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Visite de Pech-Merle à Cabrerets dans le Lot

La grotte de Pech-Merle à Cabrerets dans le Lot Cela faisait des années que je n’avais pas visité Pech-Merle à Cabrerets dans le Lot. Cette fois, je m’étais inscrite à une visite guidée  » ordinaire  » (groupe n° 1 du 22 août 2011). La cavité est toujours aussi exceptionnelle, les peintures pariétales (sur les parois) et tracés digitaux aussi beaux. Profitez si vous le pouvez, visitez ces dernières grottes ornées encore ouvertes au public (celle-ci et quelques autres), ressentez l’émotion face à ces représentations tant que cela reste possible.

Et pour Pech-Merle (et d’autres), pensez à réserver votre visite quelques jours avant, pour être assuré de pouvoir entrer. Ici, je m’interroge sur les quotas de visiteurs très élevés pour une grotte ornée, à 700 visiteurs par jour et 25 par visite. Surtout qu’il semble y avoir une curieuse conception du 25 personnes par visite : le guide n’est pas inclus, ni les enfants de moins de 5 ans (ils ne payent pas, mais ils respirent, et même parlent, sont parfois agités, et donc libèrent plus de CO2 que la moyenne des visiteurs, il n’y a aucune raison qu’ils ne soient pas comptés (pour information, la plupart des autres grottes ornées ont un quota inférieur à 400, certes, ici, la cavité est grande et peut sans doute encaisser plus. Mais pour la réserve de l’archipel des Berlengas au Portugal, classé au patrimoine mondial de l’Unesco, le quota n’est que de 360 personnes par jour, et seulement 3 mois par an). La première salle m’a semblé très chaude – en tout cas au-dessus celle des salles suivantes, ce qui n’est pas très étonnant puisque le sas ne fonctionne pas vraiment comme un sas (en tout cas, pour mon groupe, à l’entrée et à la sortie, les deux portes ont été ouvertes en même temps, ce qui n’est pas normal). Mais bon, cela est le problème du contrôle des grottes ornées par les services des monuments historiques et le service régional de l’archéologie, les capteurs devraient signaler les anomalies éventuelles. Autre bizarrerie, les personnes en short et en t-shirt sont entrées dans la cavité, certes, il faisait froid dehors, la température intérieure annoncée était de 12,8°, probablement un peu plus en réalité, au moins dans l’entrée.

