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Deux reliefs romans sous le clocher de Sainte-Radegonde à Poitiers

Poitiers, relief sous le clocher de Sainte-Radegonde : le Christ Après avoir fait le tour du clocher de l’église Sainte-Radegonde à Poitiers à l’extérieur à toutes ses phases de constructions (à la toute fin du 11e siècle (époque romane), au 15e siècle avec le collège apostolique détaillé sur l’article suivant et les singes monstrueux), et les sculptures de la fin du 19e siècle (Vierge à l’Enfant, saintes Agnès, Radegonde, Disciole, saint Hilaire), entrons sous le clocher porche. Normalement, la lumière s’allume quand vous passez, attardez vous un peu avant de descendre les marches vers la nef. Vous y verrez deux reliefs qui doivent provenir du portail roman avant son remplacement au 15e siècle. Du côté sud (à droite en entrant) se trouve ce Christ bénissant. On le reconnaît à son nimbe cruciforme, ou, pour parler plus clairement, à son auréole (le rond derrière sa tête) marquée d’une croix. Il est assis de face sur un riche fauteuil et lève sa main droite dans un geste de bénédiction, geste qui est presque toujours représenté ainsi, la paume de la main vers l’avant, l’auriculaire et l’annulaire repliés, le majeur et l’index levés, le pouce refermé vers ces deux doigts. De la main gauche, il maintient contre sa cuisse un livre, la Bible.

Poitiers, relief sous le clocher de Sainte-Radegonde : Radegonde vue de loin Du côté nord (à gauche en entrant) se trouve un personnage féminin assis de face. Comment ça, vous ne voyez rien…

Poitiers, relief sous le clocher de Sainte-Radegonde : Radegonde vue de près Allez, on zoome. Elle est vêtue d’un long et ample vêtement, la tête est auréolée (signe de sainteté) et couronnée par dessus sa guimpe (le voile qui lui enserre la tête en passant sous le menton). Il s’agit très probablement de la reine Radegonde, dont je vous ai parlé rapidement de l’histoire dans cet article. Il est probable qu’à l’origine, sur le portail roman (et si l’on se fie à la forme des blocs sculptés) se trouvait un ensemble de trois reliefs, le Christ au milieu, Radegonde à gauche (donc à la droite du Christ) et on ne sait pas quel personnage de l’autre côté, peut-être la Vierge.

Le clocher roman de Sainte-Radegonde à Poitiers

Poitiers, le clocher roman de Sainte-Radegonde, 1 vu depuis le nord Ces dernières semaines, je vous ai fait remonter le temps avec ce clocher de l’église Sainte-Radegonde à Poitiers en vous montrant les sculptures de la fin du 19e siècle (Vierge à l’Enfant, saintes Agnès, Radegonde, Disciole, saint Hilaire), le parvis de justice du 15e siècle (avec un détail du pavage ici), la façade occidentale : les parties romanes, le portail de la fin du 15e siècle (le collège apostolique (détaillé sur l’article suivant et les singes monstrueux). Si vous avez besoin d’un rappel de l’histoire de sainte Radegonde, je vous invite à aller relire cet article. Aujourd’hui, nous remontons le temps au 11e siècle. La ville de Poitiers a subi deux très importants tremblements de terre les 18 octobre 1018 et 15 novembre 1083. De nombreux édifices, notamment dans le quartier cathédrale, le secteur de Sainte-Radegonde et le quartier de Montbernage de l’autre côté du Clain, ont été détruits soit par le tremblement lui-même, soit par les immenses incendies qui ont suivi (et à part ça, la Vienne n’est pas en zone sismique, dixit le directeur de la centrale nucléaire de Civaux).

[PS: pour le tremblement de terre de 1083, il est notamment rapporté dans la chronique de Saint-Maixent, voir la transcription du texte latin à la date de 1083 sur le site histoire passion. : « Eodem anno terrae motus factus est magnus, XV° kalendas novembris, in die natalis Sancti Lucae. Pars civitatis Pictavis magna cum ecclesia Sanctae Radegundis combusta est« . Dans la même chronique, des tremblements de terre sont signalés dans la région en 1097 (13 octobre), 1098 (4 octobre), 1105 (avril)].

