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Histoire embrouillée des Brouillet… du grand-père au petit-fils

Je réédite cet article paru pour la première fois le 11 septembre 2011, car, grâce à la presse locale numérisée, j’ai trouvé une précision intéressante sur la mort d’André Brouillet, voir en fin d’article…Cela concerne le 7 décembre 1914, ce 8 décembre 2011 est presque l’anniversaire de ce drame… Confolens (prévu aujourd’hui) reviendra le mois prochain…

Dans la famille Brouillet, je demande le grand-père, André François Brouillet, né le 22 septembre 1788 à Charroux (Vienne) et décédé le 17 novembre 1864 à Charroux, connu des préhistoriens pour avoir trouvé en 1834 la grotte du Chaffaud à Savigné (Vienne), au bord de la Charente, et identifié une des premières œuvres d’art préhistorique identifiée comme « antédiluvienne », un os gravé de deux biches, aujourd’hui conservée au musée d’archéologie nationale, à Saint-Germain-en-Laye. Si vous n’avez pas l’occasion d’y aller, vous pouvez la voir ici, et clic sur les vignettes pour voir les autres photographies. Il était notaire à Charroux, et pour les amateurs de généalogies, les archives contenant les papiers de son étude sont déposés aux archives de la Vienne à la cote 4 E 077. Pour information, Savigné se trouve à la sortie de Civray en allant vers Charroux, la grotte a fait l’objet d’un aménagement ces dernières années. Pour reconstituer le parcours de l’os gravé du Chaffaud au musée de Cluny (musée du Moyen-Âge à Paris), voir l’article « Les biches du Chaffaud (Vienne) : vicissitudes d’une découverte », par Suzanne de Saint-Mathurin, paru en 1971 dans la revue Antiquités nationales (pages 22-28).

Poitiers, le cercle du commerce, le fronton avec l'llégorie de la CharitéL’un de ses fils, Pierre Amédée Brouillet dit Amédée Brouillet est né le 7 septembre 1826 à Charroux (Vienne), décédé le 12 février 1901 à Rochecorbon (Indre-et-Loire). Il était peintre et surtout sculpteur, et la plupart des livres (y compris dans la table topographique des artistes français publiée en 1886 donc du vivant de l’artiste, voir page 60) et des sites internet disent qu’il est né à Chatain, mais vérification faite dans les registres d’état civil (voir les pièces justificatives en bas de cet article), il est en fait né à Charroux. Je vous en ai parlé pour les peintures et la sculpture du tympan complètement inventé de l’église Saint-Nicolas à Civray ou encore pour les sculptures de l’ancien cercle industriel et de l’ancien cercle du commerce à Poitiers. Pour les préhistoriens, il est surtout connu pour sa publication des Époques antédiluvienne et celtique du Poitou (Poitiers, 1864, à la société des antiquaires de l’ouest, à lire sur le site Gallica de la bibliothèque nationale de France, première partie et deuxième partie) qu’il a publié avec le pharmacien, chimiste et géologue Meillet… malheureusement auteur de faux grossiers vite dénoncés qui ont complètement discrédité ce travail et par voie de conséquence la découverte de son père au Chaffaud. Il fut l’un des premiers conservateurs du Musée des Beaux-Arts de Poitiers et directeur de l’école des Beaux-Arts à Poitiers aussi.

Le petit-fils est Pierre Aristide André Brouillet , né le 1er septembre 1857 à Charroux (Vienne) et décédé à Couhé Vérac (Vienne)… à une date qui diffère suivant les sources, soit le 5, soit le 8 le 6 ou le 7 décembre 1914 (pour ces années là, les registres sont à consulter sur place et pas mis en ligne, protection de la vie privée oblige, recommandation de la CNIL de ne pas dépasser 1903 pour les mises en ligne, même si ces archives sont communicables après 75 ans), des suites d’une chute de vélo (ou plutôt sans doute d’un infarctus après avoir monté une côte à vélo, voir la transcription de l’article ci-dessous) alors qu’il allait porter des vêtements à des réfugiés de la Première Guerre mondiale. Peintre académique, il s’est spécialisé dans les scènes de genre. Vous pouvez voir certaines de ses œuvres dans la base Joconde, une de ses œuvres la plus célèbre est la leçon clinique à la Salpêtrière, présentée au salon des artistes français de 1887 et aujourd’hui conservée au musée des Beaux-Arts de Nice. On y voit Charcot en train d’examiner l’une de ses hystériques préférées, Blanche Wittmann, lors d’une de ses célèbres séances du mardi à la Salpêtrière. Des élèves ont produit ce dossier qui présente entre autres les œuvres du musée de Poitiers.

Pièces justificatives sur les dates de naissance et de décès des trois hommes, sur les sites des archives départementales de la Vienne et d’Indre-et-Loire… Pour les premières, clic sur état civil, puis sélectionner la commune (Charroux dans tous les cas ici), choisir l’année et le bon registre (baptêmes avant 1789, naissance, décès), je vous ai simplifié la tâche en vous notant la page des registres numérisés… Pour l’Indre-et-Loire, les registres de naissance et décès ne sont pas encore en ligne (à la date du 31 août 2010), mais les tables décennales le sont. Les naissances, les décès et les mariages y sont classés par catégorie, sur dix ans, par ordre alphabétique (sur certains registres seulement à la même lettre) puis par année, avec renvoi au numéro de l’acte et report de la date de naissance/décès ou mariage.

André François Brouillet, né le 22 septembre 1788 à Charroux , voir l’acte de baptême dans le registre paroissial, page 104 sur 110 du registre numérisé, en haut à droite. Pour le
décès le 17 novembre 1864 à Charroux, acte n° 28 de l’année 1864 (page 22 sur 142 du registre numérisé, en haut à droite).

Pierre Amédée Brouillet, naissance à Charroux, prendre le registre de 1823-1832, aller à la page numérisée 34/105, il est à peu près au milieu du feuillet de gauche. Pour le décès, chercher le bon registre, clic sur l’espèce d’appareil photo tout à gauche, puis aller page 11.

