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Romantique, le nouveau défi photo de Bidouillette…

Pont sur la Boivre, noyé par la crueCela faisait longtemps que Monique / Bidouillette / Tibilisfil n’avait pas proposé de défi photo. Le principe, sortir s’aérer, marcher avec son appareil photo et illustrer le thème proposé, cette fois, « romantique »… Bon, depuis décembre, les perturbations atlantiques se succèdent les unes après les autres, et les éclaircies sont rares. Samedi (8 février 2014), après une grosse averse, apparition du soleil. Avec une amie, vite, nous filons en voiture jusque la route de la Cassette, vers les grottes de la Norée (sur la commune de Biard) pour faire une promenade en bord de Boivre, juste dans la continuité de cette précédente ballade au bord de la Boivre, mais sur la route, impossible de prendre les chemins en bord de rivière… Même ce petit pont d’habitude romantique est presque noyé. Mais il ne s’agit que d’une crue annuelle normale en hauteur, elle dure juste depuis des semaines au lieu de rester quelques jours. Après une petite heure de promenade, nous étions à 50m de la voiture quand les premières gouttes tombaient… pour se transformer quelques minutes plus tard en grosse averse avec de petits grêlons. Ouf, nous étions à l’abri de l’habitacle.

Vous pouvez (re)voir l’allégorie de la Boivre sur l’un des plafonds peints de Émile Bin dans la salle du blason de l’hôtel de ville de Poitiers.

Le Clain à Poitiers, graphique des niveaux d'eau sur 7 jour, 11 février 2014, source vigie crue graphique des niveaux d'eau Côté Clain, l’autre rivière de Poitiers, où se trouve mon jardin (lien en juin 2012), ça déborde à peine mais c’est très plein dans le lit majeur, quelques pluies supplémentaires et ça déborde à nouveau, voici le graphique sur les 7 derniers jours proposé par info crue. Le trait bleu est le niveau maximum de la dernière crue de référence, une annuelle normale du 29 décembre 2012 (2m77, il était monté à 2m84 le 13 avril 2012, on est encore loin des 3,31m de décembre 2011 -une petite décennale- ou de la crue centenale de 1982, avec 5,60m le 21 décembre), la limite de débordement officielle est autour de 2m30 (le trait vert), avec le quai dans mon jardin, il déborde plutôt à 2m40 (le trait rouge).

La mairie de Montreuil-Bonnin par Marie Baranger

Mairie de Montreuil-Bonnin, mur 1Après les peintures murales de Marie Baranger dans l’église Sainte-Thérèse à Poitiers (son chemin de croix, les peintures des murs nord et sud du transept et les autels secondaires), je vous propose de découvrir celles qu’elle a réalisées en 1945 dans la mairie de Montreuil-Bonnin, une commune située à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Poitiers, où elle résidait à l’époque. Les scènes illustrent la vie rurale et la vie de famille. Merci à Christian Rome pour ses photographies de 2010 qui illustrent cet article ainsi qu’à Brigitte Montagne, qui m’a permis de consulter l’important dossier qu’elle a recueilli auprès de la famille de Marie Baranger.

Mairie de Montreuil-Bonnin, signature de Marie BarangerCet ensemble porte la signature « 1945 / peint par / Marie Baranger / conseillère / municipale ».

Mairie de Montreuil-Bonnin, mur 1, partie gauche, plan cadastral redessinéJe commence par le mur est (vue générale en première photographie de l’article). Sur la partie gauche, un ensemble de champs stylisés avec quelques indications géographiques (dans le cercle, « Montreuil-Bonnin », les routes « vers Poitiers », « vers Vouillé », des hameaux « le Four » et illisibles, la rivière « la Boivre » (oui, celle qui se jette dans le Clain à Poitiers, et une série de visages qui seraient ceux des élus du conseil municipal de 1945 (celui de Marie Baranger, en haut à gauche, est signalé par une croix blanche).

Mairie de Montreuil-Bonnin, mur 1, dessus de porte, guitare d'après Picasso

Au-dessus de la porte, la guitare puise son inspiration dans la Guitare, de Pablo Picasso, 1916 [selon ses notes, ou 1918, sur le schéma joint à son projet]. A droite, un texte, « Foyer de la culture ».

