Cette chose étrange pour moi, d’Orhan Pamuk

livres, critiques citations et bibliothèques en ligne sur Babelio.comCette chose étrange pour moi, d'Orhan PamukJ’ai reçu au début de l’été ce gros livre dans le cadre d’une opération Masse critique de Babelio, merci à eux et aux éditions Gallimard, paru pour la rentrée littéraire 2017 (587 romans annoncés cette année).

Le livre : Cette chose étrange pour moi, d’Orhan Pamuk, traduit du turc par Valérie Gay-Aksoy, collection du monde entier / NRF, , éditions Gallimard, 685 pages, ISBN : 978207011368.

L’histoire : en Turquie, en Anatolie et surtout à Istanbul, de 1968 à 2012. Le père de Mevlut a quitté son village natal en 1963 pour essayer de faire vivre sa famille en lui envoyant de l’argent depuis Istanbul. Quelques années plus tard, en 1969, il fait venir à son tour Mevlut, à peine âgé de douze ans, officiellement pour qu’il poursuive ses études au collège (lycée Atatürk). Ils achètent à un grossiste du yaourt et de la boza (boisson fermentée à base de Millet), l’aromatisent et la revende à la criée à travers les rues, en porte à porte, dans deux seaux suspendus à une grande perche appuyée sur leur cou. Au fil des ans, le bidonville où ils habitent s’étend, se construit en dur (et anarchiquement). Chaque été, ces hommes émigrés à Istanbul rentrent chez eux, en Anatolie ; Mevlut y retourne en 1982 pour « enlever » sa femme, une jeune fille d’un village voisin aperçue dans un mariage et avec qui il échange par lettres depuis des années. Au moment de la rencontrer, il s’aperçoit que ce n’est pas celle qu’il avait vue mais sa sœur, mais ils se marient quand même. En ville, il y a de moins en moins d’acheteurs de boza, le raki ayant de plus en plus de succès auprès des urbains. Mevlut continue néanmoins son commerce ambulant… tiendra-t-il longtemps face aux transformations de la ville? Que fera-t-il après l’agression dont il est victime?

Mon avis : le livre s’ouvre par une généalogie et se ferme par une chronologie ; une carte, ou plutôt deux, auraient aussi été utiles : un plan d’Istanbul et de ses extensions au fil du temps et la position des villages dont il est question en Anatolie. Car il s’agit d’une saga écrite « à l’ancienne », avec un découpage en parties et chapitres qui comprennent titres et sous-titres, comme dans la grande tradition des romans parus en feuilleton au XIXe siècle ou celle des épopées. Le sous-titre général du livre donne d’ailleurs une idée plus précise sur son sujet :  » La vie, les aventures, les rêves du marchand de boza Mevlut Karatas et l’histoire de ses amis et tableau de la vie à Istanbul entre 1969 et 2012, vue par de nombreux personnages « . Cette épopée se lit très facilement, même si l’on ne cesse pas de changer de narrateur, mais chaque changement est clairement indiqué (merci pour mon cerveau !). Le mode de narration varie également, le récit se fait en général à la première personne, sauf lorsqu’il s’agit du personnage central, Mevlut, toujours à la troisième personne.

Quoique, Mevlut est-il vraiment le personnage central, ne s’agit-il pas plutôt d’Istanbul, la ville qui s’étend, où cohabitent les anciens habitants, plutôt aisés (ceux qui sont aux premiers rangs dans la salle de classe du lycée au début du livre), et ceux qui arrivent de la campagne et en particulier d’Anatolie, d’abord des hommes seuls et de jeunes adolescents (qui comme Mevlut se retrouvent au fond de la salle de classe, sèchent les cours pour pouvoir travailler seuls ou avec leur père), puis des familles.

