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L’homme est un grand faisan sur terre de Herta Müller

pioche-en-bib.jpgQuand Herta Müller a reçu le prix Nobel de littérature il y a quelques semaines, je me suis précipitée à la médiathèque, mais d’autres étaient déjà passés avant moi, j’avais posé des réservations sur les deux titres (sur trois traduits en français) et en ai reçu enfin un.

Le livre : L’homme est un grand faisan sur terre, de Herta Müller, traduit de l’allemand par Nicole Bary, éditions Maren Sell et Cie, Paris, 1988, 106 p., ISBN 2-87604-0190 (il a été édité en Folio en 1997, et réédité depuis le prix Nobel).

L’histoire : dans un petit village roumain germanophone. Windisch, le meunier, se promène dans le village, en décrit ses habitants, le mégissier, le gardi du moulin, le menuisier, etc. Il souhaite à tout prix fuir son pays, et tout prix n’est pas un vain mot, il doit payer le maire et le policier en farine, mais aussi livrer sa fille Amélie (sa femme est trop laide et trop vieille) au curé chargé de délivrer les certificats de baptêmes et au policier chargé des papiers… Réussiront-ils à passer à l’ouest ?

Mon avis : ce récit court est très poignant, très dur sur le fond de misère du village roumain, mais aussi du passé (les prisonniers en Russie après la Seconde Guerre mondiale, les superstitions à propos d’un arbre, des chouettes, etc.). Les phrases sont courtes? Je lirais bien d’autres livres de cette auteure (voir ici, lus depuis, La convocation, Animal du cœur, La bascule du souffle), aussi en allemand…

Les carrés militaires du cimetière de la Pierre-Levée à Poitiers

Le carré militaire français du cimetière de la pierre levée à Poitiers Pour le 11 novembre, l’année dernière, je vous ai présenté le monument aux morts de 1914-1918 du département de la Vienne, ainsi que le livre Les allégories de la République sur les monuments aux morts en Poitou-Charentes, de Charlotte Pon-Willemsen et l’exposition, La République et ses monuments aux morts en Poitou-Charentes, actuellement (enfin, pas le week-end) visible à la maison de la Région Poitou-Charentes à Poitiers, jusqu’au 27 novembre.

Cette année, je vous présente les deux carrés militaires accolés du cimetière de la Pierre-Levée à Poitiers. Le premier est un carré militaire français, avec des tombes de la guerre 1914-1918, dominé par un monument imitant une lanterne des morts médiévale, assez fréquentes dans la région.. Julie Colombi a réalisé un relevé des 167 noms portés sur ces tombes pour le mémorial Genweb.
Le carré militaire français du cimetière de la pierre levée à Poitiers, tombes de chrétiens et de musulmans L’on peut remarquer qu’il y a un nombre important de tombes musulmanes. Dans l’allée qui lui fait face se trouvent une stèle et des tombes de victimes (résistants et victimes civiles) de la Seconde Guerre mondiale, j’aurai l’occasion d’en reparler.

Le carré militaire allemand du cimetière de la pierre levée à Poitiers Le carré militaire allemand comprend plus d’une centaine de tombes. Julie Colombi a réalisé un relevé des 104 noms portés sur ces tombes pour le mémorial Genweb.

Le monument aux morts allemands du cimetière de la pierre levée à Poitiers Un monument aux morts allemands est également dressé. Il porte l’inscription Ruhet / in / Frieden (Reposez en paix) sur le fût de l’obélisque et Hier ruhen / Deutsche Soldaten / gestorben in der / Gefangenschaft / 1914-1919 (ici reposent des soldats allemands décédés en détention 1914-1919) sur le socle, sous une épée au milieu de feuillages.

Du passé faisons table rase de Thierry Jonquet

Couverture de DU passé faisons table rase de Thierry Jonquet pioche-en-bib.jpgAprès avoir lu Mon vieux de Thierry Jonquet, j’ai emprunté à la médiathèque un de ses livres plus anciens. Si vous lisez des ouvrages de cet auteur décédé au mois d’août, mettez un petit mot sur le blog de mille et une pages, qui a prévu de lui rendre hommage à la fin du mois de septembre.