Pierre Aristide André dit André Brouillet, naissance à Charroux le 1er septembre 1857, acte de naissance n° 42 de l’année 1857, page 81 sur 137, en haut à gauche du registre numérisé par les archives départementales de la Vienne. Pour le décès, invérifiable sur l’état civil en ligne.

Cependant, un article de presse permet de proposer la date du 6 ou du 7 décembre 1914 pour son décès.

Voici ce qu’en dit l’Avenir de la Vienne, 42e année, n° 298, daté du lundi 7 décembre 1914 (vue numérisée n° 7 de décembre 1914, page de droite) :

« Mort de M. André Brouillet. On nous téléphone de Couhé Vérac :
« Notre peintre poitevin M. André Brouillet, officier de la légion d’honneur, est mort cette nuit.
« On peut dire que l’excellent artiste est parti en faisant le bien, car, hier soir, il ne voulut pas attendre que l’on aille lui chercher un lot de vêtements qu’il avait préparé pour nos réfugiés belges : il tint à les apporter lui-même. Lorsqu’il eût gravi la côte de Valence, M. André Brouillet s’affaissa sur la route. Rassemblant alors ses forces, il parvint à se relever et, laissant le panier qu’il tenait à la main, il redescendit péniblement chez lui.
« Malgré les soins qui lui furent prodigués par M. le docteur Cousin, notre sympathique ami s’éteignit doucement ce matin à 4 heures.
« La nouvelle de la mort de M. André Brouillet se répandit dans notre commune comme une traînée de poudre et fit une profonde impression sur notre population qui connaissait le grand coeur de cet homme de talent et avait pour lui une haute estime.
« A la famille Brouillet, nous adressons l’expression émue de notre douloureuse sympathie ». »

Merci Mei, Marlie et Capucine O

L'envoi de Mei, cartes et DVD

Ouf, nous pouvons de nouveau mémoriser nos coordonnées pour les commentaires sur OB… mais cela ne soulage que ceux qui n’avaient pas de problème pour mettre des commentaires. Ceux qui ne peuvent pas mettre de commentaires depuis trois semaines ne le peuvent toujours pas, problème non résolu, préavis de grève d’OB maintenu pour samedi…

J’ai reçu une grosse enveloppe de Chine… C’est Mei qui m’envoie tout cela… Mei a fait un stage sur mon chantier de fouilles des Renardières aux Pins en Charente (Emmanuelle / le Marquoir d’Élise, tu te souviens?) alors qu’elle étudiait à Londres, elle m’envoie chaque année ses vœux depuis la Chine où elle est retournée après ses études. Elle m’envoie cette fois une carte qui annonce l’exposition sur l’origine des vêtements qui a lieu jusqu’au 4 janvier 2012 au musée historique de Hong-Kong (si vous passez par là…), une série de cartes de l’exposition, et un double DVD (en chinois et en anglais… quelques passages non traduits dans la seconde version…) sur la préhistoire et l’histoire de Hong Kong. Un grand merci à toi, Mei, de toujours penser à moi…

Retour du concours de Gigny, par Marlie, figurine préhistorique et fils Après le concours d’idées de Gigny, Marlie m’a renvoyé ma pochette à navettes avec un motif brodé d’un personnage … et y a ajouté des fils et une figurine préhistorique (aïe, il a l’air d’une brute, le pauvre…). Je réfléchis au prochain concours, dans les vertes prairies de Nans…

Envoi de Capucine en septembre 2011, des cartes colorées J’ai aussi reçu deux enveloppes de Capucine O. Le premier « tout en couleur ». Un scooter à gagner (en haut à droite et en bas à gauche) avec les cartes à publicité, deux curieux avatars (en haut à gauche et au centre) pour des sucettes… et du théâtre.

Envoi de Capucine en septembre 2011, des cartes rouges et noires Dans l’autre envoi, Capucine O a regroupé des cartes en noir et rouge, deux valeurs sûres des graphistes… théâtre, expositions, cours de danse, il y a le choix!

Visite de Pech-Merle à Cabrerets dans le Lot

La grotte de Pech-Merle à Cabrerets dans le Lot Cela faisait des années que je n’avais pas visité Pech-Merle à Cabrerets dans le Lot. Cette fois, je m’étais inscrite à une visite guidée  » ordinaire  » (groupe n° 1 du 22 août 2011). La cavité est toujours aussi exceptionnelle, les peintures pariétales (sur les parois) et tracés digitaux aussi beaux. Profitez si vous le pouvez, visitez ces dernières grottes ornées encore ouvertes au public (celle-ci et quelques autres), ressentez l’émotion face à ces représentations tant que cela reste possible.

Et pour Pech-Merle (et d’autres), pensez à réserver votre visite quelques jours avant, pour être assuré de pouvoir entrer. Ici, je m’interroge sur les quotas de visiteurs très élevés pour une grotte ornée, à 700 visiteurs par jour et 25 par visite. Surtout qu’il semble y avoir une curieuse conception du 25 personnes par visite : le guide n’est pas inclus, ni les enfants de moins de 5 ans (ils ne payent pas, mais ils respirent, et même parlent, sont parfois agités, et donc libèrent plus de CO2 que la moyenne des visiteurs, il n’y a aucune raison qu’ils ne soient pas comptés (pour information, la plupart des autres grottes ornées ont un quota inférieur à 400, certes, ici, la cavité est grande et peut sans doute encaisser plus. Mais pour la réserve de l’archipel des Berlengas au Portugal, classé au patrimoine mondial de l’Unesco, le quota n’est que de 360 personnes par jour, et seulement 3 mois par an). La première salle m’a semblé très chaude – en tout cas au-dessus celle des salles suivantes, ce qui n’est pas très étonnant puisque le sas ne fonctionne pas vraiment comme un sas (en tout cas, pour mon groupe, à l’entrée et à la sortie, les deux portes ont été ouvertes en même temps, ce qui n’est pas normal). Mais bon, cela est le problème du contrôle des grottes ornées par les services des monuments historiques et le service régional de l’archéologie, les capteurs devraient signaler les anomalies éventuelles. Autre bizarrerie, les personnes en short et en t-shirt sont entrées dans la cavité, certes, il faisait froid dehors, la température intérieure annoncée était de 12,8°, probablement un peu plus en réalité, au moins dans l’entrée.

