Il y a quelque temps, je vous avais parlé d’un livre de Gil Jouanard, Le goût des choses. Le jour et l’heure (éditions Verdier, 1998, ISBN 2-86432-296-X) en est la suite, récit toujours plus ou moins au jour le jour de ses notes de voyage et impressions de 1995 à 1997. Il y a toujours des allusions à la préhistoire, aux origines de l’homme, à la conservation de cet héritage (il s’offusque de la destruction d’un tumulus sur un des causses par un agriculteur pour élargir son champ). Les pages de descriptions de Dublin et autres régions d’Irlande sous la pluie m’ont rappelé mon dernier séjour là-bas ! À lire si vous aimez cette succession de textes courts (souvent moins d’une page), dans un langue très poétique (enfin, c’est mon opinion).
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Confessions d’un fumeur de tabac français de Roland Dubillard
En ce week-end de salon du livre, si vous y passez, essayez de trouver le stand de Geste Éditions, probablement quelque part vers le stand de l’office du livre de Poitou-Charentes. Vous devriez y trouver les deux livres parus cet été et dont je suis co-auteure, Le Confolentais, entre Poitou, Charente et Limousin (Images du patrimoine) et Confolens (Parcours du patrimoine). Les articles liés vous donnent toutes les informations utiles sur ces livres.
Le petit livre, pris sur ma pile des livres à lire : Confessions d’un fumeur de tabac français de Roland Dubillard, Folio n° 3965, édité en 2003 (ISBN 2-07-031284-4).
L’histoire : le narrateur essaye d’arrêter de fumer dans la première partie, rêve dans la seconde. Au fil du récit, telle la Béatrice de Dante, apparaît une femme du même prénom…
Mon avis : je n’ai pas du tout aimé ce petit livre, je ne vous le recommande pas. Je pense que même un fumeur (catégorie à laquelle je n’appartiens pas) ne goûtera guère ce livre dont la quatrième de couverture dit qu’il est » librement inspiré des célèbres Confessions d’un mangeur d’opium anglais de Thomas de Quincey « … Vraiment librement et mal inspiré.
Lecture : La femme riche de Patrick Besson
Un livre en petit format, lui aussi acheté il y a longtemps, idéal pour la journée d’hier avec ses incertitudes sur les transports et le manque de concentration dû aux circonstances.
Le livre : La femme riche de Patrick Besson, aux éditions Mille et une nuit (n° 484), 2005, ISBN 2-84205-918-2.
Le début de l’histoire : dans un bistrot parisien, un homme commandite la mort à un autre homme, qui a l’habitude de « tuer des femmes ». Il vous faudra lire le livre pour découvrir peu à peu le contexte et la méthode de ce « tueur à gages » (certes il se fait payer) d’un genre particulier.
Mon avis : malgré mon manque de concentration, j’ai assez bien aimé ce petit livre. Un indice : sortez couvert !
Lecture: Le taxi mène l’enquête, de Sam Reaves
J’ai retrouvé ce livre de poche acheté d’occasion dans ma pile de livres à lire…
Il s’agit d’un polar de Sam Reaves, Le taxi mène l’enquête, traduit de l’anglais par C. Claro, en collection Point Seuil policiers R 633, 1994, ISBN 2-02-021145-9.
L’histoire : un chauffeur de taxi de Chicago apprend la mort de son ex-petite amie, qui est supposée s’être suicidée. L’histoire nous mène dans le monde trouble de l’art contemporain et de ses galeries, et aborde les relations père/fils, même si l’adolescent est le fils de son ex-compagne et pas le sien à l’état civil.
Mon avis : l’histoire est un peu tirée par les cheveux, mais j’ai passé un bon moment à lire ce livre (il faut dire que le vent et la pluie n’encouragent guère à aller se promener après avoir voté tôt ce matin).
Lecture : Le goût des choses de Gil Jouanard
En allant à Paris l’autre jour, j’ai acheté chez un soldeur un lot de 5 livres de chez Verdier. J’aime bien en général ce que publie cet éditeur, dont le dernier livre que j’ai lu, sur Ferdière, le psychanalyste d’Artaud, par Emmanuel Venet. Cette fois, il s’agit de livres plus anciens.
J’ai commencé par Le goût des choses de Gil Jouanard, paru aux éditions Verdier donc, en 1994 (ISBN 2-86432-190-4). Il s’agit d’un recueil de petites notes et impressions, écrites un peu comme un journal de bord, plus ou moins au jour le jour. Chaque billet fait plus ou moins une page. Écrits de manière très poétique, même s’ils sont en prose, les articles décrivent des impressions face à des paysages urbains ou ruraux. Curieusement, il est souvent fait allusion à la préhistoire, un peu au néolithique et à la protohistoire, mais surtout … à l’Aurignacien, qui n’est quand même pas la période la plus connue (vers 35000 à 29000 avant notre ère, pour simplifier, c’est l’époque des premiers hommes modernes sur le territoire qui constitue aujourd’hui la France, hommes modernes qui ont supplanté les Néandertaliens). Et lors d’une visite à Saint-Germain-en-Laye (page 62), il fait allusion au musée des antiquités nationales (devenu musée d’archéologie nationale, qui teste jusqu’à fin juin la gratuité dans les musées nationaux)… et à la vénus de Brassempouy. Mais elle est plus récente, probablement gravettienne.
