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Émile Guimet et l’Égypte antique à Lyon

Façade du musée Guimet de Lyon Jusqu’au 2 juillet 2012, le Musée des Beaux-Arts de Lyon organise une grande exposition intitulée Un jour, j’achetai une momie… Émile Guimet et l’Égypte antique. Pour l’occasion, j’ai choisi d’illustrer l’article par l’angle de l’ancien musée Guimet de Lyon, près du parc de la Tête d’Or, qui a aussi longtemps hébergé le muséum d’histoire naturelle, j’étais allée y étudier une collection il y a une quinzaine d’années… Ce musée est fermé, en attendant l’ouverture du gigantesque (et fort coûteux) musée des Confluences, qui va renfermer entre autres ses collections.

L’exposition dont je vous parle se tient au musée des beaux-arts. A moins de trente ans, en 1865, Émile Guimet (1836–1918), riche industriel lyonnais (il fabrique les fameux cubes bleus pour la lessive) se rend en Égypte.

Il est plus connu pour ses voyages en Asie (qui sont à l’origine de la collection du musée Guimet de Paris, dont l’architecture est proche de celle du musée de Lyon, les deux musées ayant été financés par le donateur), mais il a aussi beaucoup collectionné d’objets en provenance d’Égypte, et y a financé des fouilles.

Il donne une partie de sa collection donc au musée des religions orientales qu’il crée dès 1879 dans sa ville natale de Lyon. Fâché du peu de cas fait à ses collections à Lyon (en particulier parce que les spécialistes de l’Égypte sont alors dans la capitale et ne viennent pas à Lyon), il les déménage à Paris en 1889 (avec les employés!), avant de recréer le musée de Lyon dans les locaux d’origine en 1913. L’exposition a choisi de montrer cette évolution, et beaucoup d’objets sont mis en relation avec leur présentation initiale, avec des vitrines devant de grands tirages des salles égyptiennes de l’ancien musée Guimet de Lyon.

Les textes présentés dans les salles sont repris dans un document remis à l’entrée à chaque visiteur. Les audioguides sont inclus dans le prix d’entrée… et j’ai beaucoup aimé l’idée de l’audioguide en version spéciale pour les enfants (je ne les ai pas testés).

Pour en savoir plus, voir le dossier de presse de l’exposition, et n’hésitez pas à acheter le catalogue.

Bienvenue en arabeCet article entre dans le cadre du défi sur le monde arabe organisé jusque fin juin 2012 par Schlabaya.

Robert Combas au musée d’art contemporain de Lyon

Façade du musée d'art contemporain de Lyon pour l'exposition Combas Jusqu’au 15 juillet 2012, le musée d’art contemporain de Lyon organise une grande rétrospective sur Robert Combas… Vous ne connaissez pas cet artiste? Le plus simple est de découvrir son univers sur son site personnel ou par les pages du musée (voir notamment les vidéos, c’est ici, ou le dossier de presse). Mais je suis sûre que la plupart d’entre vous avez déjà vu au moins l’une de ses œuvres cerclées de noir… même si vous ne savez pas qui en est l’auteur.

La rétrospective a été montée en lien étroit avec l’artiste, qui a prêté beaucoup d’œuvres (en plus de celles venant de musées et de collectionneurs), qui a activement participé au montage (il a souhaité que certains murs restent en l’état après la précédente exposition). Il a aussi ajouté ici ou là des textes autour de ses œuvres, écrits directement sur les murs, le dernier étage est consacré à sa relation à la musique, avec une scène (il donne des concerts pendant l’exposition), une salle où les tableaux en lien avec la musique sont entourés de vinyls de sa collection personnelle, et dans chaque salle ou presque passent des titres qu’il a lui-même choisis, et d’ailleurs, le sous-titre de l’exposition est Greatest Hits. Robert Combas est également très présent pendant l’exposition, outre les concerts, son atelier parisien a été reconstitué au deuxième niveau de l’exposition, il vient y peindre quand il le souhaite, visible depuis l’exposition à travers une vitre sans tain (assez surprenant, d’ailleurs, ce dispositif…).