Les coups d’État (celui de 1971 par exemple) ne sont pas sans rappeler la situation actuelle de la Turquie, et pourtant, il faut avoir en tête que le livre a été publié en 2014 (et juste traduit cette année), avant donc les événements les plus récents de ce pays avec les dizaines de milliers d’arrestation. L’histoire est un perpétuel recommencement. Au fil des pages, par petites touches, on voit la ville évoluer, les bidonvilles être repoussés, remplacés par des habitations en dur, mais toujours construites sans plan d’urbanisme, au gré de l’influence et des pots-de-vin. Mevlut aussi finit par changer de métier, devenant marchand de glaces. L’apparition des caisses enregistreuses (en 1994) pour lutter contre le commerce au noir est l’un de ces petits tableaux de la vie quotidienne qui rythme ce livre. A lire absolument, en cet automne maussade!

PS: dommage que pour un livre de la NRF, il reste quelques coquilles ( » Istanbul ne VAS pas se sauver  » page 64 par exemple)… mais sur un aussi gros livre, il est inévitable que les correcteurs laissent passer des fautes.

Du même auteur, voir mon avis sur  Neige et aussi la page sur les prix Nobel de littérature.

La momie d’Alex Kurtzman

Affiche de La momie d'Alex KurtzmanJe suis allée voir la Momie, d’Alex Kurtzman, en VO et en 2D (parce que pour la 3D, je n’ai pas encore essayé depuis presque quatre ans, ophtalmo et neurologue me promettent de beaux maux de tête avec la 3D!

Le film : il y a deux mille ans, Ahmanet, une princesse égyptienne [Sofia Boutella], qui a passé un pacte avec les forces maléfiques, est enterrée dans le désert selon un rite qui doit empêcher son retour parmi les hommes pour l’éternité. Beaucoup plus tard, à Londres, un groupe d’archéologues fouille un cimetière de croisés morts au milieu du XIIe siècle. Dans le désert irakien, Nick Morton [Tom Cruise] et Chris Vail [Jake Johnson] s’éloignent de leur mission à la recherche d’antiquités. Alors que des combats éclatent, ils trouvent la tombe, une archéologue officielle, Jenny Halsey [Annabelle Wallis] arrive avec les renforts, ils trouvent le sarcophage, l’embarquent à bord d’un avion qui se crashe alors que la momie ressuscite. Ils survivent et se retrouvent en présence du dr Henry Jekyll [Russell Crowe], qui a capturé la momie…

Mon avis : cela faisait longtemps que je n’étais pas allée voir de film d’anticipation / science fiction… Des archéologues à l’affiche, un remake d’Indiana Jones? Une envie aussi de revoir Tom Cruise ? Bon, me voilà donc, une fois n’est pas coutume, au cinéma commercial.. Aucun suspense, tout a été dit dans la bande-annonce et dans les cinq premières minutes. Quelques scènes d’action artificielles, de gros clichés comme les chauves-souris (quoique, ça change des oiseaux) qui entrent dans les moteurs de l’avion et provoquent le crash, courses-poursuites, bref,le scénario manque cruellement d’imagination, mais on ne peut pas nier que Tom Cruise porte le film à lui seul. Un film pas franchement mauvais pour ceux qui aiment ce genre, pour les autres, à prendre au deuxième degré ou bien passez votre tour…

qui doit donner la tonalité de la franchise. L’intrigue promène ses protagonistes de scènes d’action en scène d’action au point de n’avoir plus rien à raconter -il s’agit d’une malédiction, nous est-il expliqué trois ou quatre fois peut-être, dans un film sur la «Momie»…
Le meilleur des effets spéciaux ? Tom Cruise

Cet amalgame achève de faire de «La Momie» un film générique, plutôt dénué d’âme que véritablement mauvais. Il y a tout de même quelques arguments en faveur de ce grand spectacle au rythme effréné, souvent impressionnant à défaut d’être très original, comme la présence toujours imposante de Russell Crowe, l’élégance de Sofia Boutella, et bien sûr Tom Cruise. C’est l’acteur qui a lancé l’idée de la meilleure scène du film, le clou du spectacle, tournée en apesanteur dans un avion en chute libre. Toujours aussi énergique à 55 ans, s’amusant avec ce rôle proche de celui d’«Edge of Tomorrow», et surtout en tournant ses propres cascades, Tom Cruise prouve à chaque instant qu’il est encore le meilleur des effets spéciaux.

