Archives par étiquette : guerre de 1870

Le monument aux mobiles du Lot, à Cahors

Cahors, monument aux mobiles du Lot (morts de 1870), 1, deux vues générales Je vous ai déjà montré un certain nombre de monuments aux morts de 1870, en général dits monuments aux [troupes] mobiles, vous pouvez revoir ceux de Tours, Poitiers, Angoulême, La Rochelle et Niort. Cette fois, je vous emmène voir le monument aux mobiles du Lot, à Cahors, en ville haute, non loin du rempart, place Lafayette. Les photographies sont de mars 2011. Vous pouvez en lire le dossier documentaire ici, et notamment l’illustration du projet soumis en 1876. Il se compose d’un très haut socle cubique, avec à l’avant un soldat allongé, surmonté d’un autre cube moins large, avec un soldat sur chaque face, et une sorte de colonne octogonale terminée en couronne crénelée.

A l’avant du socle du soldat allongé, sur une plaque rapportée, on peut lire :  » A la mémoire / des Mobiles et des soldats du Lot / morts pour la défense nationale / 1870-1871 « . Sur les faces sud et nord du du socle inférieur,  » Armée du Rhin / Défense nationale / Armée de Paris  » et  » Armée du Nord / 1re et 2me armées de la Loire / Armée de l’Est « .

Cahors, monument aux mobiles du Lot (morts de 1870), 2, signature C.A. Calmon 1879 La sculpture a été réalisée par Cyprien Antoine Calmon (Creysse, 1837 – Cahors, 1901), dont la signature ( » C. A. Calmon, 1879 « ) se trouve sur le côté du commandant allongé. Le monument par lui-même a été dessiné par Coëque-Verdier, architecte, élève d’Abadie de l’arrondissement, et Ficat, exécuté par l’entrepreneur Deltheil. Le monument a été inauguré le 27 mai 1881 par Léon Gambetta.

Cahors, monument aux mobiles du Lot (morts de 1870), 3, deux vues du gisant En avant du monument est sculpté en marbre blanc (euh, s’il était propre…) un soldat allongé, identifiable grâce à l’inscription sur la terrasse à l’avant,  » Le commandant des Mobiles du Lot mort à Origny le 10 décembre 1870 « , soit Ferdinand Foulhiade (1828-1870)… Chauve, mais avec une belle moustache… il ne semble pas trop souffrir, pourtant, il est tombé au sol, allongé en appui sur son coude gauche, mortellement blessé, et continuant à encourager ses soldats.

Cahors, monument aux mobiles du Lot (morts de 1870), carte postale ancienne L’épée qu’il brandissait de la main droite a disparu, mais on peut la voir sur cette carte postale ancienne.

Cahors, monument aux mobiles du Lot (morts de 1870), 4, les quatre soldats debout

Sur chaque face se trouve un soldat dont la provenance géographique peut être déterminée par le blason de la ville qui le surmonte, soit ici de gauche à droite Figeac, Martel, Gourdon et Cahors. Ils portent des armes différentes et représentent les différents corps d’armée (là, je ne suis pas douée pour vérifier les identifications proposées avec précautions dans le dossier documentaire, qui propose dans l’ordre un fantassin, un artilleur, un cavalier et un mobile, je n’ai pas chez moi de livre sur les uniformes et armements de la fin du 19e siècle). Ce dossier précise que le monument est construit en pierre de Poitiers… une pierre que je ne connais pas pour être apte à la sculpture, car elle est pleine de blocs de silex, il s’agit plus vraisemblablement de pierre de Chauvigny, réputée pour ses qualités et largement exportée dans toute la France. Le reste du monument serait, selon le même dossier, construit en pierre de Chancelade (petite commune à l’entrée nord de Périgueux en Dordogne, surtout connu pour ses restes humains préhistoriques…).

 

Poitiers, des « erreurs d’appréciation » réparées…

Poitiers, square de la République après restauration, 1, le soldat restauré

Vous, fidèles lecteurs, vous souvenez certainement des événements de ces derniers mois sur le monument aux morts de 1870 et le square de la République à Poitiers… Je ne vous rappellerai pas son histoire ni les épisodes complet, je vous invite à relire les articles précédents pour vous remettre tout en mémoire… Avec la présentation du monument aux morts de 1870-1871, qui a ensuite perdu ses grilles puis sa patine (la presse en parle) et le début de la restauration.

Après donc le nettoyage trop brutal par une entreprise de BTP, qui avait massacré sa patine (une « erreur d’appréciation » selon la mairie), une entreprise spécialisée sur la restauration de ce type de monuments (la société Tollis) est intervenue ces dernières semaines… Le soldat et les autres éléments en bronze ont repris une couleur verte, plus foncée que celle qui avait évolué avec le temps, après accord avec la ville et la direction des affaires culturelles… l’obélisque en marbre a aussi été consolidé, et les lettres redorées, je reprendrai des photographies après la réouverture du square (devenu place pavée…) le 14 juillet…

Poitiers, square de la République après restauration, 2, le square devenu place Car si le soldat en bronze de Jules Félix Coutan et le monument par lui-même, dessiné par l’architecte Jean-Camille Formigé, ont retrouvé meilleure allure, il ne reste désormais plus rien de l’aménagement paysager ni des grilles dessinés par Édouard André…

Poitiers, square de la République après restauration, 3, les grilles Pour les grilles, les « barreaux de prison » ont été mis en place…sur un muret reconstitué qui n’a rien à voir avec l’ancien muret…

Il paraît que ces grilles n’étaient plus aux normes et ne pouvaient pas être remises en place… mais elles seront en partie installées au chevet de l’église Sainte-Radegonde : pas aux normes ici, mais aux normes 1 km plus loin? Bon, sans doute parce qu’il n’y a pas de dénivelé? j’avais cru comprendre que le problème était l’espacement des barres verticales… Mystère…

Poitiers, square de la République,6, coupe des grilles le 29 novembre 2011 Pour mémoire, voici les anciennes grilles en cours de découpe…

Poitiers, square de la République, 5, sans les grilles … et l’ancien muret…

Poitiers, monument aux morts de 1870, 2, le soldat

Et le soldat avant décapage….

