une première condamnation pour pollution, même confirmée en appel!

Cattenom (Moselle), un incident de niveau 2

Cette fois, l’ASN est vraiment fâchée, car elle a classé le dernier incident au niveau 2, ce qui implique également un signalement à l’AIEA, l’agence internationale de l’énergie atomique, pas bon pour EdF. La source la plus simple à consulter est la relation dans Le Monde. Les piscines des deux réacteurs de cette centrale se sont révélées non conformes suite à l’inspection post-Fukushima du 18 janvier 2012 et EdF a été contrainte par l’ASN à mener des travaux de réparation d’urgence. Encore un problème de tuyauterie (il faut dire qu’une centrale nucléaire, c’est une grosse bouilloire avec plein de tuyaux, de valves et de vannes), mais cette fois, il y avait une mise en danger des défenses de la centrale… ce qui en clair veut dire que s’il y avait eu un accident, le système de secours était inopérant. Super!

Pas de panique, tout va pour le mieux dans le nucléaire français… et gaspillons encore plus d’électricité

Plusieurs incidents de niveau zéro (écart à la production) par jour, un incident de niveau 1 (anomalie sans impact sur l’environnement) tous les trois jours en moyenne, quelques incidents de niveau 2 (impact significatif sur l’environnement ou irradiation du personnel ou défaut majeur de sécurité, environ 3 à 4 par an en moyenne sur les trente dernières années), espérons qu’il n’y en aura pas plus haut dans l’échelle internationale, 5, c’est par exemple la fusion partielle du cœur de Three Mile Island, 7, c’est Tchernobyl et Fukushima… En France, il y a eu deux fois un incident de niveau 4 (en 1969 et en 1980) à la centrale nucléaire de Saint-Laurent-les-Eaux (sur la Loire, dans le Loir-et-Cher, entre Orléans et Blois). Ces deux réacteurs ont été arrêtés respectivement en 1990 et 1992 (en même temps que toutes les autres vieilles centrales au graphite) et sont toujours en cours de démantèlement vingt ans plus tard… Et pour cause, ni EdF ni personne ne sait quoi faire des bétons fortement irradiés pour des centaines de milliers d’année : une des solutions, plutôt que de les enterrer dans l’Aube ou ailleurs, comme c’est prévu, un peu comme mettre la poussière sous le tapis, serait de les laisser sur place dans des sarcophages, plus faciles à surveiller et à garder en mémoire pour les milliers de générations qui vont hériter du joli bébé très radioactif. Et le budget officiel du démantèlement annoncé par EdF a été épinglé par la cour des comptes… Si on réintègre ces coûts faramineux dans le prix de l’électricité, le nucléaire n’est plus rentable.

Mais bon, la France continue à privilégier les chauffages électriques énergivores, les travaux d’isolation (source d’économie d’énergie dont une bonne partie électrique) ne sont plus encouragés par des réductions d’impôts. L’éclairage et le gaspillage nocturne devaient être réduits suite au Grenelle de l’environnement… mais le décret a accouché d’une souris, seuls les vitrines de magasins devront être éteints de 2h à 6h du matin (pourquoi pas de 23h à 6h comme envisagé au départ?), et les panneaux publicitaires, dont les écrans vidéos très énergivores et le rétro-éclairage des publicités des abris de bus, resteront allumés toute la nuit. Après cela, avec le froid et les pics de consommation, on demande aux particuliers de faire attention à leur consommation, mais on ne va pas couper le courant à ces gaspilleurs…

 

 

Village toxique de Grégory Jarry et Otto T.

Couverture de Village toxique de Grégory Jarry et Otto T. pioche-en-bib.jpgDepuis la fermeture de la librairie du Feu rouge dans la Grand’Rue à Poitiers, je suis moins la production des éditions flbl (prononcer fleubeuleu) et c’est par Zazimuth que j’ai découvert cet album… Je l’ai trouvé à la médiathèque au rayon régional… Au passage, cela me rappelle qu’il faut aussi que je vous parle de leur collection sur la Petite histoire des colonies, des mêmes auteurs (voir tome 1, l’Amérique française, tome 2, l’Empire, tome 3, décolonisation, tome 4, la Françafrique). Elle a aussi donné lieu à une exposition créée pour le festival d’Angoulême de 2011, et présentée à la médiathèque de Poitiers jusqu’au 31 mars 2012.

