Archives de catégorie : Lecture / autres

Toutes mes lectures, à l’exception des bandes dessinées et des livres écrits par des prix Nobel de littérature, classés à part.

Le poignard et le poison, de Marc Paillet

pioche-en-bib.jpgCouverture de Le poignard et le poison, de Marc PailletUn livre trouvé à la médiathèque. Il y avait fort longtemps que je n’avais pas lu un titre de cette série de Erwin le Saxon… que j’ai reprise avec le premier opus.

Le livre : Le poignard et le poison de Marc Paillet, ccollection Grands détectives, éditions 10/18, 1995, 253 pages, ISBN 9782264021298 [à emprunter en bibliothèque, le titre est épuisé chez 10/18].

L’histoire : Autun, hiver 796. Le roi des Francs, Charlemagne, envoie deux Missi dominici (envoyés), l’abbé Erwin le Saxon et le comte Childebrand, à Autun pour enquêter sur des exactions dans le comté, menées notamment par un vicomte qui multiplie les impôts et autres confiscations de biens. Alors que le banquet d’accueil des envoyés se déroule avec forces plats et divertissements, le vicomte est retrouvé mort… empoisonné et avec un coup sur la tête. Le meurtrier a-t-il voulu ainsi mettre fin à l’enquête qui s’ouvre? Quel est le rôle du comte, des femmes, des révoltés qui vivent en marge de la société, de l’intendant?

Mon avis : j’ai toujours un faible pour la période carolingienne… qui m’a valu une assez bonne note à la dissertation d’histoire générale du concours de conservateur du patrimoine e,n 1991 (sujet: l’Empire carolingien, que j’avais traité sous le point de vue Empire de Charlemagne ou empire des Carolingiens… avec une bonne place accordée aux Missi dominici, justement). La série chez 10/18 d’Erwin le Saxon est parue des années plus tard, mais j’en avais lu quelques tomes… Par hasard, je suis tombée sur le premier épisode à la médiathèque… et me suis régalée. Parce que même si l’intrigue policière n’est pas la meilleure, l’ambiance historique est bien rendue!

Syngué Sabour, pierre de patience, de Atiq Rahimi

pioche-en-bib.jpgCouverture de Syngué Sabour, pierre de patience, de Atiq RahimiJe n’avais pas lu ce livre quand il a reçu le prix Goncourt en 2008 ni vu le film qui en a été adapté l’année dernière par l’auteur lui-même… mais en le voyant par hasard dans les rayonnages de la médiathèque, je l’ai emprunté [depuis, j’ai aussi lu La ballade du calame].

Le livre : Syngué Sabour, pierre de patience de Atiq Rahimi, éditions POL, 2008, 160 pages, ISBN 978-2-84682-277-0.

L’histoire : en Afghanistan (ou ailleurs, dit le début du livre), dans une chambre. Une femme veille, égrène un chapelet, psalmodie les noms de Dieu au fil des grains (99 grains à passer 99 tours par jour), depuis plus de deux semaines aux côtés d’un homme qui git, inerte, une balle dans la nuque, une perfusion dans le bras. Quand il n’y a plus de liquide, ce sera un mélange d’eau salée sucrée dans la bouche, des gouttes dans les yeux qu’il garde ouverts… Dehors, deux petites filles qui ne comprennent pas ce qui se passe, la guerre qui continue, la voisine qui tousse, les frères du blessé qui ont disparu, l’imam qui vient en visite le soir, une explosion toute proche, la femme qui craque et raconte à son époux, à ce corps qui continue de respirer sans réaction ce qu’elle a sur le cœur depuis leurs dix ans de mariage… dont seulement trois ensembles, lui ayant passé les autres « à la guerre ».

