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Mauvais genre de Chloé Cruchaudet

Logo BD for Womenpioche-en-bib.jpgJe vous parle rarement deux jours en suivant de bandes dessinées… Mais cela faisait plusieurs semaines que j’étais sur la liste d’attente de la médiathèque pour avoir cet album, dont on parle beaucoup en ce moment, récupéré hier et en lice pour le prix du meilleur album qui sera remis demain à Angoulême à l’occasion du  41e festival international de la Bande dessinée (revoir autour de la bande dessinée à Angoulême : le musée, transformé en 2012 en musée privé par Art Spiegelman, le festival 2011, le buste d’Hergé, les murs peints : Margerin et Morris, façade d’une mutuelle par Sineux). Il a déjà reçu le Grand prix de la critique de bande dessinée 2014. [PS: il a finalement reçu le prix du jury, le grand prix est revenu à Come prima d’Alfred, le prix spécial du jury à La propriété, de l’israelienne Rutu Modan, une auteure dont je vous ai parlé pour Exit wounds. Le grand prix revient à Bill Watterson, le créateur de Calvin et Hobbes, qui présidera le festival 2015].

Le livre : Mauvais genre de Chloé Cruchaudet (scénario, dessins et couleurs), collection Mirages, éditions Delcourt, 2013, 160 pages, ISBN 978-2-7560-3971-8.

L’histoire : Dans un prétoire dans les années 1920. Une femme comparaît, on ne comprend pas pourquoi au premier abord. Retour en arrière, quelque part sur le front lors de la Première guerre mondiale. Paul, séparé de Louise juste après leur mariage, est confronté à la mort de trop, celle d’un camarade décapité devant lui, alors qu’il venait de « pêter les plombs ». Il décide de se mutiler un doigt, fera tout pour que sa blessure se sur-infecte. Mais voilà, un doigt en moins, ça ne suffit pas à être réformé. Il décide de déserter, retrouve Louise qui le cache dans un hôtel à Paris. Un peu par hasard, parce qu’il veut sortir prendre l’air et s’acheter une bouteille, il revêt les habits de Louise. Vient alors l’idée de continuer à vivre au grand jour, sous les traits d’une femme, Suzanne… ce qui va le mener à prendre un métier féminin, puis au bois de Boulogne.

Mon avis: La première guerre mondiale est à la mode en cette année de commémoration du centenaire, en voici une histoire singulière, celle d’un déserteur. Dans le concert de louanges autour de cet album, je vais avoir une note un peu discordante. J’ai beaucoup aimé le scénario, mais eu beaucoup plus de mal avec le dessin, noir et blanc aquarellé en gris, sauf, au fil des pages, des rehauts de rouge, notamment pour des vêtements. L’alcool semble jouer un rôle important: lors de la rencontre avant guerre dans une guinguette, pour la première sortie de Paul après sa désertion, pour faire la fête avec les collègues de travail, ce qui l’amènera à découvrir le bois de Boulogne. J’ai préféré la première partie, l’ambiance des tranchées rappelle les sombre tableaux d’Otto Dix par exemple. La suite est une belle histoire d’amour, un travestissement presque « par accident », de plus en plus assumé au fil des jours et des mois, des années même… puisqu’il a fallu attendre 1928 pour que les déserteurs soient amnistiés. Le retour à la vie de Paul sera tragique pour « Suzanne ».

PS: j’ai aussi reçu l’avis de Maryse, sans blog, à qui j’avais prêté l’album avant son retour à la médiathèque. Le voici:

Cette BD m’a été prêtée par Véronique, et moi qui ne suis pas trop BD, je l’ai lue d’un trait et relue. Scénario et graphisme superbes. Pour moi, enfin un contre-héros. Le poilu classique honoré et glorifié, terminé! Ici, c’est un homme qui déserte, qui se travestit pour vivre et survivre. On ne sait pas trop si on le plaint ou si on le déteste. Il se transforme en femme et on est surpris d’être tenu en haleine pour savoir jusqu’où il est capable d’aller. En face, sa femme qui l’a épousé avant qu’il ne parte à la guerre. Au début, elle est effacée, timide puis son personnage devient de plus en plus important, elle encourage son mari dans sa transformation, lui donne des conseils. Elle évolue et partage ses goûts homosexuels et « pervers » dans les bois où tout est permis. Elle devient plus putain que lui, jusqu’au bout…sans vous révéler la fin bien sûr. Vraiment à lire et relire… Très Bien +++++

Pour aller plus loin : voir le site officiel de Chloé Cruchaudet.