Bon, donc, à la fin du 11e siècle, le chapitre décide de reconstruire une église, cette fois en dur. L’autel est dédicacé en 1099. De cette période, il reste le clocher et le chœur (avec ses chapiteaux romans dont l’un porte Daniel dans la fosse aux lions, Adam et Ève et sur une autre face Nabuchodonosor. De profil (ici depuis le nord), on voit bien la structure de ce clocher, un premier niveau où se trouve l’entrée (avec le portail refait au 15e siècle, plus haut que le portail d’origine), un deuxième niveau éclairé par de hautes et étroites baies.

Poitiers, le clocher roman de Sainte-Radegonde, 2, la partie haute depuis le nord Le troisième niveau, moins haut, comporte la chambre des cloches. Les fenêtres sont fermées par des abat-sons, ces sortes de volets qui renvoient le son des cloches vers le bas… Le dernier niveau est de forme octogonale au-dessus du reste du clocher carré. La petite tourelle abrite un escalier qui permet de monter jusqu’aux cloches. Sur ces deux niveaux supérieurs restent quelques modillons et chapiteaux sculptés.

Poitiers, le clocher roman de Sainte-Radegonde, 3, vu de face Aller, on tourne, voici le clocher de face… avec la limite nette du nettoyage récent, qui s’arrête au-dessus du portail gothique, et non en haut du clocher…

Poitiers, le clocher roman de Sainte-Radegonde, 4, vu depuis le sud-ouest On tourne encore un peu plus, ça manque de recul par ici, avec la présence des maisons du quartier canonial… En attendant que je vous les montre, pour les Poitevins, je vous invite à entrer et à regarder sous le clocher, sur les murs nord et sud, les reliefs qui proviennent sans doute de l’ancien portail roman…

autres faces

La façade de l’église Saint-Barthélemy à Confolens

Confolens, l'église Saint-Barthélemy, 1, la façade Je vous emmène aujourd’hui à Confolens, autour de l’église Saint-Barthélemy. Ses abords ont été réaménagés il y a quelques années, les grandes pelouses ont remplacé le parking en gravillons que vous pouvez encore voir sur le le dossier documentaire rédigé en 2005. Comme beaucoup d’églises romanes, elle a connu de nombreux remaniements depuis sa construction sans doute au cours du 12e siècle. il s’agissait à l’origine d’une église priorale, mais il ne reste pas de traces des bâtiments du prieuré, juste un peu plus au sud, l’ancien presbytère (qui héberge aujourd’hui des administrations, voir ici si ça vous intéresse). Sur la façade, on voit bien l’adjonction de chapelles du côté nord au 15e siècle.

Confolens, l'église Saint-Barthélemy, 2, le côté nord En faisant le tour de l’édifice vers le nord, on voit bien le mur gouttereau et les fenêtres reprises, et au fond, le transept qui se trouve englobé dans les constructions plus récentes.

Confolens, l'église Saint-Barthélemy, 4, le chevet vu du sud-est Finalement, ce n’est qu’en arrivant au niveau du chevet (la photographie a été prise du sud-est) que l’on voit mieux le plan d’origine, en croix latine avec des transepts peu développés et des absidioles semi-circulaires sur le mur est de ces transepts. L’abside est également semi-circulaire, elle mériterait une étude détaillée pour voir les reprises entre l’appareil en pierre de taille et les moellons, les petits contreforts plats ne semblent pas avoir été trop modifiés depuis l’époque romane. Pour le clocher, seul le premier niveau (vers le bas) est roman.

Étant construite en zone granitique, difficile à sculpter, cet édifice comprend très peu de décor sculpté roman. Seuls les reliefs de la façade, dont une partie en calcaire d’importation, méritent d’être signalés, je vous les montrerai plus en détail dans un prochain article, à voir ici : les reliefs de la façade de Saint-Barthélemy à Confolens, assez similaires à ceux de l’église détruite Saint-Michel (aujourd’hui conservés dans l’église Saint-Maxime).

Des violettes à Confolens, vues de prèsQuelques précisions : en mars 2010, j’ai profité d’une belle journée printanière à Confolens (pour un colloque) pour faire une série de photographies et partager avec vous quelques-une d’entre elles, comme ces violettes près de l’église Saint-Barthélemy. Pour plus d’informations sur Confolens et la communauté de communes du Confolentais, deux livres sont toujours en librairie, Parcours du patrimoine n° 325 consacré à Confolens, ou encore l’image du patrimoine Le Confolentais : entre Poitou, Charente et Limousin.