La visite laisse carrément à désirer. Manque de formation de la guide ? Mauvaise conception de la visite ? Cela commence déjà assez mal dans la petite salle qui sert à donner une information générale. Où l’on apprend que les peintures sont datées de 23 000 à 25 000 ans, qu’il y a une datation au carbone 14 de 28 000 ans sur les chevaux pommelés (les seuls avec du noir de charbon). Si vous achetez des cartes postales, vous y lirez 24 600 ans C14, ce qui ne veut rien dire non plus. J’y ai aussi  » appris  » qu’à cette époque, on vivait par une température moyenne extérieure de -25° en hiver et qu’on chassait le renne dans une épaisse couche de neige permanente toute l’année… Couche de neige épaisse qui reviendra au cours de la visite, lors de l’explication des  » disques  » de calcite… Un visiteur a quand même tiqué :  » alors, c’est disques se sont formés en même temps que l’homme était dans la grotte « , réponse de la guide :  » non, vers 1 million d’années… « . Et il y avait aussi une épaisse couche de neige à cette époque là ?? (ça, c’est moi qui demande, maintenant, en connaissant la réponse… patience, je vous mettrai à la fin de cet article quelques éléments de réponse et pistes de lecture sérieuses…). Bon, revenons à notre introduction, aucun des animaux qui vont être vus lors de la visite ensuite n’est montré, ni en reproduction de peinture pariétale, ni en relevé, ni en reconstitution de ce qu’est réellement cet animal, ni mise à l’échelle des uns par rapport aux autres ou par rapport aux espèces actuelles (pour le cheval ou le bison par exemple). C’est bien dommage, aucune importance pour moi, c’est mon ancien cœur de métier, mais à entendre les remarques en cours de visite, cela n’aurait pas été superflu et aidé grandement à lire les figurations (encore plus pour les représentation humaines schématiques). Mais bon, c’est un peu l’abattage, grâce au quota élevé de visiteurs accordé, un départ toutes les 15 minutes… Ça laisse à peine 10 minutes d’introduction et 50 minutes de visite pour le circuit court (en haute saison, le circuit long n’est pas proposé). De même, il manque tout du contexte archéologique. Seules quelques personnes du groupe auront entendu à la fin du parcours une réponse (juste pour une fois) à une question : les hommes préhistoriques (là aussi, juste dans l’intro, homme anatomiquement moderne, ou homme de Cro-Magnon, semblable à nous) ne vivaient pas dans la grotte, ils ne fréquentaient le réseau profond (sans lumière du jour) que pour les peintures et certaines cérémonies. Dans la grotte aussi, un enfant a dit que l’ours ressemblait au cochon… et la guide a dit qu’il n’y avait ni cochon ni sanglier avant la fin de la glaciation vers 10.000 ans. En revanche, elle a aussi dit qu’ils chassaient de petites proies comme le lapin (aïe, lui non plus n’était pas là !) mais jamais le mammouth… Perdu ! Bon, en France, il y a peu de preuve de chasse au mammouth, mais dans les grandes plaines de l’est de l’Europe, à cette époque là, les jeunes mammouths étaient chassés. Certes, comme elle l’a dit, ils ont une épaisse peu et couche de graisse, mais le crâne est très fin et alvéolé… et donc assez vulnérable. Et si André David, l’inventeur, est souvent cité, ceux qui ont étudié la grotte (au premier rang desquels Michel Lorblanchet) ne l’ont pas été une seule fois, même si leurs ouvrages sont à la boutique…

Cela manquait aussi de contextualisation chronologique. Le visiteur aura-t-il la réponse au musée attenant au site ? Plus ou moins. Dans la salle d’accueil, des panneaux neufs et récents donnent une information actualisée et de grande qualité, claire je pense même pour quelqu’un qui n’y connaît rien. le problème, c’est que les gens ne lisent pas ces panneaux (en tout cas, ceux que j’ai vus en restant presque une heure dans le musée). Ils filent vers les vitrines où se trouvent des objets, d’un côté le Paléolithique puis le Néolithique (dont une petite statue féminine provenant de Capdenac, même si le cartel dit bien qu’elle date de 3000 ans avant notre ère, les commentaires laissent penser que pour la plupart des visiteurs elle est contemporaine des peintures murales), de l’autre, des photographies des représentations que l’on trouve dans la grotte (celles que le guide devrait montrer en les contextualisant dans la salle d’accueil, car ici non plus, pas de mise à l’échelle ni de reconstitution de l’animal représenté). Les vitrines mériteraient une petite actualisation ou au moins des explications, mettre de manière brute les diagrammes cumulatifs de type d’outils (selon la méthode Bordes) sans aucune explication n’a strictement aucun sens. Mettre une échelle de temps avec le plus vieux à droite et le plus récent à gauche, et au-dessus à droite l’Aurignacien, à gauche en bas le châtelperronien et au-dessus le Périgordien supérieur (aujourd’hui plutôt appelé Gravettien) laisse supposer au visiteur qu’il s’agit de l’ordre chronologique de ces cultures, ce qui est faux. Le visiteur repart sans rien comprendre du mode de vie de l’homme préhistorique, les parures (perles, pendeloques) lui parlent, le reste est obscure pour qui ne connaît pas avant : des silex sans expliquer comment on s’en sert, les os sans dire ce qui est chassé, comment, comment la carcasse est traitée, comment les outils en os ou en bois de renne sont fabriqués, comment cela varie au fil du temps, aucune évocation de la cueillette, dur, dur…

Pour aller plus loin :

