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La grotte des rêves perdus de Werner Herzog

Affiche de La grotte des rêves perdus de Werner Herzog Je suis allée ce soir à 17h45 à la séance du cinéma du centre-ville de Poitiers voir La grotte des rêves perdus de Werner Herzog. Une seule autre spectatrice avec moi dans la salle, et elle est partie bien avant la fin…

Le film : la grotte Chauvet est la dernière grande grotte ornée découverte en France en 1994 dans la vallée de l’Ardèche près de Vallon-Pont-d’Arc. A part un reportage sur Arte il y a quelques années (de Pierre Oscar Lévy), personne n’avait eu l’autorisation de filmer ainsi sur une semaine et en 3D. Trois grandes parties, un reportage sur le travail de recherche, une excursion dans le Jura souabe pour ses statuettes en ivoire (contemporaine des peintures et gravures de Chauvet) et une visite plus libre à travers les galeries, sans commentaires.

Mon avis : splendide, magnifique! Cette fois, la 3D se justifie complètement! 1h30 de rêve et de magie…

Bon, j’ai quand même quelques réserves:

– la musique est parfois trop présente, notamment dans la dernière partie, où l’on sort du documentaire pour pénétrer complètement dans la grotte avec des jeux d’ombre, de lumière et de cache-cache avec les parois. Mais bon, ça, c’est personnel, pour moi, les visites intimes de grottes ornées (privilège rare, je sais et je savoure à chaque fois ces moments extra-ordinaires au sens propre), c’est du silence, la perte de repères temporels, le froid humide (souvent autour de 11 à 12°), la lumière des lampes individuelles qui jouent sur les parois…

– le post-scriptum sur la centrale nucléaire voisine et sa biosphère tropicale, ça casse complètement la magie des dernières images de la grotte

– une énorme bourde dans les 5 premières minutes, ça, c’est « je veux toujours être le plus (vieux, beau, etc.) ». Et non, ce n’est pas une grotte avec des peintures deux fois plus vieilles que les plus anciennes peintures connues jusqu’alors! Si l’on se limite à l’Europe, il y a des dizaines de grottes ornées gravettiennes, quelque part vers 25.000 ans (plus ou moins 1000 ans, je vous ai d’ailleurs programmé un article sur la grotte de Pech-Merle, de cette période, re-visitée pendant mes dernières vacances, pour mardi prochain -suivre le premier lien-, avec un petit paragraphe sur les datations). 25.000 ans, soit à une période où l’on sait qu’il y a aussi des « visites » dans la grotte Chauvet, où les dates les plus anciennes directes sur charbons des peintures donnent 32.000 ans, sans doute un peu plus si les échantillons étaient aujourd’hui reprises avec les dernières méthodes de purification des échantillons, mais ça ne change pas grand chose, c’est de l’Aurignacien plutôt ancien;

– certains chercheurs français parlent en anglais, pourquoi pas, mais seul Jean Clottes est doublé en français par sa propre voix, des acteurs sont les voix françaises des autres, c’est dommage… et gênant pour ceux qui les connaissent, sans doute beaucoup moins pour les autres spectateurs.

Un petit secret… Nic, avec qui j’ai fouillé près de Neuwied il y a plus de 20 ans… a pris de l’âge (mais moi aussi!) (Nic, si tu passes par là, ne sois pas fâché, je pense que nous ne nous sommes pas croisés depuis le congrès UISPP de Liège en 2001…).

Pour aller plus loin:

– la grotte Chauvet sur le site du ministère de la culture, avec un très beau dossier. Il fait le point sur les recherches récentes, et ai plus accessible que les articles scientifiques publiés dans les revues spécialisées.Vous pouvez aussi aller voir le site qui préfigure le futur centre de restitution de la grotte (copie façon Lascaux II, en mieux… pour ce qui est annoncé).

– des livres:

  • de Jean Clottes : La Grotte Chauvet, l’art des origines, paru en 2001 au Seuil, il date déjà, mais de superbes photographies
  • de Jean-Marie Chauvet, Eliette Brunel Deschamps et Christian Hillaire (les « inventeurs », terme officiel et légal pour ceux qui trouvent des sites archéologiques) : La grotte Chauvet à Vallon-Pont-d’Arc (Le Seuil, 1995, paru juste après la découverte)
  • de Jean Clottes et Marc Azéma : Les félins de la grotte Chauvet (Le Seuil, 2005)
  • de Bernard Gely et Marc Azéma : Les mammouths de la grotte Chauvet (Le Seuil, 2005)

– sur l’industrie de l’ivoire notamment dans l’Aurignacien du Jura Souabe (avec un gros chapitre sur Geissenklösterle, pour le sujet du jour) : Technologie de l’ivoire au Paléolithique supérieur, caractérisation physico-chimique du matériau et analyse fonctionnelle des outils de transformation, de Marianne Christensen (British archéological reports, international series 751, 1999), là, je vous l’accorde, pas du tout grand public, mais très intéressant!