La visite laisse carrément à désirer. Manque de formation de la guide ? Mauvaise conception de la visite ? Cela commence déjà assez mal dans la petite salle qui sert à donner une information générale. Où l’on apprend que les peintures sont datées de 23 000 à 25 000 ans, qu’il y a une datation au carbone 14 de 28 000 ans sur les chevaux pommelés (les seuls avec du noir de charbon). Si vous achetez des cartes postales, vous y lirez 24 600 ans C14, ce qui ne veut rien dire non plus. J’y ai aussi  » appris  » qu’à cette époque, on vivait par une température moyenne extérieure de -25° en hiver et qu’on chassait le renne dans une épaisse couche de neige permanente toute l’année… Couche de neige épaisse qui reviendra au cours de la visite, lors de l’explication des  » disques  » de calcite… Un visiteur a quand même tiqué :  » alors, c’est disques se sont formés en même temps que l’homme était dans la grotte « , réponse de la guide :  » non, vers 1 million d’années… « . Et il y avait aussi une épaisse couche de neige à cette époque là ?? (ça, c’est moi qui demande, maintenant, en connaissant la réponse… patience, je vous mettrai à la fin de cet article quelques éléments de réponse et pistes de lecture sérieuses…). Bon, revenons à notre introduction, aucun des animaux qui vont être vus lors de la visite ensuite n’est montré, ni en reproduction de peinture pariétale, ni en relevé, ni en reconstitution de ce qu’est réellement cet animal, ni mise à l’échelle des uns par rapport aux autres ou par rapport aux espèces actuelles (pour le cheval ou le bison par exemple). C’est bien dommage, aucune importance pour moi, c’est mon ancien cœur de métier, mais à entendre les remarques en cours de visite, cela n’aurait pas été superflu et aidé grandement à lire les figurations (encore plus pour les représentation humaines schématiques). Mais bon, c’est un peu l’abattage, grâce au quota élevé de visiteurs accordé, un départ toutes les 15 minutes… Ça laisse à peine 10 minutes d’introduction et 50 minutes de visite pour le circuit court (en haute saison, le circuit long n’est pas proposé). De même, il manque tout du contexte archéologique. Seules quelques personnes du groupe auront entendu à la fin du parcours une réponse (juste pour une fois) à une question : les hommes préhistoriques (là aussi, juste dans l’intro, homme anatomiquement moderne, ou homme de Cro-Magnon, semblable à nous) ne vivaient pas dans la grotte, ils ne fréquentaient le réseau profond (sans lumière du jour) que pour les peintures et certaines cérémonies. Dans la grotte aussi, un enfant a dit que l’ours ressemblait au cochon… et la guide a dit qu’il n’y avait ni cochon ni sanglier avant la fin de la glaciation vers 10.000 ans. En revanche, elle a aussi dit qu’ils chassaient de petites proies comme le lapin (aïe, lui non plus n’était pas là !) mais jamais le mammouth… Perdu ! Bon, en France, il y a peu de preuve de chasse au mammouth, mais dans les grandes plaines de l’est de l’Europe, à cette époque là, les jeunes mammouths étaient chassés. Certes, comme elle l’a dit, ils ont une épaisse peu et couche de graisse, mais le crâne est très fin et alvéolé… et donc assez vulnérable. Et si André David, l’inventeur, est souvent cité, ceux qui ont étudié la grotte (au premier rang desquels Michel Lorblanchet) ne l’ont pas été une seule fois, même si leurs ouvrages sont à la boutique…

Cela manquait aussi de contextualisation chronologique. Le visiteur aura-t-il la réponse au musée attenant au site ? Plus ou moins. Dans la salle d’accueil, des panneaux neufs et récents donnent une information actualisée et de grande qualité, claire je pense même pour quelqu’un qui n’y connaît rien. le problème, c’est que les gens ne lisent pas ces panneaux (en tout cas, ceux que j’ai vus en restant presque une heure dans le musée). Ils filent vers les vitrines où se trouvent des objets, d’un côté le Paléolithique puis le Néolithique (dont une petite statue féminine provenant de Capdenac, même si le cartel dit bien qu’elle date de 3000 ans avant notre ère, les commentaires laissent penser que pour la plupart des visiteurs elle est contemporaine des peintures murales), de l’autre, des photographies des représentations que l’on trouve dans la grotte (celles que le guide devrait montrer en les contextualisant dans la salle d’accueil, car ici non plus, pas de mise à l’échelle ni de reconstitution de l’animal représenté). Les vitrines mériteraient une petite actualisation ou au moins des explications, mettre de manière brute les diagrammes cumulatifs de type d’outils (selon la méthode Bordes) sans aucune explication n’a strictement aucun sens. Mettre une échelle de temps avec le plus vieux à droite et le plus récent à gauche, et au-dessus à droite l’Aurignacien, à gauche en bas le châtelperronien et au-dessus le Périgordien supérieur (aujourd’hui plutôt appelé Gravettien) laisse supposer au visiteur qu’il s’agit de l’ordre chronologique de ces cultures, ce qui est faux. Le visiteur repart sans rien comprendre du mode de vie de l’homme préhistorique, les parures (perles, pendeloques) lui parlent, le reste est obscure pour qui ne connaît pas avant : des silex sans expliquer comment on s’en sert, les os sans dire ce qui est chassé, comment, comment la carcasse est traitée, comment les outils en os ou en bois de renne sont fabriqués, comment cela varie au fil du temps, aucune évocation de la cueillette, dur, dur…

Pour aller plus loin :