Le monument aux morts de 1870 de Poitiers, après le sablage, le 22 février 2012 à 8h05 et 17h30

… en cours et après décapage…

A suivre la semaine prochaine avec la restauration de la plaque en bronze (1929) et la statue de Jeanne-d’Arc de Maxime Réal del Sarte dans le square des Cordeliers… Elle aussi avait été décapée trop brutalement… quelques mois plus tôt.

Le square et les aménagements d’Édouard André sont en revanche définitivement détruits, remplacés par des pavés et du béton.

Voici en complément une carte postale envoyée par Grégory montrant l’aménagement d’Édouard André, publiée dans l’actualité Poitou-Charentes, il y a maintenant à la place une rue bétonnée…

Photo : Paysagiste de renommée internationale, Edouard André avait créé en 1893-1894 le Square de la République. Cette carte postale garde seule mémoire de sa végétation luxuriante : une chape de béton a été coulée sur ce jardin, et désormais une rue passe à l'emplacement du bassin et des rocailles. ©Grégory Vouhé Pour en savoir plus : "Edouard André. Jardins pour Poitiers", L'Actualité Poitou-Charentes n° 96, p. 42-44.

 

Pour aller plus loin : voir les articles de Grégory Vouhé, Édouard André et Jean-Camille Formigé. Le square de la République, L’Actualité Poitou-Charentes n° 95, janvier 2012, p. 45 et Édouard André, jardins pour Poitiers, L’Actualité Poitou-Charentes n° 96, avril 2012, p. 42-44.

 

La Rochelle, le monument aux soldats et marins morts en 1870

En mars 2017, le square Valin de La Rochelle était en plein travaux…

Article du 21 juin 2012 Dans le square Valin de La Rochelle, entre les deux bassins du vieux port, se trouve le monument aux soldats et marins de la Charente-Inférieure morts pendant la guerre de 1870.

La Rochelle, monument aux soldats et marins, 1, de loin dans le squareComme pour celui de Tours (à revoir ici), il n’a été inauguré qu’à la veille de la première guerre mondiale, avec de grandes fêtes du 15 au 17 août 1913, en présence de Jean Morel, alors ministre des Colonies. L’érection de ce monument a traîné… Pourtant, la souscription avait été lancée dès 1885, puis une loterie avait été lancée pour son financement en août 1901 par le Souvenir Français (association qui gère toujours l’entretien de la plupart des monuments aux morts en France). Il se compose d’un haut socle sur lequel sont apposées plusieurs inscriptions (voir ci-dessous), d’un obélisque au sommet duquel se trouve un coq, et d’un groupe sculpté en pierre composé de trois soldats / marins.

La Rochelle, monument aux soldats et marins, 2, la signature de Pierre Laurent Il porte la signature du sculpteur Pierre Laurent, et une date presque illisible, « 191? ». Ce sculpteur a aussi réalisé Héro et Léandre dans la cour du muséum de La Rochelle.

La Rochelle, monument aux soldats et marins, 3, dédicaces et textes Sur la face principale (en haut à gauche), en majuscules, se trouve la dédicace, encadrée de branches de laurier,  » Aux / soldats et marins / de la / Charente-Inférieure / morts pour la patrie ».

Au dos (en haut à droite), l’inscription « mémorial édifié en 1913 / par le souvenir français / avec le concours / de la ville de La Rochelle ».

Sur un côté se lit cet hommage aux soldats (en bas à gauche):

« Combien dorment encore dans leur funèbre couche
En ces pays lointains où le soleil se couche
Sur des sables déserts
Et là-vas dans la brousse il en est beaucoup d’autres
Par les fièvres vaincus soldats autant qu’apôtres
Que l’herbe a recouverts ».

Sur l’autre côté (en bas à droite), on peut lire:

« Depuis l’heure où César a soufflé la tourmente
Partout vous trouverez des fils de la Charente
Pour venger leur pays
Et si jamais leurs noms échappent à l’Histoire
Du moins ce monument gardera la mémoire ».

La Rochelle, monument aux soldats et marins, 4, le soldat central

Le soldat central, vêtu de son uniforme, semble être un porte drapeau.

La Rochelle, monument aux soldats et marins, 5, le soldat mourant et son casque Sur la droite, un soldat mourant est allongé sur le sol. Son casque a glissé derrière lui.

La Rochelle, monument aux soldats et marins, 10, détail du marin mourant Ah, on voit mieux sous cet angle… Il est en appui sur son avant-bras gauche et lève le bras droit.

La Rochelle, monument aux soldats et marins, 6, le troisième soldat

Le troisième soldat, sur la gauche, est un marin.Il est censé être armé d’un fusil qui a une forme curieuse…

La Rochelle, monument aux soldats et marins, 9, détail du béret du troisième marin On tourne un peu, pas de doute, couvre-chef (un bachie?) à pompon tenu par une jugulaire, c’est bien un marin.

La Rochelle, monument aux soldats et marins, 7, ancre et coq Au dos du monument, à la base de l’obélisque, est posée une couronne funéraire avec une ancre et une palme.