Mon avis : un livre écrit en français par le poète persan Atiq Rahimi. Pas de séparation en chapitres, juste un saut de ligne ici ou là, un récit qui se lit d’un long souffle, au rythme de la respiration du blessé, de la litanie de sa femme qui peu à peu se transforme, passe de la femme soumise qui, mariée enfant à côté d’une photographie, a attendu trois ans le retour de l’homme, à la femme qui s’assume, finit par se prostituer avec un homme armé entré dans la pièce, alors qu’elle a caché dans un placard son mari pour le protéger, continuant à s’occuper de lui. Petit à petit, elle (s’)avoue qu’elle a déjà tenté de vivre pour elle-même, en se rebellant contre son père qui préférait ses cailles de combat à ses sept filles, en trouvant une solution à la stérilité de son mari, en survivant dans cette pièce au milieu des tirs… Un livre à découvrir!

Et mon mal est délicieux de Michel Quint

pioche-en-bib.jpgCouverture de Et mon mal est délicieux de Michel QuintAprès Effroyables jardins et Aimer à peine, Avec des mains cruelles, La folie Verdier et Close-up, j’ai sorti de la médiathèque un autre livre de . [depuis, j’ai aussi lu L’espoir d’aimer en chemin et Fox-trot].

Le livre : Et mon mal est délicieux de Michel Quint, collection Arcanes, éditions Joëlle Losfeld, 2004, 88 pages, ISBN 978-2070789047.

L’histoire : de nos jours (au début des années 2000?). Un auteur en résidence d’écriture à la chartreuse restaurée de Villeneuve-lès-Avignon cueille une fleur de jasmin et est abordé par Max, qui lui narre son histoire. Juin 1940. La chartreuse en ruines est occupée par de nombreux réfugiés, certains venus du Nord, d’autres qui ont fui la guerre d’Espagne, dont Luz. Max, le jeune fils du juge, devient son Rodrigue chaque soir, récitant le Cid. Un jour, Gérard s’interpose, prend le rôle. Et si c’était Gérard Philipe? 9 mai 1945, à la fin du bal populaire, Luz est frappée d’un étrange mal, Max parti à Paris fera vivre son rêve de revoir Gérard…

Mon avis : un court roman qui, pour une fois chez , ne se passe pas dans le Nord de la France. Il réussit le tour de force de parler en moins de cent pages de la deuxième guerre mondiale, des réfugiés espagnols, d’un crime passionnel, de la déportation et du retour, du monde du théâtre à Paris et au festival d’Avignon, d’une maladie neurologique rare jamais citée mais dont l’un des symptômes est une monoplégie crurale. Un texte dense qui se lit d’une traite…

Made in Vietnam de Carolin Philipps

Couverture de Made in Vietnam de Carolin Philippspioche-en-bib.jpgUn livre jeunesse dont Zazimuth a parlé il y a quelques semaines et que j’ai trouvé à la médiathèque.

Le livre : Made in Vietnam de Carolin Philipps, traduit de l’allemand par Florence Quillet, collection Millézime, éditions Bayard Jeunesse, 2012, 236 pages, ISBN 9782747033350.

L’histoire : de nos jours dans une région reculée du Vietnam. Lan, quatorze ans, a dû quitter sa famille pour subvenir à ses besoins, elle travaille dans une usine qui fabrique des baskets pour de grandes marques occidentales, en dessous de l’âge légal pour travailler, mais personne ne lui demande rien. Les conditions de travail sont épouvantables au milieu des solvants toxiques, avec privation de sommeil, punitions et heures supplémentaires non payées. Quelques mois plus tard, sa petite sœur doit à son tour la rejoindre, avec son amie Hoa, elle fait tout pour tenter de la préserver. Par hasard, elle fait la rencontre du père du patron, le grand-père Lê, qui élève des serpents pour leur venin, et elle finit par travailler une partie de son temps pour lui. Un jour, une famille de donneurs d’ordre allemands vient visiter l’usine pour vérifier les conditions de travail, est-ce que ça sera enfin l’occasion de faire avancer les choses?