Logo du top BD des blogueurs 2013 Cette BD sera soumise pour le classement du TOP BD des blogueurs organisé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible. Mes chroniques BD sont regroupées dans la catégorie pour les BD et par auteur sur la page BD dans ma bibliothèque.

Quatre soeurs, Enid, de Malika Ferdjoukh et Cati Baur

pioche-en-bib.jpgLogo BD for WomenCouverture de Quatre soeurs, Enid, de Malika Ferdjoukh et Cati BaurUne bande dessinée dont j’avais entendu parler à plusieurs reprise et que j’ai fait exhumer des réserves de la médiathèque.

Le livre : Quatre soeurs, tome 1, Enid de Malika Ferdjoukh (roman, scénario) et Cati Baur (scénario, dessins et couleurs), collection Encrages, éditions Delcourt, 2011, 161 pages, ISBN 978-2-7560-2008-2.

L’histoire : en 2008 dans une grande villa (Vill’Hervé) au bord de la mer. Les sœurs Verdelaine sont orphelines depuis 19 mois, leurs parents sont morts dans un accident de voiture. Elles sont cinq, Enid la cadette, 9 ans, Hortense 11 ans, Béthina 14 ans, Geneviève 16 ans, et Charlie, 23 ans, amoureuse de Basile, jeune médecin. Les sœurs s’organisent entre elles pour vivre dans cette grande maison, sous la surveillance lointaine de tante Lucrèce, avec les chats, les bruits de la maison, les tempêtes, la chaudière à maîtriser, le bus pour aller à l’école… et les parents qui apparaissent ici et là, petites voix qui guident les filles.

Mon avis : un album en couleur adapté par l’auteure elle-même d’un roman jeunesse en quatre tomes de Malika Ferdjoukh, paru à l’école des Loisirs et que je n’ai pas lu. Le premier tome de la bande dessinée se place du point de vue de la cadette, un peu rêveuse, aventurière à ses heures (elle part explorer le puits où l’arbre centenaire a atterri suite à la tempête). J’aime bien le rendu de la grande villa et de ses multiples pièces, mais aussi du parc, notamment pendant la tempête. Je trouve en revanche que le rendu des personnages, et notamment des visages, est trop simplifié. Mais bon, la cible de cet album, c’est la jeunesse, ceux (et surtout celles) qui ont lu le roman, je suppose.

Le tome 2, Hortense, est paru, ainsi qu’une autre adaptation en bande dessinée chez Je Bouquine.

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Palladium de Boris Razon

Logo du défi rentrée littéraire 2013 chez HérissonCouverture de Palladium de Boris RazonComme l’ont fait remarqué en commentaire  Dalinele, Nini 79, Flo et Maryse, j’ai oublié de mettre l’avis dans la publication de l’article lundi (erreur de manipulation). Le voici donc à nouveau, en version complète cette fois…

Un livre prêté par mon père… Avec ma vue, il m’a fallu trois mois pour en venir à bout, une ou deux pages maxi à la fois, car c’est un pavé en écriture normale et pas en basse vision! Il entre dans le cadre du défi de la rentrée littéraire 2013 (le projet de 1% rentrée littéraire est organisé par Hérisson).

Le livre : Palladium de Boris Razon, éditions Stock, 2013, 473 pages, ISBN 9782234075320.

L’histoire : en 2005 à Paris. Brutalement, le narrateur développe des troubles neurologiques, il ne peut plus bouger facilement les mains, les pieds. De consultations en urgences, son état se dégrade très vite sur quelques jours, au point de vite perdre aussi l’usage de la parole. Hospitalisé en réanimation, alors que les médecins cherchent la cause de son mal, lui navigue à la limite d’un monde imaginaire peuplé de monstres, de crimes, avec des personnages issus du monde « d’avant ». Guérira-t-il?