Mairie de Montreuil-Bonnin, mur 1, partie droite, repas familial

La partie droite est occupée par une scène de partage du pain par le père d’une famille… très nombreuse: un bébé avec sa poupée dans les bras de la mère, une silhouette d’enfant à gauche du père, et sur le grand côté de la table, sept enfants (et un chat) classés façon « Dalton », du plus grand au plus petit… sans oublier le cheval qui passe la tête par la porte.

Mairie de Montreuil-Bonnin, mur 1, quatre détails de la table familiale

Voici quelques détails, certains touchants, la poupée, la caresse du chat ou l’enfant dessiné au trait qui semble bien isolé et bien triste.

Mairie de Montreuil-Bonnin, mur 2, vue générale

Le mur sud comprend trois panneaux peints très différents.

Mairie de Montreuil-Bonnin, mur 2, partie gauche

Sur la gauche, Marie Baranger a écrit qu’elle s’était inspiré d’un dessin, La jeune morte, paru dans un livre de Jean Hannoteaux, 1945 (d’après le site consacré à Jean Hannoteaux, ce recueil date de 1942).

Mairie de Montreuil-Bonnin, mur 2, partie centrale, marianne, danse, boeufs

Au centre, autour de la Marianne sont indiqués plusieurs lieux-dits et noms de pièces de terre : « Les justices », « Terre de Grassais », « Terre de Preuille » (sur le boeuf), « Camp de la Motte » et, masqué par le buste, « la fosse », un bœuf et un mouton. Sur la droite, le couple est inspiré des Fiancés (dans les Acrobates du cirque, Bâle, 1918), de Fernand Léger.

Mairie de Montreuil-Bonnin, mur 2, partie droite, vaches et tuerie du cochon

Sur la droite, quelques vaches au fond et surtout, au premier plan, la tuerie du cochon avec cette légende : « On fait boucherie ». Dans ses notes, Marie Baranger précise qu’il s’agit de la ferme des Boissonnet.

Mairie de Montreuil-Bonnin, mur ouest

Le mur ouest est consacré aux travaux de la ferme. Lors d’une restauration par l’artiste en 1968,  la cour de ferme a été reprise avec la suppression d’un arbre et des chênes.

Mairie de Montreuil-Bonnin, mur ouest, partie gauche, cour de ferme

Sur la partie gauche, les dépendances de la ferme organisées autour d’une cour avec une fermière qui donne à manger aux poules… regroupées autour du chien.

Mairie de Montreuil-Bonnin, mur ouest, partie droite, veau dans un paysage

Sur la partie droite du mur ouest, des veaux paissent et se reposent à l’avant d’un paysage avec une ferme à l’arrière-plan au fond à droite. En bas à droite, ce petit texte : « il était une fois / un berger ».

Mairie de Montreuil-Bonnin, mur nord, vue générale

Le mur nord comprend des scènes assez différentes.

Mairie de Montreuil-Bonnin, mur 4, partie gauche, bergère, et texte sur la porte

Sur la partie gauche, une jeune femme garde des moutons dessinés au trait, à l’arrière, peut-être l’évocation du château. Au-dessus de la porte, un texte comme Marie Baranger en a écrit beaucoup sur ses peintures religieuses, ici en rapport avec le lieu : « L’organisme social / tout le le corps coordonné / est uni par les liens des / membres qui se prettent [SIC] / un mutuel secours / chacun opère selon sa / mesure d’activité, grandit / et se perfectionne dans la / charité ».

Mairie de Montreuil-Bonnin, mur 4, partie droite, le coq

Sur la partie droite, le long de la porte, un ensemble d’outils (échelle, pince, équerre, marteau, faucille). Plus à droite, au-dessus de la cheminée, le Coq gaulois inspiré d’après ses notes du Coq de Joan Miró,  publié en 1940 dans la revue Verve, n° 8. En bas à droite, un texte en « patois »: « En bas à droite du coq: « Eh ma boune / tchi quole / tcheu ? ».

Mairie de Montreuil-Bonnin, ébrasements des portes-fenêtres, motifs géométriques et ethniques

Dans l’ébrasement des porte-fenêtres, des motifs ethniques inspirés de « tous les peuples du monde », ces peuples qu’elle a longuement visité, notamment en Afrique et en Asie, dans les années suivantes…

Photographies de 2010, de Chistian Rome, que je remercie beaucoup.