Village toxique une co-édition flbl/ « Le Nombril du Monde », à Pougne-Hérisson dans les Deux-Sèvres, qui a également produit une pièce de théâtre sur le même thème, écrite par Nicolas Bonneau.

Le livre : Village toxique de Grégory Jarry et Otto T., éditions Flbl, 2010, 60 pages, ISBN 978-2-35761-022-4.

L’histoire : en Gâtine dans le nord des Deux-Sèvres, autour de Moncoutant et Secondigny, en février 1987 et dans les mois qui ont suivi. Après un rappel de l’histoire du nucléaire (militaire et civil) en France, on aborde le vif du sujet… Que faire des déchets à longue vie radioactive, où les enterrer? Pourquoi pas sous le granite de cette zone rurale et calme des Deux-Sèvres? On (le préfet, l’Andra, l’agence créée pour cette gestion) promet quelques millions de francs aux maires, des emplois dans cette zone peu peuplée, et ils ne pourront que dire oui… Sauf que ça ne se passe pas comme les autorités l’avaient prévu. Faisant fi de leurs divisions politiques voire religieuses, de leur place dans la société, les habitants s’organisent, réussissent pendant trois ans à empêcher le moindre forage de reconnaissance malgré les méthodes des autorités qui agitent tantôt la carotte (des emplois), tantôt le bâton (des gendarmes mobiles)…

Mon avis : j’ai beaucoup aimé cet album en noir et blanc sur fond vert… Le graphisme et le style rappellent beaucoup la Petite histoire des colonies, même si le format est différent (ici plus proche d’un album classique), des séries de petites vignettes presque muettes (mais pleines d’humour, comme par exemple la petite vignette sur la carte de la France contournée par le nuage de Tchernobyl) et un texte qui raconte et contextualisent l’histoire. Un livre engagé, comme la plupart des titres de cet éditeur, à lire absolument pour mieux comprendre les enjeux du nucléaire, l’enfouissement des déchets, et aussi la lutte qui peut payer si tout le monde est solidaire…

Pour aller plus loin, la suite de l’histoire : quand je suis arrivée en Poitou-Charentes en 1992, la bataille du nucléaire se poursuivait, avec la construction en cours alors de la centrale nucléaire de Civaux construite sur le karst (et ses problèmes avec la sécheresse et une fuite de tritium en janvier 2012 ). La « Loi Bataille » du 30 décembre 1991 venait de relancer les laboratoires d’enfouissement de déchets. Le granite de la Gâtine n’est plus d’actualité, mais des sites vont être recherchés au sud de la Vienne (dont le conseil général avait décidé à l’unanimité, de proposer le département comme lieu de recherche, délibération de décembre 1993), autour de Charroux, la Chapelle-Bâton et Chatain. Le maire de cette dernière commune, Michel Faudry, a été accusé par la presse d’avoir vendu sa commune à l’Andra, je me souviens très bien de cette violente campagne de presse, il n’a pas supporté la pression et s’est suicidé le 24 janvier 1994. Les recherches ont quand même encore un peu continué vers la Chapelle-Bâton, et ont été abandonnées, officiellement parce que le granite ne convenait pas…

Des cassettes vidéo de l'Andra... L’Andra arrosait alors beaucoup aussi en documents de communication. J’avais été destinataire de tout un lot de cassettes vidéo, au demeurant bien faites, sur la géologie… Elles sont toujours en bas de ma bibliothèque…

Voir aussi les travaux scientifiques de Olivier Fouché, dont sa thèse (2000), Caractérisation géologique et géométrique, et modélisation 3D, des réseaux de discontinuités d’un massif granitique reconnu par forages carottés (Charroux – Civray, Vienne), thèse de doctorat de l’ENPC, 2 vol., 296 p. + annexes.

Logo 2012 du Top BD des blogueurs Cette BD sera soumise pour le classement du TOP BD des blogueurs organisé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible. Mes chroniques BD sont regroupées dans la catégorie pour les BD et par auteur sur la page BD dans ma bibliothèque.