Mon avis: ce premier livre de Boris Razon était dans les sélections 2013 du Goncourt et du Fémina. Un roman autobiographique surprenant. A part le début, où l’on assiste à l’installation de la maladie mystérieuse (le diagnostic final, variante de syndrome de Guillain-Barré, est incertain), ensuite, l’on assiste « hors du corps » à l’errance mentale du malade, le lien avec la vie réelle se faisant par de laconiques extraits de résultats d’analyses ou de commentaires des personnels soignants. Le lecteur est plongé dans les cauchemars du personnage, ses folles poursuites peuplées de personnages réels (ses proches) et fantasmés (les méchants, à tous les coins de couloir, pardon, de pages). Des cauchemars d’autant plus vivants qu’au retour à la vie « normale », Boris Razon en a gardé un souvenir net qu’il partage avec le lecteur. Prêt pour une descente aux enfers, façon descente aux Enfers d’Ulysse dans l’Odyssée d’Homère, ou un voyage onirique façon Aventures d’Alice au pays des merveilles, de Lewis Carroll, deux livres mis en exergue par l’auteur avec également D’autres couleurs, d’Orhan Pamuk, que je lirais bien [revoir Neige]…

L’eau et la terre de Séra

pioche-en-bib.jpgCouverture de L'eau et la terre de SéraUne bande dessinée trouvée dans les bacs de la médiathèque. Voir aussi la suite : Lendemains de cendres.

Le livre : L’eau et la terre, Cambodge, 1975-1979, de Séra (scénario et dessins), préface de Rithy Panh, collection Mirages, éditions Delcourt, 100 pages, 2005, ISBN 978-2847897289.

L’histoire : avril 1975 au Cambodge. Les Khmers rouges ont pris le pouvoir, mettent en place le régime de l’Angkar et déportent la population des villes, direction des camps de travail à marche forcée. Les écoles sont fermées, pour l’instituteur, c’est la fin du monde. Une fillette perdue est recueillie par un couple, la survie s’organise pour certains, beaucoup meurent d’épuisement ou se laissent mourir. Le seul sourire qui subsiste est celui qui est figuré sur un billet de banque de l’ancien temps. Civils, soldats, Khmers rouges, destins tragiques mêlés de toute une population, longues marches, charniers, travail aux champs, massacres…

Mon avis : une bande dessinée sombre, tant par le propos, le texte (illustré quand même par quelques espoirs issus de textes poétiques tirés de la tradition khmère ancienne) que les dessins tout en sépia gris, noirs, bleus et brun-rouge. Quelques cartes au fil du texte, avec une longue légende, illustrent le propos et les déportations. Et l’enfant enrôlé qui grandit et répète comme un leitmotiv  » et je ne suis toujours pas mort « . Une histoire dans un pays en huis-clos, la communauté internationale n’est pas (ou quasi pas) mentionnée dans l’ouvrage (et dans la réalité a aussi été d’une grande passivité), seul le Viêt Nam voisin finit par intervenir.

Sur une histoire plus longue du Cambodge, voir aussi Kampuchéa de Patrick Deville et L’élimination de Rithy Panh. Voir aussi L’année du Lièvre, tome 1, Au revoir Phnom Penh de Tian

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Camping de Abdelkader Djemaï

pioche-en-bib.jpgCouverture de Camping de Abdelkader DjemaïUn livre trouvé au rayon large vision de la médiathèque.

Le livre : Camping de Abdelkader Djemaï, éditions du Seuil, 2001, 124 pages, ISBN 9782020495738 (lu en large vision aux éditions Feryane).

La présentation de l’éditeur (4e de couverture chez Feryane) :

Sur la côte algérienne, un jeune garçon, presque onze ans et quelques cicatrices, passe ses premières vacances en famille au camping  » zéro-étoile  » de Salamane. Dans cet univers, il côtoie tout un petit monde où se mêlent générations et personnalités attachantes : Butagaz, le gardien, Keskess, le propriétaire de  » L’épicerie du Bonheur « , et bien d’autres. Il y découvre aussi les premiers émois amoureux, sous les traits de Yasmina, venue de banlieue parisienne avec sa mère et son jeune frère. C’était en juillet, un peu avant que la tension ne monte comme le lait sur le feu et que les problèmes ne commencent à tomber sur le pays.