Mon avis : j’ai beaucoup aimé ce roman jeunesse. Très documenté, ce roman dénonce avec des mots simples et beaucoup d’empathie la vie des enfants-travailleurs au Vietnam, mais aussi les conditions de vie et de pauvreté  la campagne qui font le lit des marchands de travail à la limite de l’esclavagisme. Les adolescents peuvent s’identifier aux personnages, Lan mais aussi un jeune garçon révolté qui vit dans les anciens tunnels de la guerre contre les Américains. Je ne suis tout de même pas sûre qu’il leur fasse prendre vraiment conscience que les baskets et autres vêtements de marque qu’ils portent sont produits dans ces terribles conditions, au profit des seules firmes internationales et des patrons qui se font le relai sur place. Le dossier à la fin sur l’organisation internationale du travail aurait pu être plus étoffé, il est peut-être aussi un peu trop angélique en disant que les conditions de travail se sont beaucoup améliorées au Vietnam… sans dire que cela entraîne certaines entreprises internationales à aller voir ailleurs si on peut continuer à travailler moins cher avec de la main d’œuvre plus docile!

A chacun de ne pas acheter tout et n’importe quoi!

Nouvelles sur ordonnance de Denis Labayle

Couverture de Nouvelles sur ordonnance de Denis LabayleUn livre qui m’a été envoyé par Zazimuth. il y a déjà un moment… Elle l’avait reçu dans le cadre d’une opération masse critique de Babelio  (elle en a parlé ici). A mon tour, je peux le faire circuler, s’il intéresse quelqu’un..

Le livre : Nouvelles sur ordonnance, de Denis Labayle, éditions Dialogues, 2013, 151 pages, ISBN 9782369450214.

L’histoire : un recueil de dix nouvelles dont le narrateur est un médecin qui rapporte diverses relations avec ses patients, praticien hospitalier parisien. Il s’ouvre par Le mensonge amoureux, le médecin d’abord troublé par une patiente impertinente d’une vingtaine d’années, qui s’avère avoir un grave cancer et que l’on suit au fil de sa maladie, invasion de la chambre par ses amis de banlieue, opération, traitements éprouvants. Dans Le secret du père Jérôme, il est à nouveau question de cancer, mais cette fois d’un ami perdu de vue depuis vingt ans, mais plus que de la maladie, il est ici question du passé des deux hommes et d’un enfant secret… Au fil des nouvelles, vous trouverez aussi une médecin en burn-out (La dérive), un condamné qui sauve un enfant par le don d’un lobe de son foie (Le repenti), l’infarctus du voisin de la maison de campagne (Le jour du 14 juillet), un vieux couple de sans domiciles fixes pour lequel le médecin va découvrir un inhumain centre de séjour (La révoltée des quatre saisons), encore un cancer pour cette femme soumise à son mari entrepreneur (L’inquiétant M. Kervel), le choc des cultures avec la togolaise Célestine (Le ventre de Célestine), l’aide à un ami alcoolique (Bistrot), un cancer qui mène à un grand concert (Docteur Schumann).

Mon avis : Merci à toi, Zazimuth, pour ce livre qui m’a bien plu… et n’hésitez pas à lire son article. Des nouvelles de longueurs variables, de quelques pages à une trentaine de pages, qui sont le reflet de la carrière d’un médecin, de ses amitiés, de ses relations avec ses patients. Il y est aussi question d’éthique, d’adaptation au monde différent de certains patients, du sors réservé aux SdF dans des lieux qui n’ont pas beaucoup évolué depuis les hospices médiévaux, à commencer par le manque d’hygiène et l’éloignement de la ville. Des nouvelles souvent graves, parfois drôles, toujours empreintes d’humanité… à découvrir absolument!

Le coin du voile de Laurence Cossé

Couverture de Le coin du voile de Laurence CosséUn livre prêté par Emmanuelle / le Marquoir d’Élise lors de ma dernière journée à  (revoir les articles sur l’exposition Pierre Albert-Birot et la confiture). Il avait reçu le prix Roland de Jouvenel de l’académie française en 1997 (et le prix des écrivains croyants en 1996).

