Archives par étiquette : guerre

L’accordeur de silences de Mia Couto

Couverture de L'accordeur de silences de Mia Couto pioche-en-bib.jpgJ’ai trouvé ce livre parmi les nouvelles acquisitions de la médiathèque, un auteur dont j’avais lu l’année dernière, Le fil des Missangas [depuis, j’ai aussi lu La pluie ébahie].

Le livre : L’accordeur de silences de Mia Couto, traduit du portugais (Mozambique) par Elisabeth Monteiro Rodrigues, éditions Métailié, 2011, 238 pages, ISBN 978-2-86424-839-2.

L’histoire : à « Jérusalem », une ancienne concession de chasse isolée au Mozambique ravagé par les guerres. Silvestre Vitalício, veuf, accusé d’avoir tué sa femme Aminha Dordalma, y a entraîné ses deux enfants, Mwanito, 11 ans, le narrateur, et Ntunzi, son frère aîné. Mwanito est voué au silence. Avec eux, Zacaria Kalash, domestique et ancien militaire, et Jezibela, l’ânesse. Ce trou perdu est baptisé Jésusalem par Silvestre. Il les a coupé du monde, interdit la prière, les femmes, l’apprentissage de la lecture et de l’écriture à Mwanito, qui le fait en secret (en lisant des caisses de munitions et en écrivant sur un jeu de cartes à jouer). En marge, l’oncle des enfants, Aproximado, qui les ravitaille. Jusqu’au jour où une femme brave l’interdit, Martha tente d’oublier Marcello en se livrant à la photographie animalière…

Mon avis : un livre étrange, une écriture poétique, à la limite du rêve et du réel. Un livre sur la mémoire reconstruite, aussi, l’interrogation d’un enfant sur la mort de sa mère, qui reste longtemps un mystère. Avant un retour à la ville avec son père qui est à son tour devenu muet, à la limite de la folie. Mia Couto a été annoncé plusieurs fois comme pouvant recevoir le prix Nobel de littérature, son écriture n’est pas facile à aborder dans ce roman, moins en tout cas que dans le recueil de nouvelles que j’avais lu, Le fil des Missangas.

Logo rentrée littéraire 2011Ce livre est le dernier lu dans le cadre du défi 1 % rentrée littéraire 2011, coordonné cette année par Hérisson

Black Mamba Boy de Nadifa Mohamed

Couverture de Black Mamba Boy de Nadifa Mohamed

livres, critiques citations et bibliothèques en ligne sur Babelio.comJ’ai reçu ce livre dans le cadre d’une opération « masse critique » organisée par Babelio.

Le livre : Black Mamba Boy de Nadifa Mohamed, traduit de l’anglais (Somalie) par Françoise Pertat, éditions Phébus, 2011, 276 pages, ISBN 978-2752904591.

L’histoire : Londres, 2008. Un homme se rappelle de la vie de son père. 1935, à Aden, au Yemen. Jama est un petit garçon somalien qui erre dans les rues pendant que sa mère tente de gagner sa vie. Son père a disparu il y a longtemps, parti à la recherche de travail après la mort de sa petite sœur. Un jour, il se fâche contre elle, fugue. Quand il revient, elle est mourante. Elle lui confie un maigre pécule, il décide de partir à la recherche de son père, qui pourrait se trouver au Soudan. Partout où il va, il survit grâce à la solidarité des gens de son clan. Mais le voici aux confins de l’Abyssinie et de l’Érythrée, en pleins prémices de la seconde guerre mondiale, pris entre les italiens fascistes et racistes et les Anglais qui veulent conquérir le territoire. Le voilà engagé comme enfant soldat…

Mon avis : un livre fort qui retrace la survie d’un gamin des rues qui va devenir enfant soldat puis tenter de s’en sortir par le système D. Un long périple au sein d’une Afrique en guerre, avec le racisme des colons, mais aussi chaque ethnie qui pratique l’entraide en son sein, quitte à écraser ceux d’une autre ethnie. J’ai eu du mal à rentrer dans le récit, puis me suis laissée bercée par les longues descriptions comme ce gamin qui flotte au dessus du monde, luttant contre la faim, pour sa survie au quotidien…

Apparemment, ces longues descriptions ont rebuté un certain nombre de lecteurs, pour ma part, j’ai trouvé très intéressant de presque vivre dans ces taudis ou de voir les brimades quotidiennes dont Jama est victime.

logo tour du monde en lecture Ce livre entre dans le cadre du défi du tour du monde des livres, organisé par Livresque, au titre de la Somalie.

