Ce soir (8 avril 2014) sera lancé au bar le Plan B à Poitiers le festival des cultures Roms « Romano Dives » organisé par l’Association Divano et la Mauvaise réputation, avec une intervention de l’humoriste Fred Abrachkoff (dommage, presque à la même heure au TAP cinéma, un documentaire Parce que j’étais peintre, l’art rescapé des camps sur les peintres dans les camps de concentration, en présence du réalisateur Christophe Cognet). L’exposition photographique y restera jusqu’au 30 avril. Voir le site du festival pour avoir tout le programme, de mon côté, j’ai surtout noté la présence de Kkrist Mirror, auteur de Tsiganes, 1940-1945, Le camp de concentration de Montreuil-Bellay, samedi 12 avril à 19h30 au Biblio Café. Je vous ai déjà parlé de cet album, je réédite donc cet article paru la première fois le 22 février 2013 (j’ai complété les liens à la fin).
J’ai emprunté cet album à la médiathèque.
Le livre : Tsiganes, 1940-1945, Le camp de concentration de Montreuil-Bellay, de Kkrist Mirror (dessin et scénario), éditions Emmanuel Proust, 2008, 86 pages plus la postface non paginée de Francis Groux, ISBN 9782848101842.
L’histoire : à Montreuil-Bellay près de Saumur dans le Maine-et-Loire, d’avril 1940 à 1946. La police française administre un camp de concentration destiné aux nomades, aux forains et surtout aux tsiganes, en vertu du décret du 6 avril 1940 qui astreint tous les nomades à résidence sous surveillance policière. Tout le monde semble bien content d’avoir mis à l’écart ces « indésirables ». Une seule personne se soucie de leur sort, le curé du village voisin qui est également aumônier du camp, l’abbé Jollec, un peu alcoolique, mais qui fait son maximum. Il réussit a sortir les enfants, à leur donner à manger, jusqu’à être lui-même interdit d’accès au camp… et ses démarches auprès des Allemands (ils le renvoient, le camp est géré par les Français), de l’évêque, du sous-préfet restent vaines…
Mon avis : un album qu’il faut absolument lire, basé sur les travaux de l’historien Jacques Sigot. L’auteur a rencontré des survivants et des descendants des survivants de ce camp. Et qui rappelle qu’à la libération… les tsiganes ne sont pas libérés, loin de là… Ils sont rejoints par les collaborateurs et divers prisonniers de guerre, puis éloignés encore plus loin, jusqu’au camp d’Angoulême, d’où les derniers ne seront délivrés qu’en juin 1946. Le dessin est sombre mais plein d’expression et, je pense, rend bien la dure vie de ce camp et de ses homologues répartis sur tout le territoire français. Si, ces dernières années, plusieurs ouvrages sont parus sur ce sujet, cette part sombre de notre histoire est peu racontée, y compris chez les Tsiganes. Ainsi, il y a quelques mois, une Tsigane a témoigné dans la presse locale sur son internement au camp de la route de Limoges à Poitiers, elle en avait peu parlé à sa famille et n’était jamais retournée sur place.
Pour aller plus loin : voir le site officiel de Kkrist Mirror et la page consacrée à l’internement des tsiganes à Montreuil-Bellay et Poitiers sur le site du cercle d’étude de la Shoah (même si la bibliographie n’a pas été mise à jour depuis longtemps). Pour le camp de Poitiers, voir l’article de Jacques Sigot, Un camp pour les Tsiganes à Poitiers, un camp de concentration oublié, une allée pour la mémoire, paru dans Le Picton, n° 204, novembre-décembre 2010, p. 9-10.
Sur des sujets voisins, Vous trouverez d’autres suggestions sous le mot-clef tsigane. Voir en particulier:
– Tsiganes, sur la route avec les Roms Lovara de Jan Yoors
– Des nouvelles d’Alain de Guibert, Keller et Lemercier
– Liberté de Tony Gatlif et Eric Kannay
– le Frontstalag et les camps d’internement de Poitiers
Cette BD sera soumise pour le classement du TOP BD des blogueurs organisé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible. Mes chroniques BD sont regroupées dans la catégorie pour les BD et par auteur sur la page BD dans ma bibliothèque.