Bon, chassez le naturel, il revient au galop. Je ne vais pas vous faire un cours de préhistoire, mais vous recommander de lire ce livre si vous arrivez à le trouver. De plus, il est idéal pour les lectures un peu hachées : je l’ai lu dans le bus, dans des salles d’attente, comme certains billets écrits dans les trains ou les buffets de la gare. Il y a aussi quelques savoureuses pages écrites dans les Carpates.
Du même auteur, j’ai aussi parlé de Le jour et l’heure.
J’ai sélectionné ce livre pour le défi ABC critique organisé par Babelio.
Lecture : Crime pariétal de Philippe Breton
Hier, je suis tombée sur un roman préhistorique – un polar en fait – qui m’avait échappé : Crime pariétal de Philippe Breton, collection Polarchives aux éditions Le Passage (distribution Seuil, paru en 2003, ISBN 2-84742-028-2).
Le début de l’histoire : un jeune préhistorien, tout juste promu directeur de recherche au CNRS en raison de ses recherches dans la grotte Vauchet (anagramme de la grotte Chauvet, grotte ornée majeure découverte récemment), est retrouvé assassiné, en position de crucifié et transpercé d’une flèche, comme en extase. Peu après, son principal rival au CNRS et son aîné, aigri de ne pas avoir eu de promotion, est retrouvé mort. Sur fond de grotte ornée se croisent dans l’intrigue un flic, une ex-petite amie de la victime (thésarde en histoire contemporaine), un syndicaliste, un conservateur de l’Enfer de la bibliothèque nationale de France (ce département qui conserve les ouvrages érotiques, devenu célèbre depuis quelques mois avec l’exposition présentée dans cette noble bibliothèque), des prêtres etc.
Ce que j’en pense : l’intrigue est un peu tirée par les cheveux, mais ce petit polar se laisse lire. Une petite phrase au passage du syndicaliste sur la menace qui pèse sur les sciences humaines au CNRS est très bien vue (mais l’auteur est sociologue au CNRS d’après la quatrième de couverture, donc directement concerné). Dommage cependant qu’il y ait trop de coquilles (« pourquoi faire » ou, p. 136, » je me suis toujours demandée pourquoi « , etc.).
Dommage aussi que certains détails n’aient pas été plus soignés. Ainsi, p. 9, on lit « dans une grotte du Sud-Ouest, la grotte Vauchet ». Pour les besoins de la narration, l’auteur aurait pu déplacer la grotte dans cette région riche en grottes ornées. Mais plus loin, elle est bien positionnée en Ardèche, comme dans la réalité (à Vallon-Pont-d’Arc, ce n’est pas précisé), donc loin du Sud-Ouest… Page suivante « la flèche rappelle bougrement saint Antoine ». Alors là, je ne comprends pas. En lisant la description, le jeune efféminé en extase, vêtu d’un pagne et transpercé d’une flèche, ça évoque tout de suite saint Sébastien (voir par exemple le très bel exemplaire par Mantegna, au Louvre…). La flèche ne fait pas partie des attributs de saint Antoine, en général, il est en bure franciscaine et tient l’Enfant Jésus dans ses bras, il a parfois pour autres attributs des poissons, une mule, un lys ou un cœur enflammé. Dommage aussi le détail sur la datation en urgence au laboratoire de Gif. Impossible de faire une datation dans la minute, même pour une datation au radiocarbone (impossible sur de l’ocre, comme indiqué dans le livre, car il ne contient pas de carbone) : le temps de préparation chimique de l’échantillon est bien plus long. Et pour avoir une idée rapide de l’âge, on ne met pas l’échantillon dans une simple machine avec un ordinateur, mais dans un accélérateur de particules. Certes, ce ne sont que des détails, mais pour un polar avec pour fond le milieu scientifique, mettre des détails réalistes ne coûte rien.
Lecture : Jonathan Kellerman, La psy
J’avoue que c’est à cause du titre que j’ai choisi ce polar sur la table de mon libraire. J’ai donc lu ce week-end La psy de Jonathan Kellerman, en collection Points Policier (P1830, ISBN 978-2-7578-0705-7), traduit de l’anglais par M.-F. de Paloméra.
Le début de l’histoire : un jeune couple est découvert assassiné dans une voiture, lui d’une balle dans la tête, elle avec en plus une barre de fer en pleine poitrine. Tous deux sont à moitié dénudés. Lui était suivi par une psychiatre, dont une autre patiente a été assassinée quelques mois plus tôt. Coïncidence ? Puis la psy est à son tour éliminée, je vous laisse au fil des 400 pages suivantes découvrir l’intrigue et sa résolution.
Bon, ce n’est pas le polar du siècle, mais il se laisse lire, on ne voit pas passer le temps, pas mal traduit je suppose.