Fuite de tritium dans ma centrale nucléaire préférée (Civaux, suite…)

La centrale nucléaire de Civaux dans le département de la Vienne

Les épisodes précédents

Le feuilleton de la centrale nucléaire de continue… comme celui de toutes les centrales nucléaires de France. Elle est toujours construite sur le karst, sensible à la la sécheresse, aux inondations (elle n’avait pas aimé les algues lors de la dernière petite crue de la Vienne en décembre 2011), en décembre, l’autorité de sûreté nucléaire (ASN) avait classé un « déplacement non prévu de combustible » (un camion qui se balade où il ne doit pas) en incident de niveau 1, il faudra attendre quelques mois pour savoir comment elle classera le nouvel « incident »… voir sur cette page d’EDF la description dans leurs termes techniques… Rappelons encore que quatre incidents avaient été classés au niveau 1 au mois de juin 2011, ce qui fait un nombre d’écarts aux normes importants sur un an à la centrale de Civaux. Il y a en France une centaine d’événements nucléaires par an classés au niveau 1 par l’ASN, il s’agit d’écart aux normes sans conséquences pour les personnes ou l’environnement, mais devant faire l’objet de modifications de fonctionnement suite au retour d’expérience.

Une fuite de tritium radioactif…

Par les communiqués d’EdF et de la presse locale, 18 au 20 janvier 2012

En gros, le 13 janvier 2012, un taux anormalement élevé en tritium (hydrogène radioactif) de 540 Bq/l (au lieu de moins de 20, habituellement 8 à 10 sur ce point de contrôle). Bien sûr, EdF a tenté de minimiser, n’a annoncé cet incident sur son site que le 18 janvier, et précisé que cette dose serait inférieure à celle reçue en un mois de séjour en montagne (sauf que là, c’est une mesure ponctuelle, quelle est la dose totale qui s’est échappée?), il lui a fallu une semaine pour trouver l’origine de la fuite (attention, version d’EdF, voir complément en bas de cet article), une valve défectueuse sur une piscine de stockage. Il faut dire qu’avec la sécheresse de cet été, ces piscines ont été très remplies et plus longtemps que d’habitude, puisqu’il n’y avait pas la quantité d’eau minimale pour rejeter ces eaux chargées en tritium dans la rivière, cela a-t-il eu une influence? EdF évite soigneusement de parler de ces piscines, du stockage du tritium en période d’étiage et du rejet dans la Vienne…

Et vous savez ce qu’EdF fait pour remédier à la fuite pour l’instant (cf. la presse locale du 20 janvier 2012)? Elle a mis un seau sous la fuite pour recueillir les matières radioactives… Enfin, pas tout à fait un seau, mais un bac de récupération, comme pour une vulgaire fuite de WC ou de toiture! Date de réparation de la valve inconnue… (précision d’EdF le 24 janvier: réparation prévue le 25 janvier). Quel sera le classement de l’ASN? J’espère pas une simple « anomalie » de niveau 1… [edit du 25 janvier 2012: classement comme simple anomalie de niveau 1]. (voir aussi le PS ci-dessous). Par ailleurs, EdF se veut rassurante, ce tritium serait parti dans une nappe qui n’alimente pas la région en eau potable… Ils nous prennent pour des imbéciles ou quoi? Toutes les nappes communiquent les unes avec les autres et finissent par rejoindre des rivières… A Civaux, nous sommes sur le karst, les circulations souterraines y sont donc encore plus accentuées… Y a-t-il eu des prélèvements de contrôle à Lussac-les-Châteaux, à la source/résurgence de Font-Serein (juste au-dessus de la source, il y a de peintures préhistoriques… voir par ces liens le réseau Guy Martin et le terrain de jeu des spéléogues )?

Par le Journal du dimanche, le 22 janvier 2012

PS (article rédigé le 21 janvier, complété le 22… puis le 23) : D’après le JDD (22 janvier 2012), l’ASN est venue sur place le 17 janvier (silence radio d’EdF sur cette inspection, repris par la presse locale le 23 janvier) et a constaté des fissures dans ces bassins de stockage, et envisageait de porter plainte contre EdF pour cette pollution due à un défaut de suivi… EdF a communiqué à la presse locale que la cause de la fuite avait été identifiée le 20 janvier, en se gardant bien de parler de l’inspection de l’autorité de sûreté nucléaire le 17? Pourquoi parle-t-elle d’une fuite au goutte à goutte, mais pas des importantes anomalies et des fissures relevées par l’ASN le 17 janvier? A suivre!