Un nouveau chat…

Chat brodé en mauve31 juillet, voici ma « copie » pour le SAL (projet de broderie en commun) « Chat va vider mon placard » coordonné par Minouche… étendu à tous les animaux. J’ai provisoirement mis de côté ma savane et ressorti le livre Brodez-moi chat d’Isabelle Haccourt-Vautier et Adeline Cras dans lequel j’ai choisi, après l’abécédaire, un autre projet monochromeque je vais interpréter en plusieurs couleurs, sur la toile jaune (oui, il m’en reste encore beaucoup) de lin d’ameublement qui ressemble à un canevas (et que j’ai acheté en plusieurs couleurs il y a déjà longtemps), qui déforme légèrement dans le sens de la hauteur. Une seule couleur, c’est beaucoup plus facile à suivre, pour moi, même si la complexité est plus utile pour la poursuite de la « rééducation ». Bon ça fait quand même un peu travailler la mémoire de travail, en m’efforçant à retenir le nombre de points et leur position sur deux ou trois rangs sans regarder la grille (au risque de devoir « pénéloper »…)

Le Caire confidentiel de Tarik Saleh

Affiche de Le Caire confidentiel de Tarik SalehParmi les films que j’ai vus ces dernières semaines, il y a Le Caire confidentiel de Tarik Saleh.

L’histoire : Le Caire, en janvier 2011, quelques jours avant le début de la révolution. Une chanteuse est retrouvée morte assassinée dans la chambre d’un grand hôtel, Salwa [Mari Malek] une très jeune femme de ménage, émigrée et vulnérable, a vu un homme sortir de la chambre et est vite menacée. L’inspecteur Noureddine Mostefa [Fares Fares] est chargé de l’enquête mais se trouve très vite confronté au général Kamal Mostafa [Yasser Ali Maher], aux services secrets, à la garde rapprochée du président Moubarak et à sa hiérarchie qui fait pression pour qu’il classe cet assassinat en suicide (égorgée, pas facile comme technique de suicide)… d’autant plus qu’explosent les « incidents » (bientôt la Révolution) sur la place Tahir, qui nécessitent la présence de la police.

Mon avis (et je pense aussi celui d’une amie qui était avec moi) : c’est un film sombre, au sens propre du terme, avec beaucoup de scènes tournées dans l’obscurité, ce qui me gêne encore avec mes problèmes visuels (modification de la vision des couleurs, atténuées à gauche notamment). Tous les flics sont corrompus, y compris Noureddine (oups, l’argent qui était dans le portefeuille de la victime est vite subtilisé), sexe, alcool (oui, oui, Égyptiens, musulmans mais amateurs d’alcools forts), drogue (opium), tous les ingrédients d’un polar se retrouvent concentrés. Les communautés d’émigrés sont organisés en groupes qui payent aussi leur tribut. Si j’ai trouvé l’acteur Fares Fares très bon, mais l’histoire est trop sombre (au sens propre comme au sens figuré) à mon goût.

Brunetti entre les lignes, de Donna Leon

Couverture de Brunetti entre les lignes, de Donna LeonPour l’été, j’ai acheté quelques polars en format poche, je commence avec une aventure du commissaire Brunetti à Venise, je vous ai déjà parlé de plusieurs titres lus en français mais aussi en anglais. Je vous ai déjà parlé de L’affaire Paola, Mort à la Fenice, La femme au masque de chair, Requiem pour une cité de verre.

Le livreBrunetti entre les lignes, de Donna Leon, traduit de l’anglais par Gabriella Zimmermann, éditions Calmann-Lévy, 284 pages, ISBN 9782702139950 [lu au format poche, collection Points n° P4486, ISBN 9782757862827].