Logo rentrée littéraire 2011Ce livre est le dernier lu dans le cadre du défi 1 % rentrée littéraire 2011, coordonné cette année par Hérisson

Les cahiers ukrainiens de Igort

Couverture de Les cahiers ukrainiens de Igort pioche-en-bib.jpgFlo m’avait parlé de ce livre dans un commentaire, je l’ai immédiatement réservé en ligne à la médiathèque car il était emprunté…

Le livre : Les cahiers ukrainiens, mémoires du temps de l’URSS de Igor Tuveri, dit Igort (scénario et dessin), éditions Futuropolis, 2010, 176 pages, ISBN 9782754802666.

L’histoire : 1932-1933 en Ukraine. Interrogés en 2009/2009, un certain nombre d’Ukrainiens témoignent de leur vie au temps de l’Union soviétique et surtout du Holodomor, le génocide par la faim des années 1932-1933. Parce que les petits paysans propriétaires ukrainiens (les koulaks) résistaient depuis 1928 à la collectivisation voulue par Staline, le pouvoir soviétique a organisé la famine en confisquant (réquisitionnant) les animaux et les récoltes. Rien n’est épargné au lecteur, les charrettes de cadavres, la nécrophagie et le cannibalisme après assassinat des plus faibles, les personnes qui meurent pour avoir mangé tout ce qu’elles trouvent, comestible ou pas. Les années suivantes de l’Ukraine soviétique sont abordées plus brièvement, avec une sorte d’âge d’or, Tchernobyl et jusqu’à l’abandon des terres aujourd’hui…

Mon avis : Beaucoup trop de fautes dans le lettrage. Lorsque j’ai participé à des fouilles en Ukraine tout juste indépendante (il y a presque vingt ans maintenant, c’était dans l’est de l’Ukraine, dans une zone non contaminée par Tchernobyl donc, puisque les vents avaient poussé les particules vers l’ouest), j’avais pu constater l’importance de cette famine organisée et sa place dans la mémoire des Ukrainiens, qui se battaient déjà pour qu’elle soit reconnue comme un génocide. Les Ukrainiens revendiquent 7 à 10 millions de morts, les historiens les estiment plutôt à 2,5 à 5 millions. Mais dans la même période et encore en 1946-1947, il y a eu d’autres famines en Union soviétique qui ont fait aussi des millions de morts. Le terme de génocide (qui implique une volonté planifiée d’extermination d’un peuple ou d’un groupe de personnes) est lui aussi discuté par les historiens, mais reconnu par le parlement ukrainien depuis 2006. Le parlement européen a qualifié en 2008 cette famine de crime contre le peuple ukrainien et contre l’humanité, sans prononcer le mot de génocide (voir ici la résolution adoptée). Cela étant, cette famine a fait des millions de morts et a bien été organisée. Cette bande dessinée aborde donc un sujet important pour les Ukrainiens, la forme revendiquée (la transcription de témoignages dont la date est clairement indiquée, à la manière d’une enquête ethnographique) est originale. Les personnes interrogées sont âgées, étaient enfants au moment de la famine.

Logo top BD des blogueurs 2011 Cette BD sera soumise pour le classement du TOP BD des blogueurs organisé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible. Mes chroniques BD sont regroupées dans la catégorie pour les BD et par auteur sur la page BD dans ma bibliothèque.

La fête de l’ours de Jordi Soler

Couverture de La fête de l'ours de Jordi Soler pioche-en-bib.jpgJ’ai trouvé ce livre à la médiathèque parmi une sélection de nouvelles acquisitions.