  • – le site internet officiel de Pech-Merle et une visite sur le site Hominidés
  • côté livres, Michel Lorblanchet, Art pariétal : Grottes ornées du Quercy. Rodez, éditions du Rouergue, 2010.
  • – sur les datations au carbone 14 ou radiocarbone, symbole 14C : c’est compliqué, même pour les spécialistes. En gros, les résultats sont exprimés en années avant le présent (BP), le présent étant 1950… et il faut corriger ces datations par ce que l’on appelle une calibration, parce que le taux de radiocarbone n’est pas fixe au fil du temps (aujourd’hui, les accidents nucléaires en libèrent beaucoup… dans le passé, les variations du taux sont plutôt dues à l’activité solaire), on obtient alors des dates calibrées avant notre ère (pour les périodes qui nous concernent). Il s’agit d’une évaluation statistique, avec une marge d’erreur calculée, le résultat final est donc un intervale de plusieurs centaines d’années dans lequel la date réelle a 65% ou 80% de chances de se trouver. Les techniques de préparation des échantillons évoluent aussi, dur de comparer les dates entre elles quand elles sont obtenues avec des techniques différentes.
  • – sur le climat au Gravettien : au début, interglaciaire assez froid dit inter-Maisières-Tursac, puis une oscillation tempérée (dite interstade de Tursac par certains auteurs), entre 26500 et 24500 BP. Enfin, un refroidissement pour arriver au maximum glaciaire au Solutréen. Les analyses des carottes glaciaires, des faunes associées au sites archéologiques, des pollens quand ils sont conservés, permettent de mieux cerner le climat.Vous pouvez voir l’une des courbes fréquemment utilisées par exemple ici. Il n’est absolument pas question d’une moyenne hivernale de -25° en hiver dans le Lot… Le clacier se trouve à Londres, sur le Massif central ou dans les yrénées, mais pas ici (de toute façon, les rennes ont besoin d’avoir accès aux lichens pour manger, sinon, ils partent ailleurs). Vous pouvez aussi aller sur la frise chronologique générale proposée par l’Inrap (institut nationale de recherches archéologiques préventives), cliquez sur l’onglet vert qui commence à 40000 ans, et laissez vous guider.
  • – sur le Gravettien : pour un public averti (et même plutôt uniquement pour les spécialistes de la période), le mémoire n° 52 de la société préhistorique française, sous la direction de N. Goutas, L. Klaric, D. Pesesse, P. Guillermin, À la recherche des identités gravettiennes : actualités, questionnements et perspectives, Actes de la table ronde d’Aix-en-Provence , 6-8 octobre 2008 (paru en 2011, il est… sur ma table de nuit! pas encore lu).

La grotte des rêves perdus de Werner Herzog

Affiche de La grotte des rêves perdus de Werner Herzog Je suis allée ce soir à 17h45 à la séance du cinéma du centre-ville de Poitiers voir La grotte des rêves perdus de Werner Herzog. Une seule autre spectatrice avec moi dans la salle, et elle est partie bien avant la fin…

Le film : la grotte Chauvet est la dernière grande grotte ornée découverte en France en 1994 dans la vallée de l’Ardèche près de Vallon-Pont-d’Arc. A part un reportage sur Arte il y a quelques années (de Pierre Oscar Lévy), personne n’avait eu l’autorisation de filmer ainsi sur une semaine et en 3D. Trois grandes parties, un reportage sur le travail de recherche, une excursion dans le Jura souabe pour ses statuettes en ivoire (contemporaine des peintures et gravures de Chauvet) et une visite plus libre à travers les galeries, sans commentaires.

Mon avis : splendide, magnifique! Cette fois, la 3D se justifie complètement! 1h30 de rêve et de magie…

Bon, j’ai quand même quelques réserves:

– la musique est parfois trop présente, notamment dans la dernière partie, où l’on sort du documentaire pour pénétrer complètement dans la grotte avec des jeux d’ombre, de lumière et de cache-cache avec les parois. Mais bon, ça, c’est personnel, pour moi, les visites intimes de grottes ornées (privilège rare, je sais et je savoure à chaque fois ces moments extra-ordinaires au sens propre), c’est du silence, la perte de repères temporels, le froid humide (souvent autour de 11 à 12°), la lumière des lampes individuelles qui jouent sur les parois…

– le post-scriptum sur la centrale nucléaire voisine et sa biosphère tropicale, ça casse complètement la magie des dernières images de la grotte

– une énorme bourde dans les 5 premières minutes, ça, c’est « je veux toujours être le plus (vieux, beau, etc.) ». Et non, ce n’est pas une grotte avec des peintures deux fois plus vieilles que les plus anciennes peintures connues jusqu’alors! Si l’on se limite à l’Europe, il y a des dizaines de grottes ornées gravettiennes, quelque part vers 25.000 ans (plus ou moins 1000 ans, je vous ai d’ailleurs programmé un article sur la grotte de Pech-Merle, de cette période, re-visitée pendant mes dernières vacances, pour mardi prochain -suivre le premier lien-, avec un petit paragraphe sur les datations). 25.000 ans, soit à une période où l’on sait qu’il y a aussi des « visites » dans la grotte Chauvet, où les dates les plus anciennes directes sur charbons des peintures donnent 32.000 ans, sans doute un peu plus si les échantillons étaient aujourd’hui reprises avec les dernières méthodes de purification des échantillons, mais ça ne change pas grand chose, c’est de l’Aurignacien plutôt ancien;

– certains chercheurs français parlent en anglais, pourquoi pas, mais seul Jean Clottes est doublé en français par sa propre voix, des acteurs sont les voix françaises des autres, c’est dommage… et gênant pour ceux qui les connaissent, sans doute beaucoup moins pour les autres spectateurs.

Un petit secret… Nic, avec qui j’ai fouillé près de Neuwied il y a plus de 20 ans… a pris de l’âge (mais moi aussi!) (Nic, si tu passes par là, ne sois pas fâché, je pense que nous ne nous sommes pas croisés depuis le congrès UISPP de Liège en 2001…).

Pour aller plus loin:

– la grotte Chauvet sur le site du ministère de la culture, avec un très beau dossier. Il fait le point sur les recherches récentes, et ai plus accessible que les articles scientifiques publiés dans les revues spécialisées.Vous pouvez aussi aller voir le site qui préfigure le futur centre de restitution de la grotte (copie façon Lascaux II, en mieux… pour ce qui est annoncé).

