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Préhistoire de la bande-dessinée à Lussac-les-Châteaux

La sabline, musée de Préhistoire, salle consacrée à l'art Il reste quelques jours de vacances, amis poitevins ou de passage dans la Vienne, je vous propose de vous déplacer jusqu’à Lussac-les-Châteaux, à la Sabline, vous irez bien sûr à l’étage voir les portraits gravés magdaléniens de la grotte de La Marche et les autres sites préhistoriques,et peut-être lire au bord de l’étang sur le site de l’ancien château L’enfance heureuse d’un petit paysan de Léon Pineau, qui y fut écolier.

Affiche de l'exposition Préhistoire de la bande dessinée et du dessin animé à Lussac-les-ChâteauxAu rez-de-chaussée est présentée depuis quelques semaines et jusqu’au 27 septembre 2015 l’exposition Préhistoire de la bande dessinée et du dessin animé proposée par le préhistorien Marc Azéma. Il y présente les travaux issus de sa thèse, mais accessibles à tous, sur la représentation du mouvement dans l’art préhistorique et propose de voir dans le dédoublement de certaines peintures ou gravures des décompositions des mouvements. La découverte de la grotte Chauvet (voir La grotte des rêves perdus, de Werner Herzog) a permis de vérifier à grande échelle un phénomène plus discret ailleurs, mais il montre des exemples appliqués à Lascaux, Niaux, Les Trois-Frères, Baume Latrone ou encore ici à Lussac-les-Châteaux, sur une plaquette de la Marche. Dans la conférence qui a suivi, comme dans son livre et le DVD qui l’accompagne (voir extrait ci-dessous, j’avais déjà vue la démonstration au colloque de l’IFRAO à Tarascon-sur-Ariège en 2010), il a également montré sa reconstitution d’archéologie expérimentale: une rondelle en os magdalénienne perforée trouvée au Mas-d’Azil en Ariège (conservée au musée d’archéologie nationale à Saint-Germain-en-Laye) pourrait être l’ancêtre du thaumatrope. Il n’y a plus qu’à analyser les traces d’usures sur les perforations de la pièce expérimentale et sur la pièce originale! Et aussi à vérifier toutes les rondelles perforées gravées, à analyser les fractures (contraintes dues au mouvement)…

Thaumatrope? Il s’agit d’un procédé d’optique qui joue sur la persistance rétinienne de l’image, comme les flipbooks (revoir Quand les livres s’amusent au musée de l’imprimerie à Lyon) ou les zootropes (revoir l’exposition Des mondes de papier, l’imagerie populaire de Wissembourg à Strasbourg). Les abonnés au journal de Mickey doivent en avoir vu sans connaître le nom. Le thaumatrope est composé d’une rondelle (en carton, en os), on glisse une ficelle ou un élastique, on fait tourner, et par exemple l’oiseau entre dans la cage… Battu de plus de quinze millénaires, le physicien John Ayrton Paris qui est censé avoir inventé le procédé en 1825 (et aussi son concurrent l’astronome John Herschel)! Vous voulez vous en fabriquer un? Rendez-vous sur le site de loisirs créatifs de La tête à modeler!

Pour aller plus loin : Marc Azéma, La Préhistoire du cinéma : origines paléolithiques de la narration graphique et du cinématographe, éditions Errance, 2011, 293 pages, 1 DVD.

Marc Azéma, Préhistoire de la bande dessinée et du dessin-animé, catalogue d’exposition, Musée d’Orgnac-Centre du Pech-Merle-Passé Simple, 2008.

Ceci n’est pas… de Dries Verhoeven à Poitiers

Ceci n'est pas... de Dries Verhoeven à Poitiers, la cabine ferméeLe festival à Corps a eu lieu il y a déjà quelques semaines à Poitiers, du 11 au 18 avril 2014. Je vous ai parlé de 15 x la nuit, de Paul-André Fortier. J’aborde aujourd’hui un spectacle qui a beaucoup fait parler! Ceci n’est pas, de Dries Verhoeven. La performance se déroulait chaque jour de 15h à 20h, sur la place Lepetit (qui a connu une certaine activité l’année dernière suite à une évasion spectaculaire), dans une sorte de cage en verre (avec volets pour un peu d’intimité pendant les pauses, WC et boisson sous le plancher, climatisation…), d’un cartel un peu long en français et en anglais avec un texte de réflexion, et se couplait avec des vidéos mises chaque jour sur Youtube et sur la page Facebook, avec également un florilège de réactions des spectateurs (beaucoup moins de « combien ça a coûté cette c…ie » sur le site que dans  la rue). Le moins que l’on puisse dire, c’est que ça a alimenté les conversations! Certains se disaient choqués, d’autres amusés, peu sont restés indifférents sur les dix jours. Si créer du lien social était un objectif, alors il a été atteint. L’étape de Poitiers était la deuxième phase d’un projet européen, « Second Cities – Performing Cities », qui lie le théâtre et auditorium de Poitiers / TAP à six autres opérateurs culturels européens.