Le livre : La fête de l’ours de Jordi Soler, traduit de l’espagnol (Mexique) par Jean-Marie Saint-Lu, éditions Belfond, 2011, 204 pages, ISBN 9782714448422.

L’histoire : à la frontière entre l’Espagne et la France, côté méditerranée, de 1939 à nos jours. Alors qu’il donne une conférence sur la guerre civile à Argelès-sur Mer, une vieille femme étrange remet à Jordi Soler une lettre et une photo sur laquelle on voit trois soldats républicains dont Arcadi, le grand-père du narrateur, et Oriol, le frère de ce dernier. En 1939, alors qu’ils franchissaient les Pyrénées, Arcadi avait dû abandonner côté espagnol son frère gravement blessé à la jambe avant de fuir lui-même en Amérique latine. La légende familiale voulait qu’Oriol soit mort en héros ou ait réussi à rejoindre lui aussi l’Amérique latine. Mais la lettre de Novembre Mestre met Jordi sur la piste de son grand-oncle, sauvé dans la montagne par un géant, amputé sur place… Jordi va tenter d’enquêter et retracer la vie de son parent… bien loin de la légende familiale.

Mon avis : une longue traque qui va se terminer à Prats-de-Mallo un 18 février, jour de la fête de l’ours. Un très beau livre sur la mémoire familiale reconstruite. Facile et rapide à lire, mais si on réfléchit au sujet, beaucoup plus profond que ce qu’on peut imaginer au premier instant. Et en arrière-plan, la guerre civile espagnole, les nombreux exilés vers l’Amérique latine, mais aussi vers la France, si bien expliqués à Toulouse avec un circuit spécifique en ville… La dure vie de la montagne, la trahison, la différence (pas facile d’être un géant…), et la chute d’un homme qui de musicien devient soldat puis salaud…

logo tour du monde en lecture Ce livre entre dans le cadre du défi du tour du monde des livres, organisé par Livresque, au titre du Mexique, en complément de Jours de combat de Paco Ignacio Taibo II, auteur espagnol émigré au Mexique sous Franco, de nationalité mexicaine.

Sous un ciel qui s’écaille de Goran Petrović

Couverture de Sous un ciel qui s’écaille de Goran Petrović pioche-en-bib.jpglogo du chalenge 1% rentrée littéraire 2010J’ai trouvé ce livre à la médiathèque dans les nouvelles acquisitions… et atteins ainsi le 1 % de livres de la rentrée littéraire 2010 (dans le cadre du challenge du 1 % rentrée littéraire 2010, repris par Schlabaya).

Le livre : Sous un ciel qui s’écaille de Goran Petrović, traduit du serbe par Gojko LukicGojko Lukic, Editions Les Allusifs, 2010, 192 pages, ISBN 978-2-923682-08-2.

L’histoire : de nos jours à Kraliévo en Serbie, le narrateur revient sur l’histoire de l’hôtel Yougoslavie devenu le cinéma Uranie puis a connu divers autres usages. La construction en 1932 est le fruit d’un hasard (peut-être provoqué) : un cordonnier a acheté en salle des ventes des milliers de chaussures droites, puis des milliers de chaussures gauches (ou l’inverse?), les a patiemment ré-apareillées ou vendues à l’unité à des amputés de guerre, puis avec le bénéfice, a fait construire cet hôtel… Mais ce n’était pas son métier, il fit faillite. Nous en arrivons au début du mois de mai 1980 (en fait le 4, même si le livre ne le dit pas, c’est le jour de la mort de Tito), la salle est peu remplie, mais avec un public varié, plus l’ouvreur, embauché avant la seconde guerre mondiale, et maintenu dans ses fonctions après la nationalisation, et le projectionniste, qui prélève quelques mètres sur chaque bobine qui lui est confiée, il veut en faire un long métrage personnel…

