La collégiale Saint-Pierre-le-Puellier est importante dans l’histoire de Tours. Elle sut fondée en 512 par Clotilde, la femme de Clovis, dans un quartier urbanisé depuis l’époque romaine. Il reste peu de vestiges de l’église et du cloître. Ce fut d’abord un couvent de femme, érigé en collégiale en 1073, mais l’église devient paroissiale (ouverte aux fidèles, à la population du quartier, pour faire simple) dès la reconstruction de la deuxième moitié du 12e siècle.
Lors d’une fouille de l’îlot voisin, une réserve archéologique a été créée. Des panneaux ont été posés, l’un pour expliquer le quartier…
… l’autre face au trou laissé béant et peu à peu envahi par la végétation… et le panneau lui-même tend à devenir illisible.
Ici comme à Rhodes et ailleurs, je m’interroge sur la conservation en plein air (ou même dans des cryptes) de vestiges archéologiques. Au moment de la découverte, tout le monde veut conserver, restaurer, mais les moyens disparaissent après l’investissement et l’entretien est rarement assuré après quelques années. Les archéologues, les associations de défense du patrimoine, les services concernés (service régional de l’archéologie et souvent des monuments historiques, dépendant de l’État, services de la ville ou de la collectivité propriétaire) devraient vraiment se demander comment conserver ces vestiges sur un long terme… Et même si ce n’est pas populaire, je reste persuadée que le ré-enfouissement (y compris avec la protection d’une dalle de béton, comme pour le cloître de Saint-Hilaire à Poitiers) est une meilleure solution. certes, le site est alors gelé pour un certain temps, mais rien n’empêche de nouvelles recherches dans le futur, éventuellement quand les techniques de fouilles auront évolué. Ne l’oubliez pas, l’archéologue détruit au fur et à mesure l’objet de son étude et doit en permanence enregistrer ce qu’il fait, il ne pourra pas revenir en arrière. Laisser des vestiges à l’air libre, même consolidés, comme on dit dans le jargon, c’est les vouer à la lente dégradation du temps, ils sont mieux protégés sous une couche de terre ou de sable. Honnêtement, ici comme ailleurs, que croyez vous que comprend le visiteur non initié ou non accompagné par quelqu’un qui peut lui expliquer ce qu’il voit ?
Au passage, il existe des collégiales Saint-Pierre-le-Puellier à Orléans… et à Poitiers ! Il faudra un jour que j’essaye de vous expliquer en termes simples la différence entre une collégiale, gérée par un chapitre de chanoines, et une abbaye ou un couvent, dirigé par un abbé où vivent des moines et des moniales (mais aussi des laïcs). Collégiales et abbayes ont en général pour parties constituantes une église, un cloître, des bâtiments conventuels (salle capitulaire, dortoir, cellier, etc.), un cimetière. Chanoines et moines vivent suivant une règle… La différence est donc minime, vu de loin. Bon, ça sera pour une autre fois… d’autant que la situation de Saint-Pierre-le-Puellier de Tours est complexe, avec ses changements de statut.
Pour aller plus loin : mes collègues du service de l’inventaire de la région Centre ont numérisé et mis à la disposition de chacun le dossier réalisé en 1974.
Tours
En 2009 : abbaye Saint-Julien, les expositions Max Ernst, Yves Elléouët et sur la fondation des Treilles, le muséum d’histoire naturelle, la cathédrale Saint-Gatien, la basilique Saint-Martin, la collégiale Saint-Pierre-le-Puellier et la place Plumereau.