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Les moissons du futur demain sur Arte

Pochette du DVD les moissons du futur de Marie-Monique Robin A ne pas rater demain 16 octobre 2012 sur Arte, à 16h55 et à 20h50, les Moissons du futur réalisé par Marie-Monique Robin (qui a déjà produit le monde selon Monsanto et Notre poison quotidien sur les pesticides), suivi d’un débat. J’ai raté il y a quinze jours l’avant-première lors de l’écofestival de Parthenay, mais en ai beaucoup entendu parler. Il sera question de l’agroécologie, dont Olivier De Schutter rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation à l’ONU a affirmé le 8 mars 2011 (quelques jours avant Fukushima…) que c’était le seul modèle agricole viable sur le long terme… Il en a été déjà question dans tous Cobayes de Jean-Paul Jaud (toujours projeté dans quelques salles d’art et essai). Vers la fin du modèle agricole dominant à la sauce pesticides (et OGM tolérants aux pesticides)??? En attendant, certains agriculteurs commencent à se convertir… plus par peur des maladies (ils ont plus de cancers, de problèmes de reproduction, de puberté précoce chez leurs fillettes, etc.) que par réelle conviction pour certains, mais c’est déjà ça…

Un livre aussi (aux éditions de la découverte) et un DVD dans quelques jours…

Au marché la semaine dernière… chou et poulet

Chou chinois acheté en octobre 2012 Au marché cette semaine, un gros chou chinois, plus digeste je trouve que le chou vert, 1,5€ pièce. Il a fini en trois usages (je n’ai pas pris de photographies): j’ai cuisine le vert des feuilles extérieurs coupées en fines lanières et sautées rapidement à feu vif dans du beurre, bon, pas terrible, le beurre cuit, mais pour une fois, excellent! Le cœur, je l’ai mangé en salade. Et les cotes des feuilles extérieures ont fini dans la soupe… Rien ne se perd… avec un bon lavage, les petites limaces noires sont de retour avec la pluie…

Poulet avant cuisson, octobre 2012 J’ai aussi pris un poulet fermier élevé au grain de la ferme, sans OGM, dans les conditions du bio (sans le label AB néanmoins), à mon producteur habituel… Encore un poulet trop gros qu’il a fallu amputer des cuisses pour le faire entrer dans mon faitout (je les ai mises à cuire avec le reste, découpées, ça rentrait…). J’ai cuisiné une variante du poulet au cidre et aux légumes nouveaux et du coquelet au cidre. J’ai sorti les abats pour la photo, vous voyez, c’est un vrai poulet qui a tous ses morceaux, y compris le cou… à manger avec un petit couteau pointu!

Sur le prix du poulet, puisque j’ai eu des questions suite à plusieurs articles (notamment tous Cobayes de Jean-Paul Jaud), la rémunération des industriels et des producteurs (bio ou industriels), voici un petit tableau que j’ai reconstitué à partir d’un article paru dans le numéro 4789 du 8 août 2012 du Canard Enchaîné, à partir d’un poulet industriel genre ex-Doux et un producteur bio du Gers qui produit 12.000 poulets par an, avec abattoir chez lui, AMAP et vente directe. Cela vous donne une idée de la rémunération de l’éleveur et de l’intégrateur (celui qui fourni les poussins, la nourriture gavée d’antibiotiques -utilisés contre les épidémies et comme stimulateur de croissance- et souvent OGM importé pour le maïs, et récupère le poulet près à abattre). A vous de choisir qui vous préférez rémunérer…

Ligne budgétaire Poulet industriel Poulet bio
Coût de production 2,7 € / kg 2,8 €/kg
Coût de mise en marché 1,3 €/kg
Prix de vente 5,5 €/kgplus les subventions payéespar les impôts 7,5 €/kg
Revenu de l’agriculteur 0,6€ / kg 3,4 €/kg
Marge de l’intégrateur 2,2 € / kg 0 €

J’ai aussi fait un relevé de prix, en direct (marché et monoprix) et sur les sites Drive de grandes enseignes, toutes sur Poitiers… Surprise, le poulet Louet label rouge est beaucoup plus cher chez Géant Casino que le poulet fermier élevé dans les conditions du bio (grains produit sur l’exploitation, pas plus de un traitement antibiotique sur la vie du poulet, durée d’élevage et superficie par poulet), sans le label (voir sur la question de la non-labellisation l’avis de Richard Leroy dans les ignorants d’Étienne Davodeau). Je préfère un poulet élevé dans ces conditions sans le label que le nouveau « bio-industriel » ou « bio-low-coast » que l’on voit apparaître ici et là et qui est plus industriel que bio.