Tout en haut du monument se trouve un coq, symbole de force et de la France.

La Rochelle, monument aux soldats et marins, 8, de dos Une dernière petite vue de dos…

Toutes ces photographies datent de juin 2011.

Poitiers, passerelle et monument aux morts de 1870

Poitiers, démontage de la grande passerelle, juin 2012, 1, déplacement de la grue

Voici les dernières nouvelles de la passerelle des Rocs ou grande passerelle de Poitiers avant longtemps, la prochaine étape sera en juillet 2012 (la démolition du petit bout côté théâtre et la pile à côté du parking Toumaï), puis en fin d’année 2012, l’arrivée des premiers éléments du viaduc (bus, piétons, vélos), qui ne sera pas mis en service avant fin 2013 si tout va bien… Vous pouvez revoir les étapes précédentes sur la grande passerelle et sa démolition en plusieurs étapes : la démolition des premières travées et de la maison Rolland, la mise en place d’échafaudages sur les derniers piliers, la préparation de la dépose de deux travées sur les voies, les deux travées sur les voies. Elle aurait eu 60 ans cette semaine, comme l’a rappelé Ludovic Bonneau/Pourquoi pas Poitiers en publiant l’article de l’inauguration du 8 juin 1952. En attendant donc, la grande grue a été déménagée d’un côté à l’autre de la voie ferrée… Le démontage sera plus facile côté contraintes, puisque ce sont des voies de garage et non les voies de trafic voyageurs qui passent en-dessous.

Poitiers, démontage de la grande passerelle, juin 2012, 2, 6 juin, encore les piles Dans la nuit de jeudi à vendredi, avec 24h de retard (la veille, les responsables du chantier ont eu un doute sur leurs calculs et ont passé la nuit à faire des maths pour savoir s’ils avaient bien calculé la longueur des élingues… les gros câbles pour soulever le gros bloc de béton), la dernière travée a été enlevée, vendredi après-midi (la photo), elle a complètement été grignoté, il ne reste plus que les deux piles sur laquelle elle reposait.

Poitiers, démontage de la grande passerelle, juin 2012, 3, 9 juin, terminé Samedi matin, la démolition des piles est presque achevée, il n’en reste qu’un tout petit morceau… Il reste encore le démontage de la grue… et le passage de la bonne quarantaine de camions de nuit sur le boulevard… Ils auraient quand même pu prévoir de la transporter en train!

Poitiers, avril 2012, 08, démolition de la passerelle des Rocs, côté est Pour mémoire avec cette ancienne photographie (enfin, cet hiver), du côté est (vers la gare), un pilier trône toujours tout seul au bord du boulevard près du parking, et il reste le petit morceau du côté du boulevard en contrebas du théâtre et auditorium de Poitiers / TAP. Démolition prévue en juillet 2012.. [PS: à suivre la fin de la démolition et le début de la reconstruction].

Poitiers, le monument aux morts de 1870 emballé (juin 2012) Et depuis jeudi (7 juin 2012), le monument aux morts de 1870-1871, a été englobé dans un grand échafaudage bâché… « L’erreur d’appréciation » (comme dit la ville) du décapage par sablage de la patine (voir aussi la presse en parle) va être réparée par une entreprise spécialisée. En revanche, le square, en train de devenir une place pavée, a définitivement perdu ses grilles, il paraît qu’il est impossible de les remettre, elles ne sont plus aux normes (mais étaient là sans incident depuis plus de cent ans…) et l’aménagement paysager dessiné par le paysagiste Édouard André a été définitivement détruit.

PS: Il est maintenant restauré.

Pour aller plus loin : voir les articles de Grégory Vouhé, Édouard André et Jean-Camille Formigé. Le square de la République, L’Actualité Poitou-Charentes n° 95, janvier 2012, p. 45 et Édouard André, jardins pour Poitiers, L’Actualité Poitou-Charentes n° 96, avril 2012, p. 42-44.

Poitiers, décapage du monument aux morts, la presse en parle…

Le monument aux morts de 1870 de Poitiers, après le sablage, le 22 février 2012 à 8h05 et 17h30

Suite au décapage violent et intempestif de la patine du monument aux morts de 1870-1871, qui avait déjà perdu ses grilles, la presse et les blogs en parlent, la mairie reconnaît une « erreur d’appréciation » et promet de réparer, je dirais restituer, parce que la patine du 19e siècle qui a été décapée ne pourra guère être que refaite et ne sera plus la patine d’origine. Si des articles m’ont échappé, n’hésitez pas à me signaler, je l’ajouterai ici… PS: Sa restauration a commencé en juin 2012. Il est désormais restauré.

En attendant, la ville étudie une manière de réparer les dégâts. Si elle pouvait aussi étudier la possibilité de remettre une partie des grilles et du muret, au moins au sud et à l’est du square, comme suggéré dans un précédent article il y a quelques semaines, cela serait enfin une bonne nouvelle… Et si en plus on pouvait retrouver le niveau de sol d’origine (à la base du socle encore sale que l’on voit sur les photographies ci-dessus, ainsi qu’on peut le voir sur des cartes postales anciennes), cela serait encore mieux… Et pourquoi pas rêver à quelques aménagements paysagers et fleuris à la place ou en bordure des pavés?Comme l’a justement souligné Didier Rykner dans La Tribune de l’Art, « Cet ensemble constituait dans son intégrité, et évidemment in situ, une œuvre d’art ».