Le rapport de l’autorité de sûreté nucléaire… 23 janvier 2012

L’ASN a été très réactive cette fois-ci: le rapport d’inspection a été mis en ligne sur leur site dès le lundi 23 janvier 2012: à télécharger à partir de ce lien (7 pages à lire absolument) [clic sur le fichier du 23 janvier, mais vous pouvez aussi aller lire par exemple le précédent incident, la petite promenade imprévue en camion de combustible radioactif, ou bien téléchargez-le directement en pdf en cliquant ici]… Une anomalie avait en fait été découverte dès le 3 janvier, mais l’opérateur n’a pas jugé bon de la signaler, un prélèvement devant être réalisé le lendemain… Sauf que ce prélèvement est fait sans signalement d’urgence ni de potentiel d’anomalie, le résultat ne tombe que le 9 janvier… Et le laboratoire, au lieu de penser à une fuite, pense à une erreur de mesure et de calcul (c’est logique… « nos centrales sont sûres, il ne peut pas y avoir de fui
te »… comme dirait le lobby du nucléaire), et vérifie par deux fois avant de donner le résultat seulement le 13 janvier. 10 jours de perdus, et combien de tritium dans la nature? L’affaire est loin d’être clause… EdF a deux mois pour répondre aux nombreuses observations et demandes de modifications de l’ASN. Celle-ci demande également une meilleure information du public par EdF (qui a « oublié » de prévenir un certain nombre d’institutions comme elle avait l’obligation de le faire dès qu’elle a connu connu la fuite, dont l’agence régionale de santé), la publication sur son site des résultats des analyses (elles n’y étaient toujours pas ce matin, 24 janvier 2012, la dernière note d’EdF sur son site dans la rubrique « événements » sur cette page d’EDF date du 18 janvier, les dernières mesures environnementales, dans l’onglet voisin, de décembre 2011). L’ASN demande aussi qu’un laboratoire indépendant agréé pour la mesure de la radioactivité fasse des mesures. Au fait, l’ASN a aussi trouvé des fissures bouchées avec du silicone… (pas l’idéal dans un bassin plein de tritium)… vous croyez qu’ils ont utilisé le silicone industriel que PIP ne pouvait plus mettre dans ses prothèses mammaires???

Petit complément personnel…

Il y a un truc qui n’est pas dans le rapport… Le directeur de la centrale a été absent à un moment par cette période… Il était à son procès pour harcèlement moral dans son précédent poste à la centrale nucléaire de Chooz (Ardennes), mais chut… il est encore présumé innocent, jugement mis en délibéré au 15 février [édit du 16 février 2012 : il a été relaxé en première instance, je ne sais pas s’il y aura un procès en appel]… Cependant, il a peut-être été plus accaparé par sa défense au procès à Charleville-Mézières (l’audience était le 18 janvier… le lendemain de l’inspection de l’ASN) que par une fuite de tritium dans la centrale de Civaux?

Pour avoir montré les failles de la sécurité des centrales nucléaires françaises et coupé quelques dizaines de centimètres de grillage, les militants de Greenpeace qui s’étaient introduits sur les centrales nucléaires en décembre risquent jusqu’à 5 ans de prison ferme (voire 7 ans suivant les qualifications retenues) et 75.000 euros d’amende (voir par exemple sur le site du Monde), mais EdF, pour n’avoir pas entretenu correctement ses bassins de stockage de tritium à Civaux et pollué l’environnement, ne risquerait qu’une contravention de 5e classe, soit 1.500 euros d’amende… si le procureur daigne poursuivre. Où est l’erreur???