  • – le site internet officiel de Pech-Merle et une visite sur le site Hominidés
  • côté livres, Michel Lorblanchet, Art pariétal : Grottes ornées du Quercy. Rodez, éditions du Rouergue, 2010.
  • – sur les datations au carbone 14 ou radiocarbone, symbole 14C : c’est compliqué, même pour les spécialistes. En gros, les résultats sont exprimés en années avant le présent (BP), le présent étant 1950… et il faut corriger ces datations par ce que l’on appelle une calibration, parce que le taux de radiocarbone n’est pas fixe au fil du temps (aujourd’hui, les accidents nucléaires en libèrent beaucoup… dans le passé, les variations du taux sont plutôt dues à l’activité solaire), on obtient alors des dates calibrées avant notre ère (pour les périodes qui nous concernent). Il s’agit d’une évaluation statistique, avec une marge d’erreur calculée, le résultat final est donc un intervale de plusieurs centaines d’années dans lequel la date réelle a 65% ou 80% de chances de se trouver. Les techniques de préparation des échantillons évoluent aussi, dur de comparer les dates entre elles quand elles sont obtenues avec des techniques différentes.
  • – sur le climat au Gravettien : au début, interglaciaire assez froid dit inter-Maisières-Tursac, puis une oscillation tempérée (dite interstade de Tursac par certains auteurs), entre 26500 et 24500 BP. Enfin, un refroidissement pour arriver au maximum glaciaire au Solutréen. Les analyses des carottes glaciaires, des faunes associées au sites archéologiques, des pollens quand ils sont conservés, permettent de mieux cerner le climat.Vous pouvez voir l’une des courbes fréquemment utilisées par exemple ici. Il n’est absolument pas question d’une moyenne hivernale de -25° en hiver dans le Lot… Le clacier se trouve à Londres, sur le Massif central ou dans les yrénées, mais pas ici (de toute façon, les rennes ont besoin d’avoir accès aux lichens pour manger, sinon, ils partent ailleurs). Vous pouvez aussi aller sur la frise chronologique générale proposée par l’Inrap (institut nationale de recherches archéologiques préventives), cliquez sur l’onglet vert qui commence à 40000 ans, et laissez vous guider.
  • – sur le Gravettien : pour un public averti (et même plutôt uniquement pour les spécialistes de la période), le mémoire n° 52 de la société préhistorique française, sous la direction de N. Goutas, L. Klaric, D. Pesesse, P. Guillermin, À la recherche des identités gravettiennes : actualités, questionnements et perspectives, Actes de la table ronde d’Aix-en-Provence , 6-8 octobre 2008 (paru en 2011, il est… sur ma table de nuit! pas encore lu).

La grotte des rêves perdus de Werner Herzog

Affiche de La grotte des rêves perdus de Werner Herzog Je suis allée ce soir à 17h45 à la séance du cinéma du centre-ville de Poitiers voir La grotte des rêves perdus de Werner Herzog. Une seule autre spectatrice avec moi dans la salle, et elle est partie bien avant la fin…

Le film : la grotte Chauvet est la dernière grande grotte ornée découverte en France en 1994 dans la vallée de l’Ardèche près de Vallon-Pont-d’Arc. A part un reportage sur Arte il y a quelques années (de Pierre Oscar Lévy), personne n’avait eu l’autorisation de filmer ainsi sur une semaine et en 3D. Trois grandes parties, un reportage sur le travail de recherche, une excursion dans le Jura souabe pour ses statuettes en ivoire (contemporaine des peintures et gravures de Chauvet) et une visite plus libre à travers les galeries, sans commentaires.