En tout cas, à quelques jours de l’épreuve de philosophie du baccalauréat, cette performance pourrait fournir de nombreux sujets: qu’est-ce que l’art? L’art peut-il tout dire? Variante, Peut-on tout dire? Commenter cette phrase de Kant: « L’œuvre d’art n’est pas la représentation d’une belle chose, mais la belle représentation d’une chose ». L’art peut-il se passer de règles ? (série S, 2010) ou L’art peut-il se passer d’une maîtrise technique ? (série T, 2010). L’art transforme-t-il notre conscience du réel ? (série S, 2008). Peut-on aimer une œuvre d’art sans la comprendre ? (série T, 2008). La sensibilité aux œuvres d’art demande-t-elle à être éduquée ? (série S, 2005). On peut aussi tenter les sujets sur l’éthique et la morale:  Ne désirons-nous que les choses que nous estimons bonnes ? (série ES, 2002). Une culture peut-elle être porteuse de valeurs universelles ? (série ES, 2006). Qui se lance?

Pour chaque jour, je vous propose une photo, vous donne le titre, un lien vers la vidéo sur Youtube, une brève description et un commentaire. Vous pouvez aussi voir la version complète des textes proposés.

Ceci n'est pas... de Dries Verhoeven à Poitiers, jours 1, 2 et 3

Jour 1, Ceci n’est pas de l’art, voir la vidéo du jour 1.
Ce premier jour a failli faire perdre patience aux bistrots voisins! Toute la journée, un majordome a cassé des tambours à coups de massette!

Jour 2, Ceci n’est pas une mère, voir la vidéo du jour 2.
Dans une « piscine à boules », une adolescente enceinte écoute de la musique. Je crois (mais ne suis pas sûre, je n’ai pas retrouvé mes notes) que c’est ce jour là que la musique du film La vie d’Adèle d’Abdellatif Kechiche est passée quasi en boucle. Le texte parle du rallongement de l’âge du premier enfant depuis la légalisation de la pilule, des préjugés défavorables aux jeunes mères et de l’augmentation du risque d’anomalie chez l’enfant des mères plus âgées. Ce n’est pas tout à fait vrai. Certaines anomalies du nombre de chromosomes augmentent avec l’âge maternel (trisomie 21, syndrome de Klinefelter = garçons XXY), mais les anomalies de structures des chromosomes (délétions etc.) sont plus sensibles à l’augmentation de l’âge paternel! Voir le site de l’association Valentin Apac, association de porteurs d’anomalies chromosomiques.

Jour 3, Ceci n’est pas de l’amour, voir la vidéo du jour 3.
Un couple en maillot de bain, un homme d’âge moyen lisant des contes pour enfants à une adolescente. Le texte parle de la différence de perception entre un père qui marque de l’affection pour son enfant et la mère qui aurait les mêmes gestes tendres. Ceci dit, les contes sont loin d’être neutres sur le plan sexuel… (voir les commentaires sur l’article du petit chaperon rouge).

Ceci n'est pas... de Dries Verhoeven à Poitiers, jours 4, 5 et 6

Jour 4, Ceci n’est pas le futur, voir la vidéo du jour 4
Dans la cage, un individu cagoulé en maillot de corps a passé sa journée à nettoyer les douilles sur lesquelles il est assis et de temps à autre un revolver (ou un pistolet?). Le texte parle à la fois du repli identitaire, de la paix depuis longtemps en France et des risques terroristes.