Le livre : Le coin du voile de Laurence Cossé, NRF collection blanche, éditions Gallimard, 1996, 263 pages, ISBN 9782070730298.

L’histoire : Paris, mai 1999. Bertrand Beaulieu, un casuiste, termine de lire son courrier du jour et repère une enveloppe envoyée par Mauduit, un prêtre défroqué qui lui a déjà envoyé ces derniers mois diverses preuves de l’existence de Dieu… qui s’étaient avérées erronées. Cette fois-ci, il en est sûr, en six feuillets, il s’agit d’une preuve irréfutable qui va changer le monde. Il s’en ouvre à l’un de ses collègues et amis, Hervé, puis à Hubert Le Dangeolet, le supérieur (le provincial) de l’ordre… qui prend l’avis de deux experts théologiens de la compagnie… tous semblent illuminés par ce qu’ils lisent. Le texte est enfermé dans un coffre-fort, mais très vite, le gouvernement, le Premier ministre, l’archevêque de Paris sont au courant. Une question cruciale: quelles seront les conséquences de cette révélation si elle est dévoilée au grand public? faut-il la garder secrète? Un voyage à Rome pour prendre d’autres avis s’impose…

Mon avis : Merci à toi, Emmanuelle / le Marquoir d’Élise, pour ce livre qui m’a bien plu… même si je n’ai toujours pas la « preuve irréfutable de l’existence de Dieu », 😉 , au centre du roman mais qui reste soigneusement cachée et mystérieuse… Au-delà du débat théologique, le processus de la rumeur, des fuites involontaires ou non est au cœur du livre. Un petit clin d’œil rigolo avec l’étude expresse commandée par le ministère de l’intérieur à une société de conseil pour savoir quelles seraient les conséquences de la révélation de la preuve de l’existence de Dieu sur l’économie mondiale… ou sur l’intuition des casuistes (jésuites, avec une saveur particulière aujourd’hui, le pape actuel étant issu de cette compagnie) qu’ils deviendraient inutiles si cette même preuve était divulguée. La fin est un peu curieuse… mais c’est un livre agréable et avec pas mal de pointes d’humour… A vous de lever un coin du voile en feuilletant les pages?

 

Un léger déplacement de Marie Sizun

pioche-en-bib.jpgCouverture de Un léger déplacement de Marie SizunUn livre trouvé à la médiathèque. Il a reçu le Prix Exbrayat 2012.

Le livre : Un léger déplacement de Marie Sizun, éditions Arléa, 2012, 230 pages, ISBN 9782869599710.

L’histoire : Paris, sans doute en 2007 (1962 plus 35 ans). Hélène / Ellen / Lena rentre à Paris après trente-cinq ans d’absence, pour régler la succession de l’appartement de ses parents rue du Cherche-Midi après la mort de sa belle-mère, Ida Zollmacher qui en avait l’usufruit depuis une trentaine d’années et la mort du père. Elle a laissé à New-York Norman, son mari, et leur petite librairie de Chelsea. A Paris, elle se trouve confrontée aux fantômes du passé, la mort de sa mère quand elle avait huit ans, l’arrivée de la comptable de la boutique de chaussures de son père, qui l’épouse très vite, et son fils Stéphane, mais aussi Ivan, un ami de son année de terminale, parti à la guerre d’Algérie l’été suivant… Ce retour sur le passé lui permettra-t-il d’affronter le présent et de se réconcilier avec ses trois personnalités, Hélène de ses parents, Ellen de New-York, Lena de sa belle-mère et Ivan?