Quant aux poulets industriels sous marque distributeur (maître coq) de Leclerc et Super U, je n’ose même pas imaginer ce que touche l’éleveur par poulet.

Poulet industriel Poulet label rouge Poulet du marché
5,85 (1a) 7,85 (1a) 8,65 (6)
5,2 (2a) 7,16 (1b) 7,6 (7)
3,81 (3d) 7,78 (1c)
3,18 (4a) 9,83 (2b)
6,42 (3d, poulet blanc)
6,77 (3d,poulet jaune)
7,60 (5b)
Moyenne Moyenne Moyenne
4,51 7,63 8,125

Voici le code pour les relevés de prix, en euros par kg, réalisés les 5 et 6 octobre 2012. Pour les supermarchés en commande en ligne, le choix est limité, mais je n’allais quand même pas aller jusqu’au magasin pour relever les prix en rayon. Pour certains, ils ne donnent pas le prix au kilo mais au poulet, j’ai recalculé avec le poids, c’est dingue, des poulets tous au même poids, d’ailleurs… Le prix du poulet jaune (miam, nourri au maïs… aux pesticides et aux OGM) est en général le même que celui du poulet blanc.

– 1: Monoprix centre ville de Poitiers

– 2: Géant casino Poitiers

– 3: Leclerc Drive Poitiers

– 4: Super U Buxerolles (banlieue de Poitiers, pour les lecteurs non locaux)

– 5: Intermarché Buxerolles

– 6: ferme de la Giraudière / Sylvie Debelle à Chabournay (marché bio du vendredi soir square de la République, présente aussi au marché des Couronneries le mercredi et le dimanche), c’est là que je m’approvisionne en général

– 7: Le grand Logis / Julio Cesar Rubio Bartolo à Moncoutant (marché Notre-Dame du samedi), et oui, il n’y a pas que des brodeuses ou le centre de pêche Pescalis, à Moncoutant!

– a: marque distributeur

– b: Loué

– c: Périgord

– d: maître coq

Tous cobayes de Jean-Paul Jaud

Affiche de Tous cobayes de Jean-Paul Jaud

Vendredi dernier avait lieu à Poitiers une séance spéciale de Tous Cobayes de Jean-Paul Jaud, en présence du réalisateur et de quelques acteurs régionaux présents dans le film :

– Benoît Biteau, ingénieur agronome, conservateur du patrimoine, conseiller régional… et agriculteur bio en Charente-Maritime (voir une présentation complète avec le procès en appel des faucheurs volontaires à Poitiers et l’aventure de la reconversion de l’exploitation agricole de ses parents sur son site, voir aussi des vidéos ici)

– le père Gourrier, curé (engagé) de l’église Saint-Porchaire à Poitiers (il est aussi chroniqueur dans une émission humoristique sur une grande chaîne de radio nationale… que je n’écoute jamais)

– Bruno Joly, agriculteur en cours de conversion bio à Saint-Gervais-les-Trois-Clochers, qui a redécouvert il y a quelques années les semences paysannes (ici de maïs et de blé « population »), celles que le précédent gouvernement souhaitait taxer parce qu’elles échappent au paiement des semences aux groupes internationaux de vendeur de semences et de produits chimiques… Voir le réseau Inpact, initiatives pour une agriculture citoyenne et territoriale.

Le film (présentation officielle du site J+B séquence, producteur du film :  » Comment se fait-il que les OGM agricoles soient dans les champs et dans les assiettes alors qu’ils n’ont été testés que pendant trois mois sur des rats ? Comment se fait-il que l’énergie nucléaire soit toujours l’énergie du futur alors que les hommes ont vécu Tchernobyl et Fukushima? Les conclusions seraient-elles accablantes ? OGM, Nucléaire : L’homme s’est approprié ces technologies sans faire de tests sanitaires ni environnementaux approfondis alors que la contamination irréversible du vivant est réelle. Serions-nous tous des cobayes ?« .

