Il y a une dizaine de jours à Poitiers, le 19 septembre 2019, un gros marronnier est tombé sur une terrasse du square de la République à Poitiers : il ne s’est pas déraciné, comme le laisse entendre cet article de Centre presse, mais cassé net à la base. C’était l’un des seuls arbres rescapés du massacre du square de la République où se trouve le monument aux morts de 1870-1871, qui a ensuite perdu ses grilles puis sa patine (la presse en parle), puis un début de la restauration chaotique avant d’être vraiment restauré, le square a reçu de nouvelles grilles moches puis une œuvre d’art (février 2013)… Hasard du calendrier, cette carte postale que je vous ai déjà montrée plusieurs fois, qui illustrait aussi un article de Grégory Vouhé sur la création du square par Édouard André, avait aussi été utilisée le même jour par Centre Presse pour illustrer la chronique « Poitiers en 2019 ». Il avait probablement été planté en 1993-1994.
Le bac de cet arbre (ça tombe bien, c’est celui-ci que j’avais photographié en 2013) comme les autres, avait vite été abîmé par les adeptes du skate-board.
Depuis 2010, la ville de Poitiers a coupé de nombreux arbres, même si elle affirme avoir planté autant d’arbres (mais pas des mêmes essences, voir la plantation des Sophoras, ou les poiriers de Chine), la signature d’une charte de l’arbre à grand renfort de green washing (lavage plus vert) sponsorisé par Alain Baraton (ici dans le 7 info) après une énième série de coupes n’y changera rien.
Revenons au square de la République… L’arbre a été découpé et évacué dans la journée, remplacé dans la nuit par un « arbre à messages » par l’un des nombreux groupes politiques (Poitiers collectif) qui ont annoncés leur entrée dans la campagne pour les municipales 2019.
Dans la journée, la municipalité plantait à la place un chêne vert (???), en attendant de planter autre chose fin octobre (ou à la Sainte-Catherine ?).
Revenons au problème, le chef des jardiniers met en cause la sécheresse et le vent, mais comme vous pouvez le voir sur la première photo, le collet de ce marronnier avait été enterré, et c’est à cet endroit qu’il semble avoir « pourri ».
Du coup, j’ai voulu faire un tour rapide des autres arbres qui tentent de survivre en centre-ville…
Place de la Liberté, où se trouve la copie de la statue de la Liberté, qui a retrouvé un flambeau?
Raté, bien qu’il n’y ait pas les grands bacs entouré de béton et/ou de pavés, les collets sont aussi enterrés…
Au parc de Blossac alors? (plus de liens en fin d’article)
Encore raté dans la grande allée…
Ouf, dans le jardin anglais, je trouve enfin mon bonheur…
Un beau collet enfin à l’air libre. Le collet, c’est cette zone entre les racines et le début du tronc, qui est vitale à la croissance et à la bonne santé des arbres. Je vous conseille la lecture de la fiche technique établie par le conseil d’architecture, d’urbanisme et d’environnement de Seine-et-Marne (CAUE 77) sur la protection du système racinaire des arbres lors des travaux de terrassement, qui insiste sur des nombreux problèmes qui peuvent survenir, comme la modification de l’alimentation en eau du sol… Changer ainsi l’écologie d’un arbre plus que centenaire est un acte qui ne pouvait pas lui faire du bien. Passer d’un square en terre à une place pavée et bétonnées avec juste des bacs était un très mauvais choix et condamne probablement à court terme les derniers arbres survivants (beaucoup ont été coupés lors du réaménagement et quelques-uns dans les années suivantes). Vous croyez que l’on peut militer non pas la coupe de ces arbres, mais la restitution du square tel qu’il avait été conçu par Édouard André?
Relire mes anciens articles :
Square de la République
le monument aux morts de 1870-1871, qui a perdu ses grilles puis sa patine (la presse en parle), le début de la restauration, restauré
Square de la Liberté
- la copie de la statue de la Liberté, qui a retrouvé un flambeau
Parc de Blossac
- le parc de Blossac et le jardin anglais en hiver, avec des oiseaux d’ici et d’ailleurs
- d’Antoine Durenne : la fontaine aux amours et aux nymphes (et la même un peu givrée), un Amour sur un griffon ou une panthère, un Amour sur un dauphin, le Faune soufflant dans une corne (autres vues en hiver), le Faune au coquillage
- de Étienne Hippolyte Maindron : le lion amoureux
- de Raymond Sudre : le monument au comte de Blossac (une autre vue après nettoyage) et le groupe sculpté Léon Bazile Perrault
- de Antoine Etex, La douleur maternelle (1859) et Le bonheur maternel(1866)
- la grille et le feu d’artifice du 14 juillet 2009
- Bienvenue à la ferme 2010 à Blossac
- les attractions de noël 2010 sous la neige (15 décembre 2010)
- le boulevard sous Blossac
- ombre et lumière de la pergola
- des ponts
- un dimanche au parc de Blossac (cartes postales anciennes)
Pour aller plus loin : voir les articles de Grégory Vouhé, Édouard André et Jean-Camille Formigé. Le square de la République, L’Actualité Poitou-Charentes n° 95, janvier 2012, p. 45 et Édouard André, jardins pour Poitiers, L’Actualité Poitou-Charentes n° 96, avril 2012, p. 42-44 (clic sur les liens pour voir les pdf des articles).
Pour ma part, j’ai suggéré à Poitiers collectif cette proposition : Sauver les arbres centenaires du square de la République en recréant le jardin détruit par une dalle béton lors des travaux Coeur d’agglo.
As-tu vu l’article de la NR du 27 intitulé « Dans le centre de Poitiers, les arbres sont asphyxiés par le béton », qui dénonce justement : « Des arbres centenaires corsetés dans un espace ridicule, ajouter à cela la sécheresse et un engorgement déficient ; tout cela favorise une nécrose de leur système racinaire. » C’est en ces termes qu’Alain Persuy, forestier et écologue, explique la raison pour laquelle le marronnier plus que centenaire s’est abattu sur le square de la République. Selon l’expert, tous les arbres qui ont subi les travaux de cœur d’agglo dans le centre et dans les rues adjacentes, ou qui viennent de les subir, sont fragilisés.
« Plus il y a d’échanges avec le sol, plus les arbres se portent bien car le marronnier par exemple présente des racines traçantes ; il faut donc un bon niveau d’eau et d’oxygène apporté par la terre ou la pelouse. La problématique est que le centre est tellement bétonné que les quelques arbres qui y vivent sont comme dans un micro-ondes. On les a considérés comme des objets décoratifs. »
A l’heure où les alertes sur le climat se font de plus en plus pressantes, Alain Persuy estime que « ce n’est pas les arbres qui doivent s’adapter à la ville » mais bien l’inverse. « Il faut au minimum un périmètre de 2 à 3 mètres “ à nu ” autour de l’arbre pour permettre au sol de respirer et d’apporter de l’oxygène à l’arbre ; ce qu’on oublie souvent. On ne peut pas dire qu’on ne savait pas pour Poitiers car la Ville avait été alertée sur cette problématique. »
tu me fais penser à la chanson « comme un arbre dans la ville » de M Le Forestier. oui, on peut se demander pourquoi on respecte aussi peu les besoins de la végétation? la terre serait-elle plus moche que les pavés décorés de chewing-gums ?????????
Effectivement, c’est vraiment aberrant d’enterrer ainsi le collet des arbres, les jardiniers de la ville ont-ils leur mot à dire, ou l’ignorance vient-elle de plus haut ?
Belle journée, bises.