Mon avis : splendide, magnifique! Cette fois, la 3D se justifie complètement! 1h30 de rêve et de magie…

Bon, j’ai quand même quelques réserves:

– la musique est parfois trop présente, notamment dans la dernière partie, où l’on sort du documentaire pour pénétrer complètement dans la grotte avec des jeux d’ombre, de lumière et de cache-cache avec les parois. Mais bon, ça, c’est personnel, pour moi, les visites intimes de grottes ornées (privilège rare, je sais et je savoure à chaque fois ces moments extra-ordinaires au sens propre), c’est du silence, la perte de repères temporels, le froid humide (souvent autour de 11 à 12°), la lumière des lampes individuelles qui jouent sur les parois…

– le post-scriptum sur la centrale nucléaire voisine et sa biosphère tropicale, ça casse complètement la magie des dernières images de la grotte

– une énorme bourde dans les 5 premières minutes, ça, c’est « je veux toujours être le plus (vieux, beau, etc.) ». Et non, ce n’est pas une grotte avec des peintures deux fois plus vieilles que les plus anciennes peintures connues jusqu’alors! Si l’on se limite à l’Europe, il y a des dizaines de grottes ornées gravettiennes, quelque part vers 25.000 ans (plus ou moins 1000 ans, je vous ai d’ailleurs programmé un article sur la grotte de Pech-Merle, de cette période, re-visitée pendant mes dernières vacances, pour mardi prochain -suivre le premier lien-, avec un petit paragraphe sur les datations). 25.000 ans, soit à une période où l’on sait qu’il y a aussi des « visites » dans la grotte Chauvet, où les dates les plus anciennes directes sur charbons des peintures donnent 32.000 ans, sans doute un peu plus si les échantillons étaient aujourd’hui reprises avec les dernières méthodes de purification des échantillons, mais ça ne change pas grand chose, c’est de l’Aurignacien plutôt ancien;

– certains chercheurs français parlent en anglais, pourquoi pas, mais seul Jean Clottes est doublé en français par sa propre voix, des acteurs sont les voix françaises des autres, c’est dommage… et gênant pour ceux qui les connaissent, sans doute beaucoup moins pour les autres spectateurs.

Un petit secret… Nic, avec qui j’ai fouillé près de Neuwied il y a plus de 20 ans… a pris de l’âge (mais moi aussi!) (Nic, si tu passes par là, ne sois pas fâché, je pense que nous ne nous sommes pas croisés depuis le congrès UISPP de Liège en 2001…).

Pour aller plus loin:

– la grotte Chauvet sur le site du ministère de la culture, avec un très beau dossier. Il fait le point sur les recherches récentes, et ai plus accessible que les articles scientifiques publiés dans les revues spécialisées.Vous pouvez aussi aller voir le site qui préfigure le futur centre de restitution de la grotte (copie façon Lascaux II, en mieux… pour ce qui est annoncé).

– des livres:

  • de Jean Clottes : La Grotte Chauvet, l’art des origines, paru en 2001 au Seuil, il date déjà, mais de superbes photographies
  • de Jean-Marie Chauvet, Eliette Brunel Deschamps et Christian Hillaire (les « inventeurs », terme officiel et légal pour ceux qui trouvent des sites archéologiques) : La grotte Chauvet à Vallon-Pont-d’Arc (Le Seuil, 1995, paru juste après la découverte)
  • de Jean Clottes et Marc Azéma : Les félins de la grotte Chauvet (Le Seuil, 2005)
  • de Bernard Gely et Marc Azéma : Les mammouths de la grotte Chauvet (Le Seuil, 2005)

– sur l’industrie de l’ivoire notamment dans l’Aurignacien du Jura Souabe (avec un gros chapitre sur Geissenklösterle, pour le sujet du jour) : Technologie de l’ivoire au Paléolithique supérieur, caractérisation physico-chimique du matériau et analyse fonctionnelle des outils de transformation, de Marianne Christensen (British archéological reports, international series 751, 1999), là, je vous l’accorde, pas du tout grand public, mais très intéressant!

– sur la statuette féminine découverte en 2009 par Nicholas Conard à Hohle Fels… Il y a aussi une publication scientifique dans Nature, mais le premier lien que je vous ai mis vous donnera une bonne idée, et pour le second, si vous n’êtes pas dans une bibliothèque universitaire abonnée à la revue, vous n’aurez accès qu’au résumé, désolée.