Mon avis : Jean-Paul Jaud a filmé dans le plus grand secret l’expérience menée pendant deux ans par le professeur Gilles-Eric Séralini sur les effets d’un OGM de maïs (qui lui permet d’être tolérant au roundup) sur les rats… Vous en avez forcément entendu parler ces derniers mois et Monsanto a déjà contre-attaqué en essayant de discréditer cette étude… Alors qu’au siège de l’ONU à Genève, Olivier De Schutter rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation venait le 8 mars 2011 de conclure que le seul modèle agricole viable sur le long terme était l’agroécologie (voir ici, désolée, je n’ai trouvé que la version officielle résumée en anglais, le lien dans le pdf vers la version intégrale multilingue ne fonctionne plus), le tsunami a entraîné trois jours plus tard la destruction de la centrale nucléaire de Fukushima… Dans les deux cas, la folie des hommes (manipulation du vivant pour les OGM, radiations pour des millénaires pour le nucléaire) entraîne des conséquences irréversibles et à long terme… Un public « acquis à la cause », et pourtant, une de mes voisines de fauteuil, d’un certain âge, a découvert seulement ce jour là qu’on était passé à deux doigts de la catastrophe nucléaire au Blayais lors de la tempête de 1999 (la tempête a submergé les installations, l’évacuation de Bordeaux a sérieusement été envisagée)… Ce n’est pas dans le film, mais presque 13 ans après, les travaux de rehaussement de la route d’accès à cette centrale ne sont toujours pas correctement réalisés, comme l’a montré le rapport post-Fukushima. Un film à voir absolument, à faire connaître, en attendant la sortie officielle en librairie du livre du professeur Gilles-Eric Séralini.

Pour aller plus loin :

 

– dimanche 7 octobre 2012 à Vivonne (Vienne) : cinquième fête des cueilleurs de biodiversité, participez à la récolte et à la sélection du maïs population à la ferme de Vaumartin, plus de renseignements sur le site du réseau des semences paysannes [je cherche une possibilité de co-voiturage pour y aller, la gare de Vivonne est un peu loin].

– économisez l’énergie [j’en suis à moins de 180€ par an d’électricité et 80€ de gaz, surtout de l’abonnement à ce niveau, hors chauffage et eau-chaude, collectifs, mais avec une très faible consommation en mètres-cubes].

Si vous voulez allez plus loin dans la démarche et si ce fournisseur est disponible chez vous, changez de fournisseur d’électricité et choisissez Enercoop (recommandé par Jean-Paul Jaud) et arrêtez de financer les centrales nucléaires (enfin, ça sera toujours le contribuable qui paiera le stockage des déchets voire le démantèlement des centrales). 15 à 25% plus cher (d’après le devis que j’ai fait faire), l’engagement à un coût… que je n’ai pas encore franchi [PS : que j’ai franchi au 1er janvier 2013].

 

– mangez bio si vous le pouvez, au moins, vous éviterez les pesticides (revoir dans Severn, Nos enfants nous accuseront les dégâts sur les agriculteurs) et vous pourrez même tester certaines recettes avec des épluchures . Vous serez aussi certain de ne pas manger du poulet ou du bœuf nourri aux maïs et soja OGM, en élevage conventionnel, ce type de nourriture est devenu habituel… voir ici une comparaison du prix du poulet.

le 16 octobre 2012, ne ratez pas sur Arte le reportage de Marie-Monique Robin (présenté le week-end dernier en avant première à l’écofestival de Parthenay) et achetez son livre… Les moissons du future, comment l’agroécologie peut nourrir le monde.
Civaux, dessin humoristique sur le silicone de la centrale
PS: je reviens très vite vous parler à nouveau de ma centrale nucléaire préférée (Civaux), construite sur le karst, ses problèmes avec la sécheresse, avec une petite crue de la Vienne (et une promenade imprévue de carburant radioactif), une fuite de tritium en janvier 2012, la suite de cette fuite (février 2012)…

Procès en appel des faucheurs volontaires d’OGM à Poitiers…

Janvier 2012, manifestation et stand lors du procès en appel des anti-OGM

Edit de 20h le 16 février 2012 : les faucheurs volontaires dont il est question plus bas, relaxés en première instance, ont été hélas condamnés en appel (voir plus bas…). Rendez-vous en cours de cassation?