Le livre : Du passé faisons table rase, de Thierry Jonquet, dans l’édition de la collection Furies, aux éditions Dagorno, 1994, 249 pages, ISBN 2-910019-20-9, publié pour la première fois en 1982 chez Albin Michel, dans la collection Sanguine, sous le pseudonyme de Ramon Mercader, du nom de l’assassin de Trotski, mais existe dans plusieurs autres éditions, par exemple chez Actes sud (Babel noir n° 321) ou en Folio Policier.

L’histoire : en 1972, quatre personnes sont discrètement assassinées en Amérique du Sud, en France et en Allemagne, dans des crimes  » parfaits  » maquillés en suicide ou en accidents. En 1947, de retour du STO, où il avait été volontaire, René Castel a adhéré, par intérêt (protection, faire comme la majorité), au parti communiste, comme il avait en 1935 débarqué à Paris et opté pour une option politique opposée. En 1978, au siège du parti communiste, l’un des dirigeants, Jacques Delouvert, rescapé d’un camps de déporté, reçoit des documents qui laissent supposer le passé sulfureux pendant la guerre du chef du parti… Une campagne électorale est en cours, tourne autour de l’insécurité en banlieue, le mari d’une militante est assassiné. Une cellule des services secrets s’en mêle. Le lien entre tous ces événements ? La guerre, la résistance, les profiteurs de guerre, le parti communiste…

Mon avis : cette histoire est un peu (beaucoup même) dépassée, le parti communiste n’a plus son importance d’après guerre ni même de l’union de la gauche de 1981, toute d’actualité lors de la publication du roman. Le passé au STO de Georges Marchais n’intéresse plus personne, ni la distinction entre des STO volontaires et des STO contraints… Cela dit, l’écriture est efficace, les magouilles que l’on espère d’un autre temps m’ont finalement tenue en halène.

Post-scriptum : de Thierry Jonquet, décédé en août 2009, j’ai lu et parlé de :

L’homme du lac de Arnaldur Indridason

Couverture de l'homme du Lac d'Indridason chez Métalié pioche-en-bib.jpgLe violent orage d’hier soir m’a privée de ma soirée bloguesque et de publier l’article que j’étais en train de rédiger, j’ai débranché ma box après la première micro-coupure d’électricité…
Après avoir lu La voix, la Cité des jarres et La femme en vert, j’ai eu envie de lire un autre livre de cette série.

Le livre : L’homme du lac de Arnaldur Indridason, Traduit de l’Islandais par Éric Boury, édition Métailié, 2008, 349 pages, ISBN 978-2-86424-638-1.

L’histoire : dans la banlieue de Reykjavik, à nouveau, en juin 2000. Des tremblements de terre entraînent la vidange du lac de Kleifarvatn, dont le niveau a baissé de plus de 4 m. Un hydrogéologue trouve alors au milieu de ce lac un squelette attaché à un émetteur radio russe. Le commissaire Erlendur Sveinsson est chargé de l’enquête, il apparaît assez vite que le décès a dû intervenir à la fin des années 1960, en pleine guerre froide, et que d’autres engins d’écoute russe ont été découverts il y a longtemps dans une autre partie du lac. À quelle personne disparue dans ces années là correspond ce squelette ? Qui est-il et pourquoi a-t-il atterri dans le lac ? Que s’est-il passé dans les années 1950 avec un groupe d’étudiants islandais qui est allé étudié à Leipzig, en Allemagne de l’Est, dans les années 1960 ? Que sait l’ambassade des États-Unis qui avaient alors plusieurs bases militaires (déjà évoquées dans les épisodes précédents) ? Une plongée dans un monde qui a, je l’espère, disparu.

Mon avis : J’ai beaucoup aimé et lu le livre d’une traite en ce dimanche pluvieux. Une bonne occasion de découvrir l’Islande d’avant la crise économique qui vient de ruiner ce pays.

Les livres de la série que j’ai lus :

Tulpan de Sergueï Dvortsevoy

Comme promis, je vous parle de Tulpan, de Sergueï Dvortsevoy.