Mon avis : Je trouve que c’est une excellente idée de partir d’une salle de cinéma (au ciel -plafond- qui s’écaille et au lourd rideau bleu nuit poussiéreux) pour aborder l’histoire de la Yougoslavie au 20e siècle, de la première guerre mondiale à l’explosion de la Yougoslavie dans les années 1990, à partir des portraits des spectateurs – très variés – à une séance de cinéma… qui sera interrompue suite à l’annonce de la mort de Tito. Le ton est léger, et pourtant, vous y verrez des bandits, un collabo, des cancres de trois collèges différents, deux Roms (un illettré et l’autre qui interprète les sous-titres à partir de la centaine de mots qu’il reconnaît), un ancien pilier du parti local (très drôle, son portrait par petites touches), des filles de la cafétéria d’à-côté qui viennent assister à quelques minutes du film, un avocat, une perruche, des amoureux, un marchand de bois pas très net… une micro-société, reflet de la société d’hier et d’aujourd’hui. Un petit livre charmant, qui change des longs romans, tout est dit avec légèreté en quelques pages. Merci aux bibliothécaires d’avoir mis ce livre dans leur sélection de nouveauté, sinon, je ne l’aurais jamais lu… Et j’adore la couverture qui change de celles que l’on voit ces temps-ci, extra, ce visage pixellisé et les yeux en bobines de film, très en accord avec le livre, en plus…

logo tour du monde en lecture Ce livre entre dans le cadre du défi du tour du monde des livres, organisé par Livresque, au titre de la Yougoslavie (Serbie).

La longue nuit d’un repenti de Yasmina Khadra

Couverture de la longue nuit d'un repentis de Yasmina Khadra pioche-en-bib.jpgVoici un tout petit livre, écris seulement sur les pages de droite, mis en avant par la sélection des bibliothécaires de la médiathèque

Le livre : La longue nuit d’un repenti de Yasmina Khadra, collection Histoire courte, Les Éditions du moteur, 21 pages, 2010, ISBN 978-2918602002 (le site de l’éditeur est très mal fait, impossible d’y trouver le livre en question en passant par l’accueil, heureusement qu’un moteur de recherche m’a trouvé la bonne page, … mais mal formatée, impossible d’afficher le début et la fin du texte!

L’histoire : dans une chambre en Algérie, après la guerre (ou les derniers événements ?). Abou Seif est rentré chez lui, auprès de sa femme. Il est hanté par des cauchemars, les tortures passées, ne fait plus la différence entre le passé et le présent, s’en prend à sa femme qu’il confond avec une ancienne de ses victimes…

Le livre de Khadra ouvert Mon avis : un texte très court mais très très fort, à lire absolument (quelques minutes suffisent, disons un quart d’heure…) si vous le trouvez.

Du même auteur, je vous ai parlé de La part du mort ; Morituri ; Double blanc ; L’automne des chimères ; Ce que le jour doit à la nuit ; La rose de Blida ; Les hirondelles de Kaboul

Le photographe, t. 3, de D. Lefèvre, E. Guibert et F. Lemercier

Couverture du tome 3 du photographe pioche-en-bib.jpgJ’ai pu emprunter à la médiathèque les trois tomes du Photographe. Je vous ai parlé de l’un après l’autre, aujourd’hui, le tome 3, qui a reçu le Prix Essentiel au Festival international de la Bande dessinée d’Angoulême en 2007. Didier Lefèvre est décédé quelques mois plus tard… D’Emmanuel Guibert, j’ai aussi lu L’enfance d’Alan et la guerre d’Alan (tome 1tome 2 et tome 3) et Des nouvelles d’Alain (Keller Alain, Guibert Emmanuel et  Lemercier Frédéric).

Le livre : Le photographe, t. 2, de Didier Lefèvre (scénario et photographies) et Emmanuel Guibert et Frédéric Lemercier (dessin et couleur), collection Aire Libre, éditions Dupuis, 96 planches,4 pages de présentation des protagonistes vingt ans après, 2006, ISBN 978-2-8001-3544-1 (plus un DVD avec un film réalisé lors de la même mission par la responsable de la mission MSF, Juliette Fournot).