Voici un long article sur un combat de longue haleine, loin d’être terminé, et qui demande une vigilance de tous les jours… L’article est long, mais j’espère que quelques-uns de mes lecteurs le liront en entier… et je reviendrai sans doute prochainement sur certains sujets, n’hésitez pas à suivre les liens.

Alors que le conseil d’État a annulé en novembre 2011 l’interdiction du maïs Monsanto 810 en France, des faucheurs volontaires ont détruit des semences prêtes à partir dans les champs sur un site de Monsanto dans l’Aube (voir l’article du Monde); le gouvernement a promis de reprendre un arrêté de moratoire avant les semis de printemps, cela reste toujours en attente… (il dit vouloir le prendre le plus tard possible),

… alors que wikileaks (télégramme 07PARIS4723 daté du 14 décembre 2007) a révélé une correspondance de l’ambassadeur des États-Unis en France prônant une riposte ferme au cas où la France suspendrait à nouveau l’autorisation des OGM en France (pour faire un exemple et éviter que d’autres Européens ne prennent les mêmes mesures),

…alors que BASF renonce aux recherches sur les pommes de terre OGM en Europe… car les organismes génétiquement modifiés (OGM) y sont trop mal vus (l’article du Monde),

… alors que les semences seront désormais taxées, et oui, plus le droit de faire ses propres semences (que l’on soit agriculteur ou même jardinier amateur!) en « lésant » les sociétés de biotechnologies qui ont tentent de mettre la main sur le génome et brevètent le vivant qui devrait être le bien de tous… même si vous faites vos semences, vous devez payer et cela sera reversé à ces firmes… (voir la loi n°2011-1843 du 8 décembre 2011 relative aux certificats d’obtention végétale, heureusement encore en attente de décrets, voir ici les article concernés dans le code de la propriété intellectuelle),

… alors que les producteurs d’OGM tentent de faire admettre en droit européen la coexistence: les deux types de cultures pourraient cohabiter, et pour éviter que le miel soit contaminé comme cela a été le cas en Allemagne, les apiculteurs n’auraient pas le droit de mettre leur ruche à moins de 3 km d’un champ d’OGM… et pourquoi pas l’inverse??? Les apiculteurs n’ont rien demandé, alors, il serait plus logique d’interdire la plantation d’OGM à moins de 3 km des ruches, surtout que les champs de Mon 810 par exemple sont plein d’herbicides et de round’up suspecté d’être toxique pour les abeilles, le but étant de rendre le maïs insensible au désherbant pour en arroser le champ (en Amérique du Nord, cela a entraîné une augmentation continue de ces produits sur ces champs OGM, les mauvaises herbes devenant très vite résistantes aux produits chimiques)…

…a eu lieu à Poitiers le 13 janvier 2012 le procès en appel de huit faucheurs volontaires (sur 150 ayant participé à l’opération) accusés d’avoir, à Valdivienne et Civaux (oui, à l’ombre de ma centrale nucléaire préférée), fauché des parcelles d’essais de maïs OGM Monsanto 810, le 15 août 2008. Ils avaient été relaxé en première instance (procès le 14 juin 2011, délibéré rendu le 28 juin 2011) sur des bases strictement juridiques, sans que le tribunal examine les questions de fond… le parquet avait fait appel au dernier moment… Edit de 20h le 16 février 2012: la cour d’appel de Poitiers les a condamnés à des jours-amendes, avec sursis pour 5 d’entre eux, fermes pour 3 autres (« récidivistes », dont José Bové et François Dufour), et à de lourds dommages et intérêts à verser à Monsanto et Idémaïs.