La sculpture 15e siècle, façade de Sainte-Radegonde à Poitiers (3)

Poitiers, portail de Sainte-Radegonde, vue du tympan Comme promis, voici la réponse à la question de la semaine dernière. Combien y a-t-il d’apôtres dans les niches du portail de la fin du 15e siècle de l’église Sainte-Radegonde à Poitiers ? Sont-ils bien douze???

Poitiers, portail de Sainte-Radegonde, numérotation des apôtres et sculptures du 19e siècle Allez, on compte, au passage, je vous rappelle que les statues centrales (dans le rectangle bleu) datent de la fin du 19e siècle. Aïe, quatorze niches, que se passe-t-il? Le collège apostolique est-il accompagné, comme à Notre-Dame-la-Grande, d’un pape et d’un évêque ? Il va falloir sortir les jumelles, ou le zoom de l’APN…

Poitiers, portail de Sainte-Radegonde, le Christ supporté par deux anges La réponse se trouve au centre… Vous ne voyez pas bien?

Poitiers, portail de Sainte-Radegonde, le Christ de la clef Sur la clef de l’arc se trouve le Christ, représenté en buste.

Poitiers, portail de Sainte-Radegonde, l'ange de gauche Et en fait, il est porté au ciel par deux anges… J’ai redressé les photographies pour qu’ils soient plus faciles à lire… Les ailes de celui de gauche sont bien visibles…

Poitiers, portail de Sainte-Radegonde, l'ange de droite C’est un peu moins net à droite…

Poitiers, portail de Sainte-Radegonde, apôtres 1 à 6 Nous avons donc bien douze apôtres (enfin, le dernier en bas à droite a disparu). Comme je vous le disais l’autre jour, ils sont trop endommagés pour être identifiés… Voici les 6 à gauche…

Poitiers, portail de Sainte-Radegonde, apôtres 7 à 12 … et les six à droite… Ah, et qui sont les apôtres ? Et bien, leurs noms varient selon les évangiles! La liste est donnée quatre fois dans le Nouveau testament. Il y a quand même des constantes… Ils sont toujours douze. Pour Matthieu, X (1-4) et Marc, III (3-19), il s’agit de Simon (dit Pierre), André (son frère), Jacques et Jean (deux frères fils de Zébédée), Philippe, Barthélemy, Thomas, Matthieu, Jacques (fils d’Alphée), Thaddée, Simon le Cananéen et Judas l’Iscariote. Pour Luc VI (12-16), les Actes des Apôtres 5 (13), il s’agit de Pierre et André, son frère, Jacques, Jean, Philippe, Barthélemy, Matthieu, Thomas, Jacques (fils d’Alphée), Simon (appelé le zélote), Jude « de Jacques » et Judas l’Iscariote.

Si vous voulez en savoir plus sur l’église Sainte-Radegonde à Poitiers, vous pouvez relire les autres articles sur les chevets de la cathédrale et de Sainte-Radegonde vus de loin, le chevet vu de près, le parvis de justice du 15e siècle (avec un détail du pavage ici), la façade occidentale : les parties romanes, le portail de la fin du 15e siècle (le collège apostolique et les singes monstrueux), les sculptures de la fin du 19e siècle (Vierge à l’Enfant, saintes Agnès, Radegonde, Disciole, saint Hilaire).

Semaine hongroise (4) : saint Martin… à Ligugé!

Ligugé, 1, saint Martin sur le trumeau du portail de l'église (19e siècle) Aujourd’hui, je vous présente un sujet un peu « tordu » pour la semaine hongroise… C’est pour cela que je suis allée dimanche à Ligugé. Vous le voyez ici sur le trumeau (la partie verticale qui sépare le portail en deux)… en fondateur de l’abbaye de Ligugé. Il s’agit d’une statue du 19e siècle, créée par le père Jean Gourbeillon (1814-1895), parfois appelé Jehan de Solesmes.