Et pour en savoir plus sur ce monument et le square de la République (projet global d’Édouard André, monument de Jean-Camille Formigé, soldat en bronze de Jules Félix Coutan, fonte des frères Thiébaut, inauguré en 1895), il y a toujours les articles de Grégory Vouhé, Edouard André et Jean-Camille Formigé. Le square de la République, L’Actualité Poitou-Charentes n° 95, janvier 2012, p. 45 et Édouard André, jardins pour Poitiers, L’Actualité Poitou-Charentes n° 96, avril 2012, p. 42-44.

Venons-en à la revue de presse de ces derniers jours…

La Tribune de l’Art

– article de Didier Rykner, 23 février 2012, Des « restaurations » décapantes à Poitiers

– droit de réponse de la mairie de Poitiers, 23 février 2012 (conteste l’atteinte aux grilles il a quelques mois), Droit de réponse sur l’article Des « restaurations » décapantes à Poitiers

– réponse au droit de réponse de Didier Rykner, 23 février 2012, Réponse au droit de réponse de la Mairie de Poitiers

France 3 Poitou-Charentes

– Reportage du 23 février 2012, 19/20 (le reportage n’a pas fait l’objet d’un isolement, charger le 19/20 Poitou-Charentes du 23 février, le reportage est de environ 11 minutes 17 à 13 minutes 05)

La Nouvelle République

– premier signalement le 22 février 2012, le zouave du square passé au Karcher

– article du 23 février 2012, de Marie-Catherine Bernard, La bévue de la Ville au square de la République

– article du 24 février 2012, de Marie-Catherine Bernard, La Ville veut réparer son erreur

– article du 10 mars 2012, de Jean-Michel Gouin, La Ville a-t-elle une culture du patrimoine ?

– article du 10 mars 2012, de Marie-Catherine Bernard, Bronze : nettoyer n’est pas décaper…

Centre Presse

– la une et un article le 23 février 2012 (je mets les liens, mais les articles de Centre Presse ne sont en accès libre que le jour de leur parution…), de Élisabeth Royer, le nettoyage trop violent du soldat fait scandale

Au fil des blogs…

– Coccinelle Poitiers : article du 24 février 2012, Poitiers ville d’arts et d’histoire, mais surtout dans l’art des histoires, avec un récapitulatif de tous les ratés de ces derniers mois…

– Adane (archéologie poitevine) : article du 23 février 2012, Poitiers (86) saccage ses bronzes et ses parcs

– La bataille de Poitiers, une vision humoristique, article du 24 février 2012 : Pression sur la Ville

– chez moi, article du 22 février complété le 23 février 2012 : Poitiers, de l’effet du kärcher sur un monument en bronze

Poitiers, de l’effet du kärcher sur un monument en bronze… Suite

Poitiers, le monument aux morts de 1870, vu après le kärcher le 21 février 2012

Voir en fin d’article, le complément du 22 février 2012

21 février 2012, le constat des dégâts

Il s’est passé un étrange phénomène aujourd’hui à Poitiers… Ce matin, je suis passée devant monument aux morts de 1870-1871, celui qui il a quelques mois a perdu ses grilles. Le soldat est une œuvre de Jules Félix Coutan, fonte des frères Thiébaut, le square et les autres bronzes de Jean-Camille Formigé, les grilles de Édouard André, inauguré en 1895. Le monument est cerné depuis quelques semaines par de dangereux terrassements (voir la deuxième photographie, prise le 27 janvier 2012). Ce matin (21 février 2012), je suis passée devant en allant au travail… vers 8h15. Bizarrement, il faisait l’objet de terrassements, et je me suis dit tiens, l’archéologue qui suit les travaux n’est pas là, j’espère qu’il n’y aura pas de découverte archéologique, et qu’il passera pour relever le niveau d’origine du monument…

Puis j’ai passé la journée en Charente… Au retour, je croise en ville un ami, il me dit que dans la journée, le monument a été passé au Kärcher (pardon, le nom est déposé, au nettoyeur haute pression) sablé, que la patine ancienne verte a été enlevée… Vers 20h15, je passe devant (d’où la photo pas terrible, j’en reprendrai d’autres demain à la lumière du jour). Le nettoyage n’est pas complet, vous devinez la partie gauche encore verte. Mais qui a pu l’idée saugrenue de faire cela? Les bronzes du 19e siècle étaient en général patinés à leur sortie de la fonte (dans des cuves avec des mélanges bizarres, comprenant souvent de l’urine, de la bouse, etc.), de manière à obtenir une légère attaque de la surface et la patine verte. Maintenant, nous avons un truc moitié bronze clair, sans aucune protection contre les atteintes de la météo, et surtout qui a perdu sa patine d’origine qui fait partie intégrante de l’œuvre, était contrôlée par le fondeur et le sculpteur. Le nettoyage de ces pièces ne peut se faire que par des restaurateurs spécialisés… Donc pour l’instant, nous avons l’écu avec la dédicace fichue (enfin, sans doute récupérable, mais avec une vraie expertise et un travail de professionnels de la restauration des bronzes), et un soldat qui a à moitié perdu sa patine d’origine, je ne vois pas comment cela peut être rattrapé…

Le monument aux morts de 1870 de Poitiers, après le kärcher, le 21 février 2012 dans l'après-midi Edit de 22h: cet après-midi, en allant voir le carnaval, Dalinele lui a trouvé une mine bizarre et l’a pris en photo… Voici sa photographie prise dans l’après-midi (21 février 2012), publiée avec son autorisation (et sur son blog, son reportage sur le carnaval). On voit mieux de jour l’étendue des dégâts…

Pour comparaison, je vous mets quelques photographies « avant » que je vous ai déjà montrées… ou pas.

