Dans le cadre du « festival télérama 2016 », je suis allée voir Comme un avion de Bruno Podalydès [revoir Adieu Berthe]. Au passage, ça me fait penser qu’il faut que je vous parle d’une pièce de théâtre vue en début de saison avec Denis Podalydès …
Le film : de nos jours, en banlieue parisienne. Michel [Denis Podalydès] est animateur 3D dans l’entreprise dirigée par son ami Rémi [Bruno Podalydès]. Pour ses 50 ans, sa femme Rachelle [Sandrine Kiberlain] et ses amis lui offrent des cadeaux en lien avec l’aviation, à lui qui est fou d’aérospatiale depuis son enfance. Mais voilà qu’à l’occasion d’une discussion sur les palindromes, il découvre le mot kayak… et en achète un pliable! Après des entraînements « à terre », le voilà qui embarque… Sa première escale sera pour une buvette au bord de l’eau, tenue par une veuve, Laetitia [Agnès Jaoui], et Mila [Vimala Pons], une jeune fille qu’elle héberge au fond de son terrain, avec l’aide de Christophe [Jean-Noël Brouté] et Christophe [Michel Vuillermoz]…
Mon avis : je n’avais pas vu ce film lors de sa sortie car il passait au cinéma commercial (marre de la demi-heure de pub et du niveau sonore trop fort) et j’avais été assez déçue par Adieu Berthe. Les spectateurs qui sortaient de Comme un avion projeté juste avant Phantom Boy samedi semblaient détendus : « un film sans prétention mais un bon moment de détente », me résuma un ami croisé dans la file. Plutôt bien résumé… Il y a plein de petits moments drôles, comme l’étude du manuel des Castors juniors pour apprendre à survivre sur la rivière ou les brèves apparitions de Pierre Arditi en pêcheur grognon. Le bon conseil du film, méfiez-vous de la géolocalisation des photographies par votre téléphone si vous êtes en stage de yoga chez le meilleur ami de votre mec ou si vous racontez vos exploits en kayak sans bouger d’une buvette 😉 Une bonne comédie, finalement…
– les films que j’ai vus avant le festival, 8 sur 16, c’est pas mal!
- Mia Madre de Nanni Moretti
- Mustang de Deniz Gamze Ergüven
- Dheepan de Jacques Audiard
- L’homme irrationnel de Woody Allen
- Taxi Téhéran de Jafar Panahi
- Back Home de Joachim Trier
- Marguerite de Xavier Giannoli
- La loi du marché de Stéphane Brizé
– les films que j’ai vus pendant le festival
- Trois souvenirs de ma jeunesse d’Arnaud Desplechin
- Comme un avion de Bruno Podalydès
- Phantom Boy d’Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli (jeune public)
– les films que je ne verrai pas, ceux qui ne me tentent pas et ceux qui ne passeront pas à Poitiers!
- Life d’Anton Corbijn
- Much loved de Nabil Ayouch
- Birdman d’Alejandro González Iñárritu
- Phoenix de Christian Petzold
- Fatima de Philippe Faucon
Lors du Voyage à Nantes en juillet 2012 (voir les liens en fin d’article), j’étais entrée dans l’opéra Graslin à Nantes, dont la façade était encore en cours de restauration. En 1880, la ville de Nantes confie
Il s’agit d’une grande toile tendue illustrée de thèmes allégoriques. « Musique, depuis le luth primitif jusqu’aux instruments modernes: accords parfaits. Gloire couronnant la musique moderne », telle est la description qu’en donne l’artiste dans le catalogue du salon. Vous remarquerez que la Gloire aux ailes largement déployées tient aussi… dans la trompette de la Renommée!
Le dieu Momos ou Momus (fils de la nuit, Nys, frère de Thanatos, la mort) est représenté armé d’une masse d’arme et brandissant le masque de la Comédie. Le catalogue du Salon précise (entre guillements, le reste, ce sont mes commentaires): « Momus, dieu de la raillerie, satyrique jusqu’à l’excès, tourne en ridicule les dieux et les hommes ». Mais juste au-dessus de lui, trône la comédie érotique, la partie du plafond la plus détaillée dans la description du Salon: « Comédie érotique : danse et chant, coquetterie, beauté, etc. ». » Thallo écrivant des comédies érotiques ». La belle est lascivement allongée sur un nuage. « Une jeune fille aux pieds délicats, portant un thyrse qui frémit dans le lierre, danse au son du luth: près d’elle, un jeune homme à la belle chevelure marie, aux accords de la lyre, les accords d’une voix mélodieuse ». Ils se trouvent sur la gauche de Momus. « L’Amour aux cheveux dorés, le riant Bacchus et la belle Cythéris viennent se réjouir au banquet du dieu qui charme la vieillesse (Anacréon) ». Vous voyez l’Amour avec son arc et ses ailes au-dessus d’un couple enlacé?
