J’ai trouvé ce livre parmi les nouvelles acquisitions de la médiathèque.
Le livre : Treize marches de Kazuaki Takano, traduit du japonais par Jean-Baptiste Flamin, éditions Presses de la Cité, 2016, 362 pages, ISBN 9782258134119.
L’histoire : à Tokyo, au début du XXIe siècle. Shôji Nangô, un gardien de prison qui s’occupe de réinsertion des délinquants et criminels, traumatisé d’avoir participé à deux exécutions capitales, répond à l’annonce d’un avocat qui veut sauver Ryô Kihara, trente-deux ans, dont l’exécution de la peine de mort est imminente. Bien qu’amnésique des faits, il a été condamné pour avoir été retrouvé dix ans plus tôt, ensanglanté, à proximité de la scène du double meurtre de son conseiller en réinsertion et de sa femme. Pour mener à bien son enquête, Shôji Nangô fait libérer en conditionnelle sous sa responsabilité Jun’ichi Mikami, condamné à deux ans de prison pour homicide involontaire et qui, au moment des faits, avait fugué avec son amie de lycée dans la même ville.
Mon avis : avec ce livre, nous entrons dans un monde très différent du nôtre, où le repentir du délinquant – et a fortiori du meurtrier – joue un grand rôle, ainsi que l’indemnisation et le pardon des victimes. Un système avec des libérations conditionnelles et un suivi par des conseillers privés, qui ont le pouvoir de renvoyer pour toujours en prison les personnes qu’ils suivent. L’importance des sceaux – pour authentifier un document, à la place de notre signature – saute aux yeux. Ce roman détaille aussi le processus d’exécution des peines de mort au Japon, sans vraiment la dénoncer clairement, au travers de l’ambiguïté des personnages et de leurs motivations dans cette histoire. Tout se joue sur des symboles : treize marches, celles revenues en flash par le condamné amnésique, mais aussi les treize étapes administratives (avec treize sceaux) à franchir pour exécuter la sentence. Bon, côté polar, je n’ai pas vraiment mordu, mais ce livre m’a éclairé un peu sur la société nippone et ses contradictions face à la justice, à la peine de mort, à la rédemption des coupables, la financiarisation avec des dommages et intérêts exorbitants à payer par le coupable ou sa famille s’il ne peut pas seul. Dommage que certains aspects ne soient pas plus développés, comme le viol dont a été victime une jeune fille, qui l’a brisée psychologiquement, entre les lignes et en quelques pages apparaissent sa détresse et ses tentatives de suicide, sa honte et son impossibilité de porter plainte, qui aurait encore aggravé sa honte. Bref, son statut de victime a été nié, enfin même pas nié, puisque seuls quatre personnes sont au courant, ses trois agresseurs et son petit ami.