L’histoire : de nos jours à Venise, un jour de printemps pluvieux. Le commissaire Guido Brunetti reçoit un appel de la directrice de la Dotoressa Fabbiani, directrice de la Bibliotheca Merula, une prestigieuse bibliothèque. Des livres ont disparu de la bibliothèque, elle souhaite une enquête discrète, pour ne pas affoler les donateurs. Elle soupçonne un américain venu récemment, mais il y a aussi ce pilier de bibliothèque, un prêtre défroqué qui vient quotidiennement consulter des ouvrages au point de faire quasiment « partie des meubles »… Par sa belle-famille, le commissaire va entrer en contact avec l’une des donatrices et commencer son enquête.

Mon avis : à chaque polar, l’auteure choisit un thème qui sert de guide à l’intrigue… Cette fois, Dona Leon emmène son lecteur dans le milieu des collectionneurs d’art, des donateurs plus ou moins intéressés et du trafic qui existe pour le commerce des livres anciens et surtout des illustrations, sauvagement arrachées ou découpées des ouvrages, à travers toute l’Europe (sans oublier bien sûr les ruelles et canaux de Venise). Rien de trop sanglant, pas trop de personnages, un thème qui m’a bien plu, je vous recommande ce livre, à emporter pour le lire sur la plage, dans un train, au bord de la piscine ou sur n’importe quel lieu de vacances – ou dans le métro, aux pauses déjeuner, au bureau si vous avez repris 😉 , au parc, bref, là où vous avez un peu de temps pour lire sans vous prendre la tête avec une littérature plus exigeante!

De cette auteure, je vous ai parlé de :

Autophoto, exposition à la fondation Cartier à Paris

J’ai profité d’un grand week-end pluvieux à Paris fin juin pour voir un certain nombre d’expositions…

Affiche de Autophoto, exposition à la fondation Cartier à ParisLa fondation Cartier, boulevard Raspail à Paris, organise une exposition intitulée Autophoto, de 1900 à nos jours, à voir jusqu’au 24 septembre 2017.

L’exposition présente un large panel de photographies (450) et de photographes (plus d’une centaine), organisées par thèmes :

  • ouvrir la voie
  • auto portraits
  • paysages automobiles
  • vies automobiles
  • vestiges automobiles.

Le livret gratuit reprend les panneaux introductifs de chaque section et présente en plus quatre pages de chronologies autour de l’histoire de la photographie et de l’automobile, bien pratique pour recaler les choses dans le temps.

Si les visiteurs s’extasiaient sur les  » belles voitures  anciennes « , les photographies (et projections sur très grands écrans, accompagnées de cartels projetés ou collés au mur), il y a des photographies pour tous les goûts, sur tous les thèmes, voitures (« normales », pick’up, …) ou parties de voitures (le coffre, la banquette arrière…), infrastructures (ponts, échangeurs, parkings…), usines de production.

J’ai de mon côté envie de partager mes clichés ou séries de clichés préférés, avec des liens sur les sites des artistes ou de galeries / expositions antérieures :

  • une série de Martin Parr autour de places de stationnement occupées ou pas ;
  • d’Ed Rusha (artiste mexicain, dédicace personnelle spéciale pour Maryse et Vito), d’immenses parkings
  • d’Oscar Fernando Gómez, encore un Mexicain, chauffeur de taxi, qui a pris des photographies depuis la place du conducteur à travers la vitre du passager, toujours le même cadrage pour des « paysages » urbains… Ne ratez pas son site, la Mirada del Taxista, j’y ai trouvé d’autres séries qui me plaisent bien!
  • du collectif Tendance floue, un trajet de 23000 km à travers tous les pays de l’Union européenne, avec la prise d’une photographie tous les 50 km (projets réalisé en 2003 avec une mise en scène spéciale pour cette exposition)
  • de Rosângela Rennó, un photographe brésilien, des mariés dans leur voiture.

