Lecture : Crime pariétal de Philippe Breton

Couverture de crime pariétal Hier, je suis tombée sur un roman préhistorique – un polar en fait – qui m’avait échappé : Crime pariétal de Philippe Breton, collection Polarchives aux éditions Le Passage (distribution Seuil, paru en 2003, ISBN 2-84742-028-2).

Le début de l’histoire : un jeune préhistorien, tout juste promu directeur de recherche au CNRS en raison de ses recherches dans la grotte Vauchet (anagramme de la grotte Chauvet, grotte ornée majeure découverte récemment), est retrouvé assassiné, en position de crucifié et transpercé d’une flèche, comme en extase. Peu après, son principal rival au CNRS et son aîné, aigri de ne pas avoir eu de promotion, est retrouvé mort. Sur fond de grotte ornée se croisent dans l’intrigue un flic, une ex-petite amie de la victime (thésarde en histoire contemporaine), un syndicaliste, un conservateur de l’Enfer de la bibliothèque nationale de France (ce département qui conserve les ouvrages érotiques, devenu célèbre depuis quelques mois avec l’exposition présentée dans cette noble bibliothèque), des prêtres etc.

Ce que j’en pense : l’intrigue est un peu tirée par les cheveux, mais ce petit polar se laisse lire. Une petite phrase au passage du syndicaliste sur la menace qui pèse sur les sciences humaines au CNRS est très bien vue (mais l’auteur est sociologue au CNRS d’après la quatrième de couverture, donc directement concerné). Dommage cependant qu’il y ait trop de coquilles (« pourquoi faire » ou, p. 136,  » je me suis toujours demandée pourquoi « , etc.).
Dommage aussi que certains détails n’aient pas été plus soignés. Ainsi, p. 9, on lit « dans une grotte du Sud-Ouest, la grotte Vauchet ». Pour les besoins de la narration, l’auteur aurait pu déplacer la grotte dans cette région riche en grottes ornées. Mais plus loin, elle est bien positionnée en Ardèche, comme dans la réalité (à Vallon-Pont-d’Arc, ce n’est pas précisé), donc loin du Sud-Ouest… Page suivante « la flèche rappelle bougrement saint Antoine ». Alors là, je ne comprends pas. En lisant la description, le jeune efféminé en extase, vêtu d’un pagne et transpercé d’une flèche, ça évoque tout de suite saint Sébastien (voir par exemple le très bel exemplaire par Mantegna, au Louvre…). La flèche ne fait pas partie des attributs de saint Antoine, en général, il est en bure franciscaine et tient l’Enfant Jésus dans ses bras, il a parfois pour autres attributs des poissons, une mule, un lys ou un cœur enflammé. Dommage aussi le détail sur la datation en urgence au laboratoire de Gif. Impossible de faire une datation dans la minute, même pour une datation au radiocarbone (impossible sur de l’ocre, comme indiqué dans le livre, car il ne contient pas de carbone) : le temps de préparation chimique de l’échantillon est bien plus long. Et pour avoir une idée rapide de l’âge, on ne met pas l’échantillon dans une simple machine avec un ordinateur, mais dans un accélérateur de particules. Certes, ce ne sont que des détails, mais pour un polar avec pour fond le milieu scientifique, mettre des détails réalistes ne coûte rien.

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