Ligugé, 2, la plaque de l'itinéraire culturel et son symbole Bon, je vous explique mon choix… Martin est né en 316 ou en 317 à Sabaria (ou Savaria) en Pannonie, aujourd’hui Szombathely dans l’actuelle Hongrie (et non dans l’ex-Yougoslavie, comme il est indiqué dans la plaquette à disposition des visiteurs dans l’église de Ligugé). Szombathely est aujourd’hui une ville de près de 80.000 habitants (chiffres de 2007), la 20e de Hongrie par sa population. Vous imaginez bien que je n’ai pas de photographie de son lieu de naissance (mais il y en a sur le site officiel de la ville, en anglais, en allemand ou en hongrois), je vais rapidement vous retracer son itinéraire, qui vous ai développé sur le site officiel de l’itinéraire culturel européen consacré à Saint-Martin (et dont vous voyez le logo ici sur la plaque de la chapelle du catéchumène et dans l’angle gauche, au sol, la marque de l’itinéraire) ou dans la Vie de Martin de Sulpice-Sévère, écrite peu après la mort de Martin. Revenons à lui. Fils d’un soldat romain, il passe son enfance à Pavie, en Italie. Il s’engage dans la cavalerie à l’âge de 15 ans. En 337, alors qu’il est en garnison à Amiens, il partage la moitié de son manteau avec un pauvre (c’est l’un des représentations les plus fréquentes de Martin): c’est alors qu’il est frappé par la foi, se convertit au christianisme et quitte l’armée en 356. Il est alors arrivé, toujours avec sa légion, à Worms, en Allemagne. Il se met alors au service de Hilaire, premier évêque de Poitiers. Il lui confie la fonction d’exorciste. Son périple (à lire en détail sur le site de l’itinéraire culturel européen) le renvoie en Panonie, à Milan, sur une île de Ligurie avant qu’il ne revienne à Poitiers, où Hilaire est revenu d’exil (360). Vous voyez le nombre de kilomètres parcourus à cheval et à pied en quelques années! Martin s’installe alors en ermite à Ligugé (ouf, nous y sommes!), dans une villa romaine en ruine mais il est très vite rejoint par des disciples et il fonde là le premier monastère d’Occident. Il est peu après appelé par les tourangeaux qui l’élisent évêque de Tours (le 4 Juillet 371 disent certains textes, les historiens préfèrent l’estimer entre 570 et 572). Il fonde tout près de la ville le monastère de Marmoutier et les premières églises rurales de la Gaule romaine. Il meurt 8 novembre 397 à Candes-Saint-Martin et est enterré le 11 novembre à Tours (après une bagarre autour de sa dépouille pour son lieu d’inhumation), hors les murs romains, dans un lieu… où une basilique est ensuite construite sur son tombeau.

Ligugé, 3, les ruines de l'ancienne église À Ligugé, vous avez plusieurs choses à voir, très proches les unes des autres. D’abord, les vestiges les plus anciens, à l’état de ruine dans la pelouse à l’avant de l’actuelle église (je reviendrai une autre fois sur cet édifice). Ensuite, la crypte, pas prise en photographie, qui est le seul élément qui a survécu aux destructions des guerres de religion. On y voit aussi des restes de la villa romaine où Martin s’est installé. Plutôt que de vous assommer avec ces ruines, je propose que ceux qui sont intéressés aillent directement lire sur la plateforme de Persée l’article de Carol Heitz sur les fouilles du père Camille de la croix (fouilles et datation de l’ancienne abbatiale Saint-Martin de Ligugé, paru en 1992 dans les Comptes-rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 136e année, n° 4, p. 857-868).

Ligugé, 4, l'église et l'abbaye Puis vous avez l’église et l’abbaye… L’église a eu une histoire mouvementée dont je vous parlerai une autre fois, cet article est déjà long… Sachez juste qu’elle a été reconstruite à partir de 1479 dans un chantier qui se traîne en longueur jusqu’au 16e siècle. Elle avait été incendiée en 1359, pendant la guerre de Cent Ans, d’abord par les paysans qui ne voulaient pas qu’elle tombe aux mains des Anglais (juste après la bataille de Poitiers, en 1356 et en fait la bataille eut lieu à Nouaillé-Maupertuis, où le roi de France Jean II le Bon est fait prisonnier, puis l’incendie de nombreux édifices en 1358-1359), puis par les Anglais qui sont quand même passés par là… N’hésitez pas à aller à la boutique de l’abbaye, vous y trouverez de beaux émaux, de nombreux enregistrements (le père abbé est un grand musicologue) ou même venez y passer quelques nuits… l’abbaye accueille chaque année 12000 personnes dans son hôtellerie (plus d’informations sur le site de l’abbaye).

Ligugé, 5, la chapelle du catéchumène Et enfin la chapelle du catéchumène, qui a été érigée un peu à l’écart de l’église. Cette chapelle date du 13e siècle et a été fortement (et radicalement) restaurée au 19e siècle.