Le comité vigilance OGM 86 (qui réunit aussi bien des écologistes, des agriculteurs que des défenseurs des consommateurs, dont la Confédération paysanne, la Biocoop, Vienne Agrobio, Greenpeace, l’UFC Que Choisir, les Amis de la Terre, etc.) avait organisé la veille au soir un grand débat à la maison du peuple à Poitiers (pleine à craquer…), sorte de répétition générale pour les témoins appelés à la barre le lendemain, soit par ordre d’intervention et Pierre-Henri Gouyon. À la fin de la soirée, sept des huit inculpés, dont José Bové et François Dufour, vice-président Europe-écologie-les-Verts du conseil régional de Basse-Normandie, sont venus se présenter sur scène. Le jour du procès, le maire n’a pas osé faire enlevé leur stand, même s’ils vendaient sur la voie publique des boissons alcoolisées… à savoir un très bon vin chaud à base de vin bio… Et le soir a eu lieu une grande soirée au Plan B. Voici donc un bref aperçu de la conférence… toujours par ordre d’apparition.

Un message de Stéphane Hessel

Stéphane Hessel (l’auteur de Indignez-vous!) aurait pu venir au procès, mais il était soufrant. Il a fait passer un message enregistré (vu à la conférence, mais refusé au tribunal) : vous pouvez le voir sur le site de la Nouvelle-République.

L’avis d’un élu, Benoît Biteau. Que vaut l’AOC beurre Charente-Poitou???

Ingénieur agronome, conservateur territorial du patrimoine, Benoît Biteau est élu au conseil régional de Poitou-Charentes, chargé de l’agriculture. Il y a quelques années, il s’est mis en disponibilité de son poste de conservateur pour reprendre la ferme de son père à Sablonceaux près de Royan… 180 ha, dont 120 de maïs qui consommaient en eau l’équivalent d’une ville de 70.000 habitants. Avec son frère et un autre associé, ils ont repris l’exploitation, reconvertie à l’agriculture biologique avec une partie en vignes, une partie en cultures maraîchères et le reste (les anciens maïs) en polyculture et élevage notamment de vaches maraîchines… Voir l’aventure de cette reconversion sur son site. En 2011, cinq ans après la reprise, il y a eu zéro irrigation, et depuis le début, ils ont replanté des hectares de prairies et des milliers d’arbres… Il a expliqué sa démarche, et au passage, sérieusement égratigné le beurre AOC (appellation d’origine contrôlée) Charente Poitou, produit avec du lait de vaches nourries au maïs venant de partout et au colza OGM. Intriguée, je suis allée vérifier le décret de cette AOC… En effet, l’AOC du Beurre Charente Poitou et du beurre AOC des Deux-Sèvres, définis dans le même décret du 29 août 1979 publié au Journal officiel du 31 août 1979 mériterait un sérieux nettoyage pour avoir la moindre crédibilité. Les seules contraintes sont la zone d’élevage et d’implantation des usines de transformation (très très large, beaucoup plus que la région administrative), rien sur l’alimentation, la race des vaches, etc. La seule mention sanitaire? A l’article 2, les vaches doivent être soumises au dépistage de la tuberculose et de la brucellose… et le lait et la crème utilisés doivent être pasteurisés, la crème doit subir une maturation biologique. Je comprends mieux pourquoi je n’ai jamais trouvé de beurre différent des beurres pasteurisés ordinaires… Faudra-t-il se battre pour une révision des règles de cette AOC ? (sur un sujet voisin, voir les ignorants d’Étienne Davodeau, où Christian Richard explique pourquoi il est sorti de l’AOC d’Anjou où il est vigneron)…

Les OGM pour quoi faire ? par Jacques Testart

Jacques Testart retrace sa carrière, depuis le traitement des vaches pour qu’elles produisent plus de lait (alors que l’Europe s’acheminait vers la surproduction et les quotas laitiers), puis la conception des « bébés éprouvettes ». Il rappelle que si la fécondation in vitro pose des questions d’éthiques directes ou dérivées (que fait-on des embryons surnuméraires?), elle répond à une attente des parents stériles, alors que personne ne demande d’OGM à part les producteurs de semence et de produits chimiques.