Jour 5, Ceci n’est pas de l’histoire, voir la vidéo du jour 5.
Dans la cage, fers d’esclave aux pieds, un homme noir habillé façon « publicité Banania » mange des bananes assis au milieu de fèves de cacao. Le texte parle des tirailleurs sénégalais qui se sont battus pour la France ou ceux qui ont été massacrés par la puissance coloniale et le rôle de la PAC qui interdirait la juste concurrence avec l’Afrique, avant de conclure : « Les Français, pour leur part, n’ont pas le sentiment d’être des néocolonialistes mais chérissent toujours l’image du bon Banania ». Un petit sujet de philosophie supplémentaire, L’intérêt de l’histoire, est-ce d’abord de lutter contre l’oubli ? (série T, 2006).

Jour 6, Ceci n’est pas la nature, voir la vidéo du jour 6.
Un hermaphrodite nu (en fait en combinaison latex) avec des ailes (tiens, ça me rappelle les moutons-papillons). Le texte parle de la détermination du genre selon Freud, et précise que « Seule l’Australie autorise officiellement que les passeports fassent état d’un genre indéterminé ». C’est faux, de plus en plus de pays (Allemagne, Inde, Pakistan, Népal) prévoient ce genre neutre ou indéterminé, soit pour l’hermaphrodisme ou ambiguïté sexuelle (qui touche environ 1 bébé sur 5000 naissances, environ 200 bébés par an en France), soit pour les eunuques et les transsexuels (voir le reportage de TV5 Monde). Une allusion au mythe de la Caverne de Platon (où Aristophane est censé présenter l’histoire) aurait aussi été possible.

Ceci n'est pas... de Dries Verhoeven à Poitiers, jours 7, 8 et 9

Jour 7, Ceci n’est pas notre désir, voir la vidéo du jour 7.
Dans la « cage », une naine a passé son après-midi à lire en sirotant des apéritifs. Le texte parle des défauts physiques et du rejet sexuel, mais aussi de l’eugénisme, sans dire le mot, en parlant de diagnostic génétique prénatal et d’avortement, mais pas des lois de bioéthique. Il aurait été préférable de parler d’interruption médicale de grossesse, ce n’est pas exactement la même chose puisqu’elle peut avoir lieu jusqu’à la naissance en cas de mise en danger de la mère, du bébé ou si ce dernier est atteint d’une maladie d’une particulière gravité. Elle doit être acceptée par deux médecins, l’un de ces deux médecins devant exercer dans un Centre de Diagnostic Prénatal Pluridisciplinaire. Après 22 semaines d’aménorrhée, elle a lieu par voie basse après fœticide et ouvre droit à l’inhumation, aux congés de maternité et de paternité et à l’inscription sur le livret de famille d’un enfant né sans vie. C’est un acte très différent de l’avortement ou interruption volontaire de grossesse (voir par exemple sur le site de l’association Valentin Apac, association de porteurs d’anomalies chromosomiques).

Jour 8, Ceci n’est pas notre peur, voir la vidéo du jour 8.
Un homme barbu, revêtu d’un gilet pare-balles, lit le Coran et récite ses prières. Le texte aborde la prière dans l’espace public et les croyants qui se sentent agressés par des dessins humoristiques. Personnellement, même si l’artiste est libre de ses choix, je trouve que ce tableau était stigmatisant pour une religion en particulier et donc assez malvenu. L’artiste aurait-il osé mettre un curé dans la même cage???

Jour 9, Ceci n’est pas mon corps, voir la vidéo du jour 9.
Une femme nue (enfin, en combinaison simulant la nudité) au corps vieillissant reste assise sur une chaise. Le texte parle des mannequins de plus en plus jeunes, du rapport au corps, au vieillissement des cellules à partir de 21 ans… Absurde! les cellules vieillissent depuis leur multiplication et s’éliminent au fur et à mesure, par le processus d’apoptose (en gros, auto-destruction). Leur durée de vie va de quelques jours à des centaines de jours: 5 jours pour les cellules qui tapissent l’intestin, 3 à 4 semaines pour la peau, 120 jours pour un globule blanc, plus d’un an (400 à 500 jours) pour le foie…

Ceci n'est pas... de Dries Verhoeven à Poitiers, jour 10

Jour 10 (épilogue), Ceci n’est pas moi, voir la vidéo du jour 10.
Au-dessus d’une épaisse couche de vers (certains arrivaient au stade de larve voire d’insecte genre blatte, j’en ai entouré une), une urne cinéraire tourne doucement. Choix cornélien pour le visiteur, être réduit en cendres ou mangé par les vers? Le texte parle de la position des cimetières hors des villes depuis l’Antiquité (mais c’est faux au Moyen-Âge!) et du deuil, moins visible dans notre civilisation (plus de vêtements de deuil, moins de cierges allumés, expression plus retenue de la douleur des veufs et veuves).