Ligugé, 6, l'intérieur de la chapelle du catéchumène La légende (rapportée par Sulpice-Sévère, mais un texte hagiographique – vie d’un saint, est toujours suspect et illustrée par ce vitrail contemporain en dalle de verre) veut qu’un catéchumène (un homme adulte à cette époque, qui vient apprendre les textes saints avant de recevoir le baptême) était venu se joindre aux novices autour de Martin. Mais un jour, il est pris de fièvre et mourut avant même d’avoir pu être baptisé (attention, en principe, au 4e siècle, il n’y a que l’évêque qui baptise… ou quelques rares personnes – dont Martin – à qui l’évêque a délégué la fonction, je ne pense pas que ce que l’on a appelé des siècles plus tard le baptême d’urgence, qui pouvait être donné par exemple par une sage-femme à un nourrisson mourant à la naissance, existait). Lorsque Martin revient, il s’enferme avec le cadavre et, à force de prières, il le ressuscite. De part et d’autre de l’autel, vous voyez les ex-votos, en remerciement de miracles ou intercessions de Martin depuis le 19e siècle. La légende veut que le catéchumène soit mort d’une piqûre de vipère.

Ligugé, 7, le linteau de la chapelle du catéchumène Sur le tympan du 19e siècle de la chapelle, vous avez en haut le Christ bénissant et en-dessous, Martin et ses disciples accueillant de nouveaux arrivants.

http://vdujardin.com/blog/wp-content/uploads/2011/03/60890631_p2.jpgComme je vous l’avais annoncé, cette semaine sera hongroise, organisé du 7 au 13 mars 2011 chez par Schlabaya (qui organise aussi le défi du 1 % rentrée littéraire 2010) et Cryssilda (qui a créé le logo) : il s’agira de présenter des lectures, des recettes, des voyages en Hongrie…Je vais essayer de programmer un article chaque jour vers midi…

Mes articles de la semaine hongroise :
– une lecture : Le Faon de Magda Szabó ;
– une découverte de blog : Falby de là bas et son p’tit bonheur
– un vin : le tokay ou tokaji aszù
– une découverte patrimoniale : saint Martin (né en Hongrie et fondateur de Ligugé)

– une broderie : un berlingot sur une grille hongroise

– des timbres hongrois

– des découvertes : le stylo à billes, les allumettes et la vitamine C.

La sculpture 15e siècle, façade de Sainte-Radegonde à Poitiers (2)

Poitiers, église Sainte-Radegonde, le portail avec les parties des 19e et 21e siècles

En ce dimanche midi, nous retournons voir le portail de l’église Sainte-Radegonde à Poitiers. Vous connaissez maintenant tout du parvis de justice et de son dallage. Je vous remets la photographie de la semaine dernière, il vous faut donc faire abstraction des rectangles bleus (copie de gargouilles en matériau polymère) et le grand rectangle rouge (sculptures de la fin du 19e siècle).

Poitiers, portail de Sainte-Radegonde, 1, la clef de voûteJe vous ai montré la semaine dernière les petits monstres qui se cachent dans le feuillage du portail de la fin du 15e siècle (vers 1490 pour l’abattage des bois de la porte), aujourd’hui, nous allons nous concentrer sur l’arc central occupé par le Christ, au centre sur la clef de voûte, encadré du collège apostolique (l’ensemble des douze apôtres), dans une position donc différente de celui que je vous ai montré pour Notre-Dame-la-Grande. Avec les têtes cassées et la plupart des mains, il est presque impossible d’identifier les différents apôtres, du coup, je vous les montre juste comme ça, comme si vous regardiez l’arc en allant de la gauche vers la droite… et je vous laisse compter… Y a-t-il vraiment douze personnages (apôtres) en plus du Christ??? Réponse la semaine prochaine avec une présentation en frise des apôtres!