Le film : Dans les steppes du Kazakhstan. Asa a fait son service dans la marine. Il n’a plus de famille sauf sa sœur, chez qui il vient habiter – ou plutôt, dans la yourte de son beau-frère. Il aimerait avoir lui aussi son propre élevage de moutons, mais le grand chef, propriétaire des troupeaux, ne lui en confiera que s’il se marie, fonde une famille et sa yourte… Mais dans ces steppes semi-désertiques, il n’y a qu’une fille non mariée, Tulpan, et Asa doit négocier d’abord le mariage avec les parents… Mais la mère trouve qu’Asa a de trop grandes oreilles (oreilles décollées, en fait). Parallèlement, Asa apprend sur le tas la vie de berger et le partage de la yourte (un couple, 3 enfants et lui), la confrontation à la mort de nombreux agneaux au moment de leur naissance.

Mon avis : sublime ! Les paysages de steppe, les mini tornades, les orages, les chameaux, les moutons,… Rien que la venue du vétérinaire vaut d’aller voir le film ! Une chose, je n’ai pas compris pourquoi ce film, co-production kazakh, allemande et suisse, est en russe et non en kazakh, sauf pour les très beaux chants… Ceux de la petite fille sont magnifiques. Le grand frère qui écoute les informations dans la journée pour les transmettre à son père est très sérieux, alors que le petit dernier est craquant… Il paraît que le tournage a été plus ou moins un enfer (interviews entendues la semaine dernière), mais quel film ! Il a d’ailleurs été primé à Cannes en 2008 (prix Un certain regard, prix de la jeunesse et prix de l’éducation nationale).

Heinrich Böll, Lettre à un jeune catholique

La semaine dernière, le pape Benoît XVI a annoncé son souhait d’engager le procès en béatification du pape Pie XII, dans un discours prononcé lors de la messe pour le cinquantième anniversaire de sa mort. Il m’a donc semblé urgent de relire Heinrich Böll, qui m’a laissé une forte impression lorsque je l’avais lu – en allemand – en classe préparatoire.

Le livre : Heinrich Böll, Lettre à un jeune catholique suivi de Lettre à un jeune non-catholique, éditions des Mille et une nuits, n° 119, ISBN 2-84205-0726X, 1996, traduction de Josette Collas et Fanette Lepetit (et oui, je deviens fainéante, j’ai relu une traduction).

Les histoires : dans la première lettre, publiée en 1966, Heinrich Böll dénonce la passivité de l’église allemande lors de la seconde guerre mondiale, et surtout le fait que lors de sa préparation à son intégration dans l’armée, l’église l’a mis en garde contre les dérives sexuelles qui risquaient de l’atteindre lors de son service, absolument pas des atrocités de la guerre et encore moins de ses dérives. Dans la seconde, il dénonce le fait que l’église soutient la remilitarisation de l’Allemagne sous les gouvernements dépendant de la CDU (union démocrate chrétienne), sans revenir sur son rôle dans la Seconde Guerre Mondiale.

Éléments de contexte : Pie XII (1876-1958) était pape lors de la Seconde Guerre mondiale. Heinrich Böll, catholique convaincu, a progressivement quitté l’église allemande d’abord en 1968 en dénonçant l’encyclique Humanae vitae publiée le 25 juillet 1968 par Paul VI, encyclique qui condamne l’avortement la contraception dite artificielle. En 1972, il refuse de payer l’impôt religieux prélevé sur les salaires en Allemagne, et rompt définitivement avec l’église en 1973. Il a reçu le prix Nobel de littérature en 1972.

Mon avis : ce n’est pas parce qu’un livre est bref qu’il ne peut pas avoir une profondeur énorme (même si l’inverse peut être vrai, voir Le fiancé de la lune de Eric Genetet, lu dimanche dernier). Ce livre m’a beaucoup marquée en seconde année de classe préparatoire, et à sa relecture, je n’ai pas été déçue ! Je ne résiste pas à la tentation de vous citer cette phrase (p. 52 de mon édition française) :

Il ne s’agit pas de contester la crédibilité de théologiens aussi éminents que Rahner, RATZINGER [c’est moi qui souligne] et Küng, mais la couche de terre où cette théologie pourrait prendre racine n’est pas seulement mince, en Allemagne elle est fertilisée par le pire des engrais, l’obéissance  » politique  » .

