Maryse a retrouvé un ouvrage dans la bibliothèque familiale, en parfait accord avec cette grosse semaine sur 1914-1918 sur mon blog. La parole à Maryse! J’ai ajouté un lien pour le Triptyque La Guerre / Der Krieg d’Otto Dix, conservé au musée de
Dresde, j’ai choisi la page en anglais avec une très intéressante vidéo en Allemand (possibilité de sous-titrage allemand, ça aide à comprendre pour ceux qui ont un allemand un peu rouillé, pour les autres, euh, je ne suis pas sûre que les images parlent complètement sans commentaire intelligible).
Souvenirs de Guerre d’un Légionnaire Suisse
Le 1er Mystérieux, par G.-Jean Reybaz
Paris, André Barry, 12, quai des Célestins, 1932. Ouvrage illustré de 33 compositions de HAUTOT, dont 9 hors-texte, et d’un frontispice reproduisant le crayon noir de STEINLEN: « Le Légionnaire ».
Cet ouvrage retrouvé dans la bibliothèque de mes parents lors du déménagement de leur maison m’a surpris tant par le sujet que par la dédicace de son auteur:
« A Monsieur
Marcel Métayer,
en témoignage de reconnaissance
et de vive sympathie.
G.-Jean Reybaz »
Livre tiré à 5300 exemplaires (celui-ci porte le numéro 3785)
Marcel Métayer était mon arrière-grand oncle (le beau-frère d’Adorise pour ceux/celles qui ont suivi les péripéties du torchon de Véronique qu’elle a présenté au concours de Nans-sous-Sainte-Anne cette année!).
Donc cet auteur peu connu* a dû connaître cet oncle par le biais de l’armée celui-ci étant gendarme. Supposition!
Ce livre, aussi inconnu que son auteur, vaut essentiellement par les gravures qui l’illustrent.
Les gravures hors-texte sont de belle facture et font penser à Otto Dix (Untermhaus, 1891 – Singen, 1969), peintre allemand associé au mouvement expressionniste qui a vu certaines de ses œuvres détruites par les nazis qui considéraient que c’était un « art dégénéré ». Ses eaux-fortes ont dû inspirer Georges Hautot (Colombes, 1887 – La Ferté-Allais, 1963), journaliste, caricaturiste et illustrateur de cet ouvrage, j’y reviendrai en détail dans un autre article, auteur d’affiches en général (et d’affiches de propagande, pendant la guerre, en particulier), etc.
L’histoire est un témoignage de ce soldat suisse d’origine qui s’est engagé dans la Légion étrangère lors la guerre 1914-1918. Elle raconte la vie du soldat, ses rencontres, ses angoisses, et décrit les affres de la guerre vécue au quotidien.
L’écriture n’est pas géniale mais l’émotion et la sincérité lui donnent toute sa valeur.
L’introduction intitulée « Triptyque » n’est pas innocente et fait référence au « Triptyque » peint par Otto Dix sur le thème de La Guerre / Der Krieg, tout comme les gravures de Hautot.
Quelques citations issues de cette introduction sont très révélatrices des sentiments du « poilu »:
« La guerre! Chez ceux qui l’ont connue, quelles résonances prolongent ce mot, que d’images il réveille… Images d’une horreur sans nom ou seulement misérables […], images, parfois, de choses grandes. »
« La guerre, au panache à jamais envolé, la guerre des gaz et des bacilles, des sinistres oiseaux de nuit semant la mort et l’épouvante dans les cités… »
« Notre époque se préoccupe de recueillir des témoignages sur ses origines et les à côté du grand événement qui l’a marquée. J’apporte le mien, très humble. »
« Je me trouvais dans le Caucase dans l’été 1914 et je puis affirmer que les officiers russes et leurs familles, nombreux dans cette région […] ont accueilli la nouvelle de la déclaration de guerre par l’Allemagne avec un serrement au cœur. Aucune ruée vers la guerre fraîche et joyeuse! »
Et en fin de l’introduction comme un clin d’œil, il s’adresse à un poilu qui regarde son livre sur les étals des quais de Paris et lui dit:
« Prends-le,[…]. Sinon pour texte, pour les dessins (sans parler de Steinlen) qu’il a inspirés à Hautot. Ils sont très beaux. En t’en retournant, la pensée que tu pourras les contempler à ton gré te tiendra en joie […]. Prends-le vieux! »
Ces pages font penser aux lettres des poilus reproduites ici ou là, et pour cela elles sont intéressantes et émouvantes.
Et le titre reste…. mystérieux.
*Pour aller plus loin: De G. Jean Reybaz, il n’a été possible de retrouver qu’un article paru en février 1930 dans la Revue des Deux mondes, Pour le Centenaire de la Légion, la légion étrangère au front (1915) et un autre livre, dans des librairies spécialisées, Le maquis Saint-Séverin, ou comment fut libéré le quartier Saint-Michel, Paris Maison du livre français [1945] 30 p. une planche en noir en frontispice in-8 Broché, couverture illustrée.
Voir le dossier consacré à Théophile-Alexandre Steinlen (Lausanne, 1859 – Paris, 1923) par le musée des arts décoratifs
Voir un article consacré à Georges Hautot (Colombes, 1887 – La Ferté-Allais, 1963), en attendant de découvrir d’autres illustrations de ce livre.