Poitiers, portail de Sainte-Radegonde, rouleau central, 1

Poitiers, portail de Sainte-Radegonde, rouleau central, 2

Poitiers, portail de Sainte-Radegonde, rouleau central, 3

Poitiers, portail de Sainte-Radegonde, rouleau central, 4

Poitiers, portail de Sainte-Radegonde, rouleau central, 5

Poitiers, portail de Sainte-Radegonde, rouleau central, 6

Poitiers, portail de Sainte-Radegonde, rouleau central, 7

La sculpture 15e siècle, façade de Sainte-Radegonde à Poitiers (1)

Poitiers, église Sainte-Radegonde, le portail avec les parties des 19e et 21e sièclesEn ce dimanche midi, nous retournons voir le portail de l’église Sainte-Radegonde à Poitiers. Nous descendons donc sur le parvis de justice, traversons la partie pavée et regardons la façade. Sur le clocher-porche roman a été plaqué, à la fin du 15e siècle (lors des derniers travaux de restauration, les vantaux du portail ont pu être datés par dendrochronologie : les bois ont été abattus vers 1490, voici qui date à peu près le portail et le parvis) un portail gothique flamboyant. Je vous remets la photographie de la semaine dernière, il vous faut donc faire abstraction des rectangles bleus (copie de gargouilles en matériau polymère) et le grand rectangle rouge (sculptures de la fin du 19e siècle (Vierge à l’Enfant, saintes Agnès, Radegonde, Disciole, saint Hilaire). Cette église a une longue histoire, que je ne reprends pas ici, reportez-vous aux articles précédents, et aussi à ceux-ci sur le chevet et le tombeau de Radegonde, ainsi que pour un chapiteau qui porte Daniel dans la fosse aux lions et la Tentation d’Adam et Ève.

Poitiers, portail de Sainte-Radegonde, 1, la clef de voûte La voussure (l’arc qui entoure le portail) est composée de quatre rouleaux. Nous allons faire abstraction de celui qui est complètement à l’extérieur. Pour les trois autres rouleaux, au centre, le Christ, sur la clef de voûte, est encadré du collège apostolique (l’ensemble des douze apôtres), je vous les montrerai en détail la semaine prochaine et la suivante. Les rouleaux qui l’encadrent portent un riche décor de feuillages très découpés, une prouesse de sculpture.

Poitiers, portail de Sainte-Radegonde, 2, la partie gauche de la voussure Dans ce feuillage se cachent de petits monstres incarnés dans des singes… Vous ne les voyez pas bien?

Poitiers, portail de Sainte-Radegonde, rouleau externe, 1, la base à gauche Vous êtes prêts pour la visite de détail? Je commence par la gauche et vais peu à peu vers la droite… en commençant par la base de la voussure. Mon préféré est le dernier!

Poitiers, portail de Sainte-Radegonde, rouleau externe, 2, premier singe Vous le voyez mieux si je me place plus en-dessous? Il a perdu la tête, mais ce monstre (un singe sans doute, comme les suivants) a capturé un animal qu’il a tué et tient entre ses pattes…

Poitiers, portail de Sainte-Radegonde, rouleau externe, 3, deuxième singe On remonte un peu… un petit singe? On dirait qu’il s’agit d’une représentation de sacrilège de l’hostie, regardez le petit rond sur sa langue…

Poitiers, portail de Sainte-Radegonde, rouleau externe, 4, troisième singe Le suivant est aussi un singe qui semble dégringoler dans les feuillages…

Poitiers, portail de Sainte-Radegonde, rouleau externe, 5, quatrième singe On monte un peu plus, celui-ci semble carrément se moquer du passant… Ah, pour ceux qui se posent des questions, les fils à droite sont un dispositif contre les pigeons, un peu de courant qui circulent et les empêchent de se poser (c’est un peu le même principe que les fils à vaches). Je vous ai montré un dispositif du même genre sur l’hôtel de ville.

Poitiers, portail de Sainte-Radegonde, rouleau externe, 6, cinquième singe On passe de l’autre côté du rouleau… Celui-ci a presque la même position…

Poitiers, portail de Sainte-Radegonde, rouleau externe, 7, sixième singe Le suivant a plus souffert des outrages du temps…

Poitiers, portail de Sainte-Radegonde, rouleau externe, 8, septième singe Comme l’avant-dernier, qui a perdu la tête et les bras…

Poitiers, portail de Sainte-Radegonde, rouleau externe, 9, huitième singe Le dernier est mon préféré! Tête en bas, toutes griffes et dents dehors! En le prenant un peu en contre-plongée, il a un air féroce!