Mon avis : j’ai beaucoup aimé ce roman au style clair, agréable à lire, sur le Paris d’hier et d’aujourd’hui, la quête du passé en partie effacé (ou reconstruit) par la mémoire. Retrouvera-t-elle le visage de sa mère, comme effacé? Pourquoi n’est-elle pas revenue à Paris en 35 ans, sauf quelques jours à la mort de son père il y a vingt ans? Et cette fois-ci, restera-t-elle ou laissera-t-elle le notaire s’occuper de la vente de l’appartement? Est-il bien raisonnable de le vendre? Et ce mystérieux demi-frère qui a mal tourné, drogue, prison, fâché avec Ida, qui est- il vraiment? Qu’est-ce qui est arrivé à Ivan en Algérie puis à son retour deux ans plus tard? Autant de questions qui se succèdent, se mêlent au fil du récit et soutiennent le rythme.

L’élimination de Rithy Panh

pioche-en-bib.jpgCouverture de L'élimination de Rithy PanhUn livre que j’avais eu envie de lire à sa sortie, mais j’avais hésité, devant les propos durs qui devaient s’y trouver, opinion renforcée après avoir vu plusieurs émissions avec Rithy Panh. J’ai fini par l’emprunter à la médiathèque.

Le livre : L’élimination de Rithy Panh, avec Christophe Bataille, éditions Grasset, 2012, 333 pages, ISBN 9782246772811.

L’histoire : Phnom Penh, 17 avril 1975. Les Khmers rouges prennent le contrôle de la capitale du Cambodge, la vide de leurs habitants, dont toute la famille de Rithy Panh, 13 ans, dont le père, fils de paysans, était un haut fonctionnaire du ministère de l’éducation. En quelques mois, la famille est décimée, malades et affamés, seuls survivent une grande sœur, un temps perdue de vue, et Rithy, trimbalé de camp de travail en hôpital… En 2003, après plusieurs années de recueil de témoignages et de montage, Rithy Panha sorti le film documentaire S21, La machine de mort khmère rouge, sur le centre de torture et d’exécution S21, où plus de 12000 personnes entre 1975 et 1979 ont été assassinées (1,7 millions de Cambodgiens, un tiers de la population, sont morts pendant ces 5 années). Arrêté en 1999, Duch, le bourreau du camp, est jugé en 2010 par le Tribunal Pénal International. Il accorde une série d’entretiens à Rithy Panh en marge de ce procès, confronté par lui aux documents recueillis.

Mon avis : un roman livré d’une traite, sans séparation en chapitres, juste un saut de ligne entre les passages qui s’entremêlent, entretiens avec Duch (dont est sorti un film que je n’ai pas vu, Duch, le maître des forges de l’enfer), vie aux camps, vie à Paris aujourd’hui, en essayant de « digérer » ce matériau, période de recueil des témoignages pour S21… Plusieurs approches pour témoigner du génocide, de la famine organisée, de l’indifférence voire de la complaisance du reste du monde à l’égard du régime Khmer rouge, critique sur le tribunal pénal international qui livre un documentaire-fiction au lieu de confronter Duch aux documents d’archives. Un Duch qui apparaît froid, menteur, ironique, cultivé, converti au christianisme, en contraste avec la vie du gamin de 13 ans qui en moins de six mois devient orphelin, survit à une grave infection du pied (un accident banal, mais sans médicaments…), au paludisme, à la famine. Un livre dont on ne sort pas indemne, mais dont la lecture est aussi indispensable que celle des grands témoins de la Shoah et des camps nazis… Pour ne pas oublier, pour rendre aux victimes leur place.

Pour aller plus loin sur l’histoire du Cambodge, voir aussi:

Kampuchéa de Patrick Deville

… et bientôt plusieurs bandes dessinées sur le génocide Khmer rouge et le Cambodge, j’ai voulu approfondir le sujet. Voir: L’eau et la terre et Lendemains de cendres de Séra, L’année du Lièvre, tome 1, Au revoir Phnom Penh de Tian.

Laver les ombres de Jeanne Benameur

pioche-en-bib.jpgCouverture de Laver les ombres de Jeanne BenameurJ’ai emprunté à la médiathèque ce livre qui a reçu le prix du livre Poitou-Charentes en 2009 (j’en ai lu un certain nombre, voir le récapitulatif ici). PS: depuis, j’ai aussi lu de cette auteure Profanes.