L’histoire : septembre 1986, le temps du retour est venu pour la mission de Médecins Sans Frontières, seul un médecin et une infirmière passeront l’hiver à l’hôpital de campagne du village de Zaragandara, au fin fond des montagnes afghanes. Didier Lefèvre, le photographe, en a assez de la vie collective (ils dorment tous ensembles dans une pièce depuis un mois, plus le mois de trajet à l’aller). Juliette Fournot, la chef de mission, souhaite faire un détour d’une semaine pour voir un autre village au passage, il ne veut pas, s’entête à partir seul, avec un guide. Son périple sera long, très long, très périlleux. Il n’a pas mesuré les conséquences de son choix…

Mon avis : le mélange de dessins et photographies rend ce récit poignant, même si cette fois, il ne s’agit plus d’un pays en guerre, mais d’un homme qui lutte, presque seul, dans la montagne himalayenne. Un DVD avec un film réalisé par la chef de mission est joint à ce troisième tome, il donne un point de vue terrible de la même aventure de la mission de MSF, en insistant peut-être plus sur la terrible réalité de la guerre menée par les Soviétiques. Il faut absolument lire la BD et voir ce film… même si j’ai préféré le tome 2.

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Le photographe, t. 2, de D. Lefèvre, E. Guibert et F. Lemercier

Couverture du tome 2 du Photographe pioche-en-bib.jpgJ’ai pu emprunter à la médiathèque les trois tomes du Photographe. Je vais vous en parler l’un après l’autre, aujourd’hui, le tome 2 (le tome 1 est ici et le tome 3 par là). D’Emmanuel Guibert, j’ai aussi lu L’enfance d’Alan et la guerre d’Alan (tome 1tome 2 et tome 3) et Des nouvelles d’Alain (Keller Alain, Guibert Emmanuel et  Lemercier Frédéric).

Le livre : Le photographe, t. 2, de Didier Lefèvre (scénario et photographies) et Emmanuel Guibert et Frédéric Lemercier (dessin et couleur), collection Aire Libre, éditions Dupuis, 76 planches, 2004, ISBN 978-2-8001-3540-9.

L’histoire : août 1986, au fin fond des montagnes afghanes. La mission de Médecins Sans Frontières et son photographe, Didier Lefèvre, vient d’arriver après un mois de dur trajet, dans le village de Zaragandara où se trouve l’hôpital sommaire et où ils vont rester un mois à soigner la population locale, victime de la guerre d’Afghanistan menée par les Soviétiques. Dès le premier jour, les patients affluent. Des malades ordinaires, des blessés de guerre, des blessés accidentels. Avec des moyens rudimentaires, ils soignent, opèrent, et forment une équipe afghane. Avant la neige, la plus grande partie de l’équipe va repartir, ne laissant qu’un médecin et une infirmière pour l’hiver, le temps presse…

Mon avis : le mélange de dessins et photographies rend ce récit poignant. Dans ce monde isolé et en guerre, les médecins et infirmiers se démènent pour aider la population, qui leur rend bien en leur assurant la nourriture, quitte à se priver eux-mêmes. Une plongée au cœur de la guerre, d’une équipe de MSF et de la médecine et chirurgie de guerre. À lire absolument, j’ai encore préféré ce tome 2 au tome 1.

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Le photographe, t. 1, de D. Lefèvre, E. Guibert et F. Lemercier

Couverture du tome 1 du photographe pioche-en-bib.jpgJ’ai pu emprunter à la médiathèque les trois tomes du Photographe, qui figurent régulièrement dans le classement du TOP BD des blogueurs organisé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible. Je vais vous en parler l’un après l’autre, aujourd’hui le tome 1? plus tard le tome 2 et le tome 3. D’Emmanuel Guibert, j’ai aussi lu L’enfance d’Alan et la guerre d’Alan (tome 1tome 2 et tome 3) et Des nouvelles d’Alain (Keller Alain, Guibert Emmanuel et  Lemercier Frédéric).

Le livre : Le photographe, t. 1, de Didier Lefèvre (scénario et photographies) et Emmanuel Guibert et Frédéric Lemercier (dessin et couleur), collection Aire Libre, éditions Dupuis, 78 planches, 2003, ISBN 978-2-8001-3372-4.