– des livres:

  • de Jean Clottes : La Grotte Chauvet, l’art des origines, paru en 2001 au Seuil, il date déjà, mais de superbes photographies
  • de Jean-Marie Chauvet, Eliette Brunel Deschamps et Christian Hillaire (les « inventeurs », terme officiel et légal pour ceux qui trouvent des sites archéologiques) : La grotte Chauvet à Vallon-Pont-d’Arc (Le Seuil, 1995, paru juste après la découverte)
  • de Jean Clottes et Marc Azéma : Les félins de la grotte Chauvet (Le Seuil, 2005)
  • de Bernard Gely et Marc Azéma : Les mammouths de la grotte Chauvet (Le Seuil, 2005)

– sur l’industrie de l’ivoire notamment dans l’Aurignacien du Jura Souabe (avec un gros chapitre sur Geissenklösterle, pour le sujet du jour) : Technologie de l’ivoire au Paléolithique supérieur, caractérisation physico-chimique du matériau et analyse fonctionnelle des outils de transformation, de Marianne Christensen (British archéological reports, international series 751, 1999), là, je vous l’accorde, pas du tout grand public, mais très intéressant!

– sur la statuette féminine découverte en 2009 par Nicholas Conard à Hohle Fels… Il y a aussi une publication scientifique dans Nature, mais le premier lien que je vous ai mis vous donnera une bonne idée, et pour le second, si vous n’êtes pas dans une bibliothèque universitaire abonnée à la revue, vous n’aurez accès qu’au résumé, désolée.

Chasseur cueilleur de Joann Sfar

Couverture de Chasseur-cueilleur de Sfar pioche-en-bib.jpgIl y a quelques semaines, Zazimuth parlait d’un album BD sur la préhistoire, je suis tout de suite allée le chercher à la médiathèque,

Le livre : La Vallée des Merveilles, Tome 1 : Chasseur cueilleur de Joann Sfar (scénario, dessin) et Brigitte Findakly (couleur), éditions Dargaud, 2006, 88 planches plus 15 numérotées de I à XV d’annexes, ISBN 978-2205058659.

L’histoire : dans un temps préhistorique indéterminé (et indéterminable…), deux familles de chasseurs-cueilleurs vivent tranquillement. Un jour, les deux pères partent ensembles pour une partie de chasse où ils rencontrerons des dinosaures, des hommes en train de pratiquer des sacrifices humains, un fou qui veut se battre, des agriculteurs, etc.

Mon avis : le mélange des périodes possibles dans la préhistoire ne me choque pas (pour ceux qui ne me connaissent pas, je suis préhistorienne de formation), en BD, on peut faire ce qu’on veut tant qu’on ne se veut pas une BD pédagogique, j’ai d’ailleurs beaucoup apprécié certains volumes de Rahan. Mais cette fois, je n’ai pas du tout mordu à l’histoire, ni vraiment retrouvé le graphisme de Sfar que j’avais bien aimé dans la série du Chat du rabbin (retrouvez mes avis pour le tome 1 : la Bar-Mitsva ; tome 2 : le Malka des lions ; tome 3 : l’exode ; tome 4 : le paradis terrestre ; tome 5 : Jérusalem d’Afrique et l’adaptation au cinéma).

Logo du classement BD de Yaneck Cette BD sera soumise pour le classement du TOP BD des blogueurs organisé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible. Mes chroniques BD sont regroupées dans la catégorie pour les BD et par auteur sur la page BD dans ma bibliothèque.

La forêt des Mânes de Jean-Christophe Grangé

Couverture de La forêt des mânes de Grangé Logo du challenge du un pour cent rentrée littéraire 2009 pioche-en-bib.jpg Voilà quelques semaines que je ne vous ai pas parlé de livres lus dans le cadre du challenge du 1 % rentrée littéraire 2009, organisé par la Tourneuse de page, et qui prévoit de lire et chroniquer d’ici juillet 2010 au moins 7 livres. Mais que voulez-vous, pour les nouveautés, il y a une longue queue électronique à la médiathèque. Celui-ci est le dernier que j’ai lu dans le cadre de ce défi, ce qui me fait dix livres de la rentrée littéraire 2009 lus cette année… en attendant la rentrée littéraire 2010 en septembre.

Le livre : La forêt des Mânes, de Jean-Christophe Grangé, éditions Albin Michel, 508 pages, 2009, ISBN 978-2226194008.

L’histoire : aujourd’hui, à Paris et au Nicaragua, au Guatemala et en Argentine. Jeanne Korowa, juge d’instruction, enquête à Paris sur une série de meurtres particulièrement sauvages. Trois femmes ont été sauvagement assassinées, démembrées. puis le meurtrier s’est livré au cannibalisme avant de préparer des mises en scène macabres. Quel lien y a-t-il entre ces femmes? L’une, généticienne, semblait avoir reçu récemment un étrange échantillon qui pourrait être à l’origine de son meurtre. Parallèlement, elle vit mal sa rupture avec François Taine, un enquêteur. Elle fait poser illégalement un micro chez le psy de celui-ci, Antoine Féraud, et tombe sur une séquence étrange où un père révèle les pulsions sanguinaires de son fils autiste et son passage à l’acte.

Mon avis : j’ai beaucoup aimé l’intrigue du thriller, l’enquête menée tambour battant avec en toile de fond l’autisme, les enlèvements d’enfants en Amérique du Sud dans les années 1960. Mais j’ai été agacée par le parti pris sur l’homme de Néandertal… Avait-il 48 chromosomes, comme nos cousins chimpanzés, ou 46, comme nous, le débat existe certes, mais ne pourra pas être vraiment résolu… car une de nos paires correspond à la fusion de deux paires de chromosomes de nos cousins, ce qui fait que globalement, il n’y a pas de grandes différences, tous les gènes sont présents, pas forcément au même endroit (c’est le même principe que dans les translocations, voir Valentin Apac, association de porteurs d’anomalies chromosomiques pour plus d’informations). Les chromosomes ne sont visibles qu’à une certaine phase de multiplication, impossible à avoir donc à voir chez Néandertal, pour lequel on ne peut étudier que le matériel génétique total… qu’il soit porté par 23 ou 24 paires de chromosomes n’a pas grande importance. Sauf au moment de la reproduction, puisque si le nombre de chromosomes est différent, ils vont avoir du mal à s’apparier, se rassembler par paires identiques pour former l’œuf. Sur Néandertal, si vous passez en Poitou-Charentes cet été, vous pouvez faire un petit détour au Paléosite de Saint-Césaire, en Charente-Maritime, entre Saintes (en Charente-Maritime) et Cognac (en Charente), entièrement consacré à Néandertal.