Mon avis : le lecteur partage les vacances d’un gamin de onze ans (récit à la première personne), dans un camping en Algérie, sur la côte près de Mostaganem. L’occasion pour l’auteur, au travers d’une histoire d’amour d’enfance naissante, d’évoquer les enfants d’émigrés en France qui viennent passer leurs vacances « au pays », la débrouille et le système D, la corruption aussi (les dirigeants qui vivent dans une riche villa à côté et paradent dans de grosses voitures), l’alcool (au moins la bière) qui ne semble pas manquer en ce début des années 1990. L’été suivant, plus rien n’est pareil… (évoqué en quelques pages à la fiin et dans un autre roman du même auteur, pas encore lu, Un été de cendres). Un roman court et agréable à lire!

Haarmann, le boucher de Hanovre, par Peer Meter et Isabel Kreitz

pioche-en-bib.jpgLogo BD for WomenCouverture de Haarmann, le boucher de Hanovre, par Peer Meter et Isabel KreitzUne bande dessinée trouvée dans les bacs de la médiathèque. Je vous ai déjà parlé d’un album avec un scénario de Peer Meter mais avec une autre dessinatrice, Barbara Yelin (revoir L’empoisonneuse). De Isabel Kreitz, voir aussi L’espion de Staline.

Le livre : Haarmann, le boucher de Hanovre de Peer Meter (scénario et dialogues) et Isabel Kreitz (dessins), traduit de l’allemand par Caroline Dolmazon et Paul Derouet, collection écritures, éditions Casterman, 2011, 175 pages dont un dossier documentaire d’une dizaine de pages, ISBN 9782203038820.

L’histoire : Hanovre, 1924. L’un des canaux de la ville est curé suite à la plainte de riverains, il est plein de restes humains découpés. Dans l’Allemagne en crise après la Première Guerre Mondiale, Fritz Haarmann vend des vêtements d’occasion et de la viande à des prix défiant toute concurrence. Il est aussi indicateur de la police, notamment dans la gare de Hanovre. Mais les rumeurs courent sur son compte, il a déjà été condamné plusieurs fois pour homosexualité, de jeunes hommes entrent chez lui et n’en seraient jamais ressortis… La police qui le couvre pour ses informations finira-t-elle par lui demander des comptes et prendre en compte les plaintes des voisins?

Mon avis : un album en noir et blanc qui raconte l’histoire de Fritz Haarmann, tueur en série allemand, histoire résumée en texte à la fin de l’album, avec une liste des 24 victimes reconnues. L’album insiste sur la prédation des jeunes hommes, les viols, la découpe des cadavres, la revente de leurs vêtements et de viande (en morceaux ou transformée en charcuterie) dont il est plus que suggéré qu’il s’agit de celle des victimes. Le dessin est sombre, plein de détails sur les rues de Hanovre, la foule, l’intérieur de l’appartement de Haarmann. Un très bon polar graphique historique…

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Le dîner de Herman Koch

pioche-en-bib.jpgCouverture de Le dîner de Herman KochUn livre trouvé au rayon large vision de la médiathèque.

Le livreLe dîner de Herman Koch, traduit du néerlandais par Isabelle Rosselin, éditions Belfond, 2011, 336 pages, ISBN 9782714446640 (lu en large vision aux éditions Libra Diffusio).

L’histoire : à Amsterdam de nos jours. Deux couples et leurs enfants : Paul, Claire et leur fils Michel, et le frère de Paul, homme politique puissant, premier ministrable après les élections qui s’annoncent, Serge Lohman, sa femme Babette, leurs enfants Rick, Valérie (« légèrement autiste, il n’en est que peu question) et Beau, adopté au Burkina Faso. Les quatre adultes doivent se rencontrer dans un restaurant chic, grâce à Serge, ils ont pu avoir une table malgré leur décision tardive d’y manger. Un seul sujet en principe pour ce dîner: prendre les décisions qui s’imposent après la « grosse bêtise » commise par Michel et Rick.
Enorme bêtise même, puisqu’ils ont assassiné (et filmé leur meurtre) il y a quelques semaines une femme sans domicile fixe qui avait élu domicile pour la nuit dans le local d’un distributeur de billets. Au fil du repas, entrecoupé par l’apparition du maître d’hôtel qui présente obséquieusement les plats, le sujet finira-t-il par être enfin abordé?