Ballade patrimoniale en Dordogne… Périgueux et Les Eyzies…

Périgueux, la tour de Vésonne, vue généraleChère Madame Alliot-Marie, vous avez présenté comme une sorte de purgatoire d’aller passer vos prochaines vacances en Dordogne. Pourtant, quand vous êtes allée dans le sud de la Tunisie dans les conditions que l’on sait, c’était peut-être aussi pour visiter l’un des grands sites romains d’Afrique-du-Nord (eh, les ami(e)s, ne fuyez pas, profitez aussi de la visite!). Alors, si vous ne savez pas quoi faire en Dordogne, je vous invite à aller lire les informations que j’ai données il y a quelques mois sur la belle ville de Périgueux. Puisque vous semblez ne pas avoir les moyens de payer vos vacances et les droits d’entrée, je vous propose de commencer par la tour de Vésonne.

Le musée de Vesunnia vu depuis la sortie du centre national de préhistoireSi vous pouvez payer quelques euros, juste à côté, dans un bâtiment conçu par Jean Nouvel, vous avez le musée de Vésunna, qui abrite une grande villa mais aussi les collections d’objets antiques de Périgueux…

L'amphithéâtre de Périgueux, à l'extérieurA quelques dizaines de mètres, pas besoin de la limousine de vos amis pour y aller, vous trouverez l’ancien l’amphithéâtre romain…

Les Eyzies-de-Tayac-Sireuil, l'entrée du musée national de Préhistoire Mais si vous avez les moyens de vous payer un trajet d’une quarantaine de kilomètres, en voiture ou en train (le trajet est très joli, la gare un peu loin du centre-bourg, mais 1 ou 2 km à pied permettent aussi de réfléchir à ses actes…), je vous conseille d’aller simplement aux Eyzies-de-Tayac-Sireuil. Là, dans ce berceau de la préhistoire, vous pourrez commencer la visite par le musée national de préhistoire, cela vous évitera de confondre, comme certains de vos collègues, l’homme de Néandertal et l’homme moderne, dit aussi de Cro-Magnon, du nom d’un abri situé sur la même commune… Ah, accrochez-vous quand même, au besoin, prévoyez un petit carnet ou achetez un petit guide à la boutique, pour ne pas tout mélanger… Mais la visite est indispensable si vous voulez comprendre la vie des hommes dont certains ont peint, gravé ou sculpté sur les parois voisines…

Les Eyzies-de-Tayac-Sireuil, le rocher qui domine la grotte de Font-de-Gaume Et puis, hors saison (mais attention, c’est fermé le samedi), vous avez plusieurs grottes ornées à visiter… Personnellement, je vous conseille Font-de-Gaume

Les Eyzies-de-Tayac-Sireuil, devant la grotte des Combarelles et les Combarelles… Du 14 juillet au 15 août, il n’est pas facile d’avoir une place (le nombre de visiteurs est limité pour la conservation des vestiges), mais pour les vacances de printemps, ça devrait aller, passez quand même réserver de bonne heure le matin, avant d’aller au musée, ça serait le mieux pour la réservation d’une visite dans l’après-midi. N’oubliez pas avant de partir de cliquer sur les liens que j’ai mis et d’imprimer le document de visite en pdf, c’est une bonne introduction pour ensuite vivre pleinement l’émotion de découvrir ces œuvres. Et pour le déjeuner, je vous conseille l’auberge de Laugerie-basse, aussi un haut lieu de la préhistoire… Vous voyez, cela, impossible de le voir chez vos amis tunisiens, ni au Maroc, ni en Égypte…