La Sabline à Lussac-les-Châteaux, musée de préhistoire et autre

La sabline, musée de Préhistoire, première salle Samedi dernier, j’étais donc à l’inauguration de la Sabline, le pôle culturel de Lussac-les-Châteaux dans la Vienne, qui regroupe la MJC (maison des jeunes et de la culture) 21, une médiathèque et un musée de préhistoire autour des sites de la commune et des environs, dont la grotte du Bois-Ragot à Gouex, juste à côté de Lussac, dont j’ai en partie coordonné la publication en 2005 avec André Chollet, un ami très cher malheureusement décédé depuis, mais qui était très présent parmi nous. Il y avait beaucoup de monde, beaucoup de personnalités, et quelques absences remarquées (chut… je n’en dirai pas plus, mais vous pouvez lire la liste des officiels présents sur le site de la commune et en déduire les absents). Le musée de préhistoire est très réussi, avec beaucoup d’espaces, pas trop d’objets, comme vous pouvez le voir ici, quelques minutes avant l’inauguration officielle. Nous partons de la fouille et de ses apports, techniques, études complémentaires…

La sabline, musée de Préhistoire, deuxième salle … pour arriver aux sites du lussacois, très bien, sauf, la maquette, au centre de la salle (le cube à droite de la dame en pull à rayures bleues sur la photo). Il y aura bien une ou deux coquilles à corriger, mais c’est superbe, les boîtes avec la faune, les tirettes avec les textes, etc., le tout à hauteur d’enfants et de fauteuils roulants.

De grandes baies vitrées permettent de voir la cour et, de l’autre côté, les escaliers en bois de la maison voisine du 16e siècle.

La sabline, musée de Préhistoire, salle consacrée à l'art Vous arrivez alors dans la salle consacrée à l’art, avec notamment des plaquettes gravées d’animaux et de personnages (très rare au Magdalénien) du site de La Marche à Lussac-les-Châteaux.

Pour les photographies extérieures, je n’en ai pas prises, il pleuvait quand je suis arrivée, puis l’espace était noir de monde. Vous pouvez les découvrir sur la page d’accueil de la Sabline. Espérons qu’il y aura de nombreux visiteurs dans ce beau lieu… Il faudra déjà qu’ils n’oublient pas de regarder les horaires sur la page spécifique, car à part le mercredi et le samedi de 10h à midi et de 14h à 17h, cela change presque chaque mois…

Ah, et pourquoi la sabline ? En raison de la présence de la sabline des chaumes (Arenaria controversa), une plante méditerranéenne présente sur certains terrains chauds de la commune, un peu comme sur la commune voisine de Civaux (vous pouvez la retrouver ici)

La sabline, musée de Préhistoire,, vue vers l'extérieur

Côté discours, je (cela n’engage que moi, je n’ai parlé à personne avant d’écrire cet article) trouve lamentable que la mémoire d’André Chollet n’ait pas été soulevée dans les discours des représentants de la commune, ni sa famille, présente sur place, ni sa donation : ce n’était pas un dû, archéologue amateur (et plus qu’amateur), par pur amour de la science, André avait acheté le site archéologique pour le protéger à la fin des années 1960, s’était beaucoup investi dans la création de ce musée, et tout fait pour donner ses collections (le propriétaire du terrain est propriétaire des objets qui y sont trouvés, sans le cas de fouilles programmées ou « de recherche ») à la commune de Lussac. De même, le fils de feu Stéphane Lwoff, également présent et qui a donné une dalle gravée de La Marche, fouillée par son père (le frère de André Lwoff, prix Nobel de médecine en 1965), n’a pas été remercié dans ces premiers discours. Rien ne les obligeait à faire ces dons à la commune, un petit merci de sa part n’aurait pas été superflue. Un petit remerciement au moins dans un coin d’une des salles, et/ou sur le site internet, pourrait corriger cette bourde. Que serait un musée sans collection?

Et non, au moment de ces discours, Fl. B., la courageuse responsable de ce musée, qui a dû résoudre bien des problèmes toute seule ces derniers mois (elle est depuis des mois la seule employée pour le musée, dans un statut qui ne rend pas justice à son travail, c’est moi qui le dis, elle n’oserait pas se plaindre…), n’était pas « retenue au musée par les archéologues », nous étions tous au fond de la salle… mais n’y sommes pas restés longtemps. C’était bien gentil de remercier chaque contributeur au budget de la Sabline, à l’euro près, mais nous, membres du comité scientifique, qui avons donné beaucoup de notre temps (pas mal de soirées et de journées de congés pour moi, je ne regrette pas, le résultat est superbe), nous n’avons eu droit qu’à une minuscule petite phrase. Nous avons donc préféré nous éclipser après les discours de Mme le Maire et de son adjoint, avant ceux de tous les représentants officiels présents sur la tribune, et aller réellement nous retrouver entre nous.