Côté exposition, les trois grands plateaux du musée sont occupés, mais aussi tous les espaces disponibles (dessus d’ascenseur, cage d’escalier, cafétéria, etc.). Le parcours est thématique et plus ou moins chronologique. Si vous ne connaissez pas l’artiste, je vous conseille de faire d’abord une pause à l’auditorium pour voir le reportage qu’Arte lui a consacré. J’ai vraiment fait des découvertes, comme le travail du vitrail ou les photographies imprimées et retravaillées, les miroirs ou les meubles (il a aussi « relooké » les vitrines à plat qui se trouvent dans l’exposition). De même, je ne connaissais L’autiste dans la forêt de fleur (1991), une mise en scène de son frère autiste, que par des reproductions, en vrai, il est beaucoup plus grand que je ne l’imaginais… et d’une très grande force.

Et d’ailleurs, après la visite de l’exposition, une transition avant le retour au monde s’impose, pourquoi pas avec une promenade dans le parc de la Tête d’Or voisin?

Le premier Pecha-Kucha picton…

Façade de la maison de l'architecture à Poitiers

La maison de l’architecture de Poitiers (il faudra que je refasse une photo… les voitures sont dans l’autre sens depuis presque deux ans… et en principe, il n’y a plus de stationnement devant) organisait l’autre jour le premier pecha-kucha de la ville, dans le cadre des conférences liées à l’exposition en cours, Mangapolis: la ville japonaise contemporaine dans le manga, jusqu’au 16 juin 2012.

Pecha quoi???

Le pecha-kucha est un concept né au Japon il y a quelques années pour présenter des projets de designers (voir sur ce site que m’a signalé Capucine O). Il s’agit sur une soirée (ou autre) de réunir plusieurs conférenciers qui disposent chacun de 20 secondes pour commenter chacune des 20 diapositives qu’il a choisies, soit 400 secondes (6 minutes 40) par conférencier.

Nous avons donc écouté un présentateur et une dizaine d’intervenants (français et japonais) parler au rythme imposé par la programmation du diaporama. Des thèmes variés ont été abordés, en lien avec l’exposition (l’histoire du manga, l’art occidental dans les mangas, l’architecture) ou plus lointain (Poitiers vu par un photographe japonais à Poitiers, les ikebana, les Samouraï, etc.). L’animateur a donné à la soirée une ambiance plus « match d’improvisation » qui conférence à la maison de l’architecture. Chaque intervenant avait beaucoup plus préparé je pense que des conférenciers classiques, pour condenser leur propos. Mais au final, c’est peut-être un problème de choix de diapositive, je pense que j’y ai moins appris que dans une conférence classique, plus un survol des sujets : ça tombait bien, je connais mal le monde des mangas (en regardant dans ma page bandes dessinées, je ne vous ai parlé que de Les larmes de la bête de Tatsumi), l’architecture japonaise et la culture du Japon, mais sur un sujet mieux connu, c’est peut-être un peu superficiel… Et à l’heure où la lenteur essaye de se faire une place à côté de la vitesse, je ne suis pas sûre que ce format façon « speed dating » soit l’avenir; bon, il y aura d’autres conférences classiques pendant l’exposition, et un autre pecha-kucha est programmé pour la prochaine exposition, sur New-York.

Quand les livres s’amusent à Lyon

Façade du musée de l'imprimerie à Lyon Le musée de l’imprimerie à Lyon organise en ce moment et jusqu’au 24 juin 2012 une exposition intitulée Quand les livres s’amusent (clic pour les infos pratiques dans le dossier de presse). Attention (les lecteurs habituels de mon blog connaissent ma sensibilité au sujet), le musée, situé dans un immeuble Renaissance (en partie l’ancien hôtel de ville), n’est absolument pas accessible aux personnes à mobilité réduite et je pense difficilement aux handicapés visuels s’ils ne sont pas accompagnés (il y a plein d’escaliers, de marches isolées entre les pièces, de couloirs étroits).