Poitiers, le monument aux morts de 1870, photographie du 27 janvier 2012

Voici donc le square vu fin janvier 2012, les grilles ont été massacrées depuis plusieurs semaines, et il a fait l’objet d’un curieux dégagement, avec une tranchée peu profonde tout autour…

Poitiers, monument aux morts de 1870, 2, le soldat

Et maintenant, voici le soldat tel qu’il était encore ce matin, même si cette photographie date d’avant le lancement de l’opération Poitiers cœur d’agglomération, cœur de pagaille…,

Poitiers, monument aux morts de 1870, 6, le haut

Et puis voici la dédicace sur l’écusson, avant son « nettoyage » radical! Les palmes et autres branches au-dessus ont aussi subi le même « traitement ».

Affaire à suivre… je vais essayer de savoir si ces travaux ont été autorisés par l’architecte des bâtiments de France (le monument en lui-même n’est pas protégé, mais nous sommes en secteur sauvegardé), si la ville a contacté au préalable des restaurateurs agréés d’œuvres d’art, et si c’est une entreprise spécialisée qui est intervenue (quoique là, je pense connaître la réponse, aucun risque qu’une telle entreprise ait pu faire un tel massacre)…

22 février 2012, le massacre s’est poursuivi

Le monument aux morts de 1870 de Poitiers, après le sablage, le 22 février 2012 à 8h05 et 17h30

Le massacre s’est poursuivi dans la journée, malgré les rumeurs selon lesquelles le sablage – car il s’agit carrément d’un micro-sablage et non d’un passage au kärcher – était suspendu. La preuve en image, à gauche, photo prise à 08h05, le bras et le genou droits du soldat (à gauche quand on regarde) son encore indemnes. Remarquez au passage le tuyau laissé par les ouvriers dans la main tendue du soldat, cruelle ironie… La photo de droite a été prise en fin d’après-midi, à 17h30. La patine qui restait encore le matin a été définitivement détruite!

Le monument aux morts de 1870 de Poitiers, après le sablage, le 22 février 2012 à 8h05, 2

Voici d’autres détails de ce matin, aucun élément du monument n’a échappé à la sableuse, mais je ne sais pas si c’est bien visible, les oxydes de cuivre ont été en partie dilués dans l’eau et la pierre a pris une teinte verdâtre…

Le monument aux morts de 1870 de Poitiers, après le sablage, le 22 février à 8h05, 3, le matériel

Et voici le coupable, matériellement sur le terrain, le compresseur signé de l’entreprise Dumuis (peinture et ravalement de façade, rien à voir avec une entreprise de restauration d’œuvres d’art), la sableuse et le sac de mélange pour l »hydro-gommage » (sablage, quoi… soyons clairs!).

En revanche, je n’ai pas réussi à savoir qui avait pris la décision de ces travaux.

PS : Sa restauration a commencé en juin 2012.Il est désormais restauré.

Un précédent qu’il n’aurait pas fallu laisser passer… la Jeanne d’Arc de Real del Sarte

Poitiers, Jeanne d'Arc de Real del Sarte, plaque après sablage et reprise de corrosion, fév 2012 Nous aurions tous dû être plus vigilants, il y a environ deux mois, la plaque de bronze du monument de Jeanne-d’Arc par Maxime Réal del Sarte (1929) dans le square des Cordeliers (je vous ai parlé de ce monument ici dans cet article sur la statue et la plaque en bronze) a subi le même traitement, Arnaud Clairand l’avait signalé à la mairie, mais c’était resté sans suite… Comme la statue elle-même avait été épargnée, les dégâts sont moins importants, mais c’était peut-être un test grandeur nature? Dans ce cas, cela montre qu’enlever la patine ancienne sans remettre de patine ni de vernis de protection est une absurdité: vous voyez tous les points verts sur la photo? C’est la reprise de corrosion!!! Si rien n’est fait rapidement, le monument aux morts de 1870 sera très vite dans le même état, avec des points verts qui apparaîtront en quelques semaines puis une corrosion généralisée verte (des oxydes de cuivre qui vont migrer du bronze), et il a définitivement perdu sa patine d’origine, qui l’avait protégé pendant 117 ans…

Poitiers, Jeanne d'Arc de real del Sarte, plaque avant et après sablage Et pour mémoire, cette plaque de bronze avant (en 2010) et après traitement (photo du 22 février 2012)…

Poitiers, Jeanne d'Arc de Real del Sarte, monument avant et après sablage

… et le monument en entier, idem, à gauche en 2010 et à droite le 22 février 2012.

Pour aller plus loin : voir les articles de Grégory Vouhé, Édouard André et Jean-Camille Formigé. Le square de la République, L’Actualité Poitou-Charentes n° 95, janvier 2012, p. 45 et Édouard André, jardins pour Poitiers, L’Actualité Poitou-Charentes n° 96, avril 2012, p. 42-44.

Poitiers, risque de massacre au square de la République

Poitiers, square de la République, 1, carte postale ancienne

De nouveaux massacres sont annoncé à Poitiers, cette fois dans le square de la République… [PS de du 24 février 2012: le massacre continue… le monument lui-même a subi un nettoyage intempestif, avec un décapage par hydrogommage, sablage si vous préférez. Sa restauration a commencé en juin 2012.].

Alerte pour la sauvegarde des grilles et de deux arbres

Le 19 novembre dernier, les Verts (Europe-Ecologie-les-Verts) organisaient une manifestation devant le square de la République (localement généralement appelé square Magenta). Parallèlement, en cherchant des informations sur le changement de nom des rues Renaudot et Carnot (dates précises toujours pas trouvées…), j’étais tombée sur un article de l’Avenir de la Vienne, 124e année, n° 301, mardi 24 et mercredi 25 décembre 1895, vues numérisées 41 et 42 notamment, racontant l’inauguration, avec les discours et le menu du banquet… Plus de détails sur l’article Le monument aux morts de 1870-1871, publié une première fois en janvier 2009 et complété en janvier 2010… puis au début du mois avec la presse locale.