Et vous, qu’est-ce que ça vous inspire?

La sculpture du palais de justice de Châtellerault

Palais de justice de Châtellerault, carte postale ancienne avec l'hôtel de ville au premier planA Châtellerault, après une histoire mouvementée (voir lien à la fin de l’article), le palais de justice est reconstruit à partir de 1842/1844 à son emplacement actuel qui correspond à une partie de l’ancien couvent des Minimes, sur les plans de Dulin, architecte du département, juste à côté du théâtre (qui vient juste d’être restauré). L’ensemble comprend l’hôtel de ville, le palais de justice installé dans le corps de bâtiment central, une école, le musée et la bibliothèque. C’est sans doute sur cette carte postale ancienne que l’on voit le mieux l’organisation de l’ensemble.

Palais de justice de Châtellerault, la façade de l'hôtel de villeVoici aujourd’hui (enfin, en 2012) la façade de l’hôtel de ville côté cours de Blossac (à revoir à une extrémité du boulevard le monument aux morts de 1870 et à l’autre bout celui de 1914-1918)…

Palais de justice de Châtellerault, façade du palais de justice…et celle du palais de justice.

Palais de justice de Châtellerault, carte postale ancienne, façade du palais de justiceVoici la même façade sur une carte postale ancienne.

Palais de justice de Châtellerault, frontonLe fronton a été sculpté par Honoré Hivonnait, qui a aussi réalisé une partie du décor peint du théâtre voisin mais qui est surtout connu dans le département de la Vienne pour ses vitraux et ses peintures religieuses (à voir prochainement sur ce blog le chemin de croix peint de l’église Saint-Jacques de Châtellerault et le décor peint de l’église de Civaux).

Palais de justice de Châtellerault, fronton, détail de la JusticeAu centre du fronton trône une allégorie de la Justice encadrée par la ville et l’art… La Justice, vêtue à l’Antique, cheveux longs nattés et chaussée de sandales, porte ses attributs habituels, un glaive (levé vers le haut) et une balance. Sa tête est cernée de foudres et ses épaules se détachent sur un fond de drapeaux déployés. Une tête de lion est posée à son côté.

Palais de justice de Châtellerault, fronton, partie gauche, la ville et ses activitésA gauche (côté hôtel de ville), la Ville avec ses armoiries, assise mais manches retroussées, tient un rouleau de parchemin et des outils liés à la métallurgie, tenailles et massette. La production métallurgique locale, couteaux et baïonnettes (en savoir plus sur la manufacture d’armes de Châtellerault), ainsi qu’une hache, se détachent d’un fond lié à la Vienne (roseaux) qui sépare la ville en deux et avait un intense trafic de bateaux jusqu’à la Loire… l’artiste en a représenté deux avec leurs mâts entre la tête de la ville et les baïonnettes.

Palais de justice de Châtellerault, fronton, partie droite, l'art et ses attributsA droite (côté musée), l’art est assise la tête penchée en avant, un papier posé sur les genoux avec à ses côtés tout ce qui lui est utile (palette, équerre, compas, lyre, tambour, globe terrestre etc.).

Pour en savoir plus : voir l’article d’Alexandra Enault, Le Palais de justice de Châtellerault au XIXe siècle, CCHA / Centre Châtelleraudais Histoire Archives), 2001, n° 2, p. 130-141.

Photographies d’août 2012.

L’Art par Laurent Marqueste devant l’hôtel de ville de Paris

L’Art par Laurent Marqueste devant l’hôtel de ville de Paris, vue d'ensembleComme annoncé la semaine dernière, voici l’Art de Laurent [Honoré] Marqueste (Toulouse, 1848 – Paris, 1920), prix de Rome en 1871, qui fait le pendant de la Science de Jules Blanchard sur le parvis devant l’hôtel de ville de Paris, également réalisé entre 1880 et 1882.

L’Art par Laurent Marqueste devant l’hôtel de ville de Paris, signature de MarquesteLa signature de L[aurent] Marqueste, dont je vous reparlerai bientôt pour la tombe d’Alexandre Falguière au cimetière du Père Lachaise et la statue équestre d’Étienne Marcel également près de l’hôtel de ville de Paris, est apposée sur le côté.

