Le sidaction commence demain, l’occasion d’une grande campagne de prévention et de recueil de dons. L’occasion aussi de rappeler que l’on ne guérit pas du SIDA. Les multi-thérapies ne font que rendre le virus moins voire inactif, mais si le traitement est arrêté, le virus VIH se multiplie à nouveau. Par ailleurs, ces traitements, même s’ils ont fait de nombreux progrès, ils ont de multiples effets secondaires, parfois graves. Alors, si vous êtes séro-négatif, faites tout pour éviter de vous contaminer (UNE SEULE SOLUTION EFFICACE : LE PRÉSERVATIF), si vous êtes séro-positif, redoublez de précautions et suivez votre traitement (il y a beaucoup de mauvaise observance des traitements), si vous ne connaissez pas votre statut sérologique et avez un doute, allez faire un dépistage gratuit… qui ne donnera qu’une réponse au moment du test.
Benoît XVI les accumule vraiment en ce moment, en déclarant que (texte emprunté au site du Monde) » l’on ne peut pas régler le problème du sida avec la distribution de préservatifs » mais qu’au contraire, » au contraire [leur] utilisation aggrave le problème « . Ce n’est pas seulement une ineptie, mais aussi une MONSTRUOSITÉ, de la NON-ASSISTANCE À PERSONNES EN DANGER… Mais là, il a de l’expérience ! Cette pauvre petite brésilienne de 9 ans, enceinte de jumeaux, violée par son beau-père, aurait eu de graves problèmes (vitaux) si elle n’avait pas avorté. Si sa mère a été réintégrée dans l’Église, l’excommunication des médecins est maintenue, HONTE À L’ÉGLISE CATHOLIQUE (avec une majuscule, l’institution) ! Quant au violeur, personne n’en parle. Espérons qu’il soit quand même en prison et excommunié. D’autant plus qu’il aurait aussi violé la sœur aînée, handicapée, de la fillette.
Quant à Catherine Boutin (voir aussi le texte sur le site du Monde), elle a dit que ce n’est » pas drôle de mettre le préservatif quand on fait l’amour » et ajouté quand même » chacun fait comme il peut et comme il veut « . Parce qu’elle connaît le mode d’emploi ? Elle, l’hyper-catholique, utiliserait quelque chose qui sert aussi de contraception ? Oui, bien sûr, puisque comme 99,99 % des catholiques pratiquants, elle n’a pas eu 10 ou 12 enfants et a donc utilisé (oui, au passé, vu son âge… elle est née en 1944, information piochée sur le site du premier ministre) indiscutablement un moyen de contraception… ou l’abstinence absolue (si vous ne vous souvenez plus, les liens vers les encycliques contre la contraception, dont Humanae vitae, dues aux prédécesseurs du Benedicto XVI sont dans cet article) ! Quand on sait qu’elle est membre de la Commission nationale consultative des droits de l’homme, on croit rêver ! La moindre des choses aurait quand même été de condamner clairement les propos du pape.
Heureusement, à part certains évêques (mais pas tous), Mme Boutin et quelques autres catholiques, intégristes ou non, cette condamnation des propos pontificaux est assez unanime, j’ai particulièrement apprécié ceux d’Alain Juppé, prononcés sans délai et très justes (pour une fois que je partage un de ses textes…).
Mon père m’a signalé ce lien vers un site catholique, avec une page sur le préservatif, site qui rappelle qu’aucun pape n’a jamais parlé du préservatif, et bien cette fois, il aurait aussi mieux fait de s’abstenir, le Benoît… Et il a bien mal choisi son nom de pape (Benoît / Benedicto), le cardinal Ratzinger… Si ce site justifie la position de l’église sur la sexualité, ouf, il dit aussi : » Que les éducateurs et personnels chrétiens de santé tiennent compte de l’épidémie du SIDA dans leur manière de participer à l’éducation sexuelle et recommandent l’utilisation du préservatif plutôt que de transmettre un virus mortel, c’est en effet normal « . Quelle aurait été la réaction de sœur Emmanuelle, qui distribuait la pilule et les préservatifs et le clamait haut et fort ?
En attendant, sortez couverts et soutenez le sidaction, en donnant un peu d’argent ou juste un peu de temps, ne serait-ce qu’en diffusant le lien.
Post-scriptum : les positions positives du pape sur les traitements et leur gratuité ne sauraient en aucun cas limiter l’impact de ses propos sur le préservatif. Rappelons que les traitements ne soignent pas mais ralentissent l’évolution de la maladie, le virus reste présent sauf dans les premières heures qui suivent une possible contamination ou pour éviter la transmission de la mère au fœtus et lors de la naissance, quand la charge virale potentielle est encore très faible. La seule façon de combattre efficacement le SIDA, surtout quand 10 ou 20 % des jeunes de 20 à 30 ans sont contaminés, c’est d’éviter la transmission par le port du préservatif et l’utilisation de matériel médical (seringues, spéculums, etc.) stérile et à usage unique. Pour la traduction en français du verbatim (=transcription littérale) du discours du pape hier, il est en ligne sur le site de la Croix (suivre ce lien et cliquer sur lire la suite).