Aujourd’hui, ce sont les grilles qui risquent d’être détruites. Depuis la fin de la semaine dernière (je l’ai vu dimanche, je n’avais pas mon appareil photo), le réaménagement de la zone de chantier laisse présager une intervention imminente. Celle-ci risque fort de se traduire par l’abattage de deux arbres (objet de la manifestation du 19 novembre), mais aussi par la destruction de la remarquable grille en fer forgé qui enclot le square. On la voit bien sur cette carte postale ancienne. [voir une vue du projet en commentaire ci-dessous et dans l’article de Grégory Vouhé : Édouard André et Jean-Camille Formigé. Le square de la République, L’Actualité Poitou-Charentes, n° 95, 2012, p. 45]. Le soldat est une œuvre de Jules Félix Coutan, fonte des frères Thiébaut, le square et les grilles ont été dessinés par Édouard André, et le monument et les autres bronzes de Jean-Camille Formigé, le tout a été inauguré en 1895.

Poitiers, square de la République, 2, le pseudo affichage légal

Sur le dessin affiché sur les grilles de chantier (photographies du 19 novembre 2011 à midi), sur un panneau qui ne peut pas être considéré comme un affichage légal (il manque entre autre le numéro et la date du permis d’aménager…), les ateliers Lion, qui pilotent le projet Poitiers cœur d’agglomération, cœur de pagaille…,ont supprimé les grilles de ferronnerie côté rue et remplacé les autres par quelque chose qui ressemble à des barreaux de prison. Du coup, si l’on en juge par la définition du mot square, ça n’en sera plus un : « Jardin public généralement peu étendu, entouré d’une grille, au milieu d’une place« . Il ne s’agira même plus d’un jardin, il n’y aura plus aucune herbe ni plante en dehors des bacs surélevés qui entoureront les arbres, juste des pavés, encore des pavés… Avant, il y avait un peu de verdure en périphérie du monument et autour du square…

 

Peut-on savoir quel sort est réservé à ces grilles en fer forgé??? La casse? Le remploi? La fonte? Aucune information n’a jamais été donnée à ce sujet.

Poitiers, square de la République, 3, l'affichage d'Europe Ecologie les Verts

Je vous mets aussi quelques photographies du 19 novembre 2011… de 15h à 16h environ, le temps de la manifestation. Les Verts y ont procédé à l’affichage légal du permis de construire, plus quelques slogans bien sentis sur la minéralisation du centre-ville (parmi les rares arbres plantés, il y a des poiriers de Chine sur lesquels je reviendrai bientôt… une espèce potentiellement invasive dont je vous ai déjà parlé cinq jours après le démarrage des travaux, il y a plus d’un an). Alors qu’en réunion publique, il avait été dit que les arbres du square de la République seraient sauvegardés, il est prévu d’en abattre deux pour créer une nouvelle rue au fond du square. Au fait, pourquoi tracer une rue alors que la philosophie de cœur d’agglo est de chasser les voitures du centre-ville? Je n’ai pas dû bien comprendre…

Poitiers, square de la République, 4, comparaison du montage de Lion et du monument il y a deux ans

Un dernier montage photo… A gauche, le projet de Yves Lion, à droite, une photographie du monument aux morts de 1870/1871 deux ans avant les travaux… Cherchez l’erreur? Allez, je vous aide, ce cabinet d’architecte en principe « mondialement réputé » () n’est même pas capable de mettre le bon monument aux morts sur son photo-montage! L’obélisque (la « pyramide » offerte par la famille Vareilles-Sommières, je cherche encore une source certaine comme quoi il s’agit de la pyramide de Saint-Hilaire, rapporté ici et là, mais aucune source primaire fiable et même il y a plutôt des arguments contre) a été remplacé par une colonne brisée, et le soldat est placé en miroir. Faut-il y voir aussi une menace sur le monument lui-même ou juste une bourde de l’architecte?

PS : dans le photo-montage plus récent sur le projet artistique, le soldat du monument est le bon… mais il n’y a même plus un brin de verdure au pied des arbres. Grrr!

Poitiers, square de la République,6, coupe des grilles le 29 novembre 2011 Mardi 29 novembre : les grilles ont été passées à la meuleuse, voici une photographie en cours de découpe, envoyée par B.D. Il suggère que les grilles soient remployées rue des Quatre roues, où une promenade vient d’être aménagée après le rachat par la ville des terrains riverains. C’est une très bonne idée, je trouve! J’ai des photos de l’aménagement, quand les travaux n’étaient pas tout à fait terminés, j’en referai aux beaux jours…

Poitiers, square de la République, 5, sans les grilles Mercredi 30 décembre 2011: photographies de ce midi… les grilles ont été enlevées dès hier, il n’en reste plus de trace, elles ont semble-t-il été découpées et entassées sur des camions sans ménagement hier. Pour quelle destination??? Pas la casse, j’espère… Au moins qu’elles puissent être remployées (rue des Quatre-Roues?).

PS2 : sur la pyramide de Saint-Hilaire: elle est signalée dans l’arrêté de protection du musée de Chièvres (dont je vous ai parlé pour le portail des Augustins, il faut d’ailleurs que je mette cet article à jour avec des photographies après restauration) : « Petit monument commémoratif dit Pyramide de Saint-Hilaire sis 21 rue Bourbeau démonté (au musée de Chièvres) en attente de réédification soit au musée même, soit dans la ville : inscription par arrêté du 21 juin 1952« .