Pour aller plus loin, sur mon blog, (re)voir:

Un rebond sur des photographies vues dans l’exposition :

  • Saint-Jean-d'Angély, la croisière noire de Audouin-Dubreuil, 3, le reliefle monument à Audouin-Dubreuil (et l’autochenille conservée au musée de Saint-Jean-d’Angély), en lien avec la croisière jaune et la croisière noire, pour la première partie de l’exposition

La façade de la fondation Cartier boulevard raspail Expositions de la fondation Cartier

Visages Villages d’Agnès Varda et JR

affiche de Visages Villages d'Agnès Varda et JRMe voici de retour après un mois d’absence sur le blog, mais j’en ai profité pour aller au cinéma, lire, visiter des expositions… Je commence aujourd’hui par vous parler de Visages Villages de JR et Agnès Varda [revoir  Jane B[irkin], avec une venue mémorable d’Agnès Varda au TAP cinéma à Poitiers, et Les plages d’Agnès].

L’histoire : à travers la France, d’un côté, Agnès Varda, ses presque 90 ans, sa gouaille habituelle, sa coupe au bol, une vision qui se dégrade, la marche pas toujours facile, parfois avec une canne ou sur un fauteuil roulant dans une galerie du Louvre. De l’autre, JR, 35 ans, ses lunettes noires, son chapeau, son camion-labo photo qui permet de tirer de grandes photographies en noir et blanc, à coller sur des murs. Les voilà partis à travers la France, à la rencontre de  » vrais gen s », dans un coron voué à la destruction, au milieu du port du Havre, sur un bunker effondré sur une plage, devant chez Jean-Luc Godard, dans un village abandonné, etc… A chaque projet, les habitants, les passants sont associés à la prise des portraits, à donner leur avis, à participer à l’œuvre éphémère.

Mon avis : j’ai passé un très agréable moment avec ce film que l’on peut voir à plusieurs degrés, un reportage sur les installations éphémères, un retour sur le cinéma des années 1960 (de nombreuses allusions à son mari Jacques Demy, à Jean-Luc Godard qui va presque la faire pleurer de déception, et à leurs amis),  un hommage à la vieillesse et au corps vieillissant (les yeux et les orteils d’Agnès Varda démesurément agrandis et collés sur des wagons de marchandise). Pour moi, JR (voir son site officiel) était un photographes qui avait collé des portraits au Panthéon ou la la Bibliothèque nationale, j’ai découvert un artiste beaucoup plus sensible et plus touche à tout que dans les interviews que j’avais entendues ces dernières années. Chaque projet est très différent, la plupart du temps, il s’est agi de faire des photographies des gens qui participent au projet (la dernière habitante d’un coron voué à la démolition, les ouvriers d’une usine, trois femmes de dockers au Havre, les voisins d’un lotissement abandonné en pleine construction, l’agriculteur sur sa grange), mais un projet est particulier. JR a plongé dans la collection de photographies d’Agnès Varda, s ils ont choisi un portrait qu’elle avait fait dans les années 1950 du photographe Guy Bourdin, tourné et détouré l’image, collé à vitesse grand V entre deux marées par JR et son équipe sur un bunker effondré… le résultat était impressionnant et fut détruit… dès la marée suivante! Et voilà que s’ouvre au fil des projets un dialogue entre deux personnages (au sens propre) de deux générations, très différents mais avec des approches esthétiques, des centres d’intérêts, des lieux semblables qui les attirent. Allez, je vous laisse aller voir le film pour savoir si JR finira par ôter ses lunettes de soleil!

Micro-avancée dans ma savane (4)… sud de l’Afrique

Le 30 juin approche… Je n’ai que très peu avancé le SAL (projet de broderie en commun) « Chat va vider mon placard » coordonné par Minouche… étendu à tous les animaux : ce mois-ci, j’ai juste brodé les demi-points (quelques dizaines quand même) qui forment le contour du sud de l’Afrique, il faut encore que j’ajoute des points avant pour que ça ressorte mieux. Ce projet « Savane » (kit de DMC) va encore durer quelques mois.