Petite question subsidiairesur les normes du tritium. Pour se défendre et nier la gravité de l’incident, EdF a dit que la norme de l’OMS pour la potabilité de l’eau était de 7.800 Bq/litre… (en fait, l’OMS a calculé un seuil de 7610 Bq/l, arrondi à 10.000 Bq/l…). Pour l’Union européenne (voir l’Avis du Parlement européen du 12 décembre 1996, de la Position commune du Conseil du 19 décembre 1997 et de la Décision du Parlement européen et du Conseil du 13 mai 1998, voir page 14 de la directive 98/83/CE), le seuil d’alerte officiel, facultatif pour les Etats membres mais transposé dans la plupart des pays de l’union européenne est de 100 Bq/l, et oui, cent fois moins que l’OMS (voir l’analyse de l’autorité de sûreté nucléaire du Canada). La France a transposé cette norme européenne dans l’annexe 1 du décret n° 2001-1220 du 20 décembre 2001 relatif aux eaux destinées à la consommation humaine, à l’exclusion des eaux minérales naturelles (annexe non reproduite sur le site légifrance, mais reconfirmée dans l’arrêté SANP0720201A du 11 janvier 2007 relatif aux limites et références de qualité des eaux brutes et des eaux destinées à la consommation humaine(aller à la page 6 pour les seuils de qualité du tritium). Pour le Canada, cette dose a été ramenée à 20 Bq/l.

Or si j’ai bien compris, la dose mesurée dans la nappe sous la centrale est de 540Bq/litre sur le prélèvement du 4 janvier, encore plus de 400 (420 d’après la presse locale, mais EdF n’a pas publié les chiffres officiels, contrairement à la demande expresse de l’ASN) dans les nouvelles analyses du week-end dernier, et la dose qui s’applique dans notre législation est de 100 Bq, pas de 7610! Certes, personne ne va boire l’eau sous la centrale (quoique… on pourrait offrir un verre sorti du piézomètre au directeur de la centrale, pour voir s’il oserait le boire…), cette eau sera diluée avant d’arrivée dans l’eau du robinet, mais quand même…Et l’effet sur la faune et la flore?

L’avis d’incident de l’ASN du 25 janvier 2012: anomalie de niveau 1

Le verdict est tombé dès le 25 janvier… L’ASN estime qu’il n’y a pas eu d’impact significatif de cet incident sur le personnel ni sur l’environnement et l’a classé comme simple anomalie de niveau 1… Elle précise juste qu’elle a mis le 24 janvier EdF en demeure de faire des travaux (colmatage de la fuite sous 10 jours, réparation définitive avant le 31 août 2012). Il est vrai que ce tritium aurait de toute façon été rejeté, après dilution, dans la Vienne, c’est son mode habituel d’élimination… Mais une forte concentration peut être dommageable à la faune et à la flore… Le plus grave reste toutes les erreurs d’EdF: défaut dans la surveillance et l’entretien des bassins, personnel mal formé (qui ne met pas les bonnes mesures en place pour détecter le tritium dans la zone de rétention), chaîne de décision défaillante, soupçonner d’abord et pendant plusieurs jour une erreur de mesure plutôt qu’une fuite… Et si ça avait été sur un organe beaucoup plus grave pour la sécurité???

Crue et décrue? Des nouvelles de mon jardin et de la centrale nucléaire de Civaux

Poitiers, au pont Saint-Cyprien, la crue du Clain le 20 décembre 2011 Après la tempête de la nuit de jeudi à vendredi dernier et la crue de ces derniers jours, dimanche, il y avait un bon mètre d’eau sous le pont de chemin de fer qui permet l’accès à mon jardin, où le niveau du Clain était encore très très bas mi-octobre:on voyait à peine le haut des oreilles de l’éléphant, mais j’avais oublié mon appareil photo chez moi. Je suis passée hier midi (20 décembre 2011) au pont Saint-Cyprien… Le niveau à un peu baissé, mais reste nettement trop haut pour passer chez moi et voir s’il y a eu des dégâts avec la tempête… Il faudra attendre encore un peu pour aller voir ce qui s’y passe…

Une crue plus forte que celle de l’année dernière, mais beaucoup moins que la crue centenaire de 1904, à revoir dans cet article sur les crues du Clain : d’hier (février 1904) et aujourd’hui (décembre 2010). Vous y trouverez aussi des liens pour la crue de 1896 qui a surtout été forte sur la Vienne.