L’histoire : fin juillet 1986. Didier Lefèvre, photographe, vient d’arriver à Peshawar, au Pakistan, en pleine guerre d’Afghanistan. Il va accompagner une équipe de Médecins Sans Frontières qui se rend à pied dans un hôpital afghan, clandestinement, sans se faire prendre par les Soviétiques (qui refusent leur aide), pour soigner la population locale et les combattants Moudjahidin. Didier Lefèvre est chargé par MSF de photographier la progression de la mission puis la mission sur place. Après de longs préparatifs (dont l’achat des chevaux et ânes de bât), l’équipe se joint à une caravane de transport d’armes et s’engage pour une lente et longue progression à travers l’Himalaya.

Mon avis : cette BD, qui mêle dessins et planches contacts (si c’étaient des films positifs, sinon, ce sont des tirages petit format des négatifs), est un reportage très vivant et très réaliste de cette mission de MSF. Elle a été publiée presque vingt ans après le retour de cette mission, mais nous avons l’impression de suivre pas à pas et au jour le jour la lente progression de l’équipe et de la caravane de cols en cols, la difficulté et la souffrance de chacun.

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Je veux voir, de Johana Hadjithomas et Khalil Joreige

J’ai vu ce film, Je veux voir, de Johana Hadjithomas et Khalil Joreige, il y a quelques semaines, il était suivi d’un débat avec une association pacifiste, le Mouvement pour la paix (mais les bombes antipersonnelles n’ont pas été abordées, seulement de savoir si ce film est une fiction ou un reportage…).

L’histoire : Rabih Mroué, acteur libanais, et Catherine Deneuve, qu’on ne présente plus, se rendent ensembles en voiture en une journée au sud-Liban et jusqu’à la frontière avec Israël, en zone contrôlée par l’ONU, voir les dégâts de la guerre de 2006. Beyrouth est déjà en pleine reconstruction, mais dans le village où Rabih Mroué a passé son enfance, impossible pour lui de reconnaître la maison de sa grand-mère, les gravats encombrent tout, plus rien n’est reconnaissable. Catherine Deneuve, de son côté, est sidérée par cette vison de destruction.

Mon avis : un film très fort, qui prend le parti de ne pas ajouter de commentaires. Juste la sidération des deux acteurs. Il a été tourné en six jours, c’est bien une fiction… qui a pour cadre un environnement réel composé des ruines de guerre et des routes minées. La mer rouge de rouille aux abords de la plage où sont déversés les gravats du déblaiement des quartiers de Beyrouth ne vous laissera pas indifférent. Si vous en avez l’occasion, n’hésitez pas à voir ce film assez court.

À propos du débat : pendant le débat est venu la question de la ceinture de sécurité, pas portée par Rabih Mroué, qui conduit la voiture, mais à qui Catherine Deneuve dit à trois reprises de la boucler. Réflexe d’occidentale, a-t-il été dit. Je ne suis pas tout à fait d’accord, parce que spontanément, Catherine Deneuve ne boucle pas sa ceinture. Elle en prend conscience uniquement dans des situations où elle ressent le danger, à Beyrouth quand tout le monde grille les feux rouges, sur la route dans un rond-point quand une voiture arrive à contre-sens, quand des avions les survolent à basse altitude. Je ne suis pas non plus tout à fait d’accord avec le fait que les Libanais ne porteraient pas la ceinture parce qu’ils ont vécu des situations dramatiques et qu’ils décident de flirter avec la vie et la mort… Si vous allez voir Mascarades de Lyes Salem, en Algérie non plus, point de ceinture à l’écran. Et en Italie (surtout du sud), en Grèce, ailleurs en Méditerranée, la ceinture n’est pas plus systématiquement bouclée… Le problème n’est donc pas lié à la guerre. Mais portez tous la ceinture, même dans les autocars quand ils en sont équipés, cela vous évitera (et surtout à votre famille) bien des drames.