Mon avis : le récit à la première personne, dans la bouche de Paul, est particulièrement efficace, bien que totalement immoral! Les lieux sont limités: la salle de restaurant, les toilettes (pour hommes et pour dames), le trottoir devant le restaurant, le local du distributeur, la résidence secondaire de Serge en Dordogne… et un peu le lycée dont Paul a été viré, la maison de Paul et Claire, un bistrot voisin. Le contraste entre la futilité d’un repas (très cher et visiblement pas exceptionnel, en tout cas avec des quantités et probablement une qualité qui laissent à désirer pour Paul) et la gravité des faits commis par les deux adolescents est saisissant. La question centrale, c’est jusqu’où des parents sont prêts à aller pour défendre leurs enfants, et d’ailleurs, qu’ont-ils commis? Une grosse bêtise ou un crime odieux? Une lecture déconcertante, le lecteur est presque amené à cautionner ou au moins à comprendre la position de Paul, prêt à tout pour aider son fils, alors que son frère, le politicien, voit finalement la reconstruction de son fils avant sa carrière. Je vous laisse découvrir la fin en lisant ce livre, encore plus amorale que le reste du roman… Un livre dérangeant, mais qui mérite d’être découvert et replacé dans le contexte de la montée de l’extrême droite en Europe.

Top BD des blogueurs, décembre 2013

Logo du top BD des blogueurs 2013Le classement du TOP BD des blogueurs proposé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible du mois dedécembre est arrivé… merci à lui pour ces savants calculs et cette organisation. Il y a eu beaucoup moins de changements ce mois-ci, voir ses commentaires dans son article!