Les Eyzies-de-Tayac-Sireuil, entrée de l'abri Pataud S’il vous reste un peu de temps, vous pouvez aussi aller visiter l’abri Pataud, là, vous allez un peu remonter dans le temps après les autres grottes, pas d’art, mais vous apprendrez comme même des choses! Il y a d’autres grottes ornées dans le coin, ceci n’est que le reflet d’un choix personnel! passez de bonnes vancances en Dordogne, vous verrezn, cela n’a rien de terrifiant! Mes photos datent de septembre 2009, il n’avait pas fait très beau ce jour là…Un dernier petit conseil, n’oubliez pas d’emporter une petite laine (11/12° dans les grottes, même en été) et de bonnes chaussures, enfin, des baskets plutôt que des talons hauts! Surtout que si vous prenez le train, vous aurez un peu de marche, une bonne dizaine de kilomètres en tout (mais jamais plus de 2 km d’affilée, 20 minutes de marche, 30 pour vous qui devez mener une vie sédentaire avec vos chauffeurs, ce n’est quand même pas la mer à boire et c’est bon pour la santé!), si vous allez de la gare au musée puis aux Combarelles et à Font-de-Gaume, retour par Pataud, déjeuner à Laugerie et retour à la gare…

La Sabline à Lussac-les-Châteaux, musée de préhistoire et autre

La sabline, musée de Préhistoire, première salle Samedi dernier, j’étais donc à l’inauguration de la Sabline, le pôle culturel de Lussac-les-Châteaux dans la Vienne, qui regroupe la MJC (maison des jeunes et de la culture) 21, une médiathèque et un musée de préhistoire autour des sites de la commune et des environs, dont la grotte du Bois-Ragot à Gouex, juste à côté de Lussac, dont j’ai en partie coordonné la publication en 2005 avec André Chollet, un ami très cher malheureusement décédé depuis, mais qui était très présent parmi nous. Il y avait beaucoup de monde, beaucoup de personnalités, et quelques absences remarquées (chut… je n’en dirai pas plus, mais vous pouvez lire la liste des officiels présents sur le site de la commune et en déduire les absents). Le musée de préhistoire est très réussi, avec beaucoup d’espaces, pas trop d’objets, comme vous pouvez le voir ici, quelques minutes avant l’inauguration officielle. Nous partons de la fouille et de ses apports, techniques, études complémentaires…

La sabline, musée de Préhistoire, deuxième salle … pour arriver aux sites du lussacois, très bien, sauf, la maquette, au centre de la salle (le cube à droite de la dame en pull à rayures bleues sur la photo). Il y aura bien une ou deux coquilles à corriger, mais c’est superbe, les boîtes avec la faune, les tirettes avec les textes, etc., le tout à hauteur d’enfants et de fauteuils roulants.

De grandes baies vitrées permettent de voir la cour et, de l’autre côté, les escaliers en bois de la maison voisine du 16e siècle.

La sabline, musée de Préhistoire, salle consacrée à l'art Vous arrivez alors dans la salle consacrée à l’art, avec notamment des plaquettes gravées d’animaux et de personnages (très rare au Magdalénien) du site de La Marche à Lussac-les-Châteaux.

Pour les photographies extérieures, je n’en ai pas prises, il pleuvait quand je suis arrivée, puis l’espace était noir de monde. Vous pouvez les découvrir sur la page d’accueil de la Sabline. Espérons qu’il y aura de nombreux visiteurs dans ce beau lieu… Il faudra déjà qu’ils n’oublient pas de regarder les horaires sur la page spécifique, car à part le mercredi et le samedi de 10h à midi et de 14h à 17h, cela change presque chaque mois…

Ah, et pourquoi la sabline ? En raison de la présence de la sabline des chaumes (Arenaria controversa), une plante méditerranéenne présente sur certains terrains chauds de la commune, un peu comme sur la commune voisine de Civaux (vous pouvez la retrouver ici)

La sabline, musée de Préhistoire,, vue vers l'extérieur

Côté discours, je (cela n’engage que moi, je n’ai parlé à personne avant d’écrire cet article) trouve lamentable que la mémoire d’André Chollet n’ait pas été soulevée dans les discours des représentants de la commune, ni sa famille, présente sur place, ni sa donation : ce n’était pas un dû, archéologue amateur (et plus qu’amateur), par pur amour de la science, André avait acheté le site archéologique pour le protéger à la fin des années 1960, s’était beaucoup investi dans la création de ce musée, et tout fait pour donner ses collections (le propriétaire du terrain est propriétaire des objets qui y sont trouvés, sans le cas de fouilles programmées ou « de recherche ») à la commune de Lussac. De même, le fils de feu Stéphane Lwoff, également présent et qui a donné une dalle gravée de La Marche, fouillée par son père (le frère de André Lwoff, prix Nobel de médecine en 1965), n’a pas été remercié dans ces premiers discours. Rien ne les obligeait à faire ces dons à la commune, un petit merci de sa part n’aurait pas été superflue. Un petit remerciement au moins dans un coin d’une des salles, et/ou sur le site internet, pourrait corriger cette bourde. Que serait un musée sans collection?