Le plafond peint par Bin dans la salle du blason (hôtel de ville de Poitiers)

Poitiers, plafond de la salle du blason de l'hôtel de ville, 1, vue générale Je vous ai déjà parlé plusieurs fois de l’hôtel de ville de Poitiers… avant rénovation, en cours de rénovation et après rénovation, l’ancien musée dans l’hôtel de ville, la science et l’agriculture de Louis Ernest Barrias sur le fronton, les tigres chimères d’Auguste Cain… Si la construction l’hôtel de ville est achevée en 1875, la réalisation du décor intérieur va encore prendre plusieurs années.

Aujourd’hui, direction la salle du Blason au premier étage. Il s’agit de l’ancienne salle du Conseil municipal.. et il faut lever la tête vers le plafond. Il se compose de trois éléments, au centre, la ville de Poitiers encadrée par plusieurs allégories, et de part et d’autre, le Clain vers l’est et la Boivre vers l’ouest, position également de ces rivières par rapport au « plateau » du centre ville.

Poitiers, plafond de la salle du blason de l'hôtel de ville, 3, signature Eugène Bin 1883 Le panneau central porte la signature de [Jean Baptiste Philippe] Émile Bin (Paris, 1825 – Marly-la-Ville, 1897) : « E. BIN 1883 ». Les œuvres ont été présentées hors concours aux salons de la Société des artistes français de 1881 et 1882, vous pouvez les découvrir dans les albums photographiques par G. Michelez (clic sur les liens pour voir ces photographies dans la base de données des archives nationales, où ils sont conservés sous les cotes F/21/*7651 pour 1881 et F/21/*7652 pour 1882):

La rivière le Clain en 1881 sous le n° 196

La rivière la Boivre en 1881 sous le n° 197

Plafond destiné à l’hôtel de ville de Poitiers en 1882 sous le n° 259

Dans le même album se trouve, sous le n° 2091, le Triomphe de l’Hyménée, « plafond pour la salle des mariages de l’hôtel de ville de Poitiers », présenté hors concours, commandé par l’État, par Léon Perrault (revoir son portrait et sa maison natale dans cet article), mais je vous en reparlerai une autre fois…comme du plafond de la salle des fêtes par Jean Brunet.

Émile Bin n’est sans doute pas inconnu des préhistoriens (certains sont des lecteurs assidus de mon blog), qui ne connaissent peut-être pas le nom de l’artiste mais au moins l’une de ses œuvres, le portrait de Gabriel de Mortillet (Meylan, 1821 – Saint-Germain-en-Laye, 1898) exposé au salon de 1884 sous le n° 227 et offert à celui-ci par la Société d’anthropologie de Paris (voir l’Éloge de Gabriel de Mortillet dans les Bulletins de la Société d’anthropologie de Paris, V° Série, tome 2, 1901, p. 563).

Poitiers, plafond de la salle du blason de l'hôtel de ville, 2, partie centrale
Revenons au sujet du jour… et aux peintures très académiques d’Émile Bin. La ville de Poitiers, au centre, sous les traits d’une femme, est encadrée par les allégories de la justice et de la force, accompagnées par le travail (avec les ailes et la grosse masse), surmontées de la paix avec ses rameaux et avec, en bas, la charité devant une dame et ses enfants.

Désolée, le jour où j’ai pris ces photographies, ce n’était pas prévu et je n’avais pas de pied photo…

Poitiers, plafond de la salle du blason de l'hôtel de ville, 5, détail de la partie centrale … j’avais quand même pris tant bien que mal un détail de la paix…

Poitiers, plafond de la salle du blason de l'hôtel de ville, 4, allégorie de Poitiers au centre … et de Poitiers encadrée de la justice (avec la balance), et de la force (avec les faisceaux de licteur).

 

Poitiers, plafond de la salle du blason de l'hôtel de ville, 6, la Boivre en haut et le Clain en bas

La Boivre (en haut) et le Clain (en bas) sont représentés dans les panneaux latéraux, à moitié allongés, nus, la main ou le bras en appui sur un vase symbolisant classiquement la rivière, dans un décor de plantes de marécages.

Pas de doute, ces représentations très classiques n’ont rien à voir avec ce que présentaient la même année les artistes du salon des refusés, Pissaro (Jeune paysanne prenant son café en 1881), Manet (Le Bar des Folies Bergère, seconde médaille en 1881), etc.