Par ailleurs, Grégory Vouhé m’a signalé ce article du dimanche 6 avril 1913 de L’avenir de la Vienne, qui montre sur la vue numérisée n° 11/51 la crue du Clain au pont Saint-Cyprien, à peu près au même endroit que la photographie ci-contre.

Défi photo, jardins, 2, Poitiers, pont Saint-Cyprien Pour mémoire, voici le même endroit que la photographie du haut prise en juillet 2011, c’était alors une période de sécheresse… L’eau montait encore hier plus haut que le haut de l’escalier…

Du côté de la centrale nucléaire de Civaux (sur la Vienne, et pas sur la Loire, comme l’a écrit le Canard enchaîné dans son dossier spécial nucléaire), il y a un mois, le niveau était toujours limite très bas, autour de 15 mètres-cubes par seconde, l’interruption est à 10 mètres-cubes, toujours très proche de la sécheresse, d’autant plus qu’il semble que tout l’été, EDF a calculé un débit surestimé par rapport à la réalité et à ce qui était mesuré en amont par le syndicat des eaux. Avec la pluie de la dernière quinzaine, il était remonté à près de 100 mètres-cubes par seconde. Samedi et dimanche, un pic a été atteint plus de 650 mètres-cubes par seconde en moyenne (voir les relevés sur le site d’EDF), avec un pic à plus de 850. Il a rebaissé en-dessous de 300, mais un réacteur a été coupé hier pour cause d’invasion d’algues dans les grilles… l’incident est reporté sur cette autre page d’EDF. Et oui, la jussie, même si elle n’est pas citée, ça semblait bien être elle sur le reportage de France 3 hier, s’en est donné à cœur joie cet été avec la sécheresse, elle étouffe peu à peu nos rivières, en couvrant la surface et en diminuant l’oxygénation de l’eau)… et finira peut-être par avoir la peau de la centrale???

Côté sécurité de cette centrale, ça devient limite… Il y a eu deux autres coupures en un mois pour dégagement de fumée (le 30 novembre et le 8 décembre 2011) suite au redémarrage de la tranche 1 après la visite décennale (réalisée 16 ans et non 10 après sa mise en service en 1995). Le 14 novembre, il y a eu un incident classé niveau 1 (les autres sont à zéro…) : un camion avait oublié de décharger sa remorque pleine de matières radioactives, pudiquement, pour EdF, ça s’appelle un déplacement non prévu de combustible. En juin, il y avait eu 4 autres incidents classés au niveau 1, si on ajoute celui du mois de janvier, ça fait beaucoup sur l’année 2011 (6 incidents de niveau 1, l’autorité de sûreté nucléaire n’a pas encore rendu son avis sur le classement des « anomalies » de décembre). La plupart sont présentés comme des erreurs humaines… Vive la sécurité renforcée des centrales après Fukushima!!!

Retour sur la centrale nucléaire de Civaux

La centrale nucléaire de Civaux dans le département de la Vienne

Je vous ai parlé il y a quelques semaines de la centrale nucléaire de Civaux et des problèmes qu’elle pose d’être construite sur un karst actif… Comme sur cette photographie qui date de la sortie sur les orchidées en 2010 (à retrouver sur le récapitulatif et les liens vers tous les articles), une tranche (la 2) a été arrêtée jeudi. Motif officiel, avec le long week-end , il y a moins besoin d’électricité en France.

Promis juré, dit EDF, cela n’a aucun rapport avec le manque d’eau dans la Vienne, ni avec la manifestation qui a eu lieu hier vendredi 3 juin (avec Eva Joly) justement sur le manque d’eau, ni avec les échanges de courrier entre la maire de Poitiers et le préfet de la Vienne (à voir sur le site de la ville de Poitiers).

Très instructifs, ces courriers, où l’on apprend que si la Vienne passe sous les 10 m3/seconde (nous sommes à un peu plus de 11m3), les deux réacteurs devront être arrêtés, que si la Vienne coule encore moins, malgré tout, il faut de l’eau pour refroidir les réacteurs, et qu’il n’y a qu’une semaine de réserve d’eau, que pour éviter le développement des amibes (à cause du réchauffement de l’eau), les traitements biocides (pesticides, donc) ont démarré plus tôt que d’habitude (quelle conséquence pour la faune de la Vienne?). Ailleurs, on apprend que la centrale stocke ses rejets (faiblement???) radioactifs dans des piscines, procédure habituelle de juin à septembre, quand le débit de la Vienne n’est pas suffisant pour les diluer. Mais que ces piscines sont utilisées depuis avril et ne seront pas suffisantes s’il ne peut pas y avoir de rejet d’ici quelques semaines Est-ce pour cela que l’autre jour, sur France 3, le directeur de la centrale a demandé l’ouverture du barrage de Vassivière (ils vont être contents, à Vassivière cet été, si on vide le lac pour les centrales nucléaires en aval)?