Et cela, nous en avons discuté à quelques-uns : nous souhaitons vraiment que Fl. B. (je tais son nom, il n’a pas été rendu public sur le site internet) reçoive la reconnaissance qu’elle mérite et que quelqu’un soit très vite recruté pour l’aider au fonctionnement du musée, avec un vrai emploi dans un vrai statut, et qu’ainsi, le musée sera ouvert à des heures moins acrobatiques et plus compréhensibles par les visiteurs. Nous espérons aussi que des expositions pourrons faire vivre ce bel outil, la salle en bas le permet. Nous sommes même encore prêts à donner de notre temps pour le musée, pour la rédaction de documents grands publics, sur le musée en général et sur certains des sites par exemple, pour le Bois-Ragot, toute l’équipe qui avait participé aux études pluridisciplinaires s’y était engagée lors du lancement de l’ouvrage, cet engagement tient toujours… Par ailleurs, nous ne sommes pas allés vérifier, la météo ne se prêtait pas à la promenade, mais nous espérons que le circuit pédestre des grottes de Lussac-les-Châteaux, avec les panneaux prévus, soit balisé (à l’office de tourisme, on nous a dit qu’il n’existait pas, mais l’information est-elle juste?). En plus, ce circuit permet une très belle vue sur le château et ses environs. Fl., j’espère que ce texte ne te mettra pas en difficulté, nous sommes partis sans te saluer, mais j’espère que tu nous excuseras…

Silex, la tombe du chasseur, de Daniel De Bruycker

de_bruycker_silex.jpg J’ai lu ce livre à Toulouse il y a quelques semaines, emprunté dans la bibliothèque d’amis préhistoriens… Avis impartial, donc 🙂 . Et oui, je ne sais pas comment il a pu m’échapper, j’adore lire les livres sur la préhistoire et surtout le Paléolithique, qu’ils soient loufoques ou très documentés.

Le livre : Silex, la tombe du chasseur , de Daniel De Bruycker, Collection Babel poche, éditions Actes Sud, 187 pages, 2001 (première édition en 1999), ISBN 978-2742732388.

L’histoire : du 21 mars au 9 juillet 1985, dans les steppes du Tadjikistan. Une équipe de trois archéologues, composée de Daniel Andreïevitch Izgolchtchikov (anthropologue), de Vera Petrovna Khabarova (anthropologue) et de Oleg Pavlovitch Zmietline (palynologue) est partie fouillée une sépulture d’homme de Néandertal en bord de rivière. Ils se sont tués dans un accident au retour de la mission, et nous lisons le journal de bord de Daniel Andreïevitch Izgolchtchikov. La mission est financée par l’Uzbékistan (où a déjà été trouvé en 1938 le squelette d’un enfant néandertalien à Teshik-Tash), et l’équipe a régulièrement la visite d’Osman, un berger nomade qui mène ses troupeaux à proximité pour l’été.

Mon avis : j’ai adoré ! Emmanuelle, si tu ne l’as pas lu, il faut que tu le trouves… D’un côté, il est très bien écrit, avec de très beaux poèmes qui rythment chaque jour du journal, la confrontation entre les archéologues et les descendants des habitants de toujours (enfin, pas du squelette, c’est un Néandertal, une espèce différente de nous, hommes modernes ou Cro-Magnon). J’ai bien aimé cette petite madeleine qu’est pour moi l’histoire de Baba Yaga, la sorcière des contes traditionnels russes. Côté préhistoire, il est très documenté, parle de la plupart des sépultures néandertaliennes trouvées dans le monde (sauf celles de Charente et Charente-Maritime, départements qui ont pourtant livré le plus grand nombre de restes humains néandertaliens en France, avec Saint-Césaire, La Quina, Marillac, etc., et celles d’Espagne qui ont été trouvées plus récemment). S’il parle de Charente, c’est à propos d’art et d’hésitation avec l’homme moderne, pour le bâton percé avec un bouquetin et un saumon (vous trouverez les références bibliographiques nécessaires sur cette page de mon site personnel de préhistoire). L’histoire se finit mal, pour les archéologues mais pas seulement, mais ce petit livre est vraiment très agréable à lire.

Post-scriptum : j’ai programmé cet article il y a déjà un moment. Ce soir, Monique / Bidouillette / Tibilisfil a titillé ma curiosité… Ce livre a reçu le prix Victor Rossel en 2000, et son auteur, belge, a publié depuis plusieurs romans, mais c’est avant tout un poète, à découvrir sur le site des éditions du cygne ou sur celui des éditions l’Amourier.

logo tour du monde en lecture J’ai sélectionné ce livre pour le tour du monde en lecture proposé par Livresque.

Rahan, nouvelle série, Le combat de Pierrette.

COuverture de Pierrette, série rahan Le livre : Le combat de Pierrette, Rahan, nouvelle série tome 7, scénario de Jean-François Lécureux, dessin d’André Chéret, couleurs de Chantal Chéret, Editions Lécureux, 2006, 56 pages (plus deux de textes), ISBN 2-913567-30-4.

L’histoire : Depuis plusieurs tomes, Rahan est à la recherche d’Oukaou. Tout semble bien aller jusqu’à ce qu’il rencontre le petit Malik, qu’il sauve de la noyade. C’est alors qu’il tombe sur une tribu de Néandertaliens…
Mon avis : ce tome a été rédigé en lien avec le Paléosite, à Saint-Césaire, en Charente-Maritime, entre Saintes et Cognac, où a été trouvé il y a une trentaine d’années le squelette relativement bien conservé d’un Néandertalien dans un niveau contenant une culture, le Châtelperronien, que les archéologues, jusqu’à présent, avaient du mal à situer. Il s’agit du plus récent Néandertalien Homo Neanderthalensis) trouvé à ce jour en France (pas en Europe), quelque part vers 36000 ans, alors que l’homme moderne (Homo sapiens, nous en un mot) était déjà présent sur le même territoire. Mais je reviendrai une autre fois sur la question, à propos du dernier livre de Grangé que je viens d’achever… Pour la bande dessinée, je trouve que ce n’est pas le meilleur Rahan, mais l’histoire se laisse lire… Et même si je sais bien que Rahan a fait beaucoup de tort à l’image de l’homme préhistorique (pour ceux qui viennent ici pour la première fois, j’ai une formation de préhistorienne et est travaillé justement sur des sites châtelperroniens et aurignaciens), en véhiculant de nombreux préjugés, il a aussi fait rêver des milliers de garçons (moins les filles, je pense), avec les accessoires de Pif gadget. J’ai la collection ancienne presque complète dans de vieilles collections, glanées ici et là…

Logo du classement BD de Yaneck Cette BD sera soumise pour le classement du TOP BD des blogueurs organisé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible. Mes chroniques BD sont regroupées dans la catégorie pour les BD et par auteur sur la page BD dans ma bibliothèque.