– sur la statuette féminine découverte en 2009 par Nicholas Conard à Hohle Fels… Il y a aussi une publication scientifique dans Nature, mais le premier lien que je vous ai mis vous donnera une bonne idée, et pour le second, si vous n’êtes pas dans une bibliothèque universitaire abonnée à la revue, vous n’aurez accès qu’au résumé, désolée.

Les Schtroumpfs, le film

Affiche du film Les Schtroumphs Il me restait deux places à utiliser avant fin août au cinéma « commercial ». Devant la météo maussade, je suis donc allée hier soir voir les Schtroumpfs, adaptation américaine en 3D par Raja Gosnell de la bande dessinée de Peyo.

Le film : Alors qu’ils préparent la fête de la lune bleue, les Schtroumphs sont attaqués par le sorcier Gargamel suite à une gaffe du Schtroumpf Maladroit. Six d’entre eux (le Grand Schtroumpf, le Schtroumpf Maladroit, la Schtroumpfette, le Schtroumpf à Lunettes, le Schtroumpf Grognon et le Schtroumpf Téméraire) se retrouvent propulsés au milieu de Central Park à New-York, bientôt suivis de Gargamel et son chat Azraël. Ils atterrissent chez un couple dont la femme est enceinte et dont le mari est chargé de lancer une campagne publicitaire pour des cosmétiques le lendemain.

Mon avis : bof… Même si cela ne gêne pas la fille de Peyo de voir les Schtroumpfs au milieu de New-York, j’aurais sans doute préféré un film plus près des bandes dessinées. Et pour la 3D, je ne vois pas trop ce qu’elle apporte… Je ne regrette quand même pas la soirée, il y a des moments rigolos et distrayants. Et techniquement très soigné pour l’intégration des Schtroumpfs dans les images réelles.Que vais-je aller voir avec mon dernier billet commercial?

Pour aller plus loin : le site officiel du film.

Inception de Christopher Nolan

Affiche du film Inception Bon, je n’ai plus d’article de lecture rédigés à l’avance… J’ai beaucoup lu ces deux dernières semaines, et quelques livres lus avant dont je n’ai pas encore parlé, mais je ferai une grosse séance de rédaction le week-end prochain… En attendant, je vous parle pour la deuxième fois cette semaine de cinéma… J’avais lu de bonnes critiques dans Le Monde et Le canard enchaîné, une autre dans Télérama en rentrant et quelques avis de fan de cinéma m’ont définitivement convaincue d’aller le voir au plus vite, histoire de ne pas le rater comme d’autres ces derniers mois… C’était hier soir avec un ami. Je ne comprends pas pourquoi ici le film a gardé son titre américain, Inception, alors qu’il est sorti sous le titre Origine au Québec.

Le film : Inception de Christopher Nolan, avec notamment , Ellen Page, Ken Watanabe, Cillian Murphy, Joseph Gordon-Levitt, , Tom Hardy et Michael Caine.

L’histoire : dans un monde futur mais qui ressemble étrangement au nôtre, Dom Cobb a été formé par son père à être un extracteur, personnage qui entre dans les rêves des autres pour soutirer des informations inaccessibles aux autres, à des fins d’espionnage industriel. Il travaille avec toute une équipe, une architecte, qui structure le rêve (enfin, plutôt les rêves imbriqués), un chimiste, chargé des anesthésies (il faut que la cible et les extracteurs soient endormis pour que ça marche). Pour sortir des rêves, il faut être en danger de mort, le rêveur se réveille alors dans une sensation de vertige. Un totem permet aux extracteurs de rester en contact avec la réalité et de savoir s’ils sont dans le monde rêvé (où le temps se dilate) ou dans le monde réel. Suite à la mort de sa femme, Cobb a dû fuir les États-Unis et ne peut donc plus voir ses enfants, qui lui manquent. Un jour, un industriel, Saito, lui propose une mission autrement difficile, il s’agit d’insérer une idée (l’inception) dans l’esprit de quelqu’un, pour qu’il adopte une certaine stratégie que spontanément il ne suivrait pas à la mort de son père. La monnaie d’échange? La possibilité de rentrer au pays pour voir ses deux enfants. Cobb a quelques jours pour monter une équipe performante et qui accepte de prendre le risque de voyager dans l’espace temps et dans les rêves d’où ils pourraient ne pas revenir.