Lecture : Françoise Laborde, Dix jours en mars à Bruxelles
Samedi dernier, j’ai trouvé chez un soldeur de livres rue Saint-Martin à Paris Dix jours en mars à Bruxelles, de Françoise Laborde, dans la collection Poche / Roman, n° 10, de Ramsay (publié en 1006, ISBN 2-84114-786-X). Le titre est impropre, l’histoire se déroulant du 6 au 22 mars 1999. Ce roman permet de comprendre en douceur les relations entre le parlement européen, la commission, le conseil des ministres, le conseil de l’Europe et l’Otan.
Le début de l’histoire : alors que se dessine la guerre au Kosovo, avec des discussions diplomatiques et des pressions diverses, une attachée de presse au parlement européen, Patricia, accompagne une amie – en fait une call-girl – pour un week-end chaud dans les Ardennes. Elles arrivent trop tôt, et Patricia surprend une scène pédophile. Elle fuit, son amie est retrouvée morte le lendemain… Elle va essayer de monnayer la vie sauve contre la menace de révélations sur divers personnages, avec en arrière plan la démission de la commission suite à du népotisme de la part de l’une des commissaires (son nom est changé dans le roman, mais vous la reconnaîtrez…).
L’histoire est plutôt bien écrite, facile à lire, même si ce n’est pas de la grande littérature. Je regrette cependant qu’il ne soit rapidement plus fait allusion au point de départ, le réseau pédophile dans les milieux huppés qui tournent autour des institutions internationales présentes à Bruxelles.
Lecture : Thierry Jonquet, Le secret du rabbin
Lors de mon dernier voyage en train, samedi dernier, j’ai lu Le secret du rabbin de Thierry Jonquet, en réédition 2005 dans la collection Folio policier n° 199, ISBN 2-07-041204-0.
Le début de l’histoire : Printemps 1920, dans la petite ville de Lvov, en Pologne, l’ancien rabbin Morchedai Hirschbaum meurt pendant l’office, à l’âge de 97 ans. Il charge son successeur d’exécuter un étrange testament (qu’on ne connaîtra qu’à la fin, présenté tout au long du livre comme la quête d’un trésor), qui nécessite la venue de quatre de ses neveux : Rachel, membre active du parti bolchevik en Russie, Moses, truand à New-York, Léon (qui a francisé son nom), officier mutilé en 1918 et habitant Paris, et David, militant sioniste en Palestine. Aucun d’entre eux ne veut venir en Pologne, mais tous y sont poussés par leur entourage pour des raisons improbables. S’ensuivent un tas d’aventures dans une Pologne en pleine guerre pendant l’été 1920, on y croise d’autres personnages improbables.
En dehors de la ponctuation assez défectueuse (due à l’éditeur, pas à l’auteur), qui a le don de m’agacer, je n’ai pas trop apprécié ce livre. Je trouve que l’idée de départ est sympa, mais ensuite, tout est à peine effleuré, trop superficiel. Vous pouvez vous faire une idée par vous-même.
Post-scriptum : de Thierry Jonquet, décédé en août 2009, j’ai lu et parlé de :
Revue « enfantines » sur Mouchin (1935)
Il y a quelques jours, la communauté » Au fil des mots » m’accueillait gentiment, et je ne vous ai pas remercié, ni même mis un seul message.
Je voudrais rebondir sur les dix mots offerts à tous dans le cadre de la semaine de la langue française, mais avant de vous faire part de mes réflexions dans les prochains jours, je voulais partager avec vous la découverte d’une vieille revue, publiée dans le mouvement Freinet.
Par hasard, parce que je cherche occasionnellement des documents sur le village de mon enfance, j’ai acheté par une librairie spécialisée en livres anciens le n° 67 de cette revue, écrite par les enfants (enfin, les seuls garçons) de l’école primaire de Mouchin (Nord) en 1935. Je vous en recommande la lecture et les petites illustrations, apparemment des bois gravés à partir des dessins des enfants. Il en existe une version en ligne. Allez voir, c’est contre la douane, les droits de douane pour les passages à pied, en voiture et même en vélo, sur le trafic de tabac. Toutes les ruses contre les douaniers sont rapportées, jusqu’à l’usage de petits chiens pour passer le tabac. Il n’y avait pas seulement les douaniers au Bas-Préau (les gens du coin comprendront, pour les autres, c’est un chemin qui était jusqu’à l’ouverture des frontières européennes réservé aux riverains, en principe sans marchandise), mais aussi une tranchée pour empêcher le passage ! Pendant la Seconde Guerre mondiale, une tranchée anti-char s’y trouvait.
Tant que vous êtes sur le site de Freinet, allez aussi voir les autres numéros de cette revue, ils sont souvent savoureux.
PS: j’ai publié ici finalement toutes les pages retranscrites, avec les illustrations d’origine et des photographies de mon père: voir les douaniers, la circulation, la fraude en auto, la fraude avec les chiens, les gendarmes, une belle ruse, le passage à niveau et un pauvre chien et les dernières pages consacrées à d’autres ruses.