La sculpture 19e siècle de la façade de Sainte-Radegonde à Poitiers

Poitiers, église Sainte-Radegonde, le portail avec les parties des 19e et 21e siècles Après le parvis de Sainte-Radegonde à Poitiers (et le détail du pavage), je vais vous détailler le clocher en plusieurs articles, en remontant le temps, ça sera plus facile… Il a été récemment restauré… les gargouilles, encadrées en bleu, sont des copies en polymère (vous pouvez en voir la fabrication pages 6 et 7 de ce document! Je vais aujourd’hui vous parler des statues créées au 19e siècle, lors de la restauration des années 1893-1895. Les cinq niches à dais (le petit toit en pierre, si vous préférez) avaient perdu les statues qui y avaient été placées à la fin du 15e siècle… La suite des articles sera sur le clocher porche roman et la sculpture de la fin du 15e siècle, en trois articles : le collège apostolique (détaillé ici) et les singes monstrueux.

Poitiers, église Sainte-Radegonde, le portail, 1, sainte Agnès L’avantage avec le 19e siècle, c’est qu’ils ont écrit sur le socle qui était représenté! Nous avons donc à gauche « Sta ANNES » (Agnès), qui fut la première abbesse du monastère Sainte-Croix, fondé par Radegonde. Le tombeau d’Agnès se trouve dans la crypte, dans une chapelle (je vous la montrerai aussi…), du côté nord. Elle est morte en 588, quelques mois après Radegonde.

Poitiers, église Sainte-Radegonde, le portail, 2, sainte Radegonde À côté se trouve la sainte titulaire (celle qui a donné son nom) de l’église, Radegonde (« Sta RADEGUNDIS ») (dont je vous ai déjà raconté l’histoire). Elle porte sa couronne de reine de France (elle fut, rappelons-le, épouse de Clotaire, fils de Clovis et mourut à Poitiers en 587, enterrée hors les murs romains… là où s’élève maintenant cette église) et lit un livre.

Poitiers, église Sainte-Radegonde, le portail, 3, Vierge à l'Enfant Au centre a pris place une Vierge à l’Enfant (« VIRGO DEI MATRIX)…

Poitiers, église Sainte-Radegonde, le portail, 4, saint Hilaire Puis on trouve saint Hilaire (« Stus HILARIUS »), premier évêque de Poitiers dont le tombeau (et l’église collégiale construite au-dessus) se trouve aussi hors les murs… mais à l’opposé de la ville (il est mort en 367 ou 368, soit plus de 200 ans avant Radegonde).

Poitiers, église Sainte-Radegonde, le portail, 5, monstres aux pieds de saint Hilaire … avec à ses pieds un petit monstre! Il porte, comme l’évêque de la façade de Notre-Dame-la-Grande, le pallium et une chasuble au-dessus de son aube.

Poitiers, église Sainte-Radegonde, le portail, 6, sainte Disciole Tout à droite se tient sainte Disciole (« Sta DISCOLIA »), dont le tombeau (ou au moins l’autel sur son supposé tombeau) est aussi dans la crypte, du côté sud cette fois. Disciole, nièce de Salvius, évêque d’Albi, est morte jeune moniale à l’abbaye Sainte-Croix de Poitiers en 583, un peu avant Radegonde.

La Vierge à l’Enfant, Radegonde et Hilaire devaient exister avant et sont sans doute des réinterprétation voire en partie des copies des statues anciennes (de la fin du 15e siècle), alors que Agnès et Disciole sont des ajouts de la fin du 19e siècle. Elles ont aussi droit, en plus des autels de la crypte qui surmontent leurs tombeaux supposés, chacune à une statue et à une verrière de la même époque (19e siècle) dans l’église.

Le parvis de justice de l’église Sainte-Radegonde à Poitiers

Poitiers, le parvis de Sainte-Radegonde, 1, vue vers le sud-ouest Je vous ai déjà parlé de l’église Sainte-Radegonde à Poitiers pour son chevet et le tombeau de Radegonde, ainsi que pour un chapiteau qui porte Daniel dans la fosse aux lions et la Tentation d’Adam et Ève (ainsi que Nabuchodonosor sur une autre face). Au retour de la promenade nocturne de décembre, je voulais vous montrer ce parvis sur lequel nous nous sommes arrêtés, mais je n’avais pas les photographies que je souhaitais, je suis donc allée en refaire… Cette église a une longue histoire, que je ne reprends pas ici, reportez-vous aux articles précédents. Ce parvis date de la fin du 15e siècle, sans doute en même temps que le placage du portail gothique flamboyant sur le clocher roman (bon, voici encore des articles en perspective…). Lors des derniers travaux de restauration, les vantaux du portail ont pu être datés par dendrochronologie (détermination de la date d’abattage d’un arbre par l’étude de la largeur des cernes successifs): les bois ont été abattus vers 1490, voici qui date à peu près le portail et le parvis.