Une dernière question, la première tranche a ouvert en 1997, et sa révision décennale doit commencer mi août… EDF a des problèmes avec les maths, non, 1997 plus dix ans, cela ne donne pas 2011 (et l’autorité de sûreté nucléaire qui a accepté aussi)! Ces révisions obligatoires entrainent un arrêt de plusieurs mois, alors, pourquoi ne pas la commencer maintenant?

Aller, les paris sont ouverts, la tranche 2 redémarrera-t-elle dimanche? Quand les deux réacteurs seront arrêtés faute d’eau?

Le site d’EDF présente cette centrale présente quand même depuis quelques jours (exactement depuis la réponse du préfet au maire de Poitiers) un bilan du débit de la Vienne… Le 31 mai, il est indiqué, à Cubord en aval de la centrale à 11,4 m3/seconde, les premier et 2 juin, un peu plus de 15 m3/seconde. Il n’a pas plu ici ni en Limousin, c’est juste l’effet de l’arrêt du réacteur (de l’eau est prélevée et remise dans la Vienne, mais la moitié part dans l’atmosphère, sous forme de vapeur d’eau, le panache blanc au-dessus des tours de refroidissement). Officiellement, ce sont 2m3/seconde qui partent dans chaque tranche, je ne sais pas d’où vient le mètre-cube supplémentaire dans ces mesures d’EDF. Affaire à suivre…

Question subsidiaire, deux fois 2m3/seconde, cela fait l’équivalent de combien de douches par jour (avec des douchettes à réduction de débit, comme le demandent les autorités)???

Edit du 6 juin 2011 : le réacteur 2 de Civaux a été remis en service ce lundi matin…

Sortie orchidées à Civaux (2)

La centrale nucléaire de Civaux dans le département de la VienneJe vous ai montré un montage de quelques photographies de la sortie orchidées à Civaux, organisée par le musée de Civaux (un grand merci à Hélène, la responsable du musée) et Vienne Nature sur des terrains appartenant au conservatoire des espaces naturels de Poitou-Charentes… C’était le 23 mai 2010. Rendez-vous au musée, petite visite de l’exposition, Nature au fil de la Vienne, puis direction les coteaux en face de la centrale nucléaire, de l’autre côté de la Vienne (la rivière trop petite pour pouvoir toujours refroidir la centrale en été, j’en ai reparlé ici). Nous la verrons peu, en lui tournant le dos.

Une partie du groupe à la recherche d'orchidées à Civaux Et nous voici à la recherche des précieuses orchidées, mais aussi à observer d’autres plantes, les insectes, les araignées, etc. Je me permets de laisser la photo sans plus de brouillage, le journal local en a publié d’autres… Au premier plan, Hélène, la responsable du musée, et au fond, l’animateur de Vienne Nature.

Une orchidée mouche à Civaux Mais passons à ces belles dames… Nous commençons par une orchidée ou Ophrys mouche (Ophrys insectifera L.).

Une orchidée araignée à Civaux Quelques mètres plus loin, nous trouvons quelques orchidées (petites) araignées ou Ophrys araneola, qui sont en fin de période de floraison. Nous en verrons d’autres plus loin, presque toutes avec diverses hybridations naturelles.

Une orchidée pyramidale à CivauxEn remontant le coteau, nous tombons sur plusieurs orchidées pyramidales (Orchis pyramidal ou Anacamptis pyramidalis), certaines petites…

Une autre orchidée pyramidale à Civaux, mieux formée … d’autres bien formées et bien développées. L’année dernière, à la même époque, près de Digne-les-Bains, j’en avais vu beaucoup (en recherchant, je m’aperçois que je ne vous ai jamais montré ces photos).