L’Art par Laurent Marqueste devant l’hôtel de ville de Paris, deux vues de trois quartsL’Art est représenté sous les traits d’une allégorie féminine, assise sur une colonne, coiffée d’une couronne végétale, torse et pieds nus, un linge masquant néanmoins ses jambes et son pubis. L’Art est concentré sur la peinture qu’il est en train de réaliser, la palette posée à ses pieds.

Photographies d’octobre 2011.

Les ateliers du Midi de Marie-Paule Vial

Couverture de Les ateliers du Midi de Marie-Paule Viallivres, critiques citations et bibliothèques en ligne sur Babelio.comJ’ai reçu ce livre des éditions Gallimard, dans le cadre d’une masse critique spéciale jeunesse organisée par Babelio. Un grand merci à eux.

 

Le livre : Les ateliers du Midi de Marie-Paule Vial, collection découverte hors série, coédition Gallimard et Réunion des musées nationaux/Grand Palais, 2013, non paginé, ISBN 9782070141764.

Présentation officielle de l’éditeur : Depuis les premiers voyages de Van Gogh et Gauguin à Arles, puis de Renoir et de Signac sur la Côte d’Azur dans les années 1880, le Midi a été une source infinie d’inspiration pour les peintres, un grand atelier à ciel ouvert. Ils y trouvent un ailleurs longtemps rêvé, où les mythologies revivent dans la beauté des paysages et l’intensité de la lumière, et plus simplement aussi un paradis. Cézanne vit à Aix et peint aussi Marseille et l’Estaque ; Renoir s’installe à Cagnes ; Signac fait découvrir Saint-Tropez à ses amis post-impressionnistes ; Matisse, après des séjours à Collioure, choisit Nice ; Bonnard ne se lasse pas de peindre le Cannet… Ce hors-série met en scène les plus belles représentations d’un territoire béni des dieux et des peintres.

Mon avis : le livre (format approximatif 12 sur 18cm) comprend huit courts dossiers, constitués chacun d’une double page qui se déplie sur le côté (six fois) ou sur le haut (deux fois), pour laisser apparaître des illustrations sur un plus grand espace. Entre chaque dossier/chapitre, les feuilles sont collées entre elles, donnant une certaine rigidité. les pages à ouverture latérale s’ouvrent bien, celles à ouverture vers le haut nécessitent de bien pouvoir ouvrir le livre à plat (pas facile avec la couverture semi-rigide) avant de déplier le volet supérieur. Les couleurs des tableaux apparaissent ternes, certaines ont des dominantes qui ne sont pas celles des tableaux (au moins dans mes souvenirs…). Il a été publié à l’occasion de l’exposition qui vient de commencer, Le Grand Atelier du Midi (au singulier pour l’exposition, au pluriel pour le livre), dont l’auteure, Marie-Paule Vial, est la commissaire pour la partie marseillaise (avec Bruno Ely pour Aix). Cette exposition dans le cadre de Marseille-Provence 2013, Capitale européenne de la culture, se partage entre deux lieux fermés depuis longtemps et qui rouvrent pour l’occasion, le palais Longchamp (= le musée des Beaux-Arts) à Marseille (De Van Gogh à Bonnard) et le musée Granet à Aix-en-Provence (De Cézanne à Matisse). Dans le dernier cas avec un problème sur les collections permanentes du musée, dont des dépôts du Louvre relégués dans un garde-meuble (voir l’article de la tribune de l’art, qui lance par ailleurs un appel à publier sur son site les photographies que chacun aurait pu prendre de ces collections désormais cachées).

Pas facile pour l’auteure, sans doute, de faire des textes très courts dans l’espace imparti à l’auteur, pour équilibrer ce petit livre entre textes et images. Je m’interroge cependant sur le format : la forme est malcommode, surtout pour les pages à déployer verticalement, les images restent somme toute assez petites et sont mal reproduites, le texte est écrit en caractères minuscules et n’apporte pas grand chose par rapport à des expositions de ces dernières années (dont celle sur Matisse et Derain au musée du Catteau-Cambrésis) ou à des grandes généralités que vous pourrez trouver dans des livres d’art (à emprunter en bibliothèque). Alors, pourquoi pas pour une première approche pour quelqu’un qui ne connaîtrait pas le sujet, mais si certaines revues d’art sortent des numéros spéciaux, alors, privilégiez-les, leur format A4 ou à peu près est plus adapté aux reproductions et elles sont souvent de bonne qualité (j’ai feuilleté le supplément spécial de Télérama, il a l’air pas mal).