Elle présente les livres animés sous toutes ses formes, avec en tout premier les livres scientifiques animés de divers dispositifs pour mieux comprendre le cosmos ou diverses machines… puis sont arrivés les livres pour enfants, ou plutôt des livres destinés aux enfants mais à manipuler par des adultes (pas comme tous les livres actuels fabriqués en Chine et plus ou moins costauds… ces premières versions sont assez fragiles). Un petit espace est réservé aux flipbooks (sur le sujet, le mieux est de visiter ce site qui leur est exclusivement consacré, flipbooks, le collectionneur avait réalisé il y a quelques années une magnifique exposition à Rennes, et a prêté certains de ses ouvrages à Lyon). Un autre espace est consacré au livre-théâtre animé, mais point de zootropes comme ceux que j’ai vus en 2010 à Strasbourg dans l’exposition Des mondes de papier, l’imagerie populaire de Wissembourg). Le dernier espace est dédié aux livres d’artistes, avec de très belles et astucieuses réalisations… Pour ceux qui passent à Lyon, la visite s’impose… pour les autres, il y a un beau petit catalogue (pas cher… 10 euros!).

Karl-Jean Longuet et Simone Boisecq à Poitiers

Bannière de l'exposition Karl Jean Longuet et Simone Boisecq au musée de Poitiers en 2012 Le musée Sainte-Croix à Poitiers présente jusqu’au 27 Mai 2012 [PS: prolongation jusqu’au 19 août 2012] une exposition consacrée à un couple de peintres et sculpteurs contemporains, Karl-Jean Longuet (1904-1981) et Simone Boisecq (née en 1922, toujours active dans son atelier parisien, PS: décédée pendant l’exposition, le 6 août 2012), avec pour sous-titre De la sculpture à la cité rêvée. Deux artistes que je ne connaissais pas, même si le musée Sainte-Croix à Poitiers conserve dans ses collections un grand plâtre de Karl-Jean Longuet et deux œuvres en dépôt de Simone Boisecq. Karl-Jean Longuet a aussi réalisé beaucoup d’œuvres liées au 1% (ces œuvres commandées pour 1% du montant de tout chantier public), dont le parement en béton de l’université de Lille/Villeneuve-d’Ascq juste à côté du lycée où j’ai étudié… Vous pouvez le voir ici

L’exposition présente notamment des œuvres graphiques et de petites sculptures, les œuvres des deux artistes se répondant. A part les études de nus, assez classiques, j’ai beaucoup apprécié cette découverte, je vous invite à aller voir l’exposition si vous pouvez, sinon le dossier de presse du musée de Poitiers ou celui du musée d’Agen (qui présente plus de reproductions d’œuvres) pour découvrir l’univers de ces artistes.

Elle est différente de l’autre volet, plus important, qui tourne depuis mars 2011 entre les musées de Reims, Agen, Limoges et Colmar (où elle termine son itinérance au musée Unterlinden jusqu’au 17 juin 2012). Les œuvres plus « politiques » de Karl-Jean Longuet, arrière-petit-fils de Karl Marx, sont dans cette autre exposition.

Le catalogue est commun à l’ensemble (Catalogue Karl-Jean Longuet et Simone Boisecq : de la sculpture à la cité rêvée Fage Éditions, 208 pages, 30 €).

J’ai beaucoup apprécié aussi la présentation de l’exposition lors de l’inauguration par leur fille, Anne Longuet-Marx, et la conférence de David Liot, conservateur en chef et directeur du musée des Beaux-arts de Reims, qui a replacé l’œuvre des deux artistes dans leur contexte (conférence qui n’a eu hélas qu’un public très restreint).

Gourmandises à Lyon

Couverture du catalogue Gourmandises à Lyon

Au musée Gadagne de Lyon (qui rassemble le musée des marionnettes et le musée d’histoire de la ville de Lyon, dans le vieux Lyon) se tient jusqu’au 29 avril 2012 l’exposition Gourmandises! Histoire de la gastronomie à Lyon…

L’exposition, qui a connu un grand succès (il ne reste que des livrets d’accompagnement en anglais, ceux en français ont tous été distribués…), présente tous les aspects de la gastronomie lyonnaise, que ce soit celle des bouchons ou celle des grands chefs… Une scénographie que j’ai beaucoup appréciée, avec des textes essentiels aux murs et plein de compléments cachés dans des placards et des meubles à tiroir… Un parcours pour enfant se cache au milieu de l’exposition, dont trois jeux « sous la table » au sens propre! Deux grandes tables occupent le centre de la plus grande salle, avec les jeux en-dessous… Mon préféré, c’est celui qui fait partager un moment agréable entre parents (ou grands-parents) et enfants… Au-dessus de la table, l’adulte passe commande… En dessous, l’enfant enfile une sorte de plateau-gant et dispose dessus, grâce à des scratchs, les plats commandés… et réalisés au crochet par une designer textile. Cela m’a un peu rappelé les cônes de glace que j’avais tricotés il y a déjà un moment…