Et non, au moment de ces discours, Fl. B., la courageuse responsable de ce musée, qui a dû résoudre bien des problèmes toute seule ces derniers mois (elle est depuis des mois la seule employée pour le musée, dans un statut qui ne rend pas justice à son travail, c’est moi qui le dis, elle n’oserait pas se plaindre…), n’était pas « retenue au musée par les archéologues », nous étions tous au fond de la salle… mais n’y sommes pas restés longtemps. C’était bien gentil de remercier chaque contributeur au budget de la Sabline, à l’euro près, mais nous, membres du comité scientifique, qui avons donné beaucoup de notre temps (pas mal de soirées et de journées de congés pour moi, je ne regrette pas, le résultat est superbe), nous n’avons eu droit qu’à une minuscule petite phrase. Nous avons donc préféré nous éclipser après les discours de Mme le Maire et de son adjoint, avant ceux de tous les représentants officiels présents sur la tribune, et aller réellement nous retrouver entre nous.

Et cela, nous en avons discuté à quelques-uns : nous souhaitons vraiment que Fl. B. (je tais son nom, il n’a pas été rendu public sur le site internet) reçoive la reconnaissance qu’elle mérite et que quelqu’un soit très vite recruté pour l’aider au fonctionnement du musée, avec un vrai emploi dans un vrai statut, et qu’ainsi, le musée sera ouvert à des heures moins acrobatiques et plus compréhensibles par les visiteurs. Nous espérons aussi que des expositions pourrons faire vivre ce bel outil, la salle en bas le permet. Nous sommes même encore prêts à donner de notre temps pour le musée, pour la rédaction de documents grands publics, sur le musée en général et sur certains des sites par exemple, pour le Bois-Ragot, toute l’équipe qui avait participé aux études pluridisciplinaires s’y était engagée lors du lancement de l’ouvrage, cet engagement tient toujours… Par ailleurs, nous ne sommes pas allés vérifier, la météo ne se prêtait pas à la promenade, mais nous espérons que le circuit pédestre des grottes de Lussac-les-Châteaux, avec les panneaux prévus, soit balisé (à l’office de tourisme, on nous a dit qu’il n’existait pas, mais l’information est-elle juste?). En plus, ce circuit permet une très belle vue sur le château et ses environs. Fl., j’espère que ce texte ne te mettra pas en difficulté, nous sommes partis sans te saluer, mais j’espère que tu nous excuseras…

Art magdalénien ce soir sur Arte

Ce soir sur Arte, à 21h35, sera proposé le film réalisé par Philippe Plailly (décédé d’un accident d’ULM en cours de tournage) et Pierre-Françis Gaudry, intitulé Le génie magdalénien. Ce film montre avant tout la frise sculptée magdalénienne (il y a environ 15000 ans) du Roc-aux-Sorciers à Angles-sur-l’Anglin, dans la Vienne, un site que je connais bien pour avoir travaillé au sein de l’équipe d’étude.

Pour le découvrir, je vous invite à aller naviguer sur le très riche site internet officiel consacré au Roc-aux-Sorciers. Pour les plus « mordus », il y a aussi un catalogue des collections sur le site de la réunion des monuments nationaux.

Cartes reçues

Je commence à recevoir de nombreuses cartes. Voici les cartes fabriquées maison.

D’abord, cette carte verte reçue de Miss Fil et accompagnée d’une grille maison pour la nouvelle année (je l’ai brodée et vous la réserve pour le jour de l’an).