Le livre : Laver les ombres de Jeanne Benameur, éditions Actes Sud, 2008, 159 pages, ISBN 978-2742777013.

L’histoire : de nos jours dans une grande ville. Lea, 36 ans [sa mère a 76 ans et l’a eu quand elle avait 40 ans], danseuse et chorégraphe, travaille au montage de son prochain spectacle tout en poursuivant une relation avec Bruno, son amant peintre pour qui elle finit par accepter de poser nue. En parallèle, à Naples, de 1940 à 1942, une jeune fille, Romilda /Suzanne, est contrainte à la prostitution par Jean-Baptiste, un homme dont elle pense être tombée amoureuse à l’âge de 16 ans dans le bistrot tenu par sa mère, seule après le départ du père à la guerre. Lea fuit la séance de pose, se retrouve chez sa mère, qui lui a dit il y a quelques jours qu’elle avait des choses importantes à lui révéler, dans une maison côtière où elle s’apprête à subir une violente tempête… une nuit de retrouvailles où tout sera dit, Naples (la grande maison, les clients soldats, la maladie), le mariage en France, l’arrivée tardive de l’enfant, la mort accidentelle du père quand elle avait 6 ans.

Mon avis : un récit fort, la mère et la fille en parallèle, hier (dans les années 1940) à Naples et aujourd’hui, jusqu’à ce qu’elles se retrouvent dans le huis-clos de la chambre alors que la tempête fait rage dehors… et qu’apparaisse en filigrane, intercalé à son tour, le récit de Bruno, abandonné en pleine séance de pose par Lea. Une forme qui donne une grande force à ce texte.

Le bateau du soir de Vonne van der Meer

pioche-en-bib.jpgCouverture de Le bateau du soir de Vonne van der MeerJ’ai trouvé ce livre à la médiathèque en cherchant un autre titre de Vonne van der Meer, dont j’ai lu il y a déjà un moment Le voyage vers l’enfant. Il s’agit de la suite des Invités de l’île, que je n’ai pas lu…

Le livre : Le bateau du soir de Vonne van der Meer, traduit du néerlandais par Daniel Cunin, éditions Héloïse d’Ormesson, 2006, 206 pages, ISBN 978-2-35087-022-7.

L’histoire : en 1998 sur l’île de Vlieland, aux Pays-Bas, une île accessible par bateau, plusieurs fois par jour. Une femme de ménage vient vérifier que tout se passe bien à Duinroos, une maison louée aux vacanciers au bord des dunes. Elle y retrouve des gants oubliés et quelques pages arrachées au livre d’or qu’elle met toujours bien en valeur pour les hôtes. Une femme très malade, venue seule l’année dernière, a laissé ces mots; son mari viendra dans la maison quelques mois plus tard, après son décès. Les vacanciers débarqués du bateau se succèdent dans la maison, des histoires singulières, parfois un peu cabossées… et laissent souvent une trace dans le livre d’or.

Mon avis : les vacances… pas toujours de tout repos pour les personnages qui se succèdent dans cette maison, des mères envahissantes aussi, comme celle qui revient avec sa fille pour la deuxième année et n’approuve pas les choix amoureux de celle-ci, ou cette autre mère avec ses deux fils adolescents, qui soupçonne (et oui…) l’un d’eux d’être homosexuel. Des histoires de couples aussi, deux sœurs qui se retrouvent et dont l’une confie à l’autre un passé qu’elle aurait peut-être préféré ne pas connaître. J’ai bien aimé cette construction du récit où les personnages se succèdent mais « croisent » parfois leurs prédécesseurs par l’intermédiaire du livre d’or. Toujours envie de repartir en vacances? N’oubliez pas les horaires du bateau, si vous avez envie de fuir avant qu’elles ne se terminent…