Tag et voyage en blogosphère…

Planche de silex aurignaciens provenant de La Quina aval à Gardes-le-Pontaroux, dessin V. Dujardin J’ai été taguée l’autre jour par Béatrice/Terlicoton, un grand merci à toi, et j’espère que tu te remets de ces méchants microbes qui t’ont terrassée…

Ce tag consiste à

1 : Ouvrir le fichier « mes images » et prendre la 1ère photo ;

2 : La mettre sur son blog et la commenter ;

3 : Donner le lien et le nom de la personne qui vous a tagué et taguer à votre tour 6 personnes !

Alors là, vous n’allez pas être déçu du voyage, la première image du dossier est un dessin d’industrie lithique aurignacienne, que j’ai réalisé (et oui, le silex, c’est ma spécialité) pour un article paru il y a déjà pas mal d’années…

Du coup, le (2) s’impose ! Mais je le mets à la fin, après la découverte des blogs, pour les curieux, sinon, vous n’irez pas voir mes amis… vous risquez de décrocher avant… Il s’agit d’un grattoir sur lame aurignacienne, de deux lamelles Dufour de type différent, d’un remontage de lamelles et d’un nucléus à lamelles. Vous voyez, vous décrochez déjà…

Je passe donc directement au point 3. Je ne tague personne en particulier, rebondit qui veut, mais vous invite à visiter quelques sites ou blogs que je souhaite partager avec vous.

Je vous ai déjà parlé de Rémy Prin à propos de son livre et de son site sur Aulnay de Saintonge et de son recueil de poésie, Visage inépuisable. Je vous parlerai prochainement de Toute la terre à vif qu’on voit, qu’il m’a offert avec une très gentille dédicace. En attendant, pour les dentellièr(e)s et autre amateurs de coiffes anciennes, je vous invite à aller voir le dossier sur les coiffes qu’il a mis en ligne ici. Vous y trouverez des coiffes, mais aussi leur contexte historique, territorial (toute la région Poitou-Charentes). Ainsi que le travail des femmes qui devaient réaliser, mais aussi entretenir, laver, repasser, mettre en forme ces coiffes.

Pour rester dans la poésie et les belles photographies, je vous invite, comme je l’ai déjà fait, chez Jardin zen, avec son joli conte poétique en cours, avec des photos bien bien givrées, son voyage en Thaïlande avec des photographies surprenantes…

Et puisque nous sommes dans l’écriture, je vous propose de voir les deux blogs de Laurent Varlet, un copain d’enfance que j’avais perdu de vue et retrouvé aux ateliers d’artiste chez mon père. Je vous mets entre guillemets sa présentation de ses deux bébés… Pour le premier :  » Je nourrirai cette page de poèmes, (d’extraits) de contes (pour enfants, ou grands enfants, ou petits adultes), (d’extraits) de nouvelles et de romans, et d’autres écrits susceptibles de s’envoler comme des paroles données. Qui resteraient. Vous pourrez également poser votre regard et laisser fuir votre esprit sur des œuvres graphiques d’artistes m’ayant fait l’honneur de leur co-labeur « , et pour le second :  » une série à suivre, contrindiquée en cas d’angoraphobie, recommandée aux cuniculophiles!… La société des hommes transposée aux lapins, pour des situations délirantes et absurdes, autour des mots notamment. Pour les (petits, grands, jeunes, vieux) enfants ! « .

Et maintenant, l’explication de mon image… Ce matériel en silex provient de la station « aval » de La Quina à Gardes-le-Pontaroux, en Charente. Vous trouverez la bibliographie qui s’y rapporte sur mon site personnel de préhistoire. En gros, j’y ai fait un sondage quand je travaillais au service régional de l’archéologie, dans le but de prélever des échantillons pour datation. Le niveau d’où proviennent ces objets a été daté au 14C (radiocarbone) à l’accélérateur de particules à Oxford par l’intermédiaire du laboratoire de Lyon… (c’est ce que veut dire la référence OxA-6147 (Lyon-256)) de 32 650 ± 850 BP (avant le présent… c’est-à-dire avant 1950, mais date à corriger car le taux de radiocarbone n’est pas stable dans l’atmosphère). Bref, bien compliqué au milieu de mes broderies… J’avais ouvert ce sondage à l’emplacement de mes illustres prédécesseurs, le Dr Henri Martin, dont la principale publication sur le site de La Quina aval se trouve sur Gallica [MARTIN Dr H. (1931) – La station aurignacienne de la Quina, Bulletins et Mémoires de la Société archéologique et historique de Charente pour l’année 1930, t. XX, tirage à part, imprimerie ouvrière, Angoulême, 77 p., 8 fig., 24 pl. ht.]. Il avait trouvé déjà beaucoup de grattoirs sur lames aurignaciennes, par exemple ici ou . Pour les nucléus à lamelles, il y en a ici. Pas de petites lamelles, il n’avait pas tamisé (passé le sédiment dans un tamis), encore moins avec de l’eau, difficile donc de trouver ces petits éléments, et encore plus de les remonter entre eux. Zazimuth aime les puzzles, moi aussi, mais là, je n’ai pas tout à fait le modèle avant… Pour les fouilles de Germaine Henri-Martin, fille du Docteur Léon Henri Martin (sans trait d’union avant les dernières années de sa vie), pas grand chose en ligne, cet article du Bulletin de la S
ociété préhistorique française
chez Persée [HENRI-MARTIN G. (1958) – Relevé altimétrique à la Quina et nouvelles observations, Bulletin de la Société préhistorique française, t. 55, p. 656-660, 4 fig.] ou celui-ci, sur le niveau inférieur, châtelperronien [HENRI-MARTIN G. (1961b) – Le niveau de Châtelperron à la Quina (Charente), Bulletin de la Société préhistorique française, t. 58, fasc. 11-12, p. 796-808, 4 fig. (+ 1962 p. 547)]. J’y ai aussi fait un sondage et une datation,35 950 ± 450 OxA-10261 (Lyon-1367) qui semble un peu jeune par rapport à ce que l’on connaît par ailleurs, mais le collagène de l’os daté n’était peut-être pas très bien conservé. Il y a encore des lecteurs qui me lisent, là ?