Comme d’habitude, en gras, les albums que j’ai chroniqués ici…

1- (=) Le journal de mon père, 18.67, Jiro Taniguchi, Casterman
2- (=) Maus, 18.66, Art Spiegelmann, Flammarion, j’ai parlé ici du tome 1 : mon père saigne l’histoire, et du tome 2, Et c’est là que mes ennuis ont commencé
3- (+) Persépolis, 18.64, Marjanne Satrapi, L’Association
4- (=) Un printemps à Tchernobyl, 18.63, Emmanuel Lepage, Futuropolis, voir mon avis
5- (=) Asterios Polyp, 18.5,
David Mazzuchelli, Casterman
6- (=) Le loup des mers, 18.5, Riff Reb, Soleil
7- (=) Idées Noires, 18.5, Franquin, Fluide Glacial
8- (=) NonNonBâ, 18.5, Shigeru Mizuki, Cornélius
9- (=) Daytripper, 18.46, Fabio Moon, Gabriel Ba, Urban Comics
10- (-) Punk Rock Jesus, 18.44, Sean Murphy, Urban Comics
11- (+) Pendant que le roi de Prusse faisait la guerre, qui donc lui reprisait ses chaussettes?, 18.4, Benoît Zidrou, Roger, Dargaud
12 (=) Tout seul, 18.38, Christophe Chabouté, Vents d’Ouest
13- (=) Le sommet des dieux, 18.33, Yumemuka Bura, Jirô Taniguchi, Casterman, Tome 1,Tome 2,Tome 3, Tome 4, Tome 5
14- (=) Universal War One, 18.33, Denis Bajram, Soleil, Tome 1, Tome 2, Tome 3, Tome 4, Tome 5, Tome 6
15- (+) Rouge Tagada, 18.3, Charlotte Bousquet, Stéphanie Rubini, Gulf Stream Editeur
16- (=) Les derniers jours de Stefan Sweig, 18.25, L. Seksik, G. Sorel, Casterman
17- (=) V pour Vendetta, 18.22, Alan Moore, David Lloyd, Delcourt
18- (=) Le Grand pouvoir du Chninkel, 18.19, Van Hamme, Rosinski, Casterman
19- (=) Revenants, 18.08, Olivier Morel, Maël, Futuropolis
20- (=) Les ignorants, 18.06, Etienne Davodeau, Futuropolis, je l’ai aussi beaucoup aimé
21- (+) Abélard 18.04, Régis Hautière, Renaud Dillies, Dargaud, Tome 1, Tome 2
22- (=) Il était une fois en France 17.98, Fabien Nury, Sylvain Vallée, Glénat, Tome 1, Tome 2, Tome 3, Tome 4, Tome 5,Tome 6
23- (=) Habibi, 17.95, Craig Thompson, Casterman
24- (=) Gaza 1956, 17.92, Joe Sacco, Futuropolis, voir mon avis : Gaza 1956
25- (=) Trois Ombres, 17.9, Cyril Pedrosa, Delcourt
26- (=) Herakles tome 1, 17.88, Edouard Cour, Akiléos
27- (=) Saga, 17.88, Bryan K. Vaughan, Fiona Staples, Urban Comics, Tome 1, Tome 2,
28- (=) Une métamorphose iranienne, 17.87, Mana Neyestani, Editions Ca et là
29- (=) Pinocchio, 17.85, Winschluss, Les Requins Marteaux
30- (=) Manabé Shima, 17.83, Florent Chavouet, Editions Philippe Picquier
31- (=) Scalped, 17.83, Jason Aaron, R.M. Guerra, Urban Comics, Tome 1, Tome 2, Tome 3, Tome 4, Tome 5, Tome 6, Tome 7
32- (=) Joker, 17.75, Brian Azzarello, Lee Bermejo, Urban Comics
33- (=) L’histoire des troisAdolf, 17.75, Osamu Tezuka, Tonkam
34- (=) Blankets, 17.73, Craig Thompson, Casterman
35- (=) Le pouvoir des innocents- Les enfants de Jessica tome 1, 17.73, L. Brunschwig, L. Hirn, Futuropolis
36- (=) Calvin et Hobbes, 17.7, Bill Watterson, Hors Collection, Tome 1, Tome 2, Tome 15, tome 17
37- (=) Les seigneurs de Bagdad, 17.7, Brian K. Vaughan, Niko Henrichon, Urban Comics
38- (=) Holmes, 17.69, Luc Brunschwig, Cecil, Futuropolis, Tome 1, Tome 2, Tome 3
39- (=) Urban, 17.69, Luc Brunschwig, Roberto Ricci, Futuropolis, Tome 1, Tome 2,
40- (=) La petite famille, 17.67, Loïc Dauvillier, Marc Lizano, Editions de la Gouttière
41- (=) Anjin-san, 17.67, Georges Akiyama, Le Lézard Noir
42- (=) Lorenzaccio, 17.67, Régis Peynet, 12 Bis
43- (=) L’Orchestre des doigts, 17.65, Osamu Yamamoto, Editions Milan, Tome 1, Tome 2, Tome 3, Tome 4
44- (+) Ma Révérence, 17.64, Wilfrid Lupano, Rodguen, Delcourt
45- (=) Alice au pays des singes, 17.62, Tébo, Nicolas Keramidas, Glénat
46- (N) Mauvais genre, 17.61, Chloé Cruchaudet, Delcourt, j’en ai aussi parlé
47- (=) Voyage aux îles de la Désolation, 17.58, Emmanuel Lepage, Futuropolis
48- (=) Portugal, 17.58, Cyril Pedrosa, Dupuis
49- (=) Elmer, 17.58, Jerry Alanguilan, Editions Ca et là
50- (+) Les Carnets de Cerise, 17.58, Joris Chamblain, Aurélie Neyret, Soleil, Tome 1, Tome 2,

Un week-end meurtrier d’Alain Gandy

pioche-en-bib.jpgCouverture de Un week-end meurtrier d'Alain GandyUn livre trouvé au rayon large vision de la médiathèque.

Le livreUn week-end meurtrier d’Alain Gandy éditions Presse de la Cité, 2009, 240 pages, ISBN 9782258076808 (lu en large vision, éditions Feryane, il ne semble plus être au catalogue).

La présentation de l’éditeur :

«  Semaine de Pâques, 1980. Un autocar d’Aveyronnais nostalgiques de leur région natale a dérapé sous un orage et basculé dans les gorges de l’Aveyron. Il n’y a aucun survivant… On charge le juge d’instruction Massac de l’affaire, qu’il croit liée à de sombres magouilles immobilières. Il recommande comme enquêteur son vieil ami Joseph Combes, devenu détective privé après une brillante carrière dans la gendarmerie. Fidèlement épaulé par son épouse Claire, – qui s’occupe activement de leurs deux enfants et sait lui inspirer des pistes judicieuses pour ses enquêtes – Combe découvre qu’en réalité le conducteur du car a été tué par une arme à feu et que huit des passagers inscrits s’étaient désistés. Alors, quelle est la cause réelle de cet accident présumé ? Malveillance ? Machination financière aux allures de complot ? Ou bien crime ordinaire ?»