Maintenant, la carte de qui l’a acheté à une association, Togo partage, lors d’un marché de noël.

Et la carte reçue de Anne-Lise / Milkinise.

Parmi les cartes qui ne sont pas des cartes maison, cette carte arrivée du Québec et envoyée par Alix.

Parmi les cartes institutionnelles (en plus des nombreuses cartes virtuelles), la palme revient pour l’instant au musée d’Altamira, avec une carte gaufrée représentant l’un des bisons de la grotte d’Altamira qui peut ainsi être découverte par les aveugles et les mal-voyants, avec une légende en braille.

Merci à Miss Fil, Anne-Lise / Milkinise, Brigitte et toutes les autres !

Lecture : Crime pariétal de Philippe Breton

Couverture de crime pariétal Hier, je suis tombée sur un roman préhistorique – un polar en fait – qui m’avait échappé : Crime pariétal de Philippe Breton, collection Polarchives aux éditions Le Passage (distribution Seuil, paru en 2003, ISBN 2-84742-028-2).

Le début de l’histoire : un jeune préhistorien, tout juste promu directeur de recherche au CNRS en raison de ses recherches dans la grotte Vauchet (anagramme de la grotte Chauvet, grotte ornée majeure découverte récemment), est retrouvé assassiné, en position de crucifié et transpercé d’une flèche, comme en extase. Peu après, son principal rival au CNRS et son aîné, aigri de ne pas avoir eu de promotion, est retrouvé mort. Sur fond de grotte ornée se croisent dans l’intrigue un flic, une ex-petite amie de la victime (thésarde en histoire contemporaine), un syndicaliste, un conservateur de l’Enfer de la bibliothèque nationale de France (ce département qui conserve les ouvrages érotiques, devenu célèbre depuis quelques mois avec l’exposition présentée dans cette noble bibliothèque), des prêtres etc.

Ce que j’en pense : l’intrigue est un peu tirée par les cheveux, mais ce petit polar se laisse lire. Une petite phrase au passage du syndicaliste sur la menace qui pèse sur les sciences humaines au CNRS est très bien vue (mais l’auteur est sociologue au CNRS d’après la quatrième de couverture, donc directement concerné). Dommage cependant qu’il y ait trop de coquilles (« pourquoi faire » ou, p. 136,  » je me suis toujours demandée pourquoi « , etc.).
Dommage aussi que certains détails n’aient pas été plus soignés. Ainsi, p. 9, on lit « dans une grotte du Sud-Ouest, la grotte Vauchet ». Pour les besoins de la narration, l’auteur aurait pu déplacer la grotte dans cette région riche en grottes ornées. Mais plus loin, elle est bien positionnée en Ardèche, comme dans la réalité (à Vallon-Pont-d’Arc, ce n’est pas précisé), donc loin du Sud-Ouest… Page suivante « la flèche rappelle bougrement saint Antoine ». Alors là, je ne comprends pas. En lisant la description, le jeune efféminé en extase, vêtu d’un pagne et transpercé d’une flèche, ça évoque tout de suite saint Sébastien (voir par exemple le très bel exemplaire par Mantegna, au Louvre…). La flèche ne fait pas partie des attributs de saint Antoine, en général, il est en bure franciscaine et tient l’Enfant Jésus dans ses bras, il a parfois pour autres attributs des poissons, une mule, un lys ou un cœur enflammé. Dommage aussi le détail sur la datation en urgence au laboratoire de Gif. Impossible de faire une datation dans la minute, même pour une datation au radiocarbone (impossible sur de l’ocre, comme indiqué dans le livre, car il ne contient pas de carbone) : le temps de préparation chimique de l’échantillon est bien plus long. Et pour avoir une idée rapide de l’âge, on ne met pas l’échantillon dans une simple machine avec un ordinateur, mais dans un accélérateur de particules. Certes, ce ne sont que des détails, mais pour un polar avec pour fond le milieu scientifique, mettre des détails réalistes ne coûte rien.