OGM : une coexistence possible ? par Pierre-Henri Gouyon

Si vous écoutez (en direct ou comme moi en différé) la Tête au carré sur France Inter, vous l’entendez parfois le vendredi. Cet ingénieur agronome, docteur en génétique, aujourd’hui professeur au muséum national d’histoire naturelle (voir son long CV sur le site du Muséum), à l’AgroParisTech et à Sciences Po (Paris), spécialiste notamment de génétique des populations, a exposé le problème posé par le brevetage des semences, qu’elles soient OGM ou non, la conséquence sur la perte de diversité par rapport aux semences paysannes (réalisées sur la ferme), mais aussi l’enjeu financier pour le semenciers qui sont aussi souvent les fabricants d’herbicides et de pesticides… Il ne s’agit pas de faire mieux vivre la planète, d’avoir des rendements meilleurs, mais de contrôler la vente des semences et des pesticides. Il a aussi exposé les risques de contamination sur la même espèce, mais aussi sur les espèces voisines (c’est peu le cas pour le maïs, mais un fléau pour le colza). Il a montré en quoi Monsanto exerçait son lobbying partout (auprès du gouvernement américain, de a communauté européenne) en plaçant ses dirigeants aux postes clefs, en quoi l’équivalence en substance (une plante OGM serait identique à une autre plante non OGM car elle a quasiment le même génome… est une escroquerie… sur ce raisonnement, les vaches folles sont aussi des vaches comme les autres), le danger de la coexistence des deux types de cultures (voir plus haut en introduction).

Je n’ai plus de place pour vous parler du débat, mais les questions soulevées reviendront sans doute aussi ici…

PS : je vous recommande le film tous cobayes de Jean-Paul Jaud

Lettre ouverte à l’Afrique cinquantenaire d’Edem Kodjo

Couverture de la lettre ouverte à l'Afrique cinquantenaire, de Kodjo pioche-en-bib.jpg

J’ai trouvé ce livre à la médiathèque parmi les nouvelles acquisitions…

Le livre : Lettre ouverte à l’Afrique cinquantenaire de Edem Kodjo, collection Continents noirs, éditions Gallimard, 2010, 77 pages, ISBN 978-2-07-013150-1.

L’histoire : à l’occasion des multiples fêtes du cinquantenaire des indépendances des pays africains, l’auteur s’adresse à l’Afrique et à ses dirigeants réunis pour de multiples festivités pour faire le constat d’un grand retard de ce continent par rapport aux autres pays devenus « émergents » (dont le fameux trio Brésil, Inde, Chine), dénonce l’exploitation de ses richesses par quelques dirigeants à leur profit ou à celui de quelques multinationales, et propose quelques solutions comme le développement de l’agriculture, la réorganisation du système bancaire au profit du crédit aux particuliers et aux entreprises (et non à celui des banquiers), une vraie démocratie ou la création d’une monnaie unique à l’échelle du continent.

logo du chalenge 1% rentrée littéraire 2010Mon avis : bien que faisant partie des livres de la rentrée littéraire 2010 (catégorie essais, donc en dehors du défi du challenge du 1 % rentrée littéraire 2010, repris par Schlabaya), ce livre de Edem Kodjo, ancien Premier ministre du Togo et secrétaire général de l’OUA (devenue l’Union Africaine) est presque complètement dépassé par les événements de ces derniers mois en Afrique-du-Nord ou en Côte-d’Ivoire. Certes, les coups d’État signalés pour l’année 2009 peuvent être vus comme les prémices de ce grand mouvement, et les solutions proposées pour permettre le développement économique de l’Afrique sont sans doute encore d’actualité, mais quand même, l’histoire s’est accélérée à un tel point sur ce continent qu’il faudrait une nouvelle version de ce livre… Je ne suis pas sûre d’être entièrement d’accord avec l’auteur sur le développement de l’agriculture en Afrique qui passerait par le productivisme, la mécanisation (là, d’accord), le déversement de produits chimiques (engrais et pesticides) et les OGM (ils permettent surtout aux semenciers et aux vendeurs de pesticides de s’en mettre plein les poches avec des graines impossibles à resemer d’une année sur l’autre et des produits résistants aux pesticides qui permettent d’en verser encore plus dans les champs).

logo tour du monde en lecture Ce livre entre dans le cadre du défi du tour du monde des livres, organisé par Livresque, au titre du Togo.