Mon avis : je ne connaissais pas du tout cet auteur, mais le rayon basse vision regorge de romans (polars ou non) dits « du terroir ». Quoique, ici, il est plus questions des différents personnages, Aveyronnais de Paris ou en Aveyron, que des paysages. Retour quelques décennies en arrière, pas de TGV puis correspondance avec des trains régionaux, mais un train de nuit entre Paris et Rodez… et bien sûr pas de téléphone portable, une enquête « de terrain » à l’ancienne, un enquêteur privé recruté par un juge (qui embauche sa femme et ses enfants), pas de police scientifique! Ça repose, finalement, un polar calme…

Les hirondelles de Kaboul de Yasmina Khadra

pioche-en-bib.jpgCouverture de Les hirondelles de Kaboul de Yasmina KhadraJ’ai lu un certain nombre de livres de Yasmina Khadra (La part du mort, Morituri, Double blanc, L’automne des chimères, Ce que le jour doit à la nuit, La rose de Blida, La longue nuit d’un repenti), candidat aux prochaines élections présidentielles en Algérie. Mais je n’avais jamais lu l’un de ses plus connus, Les hirondelles de Kaboul, que j’ai trouvé au rayon large vision de la médiathèque.

Le livre : Les hirondelles de Kaboul de Yasmina Khadra, éditions Julliard, 2002, 192 pages, ISBN 978-2-260-01596-4 (lu en large vision, éditions de la loupe).

La présentation de l’éditeur :

«  Dans le Kaboul de l’an 2000, alors que les talibans font régner sur l’Afghanistan un régime atroce, quatre personnages inoubliables. Il y a Mohsen, qui descend d’une famille de commerçants prospères que les talibans ont ruinée; Zuneira, sa femme, qui fut une enseignante brillante et qui n’a plus le droit de sortir de chez elle… Ils survivent dans des conditions morales et matérielles abominables, soutenus par l’amour qu’ils se portent et le respect qu’ils doivent à l’intelligence et à la connaissance. Il y a aussi Atiq, gardien de prison qui a adhéré à l’idéologie des talibans avec sincérité et qui tente d’assurer son service dans le respect de sa foi, et Mussarat, sa femme, qui se meurt de maladie et de désespoir. Désespéré, oisif, exténué, Mohsen erre dans Kaboul quand il est entouré par une foule qui s’apprête à lapider une femme adultère. Comme anesthésié par l’atmosphère hystérique qui le cerne, Mohsen va, lui aussi, balancer de toutes ses forces quelques pierres au visage de la femme enterrée jusqu’à la taille. Ce geste insensé va faire basculer le destin de tous les protagonistes dans la tragédie… jusqu’au sacrifice ultime – et vain – de Mussarat, cette femme qui donnera sa vie pour permettre à l’homme qu’elle aime de retrouver sa capacité d’aimer. Rarement un écrivain a su mettre au jour avec autant de clarté et de lucidité la complexité des comportements et des situations dans les sociétés musulmanes déchirées entre le féodalisme et la modernité. »

Mon avis : un roman très fort, comme tous les livres de Yasmina Khadra, d’autant plus fort que l’on suit via la parole des hommes la situation des femmes en Afghanistan du temps des Talibans, mais cela n’a pas beaucoup changé plus de dix ans plus tard. En ayant choisi pour l’un de ses personnages un homme instruit (Mohsen) qui se laisse entraîner par la folie ambiante et en arrive à participer à la lapidation d’une femme, il montre que les dérives ne viennent pas seulement du manque d’éducation ou de la seule manipulation de quelques dirigeants fanatisés et de leur sbires comme Atiq. Malgré leur enfermement dans les maisons (la tentative de sortie de Zuneira, avec son mari, se solde par une journée dramatique), les femmes ne se laissent pas dominer et tentent d’exister malgré tout. Un livre à découvrir si vous ne l’avez pas encore lu.

Pour aller plus loin : voir le site officiel de Yasmina Khadra et revoir les articles des livres et bandes dessinées qui traitent de l’Afghanistan et dont je vous ai parlé au fil des six années de mon blog… qui fête son anniversaire!