La scène avec la comédie érotique se poursuit sur le quart suivant.
Sur le dernier côté, Oreste, tourmenté par les Furies, symbolise la Tragédie.
Je me verrai bien prendre un jour place dans ce théâtre pour assister à un opéra de
Direction
Quatre allégories ont pris place sur la façade, œuvres de Jules Blanchard (Puiseaux, 1832 – Paris, 1916), un artiste dont je vous reparlerai pour l’allégorie de la science sur le parvis de l’hôtel de ville de Paris. Sur les rampants du fronton, en appui sur les armoiries de la ville d’Angoulême, ont pris place à gauche le Drame et à droite, la Comédie. Sur l’entablement du fronton est inscrite la devise de la comédie classique « castigat ridendo mores » (La comédie châtie les mœurs en riant), généralement attribuée au poète du 17e siècle Jean de Santeul.
Voici de plus près le Drame…
… et la Comédie. Si un jour ils sont nettoyés, je referai des photographies de détail…
En-dessous, dominant la colonnade, deux autres allégories sous forme d’angelots, la musique à gauche et la danse à droite.
La façade sur cour porte une longue frise sculptée avec des scènes de la vie quotidienne encadrée par la musique et la comédie, dans un style fort différent de
Elle porte la date et la signature « 1966 Claro ». Je vous ai déjà parlé de Jean Claro à propos du
A gauche de la frise, une femme nue assise écoute la musique jouée par les deux personnages suivants.


… et s’achève dans le loisir par une représentation de la comédie. Il y a toujours du théâtre dans la salle de spectacle du Local.
Je vous ai déjà montré la cour du musée Sainte-Croix à Poitiers à l’occasion de
Dans l’entrée du musée, voici…
un relief qui y a été mis en place en 1986. Il s’agit du dépôt par l’État d’une œuvre retrouvée lors du rangement du palais de Chaillot pour l’aménagement de la cinémathèque dans les années 1980. C’est l’une des versions de l’art du théâtre, de Évariste Jonchère (Coulonges, 1892 – Paris, 1956), premier grand prix de Rome de sculpture en 1925 pour La vendange. Il existe en fait au moins quatre versions de cette œuvre, trois si j’en crois le catalogue de l’exposition de 1987 (voir la référence complète en fin d’article). La première est un plâtre préparatoire réalisé en 1936 et donné par Mme Jonchère en 1976 au département de Haute-Savoie, qui l’a déposé au conservatoire d’art et d’histoire d’Annecy (d’autres œuvres données au conseil général de Haute-Savoie sont à
Entrons dans la visite de cette œuvre qui porte la signature « E. JONCHERE ».
Le personnage central est encadré des deux femmes des groupes de droite et de gauche.
Le voici de plus près. Il s’agit d’Apollon, dieu de la beauté, tenant une lyre, représenté de face, en position comme assise (mais sans siège) avec sa jambe gauche écartée. Il est nu, mais un drap couvre pudiquement son sexe.
De chaque côté se trouvent les arts liés à la musique, à la poésie et au théâtre. A gauche se trouvent autre femmes debout et un personnage allongé. La première femme à gauche est torse nu avec une robe drapée autour des reins. La seconde a un voile qui lui couvre partiellement la poitrine. La troisième, à l’arrière-plan, regarde les deux premières. La dernière à droite porte des ailes.
Un sonneur de trompe est allongé au sol. C’est le seul personnage qui semble être un homme (à part Apollon au centre).
Enfin, le groupe de droite. La première femme à gauche, à côté d’Apollon, torse nu et avec une grande jupe qui lui arrive sous les fesses, tient une sorte de palme. Il s’agit de l’inspiration poétique. Une grande aile semble partir de son épaule, mais il s’agit peut-être juste d’un fond à la scène.
Derrière elle se tiennent deux femmes debout. Celle de gauche est torse nu, les seins bien visibles, les jambes drapées dans une robe. Ses cheveux sont coiffés en longues tresses. La seconde porte également un vêtement en haut et tient un masque dans la main gauche : il s’agit de la comédie.
Et enfin le dernier personnage assis tout à droite. C’est une femme, la tête effondrée sur ses genoux, en partie cachée par son bras. Elle tient de la main gauche une épée et un masque triste constitue son siège: il s’agit de la tragédie.