Pour aller plus loin, il y a beaucoup d’animations autour de cette exposition, à découvrir sur place ou en ville (visites hors-les-murs, etc.). Et allez voir le site internet, où vous pouvez notamment voir les films de l’INA présentés sur place, découvrir la mise en scène, etc. Je vous laisse visiter l’exposition sur place si vous le pouvez, sinon à travers tous les onglets du site internet. Le catalogue (la photo de couverture illustre cet article) est très riche aussi!

Le musée privé d’Art Spiegelman à Angoulême

Angoulême, la cité de la BD, le batiment des chais Cette année, je ne suis pas allée au festival international de la bande dessinée d’Angoulême (revoir ici l’édition le festival 2011), et j’ai donc raté l’exposition autour de Maus d’Art Spiegelman dans le bâtiment Castro (revoir Maus, un survivant raconte : tome 1 : mon père saigne l’histoire ; tome 2 : Et c’est là que mes ennuis ont commencé). Mais le musée privé d’Art Spiegelman reste dans le bâtiment de la cité de la BD jusqu’au 6 mai 2012 et je l’ai visitée avec Emmanuelle / le Marquoir d’Élise (qui pour l’occasion m’a offert ces beaux cadeaux)… Ah, la photo est une ancienne photo, cette fois-ci, il y avait un grand soleil!

L’exposition : c’est tout le parcours de la cité qui a été revu par Art Spiegelman. Il y retrace ce qu’est pour lui l’histoire de la bande dessinée, avec les précurseurs (au premier rang desquels il place Töpffer) et jusqu’à nos jours, le tout ponctué de nombreuses courtes vidéos de commentaires (interviews réalisées par un jour de pluie à New-York, et avec toujours une cigarette allumée à la main). Exit Bécassine, qui a d’habitude droit à une grande place dans les vitrines, bonjour la diversité renouvelée… Un parcours riche de plus d’une centaine d’auteurs (voir la liste ici). Ne pas rater non plus la salle annexe avec la revue Raw, qu’il a créée avec sa femme, Françoise Mouly.

Derniers jours pour l’exposition Jacques Villon à Angers

Façade du musée des beaux-arts à Angers En allant voir les bannières de Cluny à Bouchemaine, je me suis aussi arrêtée à Angers pour quelques visites… Il vous reste quelques jours, jusqu’au 1er avril 2012 (ce n’est pas une blague) pour y voir à votre tour l’exposition que le musée des beaux-arts consacre à Jacques Villon, né Gaston Duchamp (1875-1963) [pour les plus attentifs, la façade du musée est une photographie prise cet automne, il y avait alors une autre exposition]. Je ne connaissais pas du tout cet artiste, Jacques Villon (Damville 1875 – Puteaux 1963), qui était le frère de Marcel Duchamp (l’inventeur du ready-made, mais il ne faudrait pas le restreindre à cela, il eut une grande influence et une grande part dans les mouvements Dada et futuriste), du sculpteur Raymond Duchamp-Villon (mort très jeune, en 1918) et de Suzanne Duchamp, également peintre.

Jacques Villon donc a pris ce pseudo en hommage au poète François Villon. Comme ses frères et sœur, il a fréquenté au sein du groupe de Puteaux qu’ils ont fondé en 1911 des artistes comme Fernand Léger, Robert Delaunay, Albert Gleizes, Jean Metzinger, Francis Picabia ou František Kupka. Cela se ressent beaucoup dans ses toiles d’avant-guerre, très influencées par le mouvement cubiste. Je pense que ce sont les œuvres que j’ai préférées.