Mon avis : ouah ! Passé le premier quart d’heure, où j’ai dû m’accrocher pour comprendre l’histoire – ou plutôt les différents niveaux d’histoire et de temps – j’ai été captivée pendant les 2h38 du film… Le spectateur finit par perdre toute notion du réel ou du rêve, quand est-il dans un monde ou dans l’autre? Quel est le totem de Dom Cobb, d’ailleurs? La toupie de sa femme décédée (ou restée dans un autre monde?) ne semble pas coller, j’ai mis presque deux heures à le trouver… Ce voyage permanent dans la réalité et trois rêves imbriqués qui se déroulent dans des espaces temps qui se dilatent de manière exponentielle ne peut pas laisser le spectateur indifférent. Et quelque part, nous avons aussi une version moderne et futuriste d’Orphée (Mall) et Eurydice (Cobb)… Si vous voulez revoir cette histoire classique (Eurydice descend aux Enfers pour essayer d’en sortir sa femme,décédée après avoir été mordue par un serpent), je vous conseille ce site consacré à la mythologie… Je trouve étrange qu’aucune critique n’en parle… Mais c’est peut-être moi qui ai ressenti le film comme il n’est pas? En revanche, pour le Minotaure et son labyrinthe (créé par Dédale), aucun doute, ce dernier revient tout le temps dans l’histoire.

Pour aller plus loin : voir le site officiel du film (en anglais).

Avatar, de James Cameron

Affiche de Avatar Comme je vous l’ai dit l’autre jour, je suis allée voir Avatar de James Cameron en 3D et en VO… Surprise pour cette séance en VO, l’essentiel du public était composé de familles sourdes et d’étudiants Erasmus.

Le film : Le frère jumeau de Jake était un scientifique amené à infiltrer le peuple de Pandora, via un avatar créé à partir de son ADN. Par son mental, dans une machine genre sarcophage, il pilotera son avatar, sorte d’alter ego dans un corps qui ressemble aux Na’vi qui habitent cette planète. Mais il a été assassiné juste avant le début de la mission. Or une société minière, qui emploie de nombreux mercenaires, anciens militaires, et quelques scientifiques, qui doivent les aider à comprendre ce peuple, a dépensé beaucoup d’argent pour ces avatars. Du coup, qu’importe si Jake est un ancien marine blessé au combat et paraplégique… Il a le même ADN, il conviendra pour la mission, même s’il n’a pas appris la langue, ni suivi l’entraînement. La société a trop besoin de ce précieux minerai pour se passer de lui. Et les Na’vi s’obstinent à avoir pour lieu le plus précieux et le plus habité LE kilomètre carré qui renferme ce minéral. L’avatar de Jake va se retrouver largué dans la forêt, recueilli et adopté par une jolie (?) jeune femme, Neytiri.

Mon avis : la 3D ne vaut vraiment pas la 3D que, en tant que Poitevine, j’ai pris l’habitude de voir au Futuroscope… (même si ceux qui y ont vu la dernière création Arthur 4D, de Besson, ne sont pas convaincus). Franchement pas terrible par rapport à ce que l’on peut voir sur écran parabolique avec des lunettes à cristaux liquides… Pour le scénario, l’éternel film à grand spectacle américain, les méchants (ici les mercenaires qui veulent les ressources minières) et les gentils (le peuple de cette planète ressemble étrangement à des clichés d’indiens d’Amérique)… Le tout avec force effets spéciaux, mais sans grande recherche. La mauvaise conscience des descendants de colons américains par rapport aux Indiens (costumes, rites, etc.) ? Par rapport aux guerres actuelles menées par les États-Unis ? Sur la toute puissance de l’économie (la conquête de ressources minières) et de ses mercenaires sur les scientifiques… Franchement, il y a des aspects efficaces, bien huilés dans ce film, mais je continue à préférer voir des films d’art et essai, même si je ne les aime pas toujours, au moins, il y a généralement de la recherche, un travail sur la photographie…

Pour aller plus loin : le site officiel d’Avatar, en français. Une suite a été annoncée comme possible la semaine dernière par Cameron… Sans moi !