Poitiers, le parvis de Sainte-Radegonde, 2, vue vers le nord De quoi s’agit-il ? De l’un des rares parvis de justice de la fin du Moyen-Âge qui nous soit parvenu, mais ils devaient être assez nombreux. Pour ceux qui connaissent Poitiers, non loin de là, devant la cathédrale se trouvait un espace de même type, détruit et réaménagé avec des escaliers au 19e siècle.

Poitiers, le parvis de Sainte-Radegonde, 3, le muret et les bancs Revenons à Sainte-Radegonde. Il s’agit d’un espace clos de murs et pavé situé en avant du portail. La justice y était rendue au nom des chanoines du chapitre. Vous apercevez en contrebas du mur de clôture les bancs où prennent place le juge (un abbé sans doute), ses assistants, l’accusé, les témoins, les plaignants, etc. Le public restait à l’extérieur. Les entrées des petits côtés étaient gardés par des lions de pierre aujourd’hui très érodés.

Poitiers, le parvis de Sainte-Radegonde, 4, une entrée à l'ouest Les deux entrées du grand côté étaient gardées par des anges agenouillés (bon, je sais, il n’en reste pas grand chose) qui devaient tenir des écussons (aux armes du chapitre sans doute, peut-être à celle du roi de France).

Poitiers, le parvis de Sainte-Radegonde, 5, l'emplacement du juge Le juge se tenait au milieu, dans une partie où la surélévation du mur marque l’importance du personnage qui siégeait en contrebas…

Dernière précision, sous le pavage doivent se trouver des défunts importants, chanoines et donateurs, alors que le cimetière paroissial se trouve au nord, il servait il y a quelques années de parking, les anciens arbres ont été remplacés par de nouveaux qui ont été plantés au même endroit, pour limiter l’impact sur les sépultures… Si vous voulez voir un détail du pavage, j’en ai mis une photographie dans cet article.

Poitiers, le parvis de justice de Sainte-Radegonde, carte postale ancienne Pour terminer, deux cartes postales anciennes du parvis… La première avec le parvis vide…

Poitiers, le parvis de Sainte-Radegonde avec vendeuses de cierges, carte ancienne … la seconde avec des marchandes de cierges assises sur le mur de clôture… Vous pouvez poursuivre la visite de cette église avec le portail et ses parties du 15e siècle (le collège apostolique (plus détaillé ici) et les singes monstrueux) et les sculptures de la fin du 19e siècle (Vierge à l’Enfant, saintes Agnès, Radegonde, Disciole, saint Hilaire).

Saint Pierre crucifié à Aulnay…

L'église Saint-Pierre d'Aulnay, la façade occidentaleJe vous ai déjà parlé plusieurs fois d’Aulnay, en Charente-Maritime (mais dans l’ancien Poitou historique), par Rémy Prin, un couple, un soldat et un griffon, la Tentation. Je vous ai déjà montré cette vue de la façade occidentale, nous allons nous approcher de l’arcature nord de cette façade, à gauche du portail donc…

Aulnay, église Saint-Pierre, arcature nord de la façade occidentale Allez, on s’approche un peu…

Aulnay, église Saint-Pierre, faux tympan nord de la façade occidentale: crucifixion de Saint-Pierre … encore un peu plus, les chapiteaux seront pour une autre fois… Vous voyez au centre, vous le reconnaissez? Facile, c’est dans le titre de l’article… et c’est quasiment le seul à être représenté comme ça…

Aulnay, église Saint-Pierre, faux tympan nord de la façade occidentale: crucifixion de Saint-Pierre Et oui, vous avez reconnu Saint-Pierre, non pas avec les clefs comme à Notre-Dame-la-Grande à Poitiers, mais crucifié la tête en bas. Il est encadré de deux bourreaux qui lui enfoncent à la masse (bien visible pour celui de droite, qui prend de l’élan avec l’engin tenu à deux mains derrière sa tête) des clous pour tenir les pieds sur la croix. Si les longs vêtements des bourreaux marquent le mouvement, ceux de saint Pierre, par miracle, restent bien en place et ne lui tombent pas sur la tête, en dépit de sa position…