Les œuvres sur papier prêtées par la Bibliothèque nationale de France, et notamment des gravures je pense (il a longtemps gagné sa vie comme graveur de renom), étaient malheureusement déjà reparties, les papiers ne pouvant pas être exposées plus de trois mois d’affilée pour des questions de conservation…

J’ai beaucoup moins apprécié ses œuvres d’après la seconde guerre mondiale, certes très colorées, mais je ne suis pas entrée dans son univers…

Pour aller plus loin : voir le dossier de presse du musée, où vous trouverez des informations pratiques (horaires, catalogue) et des reproductions de quelques œuvres.

 

Un petit tour à Bouchemaine… vite!!!!

Les bannières de Cluny à Bouchemaine, 1, l'abbaye

Parce que j’ai participé à plusieurs bannières de Cluny (voir plus bas, et plus de renseignements chez Marlie) mais que je ne les avais pas encore vues en vrai, parce que Bouchemaine est près d’Angers et donc pas très loin de Poitiers, je suis allée les voir samedi… Vite, si vous êtes à Angers, vous pouvez encore les voir cet après-midi à l’abbaye de Bouchemaine de 14h à 18h… Le lieu est charmant, et merci à Yvonne et Pierre pour l’accueil qu’ils m’ont réservé!!!

Les bannières de Cluny à Bouchemaine, 2, la salle d'exposition A l’intérieur, les salles voûtées sont idéales pour les accueillir dans une belle présentation…

Les bannières de Cluny à Bouchemaine, 3, bannière de Bouchemaine Bouchemaine a sa propre bannière et une oriflamme à son nom…

Les bannières de Cluny à Bouchemaine, 4, les autres bannières Voici un petit montage de l’ensemble des bannières présentées, 13 sur les 26 qui circulent, à retrouver en grand chez Marlie, je vous laisse naviguer sur son blog…

Les bannières de Cluny à Bouchemaine, 5, des dentelles Il y avait également des présentations de dentelles anciennes (y compris un joli faux-col en frivolité) et des ouvrages en patchwork…

Bannières brodées pour Cluny

Petit rappel des grilles brodées avec les grilles parues dans le livre Les bannières de Cluny etc. (toutes les informations pour l’acheter sont ici).

J’ai ajouté les vignettes, clic sur les liens pour les voir en grand…

– avec les grilles réalisées pour des projets supplémentaires

Exhibitions au musée du quai Branly à Paris

La façade sur Seine et le jardin du musée du quai Branly Le musée du quai Branly à Paris (ici une photographie de 2009…) organise jusqu’au 3 juin 2012 sur la mezzanine ouest (entrée dans le musée, billet collections permanentes) intitulée L’invention du sauvage, exhibitions.

Sur la présentation officielle, on peut lire :

« EXHIBITIONS met en lumière l’histoire de femmes, d’hommes et d’enfants, venus d’Afrique, d’Asie, d’Océanie ou d’Amérique, exhibés en Occident à l’occasion de numéros de cirque, de représentations de théâtre, de revues de cabaret, dans des foires, des zoos, des défilés, des villages reconstitués ou dans le cadre des expositions universelles et coloniales. Un processus qui commence au 16e siècle dans les cours royales et va croître jusqu’au milieu du 20e siècle en Europe, en Amérique et au Japon. »

 L'hôtel de ville de Niort, 4, le blason Mon avis : l’exposition mélange plusieurs choses… Au début de la période, il s’agit d’exhiber des « sauvages » comme on exhibe aussi des personnes difformes dans les foires, etc. Voyeurisme, pas de doute, mais à ce moment-là, il n’est pas sûr qu’il s’agisse d’un comportement raciste et de bourrage de crâne du visiteur de ces exhibitions comme cela semble être le discours tout au long de l’exposition. Pour l’image du « sauvage », au passage, je vous invite à revoir ceux qui portent les armoiries de Niort… Je vous remets l’image, si avez avec la flemme d’aller revoir l’article. Ils ne sont pas inintéressants, car ils sont présentés comme un souvenir des fêtes costumées données par le duc de Berry à la fin du 14e siècle… donc exactement dans le même mouvement que ce qui est présenté dans l’exposition. Et dans le même cliché, dénudés et armés de gourdins.