Tiens, Ratzinger, mais c’est cet homme qui est devenu Benoît XVI… Ce livre doit impérativement être relu d’urgence… Je posterais bien sa version allemande au pape, en guise de participation au débat avant le procès en béatification de Pie XII, pape qui a au moins tu le génocide des juifs, s’il ne l’a pas ouvertement soutenu…

Post-scriptum : désolée pour le lapsus sur l’encyclique… Vous pouvez en lire la traduction officielle en français sur le site du Vatican. Ne ratez pas les paragraphes sur La maîtrise de soi et Créer un climat favorable à la chasteté.

Et il y a eu un rappel récent de la condamnation de l’avortement ET de la contraception (et l’euthanasie) en 1995 dans l’encyclique Evangelicum vitae de Jean-Paul II (à lire aussi sur le site du Vatican par ce lien direct). En mai 2008, pour les 40 ans de l’encyclique Humanae vitae, dans un discours à l’université pontificale du Latran, le pape Benoît XVI a réaffirmé ces principes.

logo tour du monde en lecture J’ai sélectionné ce livre pour le tour du monde en lecture proposé par Livresque.

Lecture : Op Center 3, de Tom Clancy

Couevrture du tome 3 de Op center de Clamcy J’avais commencé il y a quinze jours dans le train de retour de Rennes Op Center 3, jeux de pouvoir, de Tom Clancy (publié en 1999 par Pocket n° 10310, ISBN 2-266-07810-0). Je viens de le terminer. Je confirme, je ne suis pas fan de ces livres d’espionnage. Il y a quelques années, j’avais lu le premier tome, qui se déroule en Corée. Mais c’est parfait pour un long trajet en train avec des gamins braillards comme voisins quand on a oublié de prendre son baladeur MP3…
Pour ceux que ça intéresserait, l’histoire se passe entre les États-Unis, l’Allemagne et la France dans le milieu néo-nazi.

Lectures, Michel Quint

Couverture du coffret de Michel Quint Parmi les bonnes résolutions 2008, terminer ce que j’ai en cours, côté ouvrages, mais aussi pour la cinquantaine de livres non lus. Au cours des vacances de noël, j’ai parcouru le dossier du Point sur Lille, où plusieurs personnalités donnaient leurs adresses préférées. Parmi elles figuraient Michel Quint. Je viens donc de lire ces deux petits récits achetés il y a déjà longtemps et restés dans une pile. Ce sont deux petits livres d’une soixantaine de pages chacun, Effroyables jardins (édité en 2000, ISBN 2-84412-164-0) et Aimer à peine (2002, ISBN 2-84412-115-2), publiés aux éditions Joëlle Losfeld dans la collection Arcanes. Le premier est un récit autour du procès de Papon et du passé de jeunes adultes résistants du père et de l’oncle du narrateur. Dans le second, le même narrateur rapporte son séjour en tant que stagiaire en Allemagne, en 1972, au cours de laquelle il se confronte à la culpabilité et aux séquelles de la Seconde Guerre mondiale, avec la mort violente de sa copine allemande (pour les circonstances, lisez ce livre, ça vous prendra moins d’une heure). Pour le premier livre, ceux qui ne sont pas ch’tis risquent de se heurter à certains mots, par exemple page 40, on peut lire :  » l’ostrogoth sort son briquet, son casse-croute « . Je ne suis pas sûre que l’apposition avec la virgule permette au lecteur non initié de comprendre que le briquet, c’est le nom donné au casse-croute par les mineurs (de charbon)…

Du même auteur, Michel Quint, je vous ai parlé de Effroyables jardins et Aimer à peine (ci-dessus) ; Avec des mains cruelles ; La folie Verdier ; Close-up ; L’espoir d’aimer en chemin ; Et mon mal est délicieux ; Fox-trot
Logo du challenge ABC critique de BabelioJ’ai sélectionné ce livre pour le défi ABC critique organisé par Babelio.