Revoir:

Dans ma ménagerie, je voudrais les coccinelles…

Après l’escargot et la mouche, j’ai crocheté deux coccinelles, quelques points avant et points de nœud (yeux et points de la petite coccinelle) plus tard, voici ce que ça donne. Le plus long est de coudre les points de la grosse coccinelle qui mesure 10,5 cm de long pour 8 cm de large ; la petite mesure 6,5 cm de long pour 4 cm de large.

Le modèle vient toujours de dans la même revue, Doudous et petits jouets, n° 8 avril-juin 2012 de la revue Passion crochet.

Dans ce numéro, j’ai réalisé:

L’amant double de François Ozon

Je suis allée voir L’amant double de François Ozon, présenté au dernier festival de Cannes – 2017 (revoir mes avis sur ses films précédents : Une nouvelle amie, Dans la maison, Ricky, Frantz).

L’histoire : de nos jours à Paris. Chloé [Marine Vacth] a mal au ventre depuis un moment, sa gynécologue [Dominique Reymond] ne trouve rien et l’adresse à Paul Meyer [Jérémie Renier], un psychiatre aux méthodes de psychanalyste, dont elle tombe amoureuse et réciproquement ; par mesure de déontologie, il décide de mettre fin à sa thérapie. Quelques semaines plus tard, ils emménagent ensemble et elle trouve un emploi de gardiennage dans un musée avec des expositions d’art contemporain. En rentrant en bus chez elle, elle croit reconnaître Paul avec une femme, mais sur la plaque de l’immeuble où il entre, on peut lire : « Louis Delord, psychanalyste ». Alors qu’elle allait mieux, elle décide d’entreprendre une psychanalyse avec celui qui lui avoue très vite qu’il est le jumeau de Paul…

Mon avis : le film s’ouvre sur une scène façon  Origine du monde (de Gustave Courbet), sur une table de gynécologue en plus intime (je vous laisse découvrir au cinéma…).

Au cœur du film se trouve une réflexion sur la gémellité, les chimères, l’absorption d’un jumeau dans les premières phases de division cellulaire, une « tumeur » correspondant à ce jumeau qui n’a jamais existé… mais que vient faire là-dedans une « monstruosité » à propos d’un chat mais généralisé aux humains, un « caryotype XXY » ? Cela n’a rien à voir avec l’absorption d’un jumeau, ce n’est pas extrêmement rare comme proclamé dans le film puisque cette anomalie chromosomique concerne un homme sur 500 à 600 (voir la page des journées d’information sur les syndromes de Klinefelter,
triplo X, double Y et Turner
de l’association Valentin Apac)…

Ceci dit, François Ozon joue avec les images, les miroirs, le dédoublement, les images qui disent la vérité ou non. Une image peut-elle mentir? Qui est qui? Chloé est déboussolée, le spectateur aussi. Paul? Louis? Lequel des deux amants / frères jumeaux est responsable, des années auparavant, de la tentative de suicide d’une jeune fille restée en état pauci-relationnel? Entre le cabinet du psychanalyste et ses deux fauteuils face à face, les scènes de sexe (brèves mais crues), quelques images d’une grande quiétude (le chat, les escaliers art déco, …) ou inquiétantes (la voisine avec la chambre de sa fille). Pas de doute, Ozon a décidé de jouer avec le spectateur qui n’en sort pas indifférent malgré la fin qui permet un retour à la réalité… Chut, je vous laisse aller voir le film pour vous faire une idée.

Pour aller plus loin :

Logo de l'association Valentin Apac – voir le site de l’association Valentin Apac, association de porteurs d’anomalies chromosomiques, notamment pour le , syndrome de Klinefelter (homme avec un caryotype 47, XXY). Vous pouvez toujours soutenir l’association via sa boutique en ligne ou en soutenant l’une des équipes engagées dans la course des héros ce dimanche (18 juin 2017) à Paris ou à Lyon… Il reste jusqu’à ce jeudi 15 juin pour abonder les cagnottes!

Hôtel Everland, palais de Tokyo, Paris – voir quelques expositions du Palais de Tokyo (où Chloé a trouvé un emploi…)