Vous pouvez voir chez moi aussi ces rivières avec:

– une ballade au bord de la Boivre

– le Clain , la passerelle aux abords du moulin de Chasseigne, la nouvelle passerelle de Montbernage, dans le parc naturel urbain entre Saint-Benoît à Poitiers, en crue hier (février 1904) et aujourd’hui (décembre 2010), en décembre 2011, en mai 2012 ou avec une alerte à la sécheresse (printemps 2011) et presque à sec (21 juin 2011)…

Pour en savoir plus :

– Hôtels de ville de Poitou-Charentes, de Charlotte Pon-Willemsen et Geneviève Renaud-Romieux, Collection Itinéraires du patrimoine, n° 208, édition et diffusion C.P.P.P.C. (Connaissance et Promotion du Patrimoine en Poitou-Charentes), 1999, ISBN : 2-905764-19-8.

– Anne Benéteau-Péan, Grégory Vouhé, Un Louvre pour Poitiers, catalogue d’exposition du Musée Sainte-Croix, 2011.

Promenade champêtre presque en ville à Poitiers…

Poitiers, chemin du tram, 1, le départ A quelques minutes du centre-ville de Poitiers, il est possible de faire des promenades bucoliques. Je vous ai déjà montré plusieurs fois les bords du Clain (le Clain et la la passerelle aux abords du moulin de Chasseigne, le parc naturel urbain entre Saint-Benoît à Poitiers, etc.), que vous pouvez aussi voir en ce moment au conseil général de la Vienne jusqu’au 21 juin 2011 (photographies de Jacques Dupuy et textes des ateliers d’écriture de l’Association « Le jardin aux sentiers qui bifurquent », qui a travaillé avec des collégiens, des classes de SFEGPA, des élèves de l’école de la deuxième chance de Châtellerault et des résidents de la maison de retraite de Montmorillon). Il avait déjà montré sur mon blog quelques-unes de ces photographies. Aujourd’hui, ça sera une promenade au bord de l’autre rivière, la Boivre, qui longe le coteau derrière la gare, et se jette dans le Clain près de la porte de Paris. Il faut partir du pont Achard (près de la tour Aymar de Beaupuy et du pont Achard) ou de la porte de la Madeleine, en descendant le chemin le long du rempart sud. Là, vous arrivez sur l’ancien tracé du tramway qui reliait Lavausseau à Poitiers… N’oublions pas qu’au début du 20e siècle et jusque dans les années 1930, la France était sillonnée de nombreux chemins de fer à voies étroites (1m), sur lesquelles sillonnaient des tramway à vapeur. L’essor de l’automobile en a eu raison…

Poitiers, chemin du tram, 2, percée dans le rempart Pour faire passer ce tramway, il avait fallu éventrer le rempart sud.

Poitiers, chemin du tram, 3, les deux chemins Mais nous partons à l’opposé, vers le sud justement. Très vite, il y a deux chemins. Celui du haut est plus plat, c’est l’ancienne voie du tramway.

Poitiers, chemin du tram, 4, vue sur la Boivre Pour ma part, je prends souvent à l’allée le chemin du bas, qui longe la Boivre…

Poitiers, chemin du tram, 6, le pont de la cassette Après 1,5 km environ, on arrive au pont de la Cassette. Là, on a le choix, franchir le pont et rejoindre les grottes de la Norée et au-delà, toujours en suivant la Boivre (il faut longer une petite route, souvent aménagée avec un chemin piéton protégé en bordure)…

Poitiers, chemin du tram, 5, remontée vers Beljouanne et le chemin haut …soit remonter par le petit chemin que l’on voit sur la photographie, on arrive à l’arrière du quartier de Bellejouane, on peut rejoindre le chemin du haut, et éventuellement en remonter au niveau du cimetière de Chivert pour traverser l’avenue de la Libération et rejoindre la vallée du Clain par le chemin de Traine-Bot.

Poitiers, chemin du tram, 7, au bord de la Boivre A niveau du pont, on peut aussi regarder l’eau tranquille en amont et en aval… même si l’environnement sonore est un peu perturbé par le passage de la rocade un peu plus loin…

PS: vous pouvez voir l’allégorie de la Boivre sur l’un des plafonds peints de Émile Bin dans la salle du blason de l’hôtel de ville de Poitiers.

(Les photographies de l’année dernière, en mai 2011).