Pour aller plus loin : voir les articles de Grégory Vouhé, Édouard André et Jean-Camille Formigé. Le square de la République, L’Actualité Poitou-Charentes n° 95, janvier 2012, p. 45 et Édouard André, jardins pour Poitiers, L’Actualité Poitou-Charentes n° 96, avril 2012, p. 42-44.

Voici en complément une carte postale envoyée par Grégory montrant l’aménagement d’Édouard André, publiée dans cet article, il y a maintenant à la place une rue bétonnée…

Photo : Paysagiste de renommée internationale, Edouard André avait créé en 1893-1894 le Square de la République. Cette carte postale garde seule mémoire de sa végétation luxuriante : une chape de béton a été coulée sur ce jardin, et désormais une rue passe à l'emplacement du bassin et des rocailles. ©Grégory Vouhé Pour en savoir plus : "Edouard André. Jardins pour Poitiers", L'Actualité Poitou-Charentes n° 96, p. 42-44.

Niort et Douai, les Espérances disparues de André Laoust

Niort, place Saint-Jean, le monument Spes détruit Place Saint-Jean à Niort se trouvait un monument aujourd’hui disparu. Il s’agissait d’une fontaine portant une allégorie de la République présentée au salon des artistes français de 1880 (voir dans le catalogue numérisé par Gallica, page 601) par le sculpteur André [Louis Adolphe] Laoust (1843-1924) sous le numéro 6452, sous le titre de Spes, l’espérance, d’après un poème de Daniel Parr, cité dans le catalogue mentionné ci-dessus:  » Paix et fraternité. J’apporte l’espérance ! A moi ! fils ! Oublions ; les combats sont finis. N’ayons plus qu’un drapeau, le drapeau de la France ! Et puisque nous étions frères dans la souffrance, Aux jours heureux restons unis « . Le dessin de la fontaine aurait pu être réalisé par l’architecte Georges Lasseron (d’après Daniel Courant, architecte niortais dont je vous ai ou vais vous parler pour de nombreux monuments, voir en fin d’article) ou, d’après un article de 1896, par M. Bouneault. Acquise par l’État, elle avait été installée à Niort en 1884 (grâce à Antonin Proust, ancien député de Niort devenu ministre des Beaux-Arts) qui fit venir dans son ancienne ville de nombreuses sculptures sont toutes celles qui se trouvaient place de la Brèche. Une subvention pour la construction de cette fontaine avait été votée en 1882. Démontée en 1942 (loi sur la récupération et la fonte des bronzes à l’exception des monuments aux morts), elle aurait été remise en place puis fut démontée dans les années 1960, où on perd sa trace. D’autres sources (comme la base monumen) indiquent qu’elle a été fondue en 1942, mais en principe, les monuments aux morts ont été exclus des fontes lors de la Seconde Guerre mondiale.
Il s’agissait d’une Victoire coiffée d’un bonnet phrygien orné d’une cocarde. Elle porte une longue robe, tient un drapeau dans la main droite et bandit une palme dans la main gauche.

Carte postale ancienne montrant le monument Spes de Laoust place Thiers à DouaiUn autre tirage de cette sculpture avait été installé en 1883 sur une place publique de Douai (Nord), ville natale de l’artiste. Il se trouvait place Thiers et a été détruit lors des bombardements de la ville, mais il en reste des cartes postales anciennes…

Logo de Octobre, le mois Fritissime Cet article entre dans le cadre de Octobre, le mois Fritissime, organisé par Schlabaya / Scriptural et Elizabeth Bennet, à retrouver sur Facebook : Le lion des Flandres, Tintin, Max Havelaar : vive le mois des 17 provinces! Il s’agit au cours du mois de parler de tout ce que l’on veut en rapport avec les 17 anciennes provinces annexés par Charles Quint et les états de Bourgogne… et qui constituent aujourd’hui à peu près le Nord-Pas-de-Calais, la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg.

Douai… donc cet article entre dans Octobre, le mois Fritissime!

Vous trouverez d’autres informations sur cette oeuvre dans le Parcours du patrimoine consacré aux monuments aux morts avec une allégorie de la République, et dans le dossier documentaire réalisé par le service de l’inventaire du patrimoine culturel de la région Poitou-Charentes.

Le monument aux mobiles par Raoul Verlet à Angoulême

Le monument aux mobiles de la Charente à Angoulême, 1, vue générale

Le monument aux morts de 1870, dit monuments aux mobiles de la Charente, se trouve à Angoulême juste à côté de l’hôtel de ville, square Marguerite-de-Valois. Il a été inauguré le 27 novembre 1887 à peu près à cet emplacement, mais a été déplacé de 1930 à 1958 près de l’église Saint-Martial. Il est dédié « Aux enfants de la Charente morts pour la Patrie, 1870-1871 », inscrit en haut de l’obélisque, au-dessus des noms des 661 victimes charentaises du conflit de 1870-1871. Vandalisé plusieurs fois, le monument a fait l’objet d’une restauration dans les années 2000, l’épée cassée a été reconstituée.

Le monument aux mobiles de la Charente à Angoulême, 2, la signature de Raoul Verlet Il est l’œuvre de Raoul Verlet (la signature « R. Verlet » est à peine lisible sur le socle), à qui l’on doit aussi à Angoulême le monument à Sadi Carnot et une partie de la sculpture du monument du souvenir français au cimetière de Bardines, ou encore le monument à Adrien Dubouché à Limoges et les monuments à Villebois-Mareuil à Nantes et Grez-en-Bouère. La maquette du projet refusé de Raymond Guimberteau est conservée au musée des Beaux-Arts d’Angoulême.