La suite au prochain numéro… En attendant, vous pouvez découvrir d’autres orchidées de Poitou-Charentes sur le site de la Société d’orchidophilie de Poitou-Charentes et Vendée (ils montrent aussi des orchidées exotiques à cultiver chez soi…).

Récapitulatif de la sortie orchidées à Civaux

VDB 10… orchidées…

Pour la dixième étape de son VDB, Petite fée Nougat proposait le thème du 10…

10 orchidées observées à Civaux le 23 mai 2010

Voici un petit photo-montage de quelques orchidées que nous avons trouvées dimanche dernier (23 mai 2010) à Civaux, dans la Vienne, je vous prépare un article détaillé pour les prochains jours, mais voici déjà une vue d’ensemble… En fait, nous avons trouvé seulement 8 espèces sur les 10 en théorie présentes sur le site, une n’y a pas été vue depuis des années, mais comme il y a des hybridations naturelles, la plupart des orchidées mouches et des orchidées (petites) araignées que nous avons trouvées étaient différentes. Affaire à suivre très vite, promis, si, si! En image de fond, une partie du groupe à l’action… Moins aligné et organisé que pour une prospection archéologique, mais efficace quand même. Encore merci au musée de Civaux et à Vienne Nature pour l’organisation de cette sortie, ainsi qu’au conservatoire des espaces naturels de Poitou-Charentes de nous avoir permis de pénétrer sur ses terres… Si vous passez par là, il y a aussi à voir la nécropole mérovingienne, l’église romane (fermée pour travaux), et jusqu’au 30 juin, l’exposition Nature au fil de la Vienne. J’oubliais, aussi une centrale nucléaire sur le karst [voir la suite : ses problèmes avec la sécheresse, avec une petite crue de la Vienne (et une promenade imprévue de carburant radioactif), une fuite de tritium en janvier 2012, la suite de cette fuite (février 2012)]

Récapitulatif de la sortie orchidées à Civaux

Es-tu le maître de l’aube ? de Pearl Buck

Couverture du livre de Pearl Buck, es-tu le maître de l'Aube? Alors que la justice vient de débouter des appelés du contingent victimes d’irradiation lors d’essais nucléaires au Sahara dans les années 1960 (pour cause de prescription) et qu’un autre procès à lieu en Polynésie, où les populations locales étaient encore moins protégées lors des essais, j’ai eu envie de lire un livre sur ce type d’essais.

Le livre : Es-tu le maître de l’aube ?, de Pearl Buck (prix Nobel de littérature en 1938), traduit de l’américain par Lola Tranec, Le livre de poche n° 3564, 380 pages, dans l’édition de 1976 (1ère édition : 1959), ISBN 2-253-00416-2.

L’histoire : 1940. Les États-Unis ne sont pas encore entrés en guerre, des savants qui ont fui le régime Nazi ont rejoint le pays. Le grand physicien Burton Hall réussit à convaincre le pouvoir politique de lui donner carte blanche pour constituer une équipe qui sera chargée de mettre au point la bombe atomique. Certains hésitent, comme Stephen Coast, un de ses collaborateurs, devant les risques d’une telle bombe. Mais les savants sont mobilisés, l’industrie aussi, un réacteur est construit dans le Nevada, où aura lieu la première réaction en chaîne de l’histoire le 2 décembre 1942. En filigrane, le sort des Japonais qui vivaient depuis longtemps aux États-Unis et qui sont internés après Pearl Harbor…

Mon avis : j’ai bien aimé la réflexion sur le danger de la bombe atomique, de l’énergie nucléaire, les compromis que certains acceptent (si on travaille sur la bombe, on pourra aussi travailler ensuite sur le traitement de certains cancers), le peu de précautions prises lors des essais de plein air par des savants pleinement conscients des dangers (surtout lorqu’arrive un accident avec une irradiation mortelle)… À lire ou relire dans le contexte actuel…

PS: sur le sujet de l’émigration japonaise et la seconde guerre mondiale, voir aussi Voir aussi Certaines n’avaient jamais vu la mer de Julie Otsuka, Si loin de vous de Nina Revoyr et Citoyenne 13 660 de Miné Okubo.