La deuxième partie montre un phénomène tout à fait différent, qui se développe du début du 19e siècle aux années 1950. A ce moment-là, il y a réellement une exploitation voire une industrie du « spectacle exotique ». Des figurants voire de véritables artistes, en troupes, font le tour de l’Europe et de l’Amérique du Nord, dans de véritables « zoos humains », que ce soient dans des parcs comme le jardin d’acclimatation à Paris ou lors des expositions coloniales. Au début, il y a vraiment une sorte d’esclavage de ces personnes exhibées, qui payent un lourd tribut en maladies et accidents. Mais peu à peu, ils deviennent de vraies troupes, avec mise en scène, costumes, répétitions, etc. Alors certes, il y a la barrière avilissante, mais ils reçoivent la plupart du temps à ce moment là un cachet. Est-ce bien différent des spectacles que donnent aujourd’hui les tribus Massaï ou les esquimaux du Canada aux visiteurs (j’aurai pu prendre beaucoup d’autres exemples)? On me rétorquera sans doute que dans ces spectacles « ethniques » sur place, il y a des retombées économiques positives pour ceux qui accueillent les « visiteurs ». Mais n’était-ce pas aussi le cas avec les troupes des années 1930?

Je pense que l’exposition aurait dû vraiment mieux séparer les choses. La présentation aurait aussi gagné à être différente… Le visiteur de 2012 qui regarde les cires à caractère racial et raciste n’est guère dans une situation différente du spectateur de ces cires dans des cabanes de foire un siècle plus tôt. Restez un peu au bout de la salle, et vous verrez, il y a ceux qui passent vite, comme gênés, et ceux qui semblent fascinés, en situation de voyeurisme, qui les scrutent les unes après les autres… Je vous passe même un commentaire entendu et qui devait être le commun des commentaires à l’époque, visiblement, le discours anti-raciste qui est censé accompagner l’exposition n’était pas passé pour ce papa qui expliquait à son fils qu’il avait devant lui la preuve de la supériorité des blancs (pas au deuxième degré, comme j’ai pu le constater dans la salle suivante où il tenait impunément des propos très racistes). Je ne sais pas comment il aurait fallu présenter ces cires, mais certainement pas comme elles le sont, les commissaires de l’exposition auraient dû mieux faire entendre leur point de vue auprès des muséographes. C’est également le cas pour la dernière salle, qui n’a absolument rien à voir et mélange tout.

Alors oui, ces exhibitions ont participé à forger l’imaginaire du sauvage, à ancrer des thèses racistes dans la tête des gens, mais il y avait aussi les dessins, caricatures, articles de la presse (relire avec prudence les revues des ligues dans les années 1930), etc. Le phénomène est beaucoup plus complexe.

Pour les visiteurs, il y a trois catégories:

– ceux qui connaissent le sujet et/ou sont au moins sympathisants de mouvements proches des droits de l’homme, ceux-ci vont glaner quelques pépites, approfondiront leurs connaissances…

– ceux qui viennent avec des a priori racistes et se trouvent littéralement confortés par cette exposition (cf. le discours du père à son fils devant les cires raciales)

– ceux qui n’ont pas vraiment d’avis, et qui ressortent en n’en sachant pas vraiment plus, parce qu’ils ont avalé un « gloubiboulga » (oups, les moins de 40 ans ne vont pas comprendre), une sorte de mixture qui mélange des choses qui ont pas toujours quelque chose à voir entre elles, un discours dense, mais qu’ils n’auront pas lu en entier (un visiteur fatigue dès qu’il y a plus de 600 à 800 signes sur un panneau).

Et puis, le musée du quai Branly aurait peut-être eu aussi à réfléchir sur la place du musée de l’Homme dont il est l’héritier, sur la salle d’anatomie comparée du musée des antiquités nationales (devenu d’archéologie nationale) dont une partie est également entrée dans les collections de Branly, et même sur son attitude dans des expositions récentes, je pense en particulier à Polynésie, qui présentait des objets rituels liés au cannibalisme… sans parler de cette pratique, excès inverse par rapport à Exhibitions, le « Bon sauvage » ne saurait plus être cannibale…

Pour le musée du Quai Branly, je vous ai déjà parlé de :

Sur le site de l’INA, voir ce petit film sur l’exposition coloniale de 1931 à Vincennes