Le monument aux mobiles de la Charente à Angoulême, 3, la plaque du régiment Sur la base du socle, un plaque de bronze avec cette inscription :  » Le régiment des mobiles de la Charente représentés par les / survivants de son ancien état-major a perpétué le souvenir des journées / de Chambon, Ste Marie, St Julien, Mont Chevis, Béthancourt / par des pierres tombales confiées aux braves habitants de ces localités / 1870 1890″.

Le monument aux mobiles de la Charente à Angoulême, 5, l'épée Au pied de l’obélisque est assise une femme portant un voile de veuve. Les seins dénudés (on voit mieux sur la dernière photographie) mais portant une cuirasse, elle peut être identifiée à une allégorie de la République vaincue (voir Les allégories de la République sur les monuments aux morts en Poitou-Charentes, par Charlotte Pon-Willemsen, dont je vous ai parlé ici).

Le monument aux mobiles de la Charente à Angoulême, 6, l'épée et les végétaux au sol Elle enfonce à deux mains une grande épée dans le sol, près du bouclier encadré de branches de chêne (signe de force et de vigueur, la revanche est en vue…).

Le monument aux mobiles de la Charente à Angoulême, 4, la République vaincue Sous le pommeau de l’épée est sculptée une croix de Lorraine, en souvenir de l’Alsace-Moselle perdues en 1871.

Ces photographies datent de l’automne 2010.

Pour aller plus loin, lire La garde mobile de la Charente pendant la campagne de 1870-71 de P. Babaud de Montvallier (éditions Debreuil, 1887). Bon, ça ne date pas d’hier, mais il est dans beaucoup de bibliothèques de la région…

Sinon, le catalogue réalisé par Béatrice Rolin, Fantômes de pierre : La sculpture à Angoulême 1860-1930, éditions du Germa à Angoulême (1995).

Tours, le monument aux morts de la guerre 1870-1871

Tours, le monument aux morts de 1870, vue 1 : carte postale ancienne Quelques jours après la célébration de la fin de la guerre de 1870 (voir sur ce sujet mon article de l’année dernière, à propos du monument de Poitiers, l’histoire de ce conflit et des monuments érigés quelques années plus tard). À Tours, initialement installé place du Chardonnet (ici sur une carte postale ancienne)…

Tours, le monument aux morts de 1870, vue 2, de loin près du pont de fil …il est maintenant, d’après le dossier documentaire du service régional de l’inventaire de la région Centre), quai d’Orléans (adresse qui n’existe pas sur le plan fourni par l’office de tourisme, ni l’emplacement du monument), ou, plus simplement, à l’entrée du pont suspendu dit pont de fil ou pont Saint-Symphorien, juste à côté du château.

Tours, le monument aux morts de 1870, vue 8, signature de l'architecte Conçu par l’architecte Bernard Chaussemiche, architecte qui à Tours réalisa aussi la façade du lycée Balzac vers 1900 et un immeuble situé 41et 41bis boulevard Heurteloup, à retrouver dans les dossiers établis par l’inventaire ici et ), le monument aux morts de 1870 fut inauguré à la veille (moins d’un mois avant le début) de la Première Guerre mondiale, le 12 juillet 1914. La signature de l’architecte figure sur le socle au dos, en bas à droite. Dans le dossier de l’inventaire, vous pouvez voir le plan d’installation initiale sur la place du Chardonnet, daté de février 1914.

Tours, le monument aux morts de 1870, vue 9, signature du sculpteur Gaumont Le groupe sculpté est l’œuvre de Marcel Gaumont (1880-1962), dont la signature est porté en bas à gauche au dos du socle.

Tours, le monument aux morts de 1870, vue 4, le groupe sculpté De face, on voit une femme, allégorie probable de la République, et un soldat debout, un peu penché en avant, poing serré, comme attendant une revanche…

Tours, le monument aux morts de 1870, vue 5, de trois quarts dos Mais si vous contournez le monument…,

Tours, le monument aux morts de 1870, vue 6, de dos … vous découvrirez un soldat mort, qui n’est pas mentionné dans les descriptions du monument.

Tours, le monument aux morts de 1870, vue 7, le soldat mort Il gît au sol, dans une position désarticulée.

Tours, le monument aux morts de 1870, vue 3, de face Sur la face principale, la dédicace est la suivante : « à la / mémoire / des officiers et soldats / du 88e régiment de mobiles / d’Indre-et-Loire / morts / pour la patrie / 1870-1871 ».

À Tours, un autre monuments aux morts de 1870 se trouve au cimetière de la Salle, où se trouve aussi un monument aux morts de 1914-1918. Pour la Première Guerre mondiale, le monument principal se trouve, configuration extrêmement rare, à l’intérieur de l’hôtel de ville, je n’ai pas pu faire de photographies mais vous le montrerai sur des cartes postales anciennes. Un autre monument imposant se trouve dans la cour du lycée Descartes, dont je vous parlerai aussi à partir de documents anciens. Diverses plaques commémoratives se trouvent aussi en ville, dont une accompagnée d’un relief sculpté aux postiers morts pour la France dans la grande poste boulevard boulanger ou une très émouvante aux élèves juifs et instituteurs résistants à l’entrée de l’école Mirabeau… Plusieurs articles en perspective. Je vous rappelle aussi que vous pouvez retrouver tous les artistes auteurs de statuaire publique et/ou commémorative, avec des liens sur les articles concernés, sur cette page spécifique.