Archives par étiquette : bande dessinée

Le singe de Hartlepool de Wilfrid Lupano et Jérémie Moreau

Couverture de Le singe de Hartlepool de Wilfrid Lupano et Jérémie MoreauUn album qui a reçu le prix des libraires en 2013, recommandé par Frank, le patron de la librairie BD de Poitiers, Bulles d’encre, à Maryse, qui l’a lu et me l’a prêté… Vous aurez donc nos deux avis!

Le livre : Le singe de Hartlepool de Wilfrid Lupano (scénario) et Jérémie Moreau (dessins et couleurs), collection Mirages, éditions Delcourt, 2012, 95 pages, ISBN 978-2-7560-2812-5.

L’histoire : en 1814, en pleines guerres napoléoniennes, au large de l’Angleterre. Alors que le jeune mousse d’un bateau français vient d’être jeté à la mer pour avoir chanté une chanson dans la langue de l’ennemi, le bateau est frappé par la foudre et fait naufrage. Les habitants de Hartlepool, sur la côte, récupèrent un rescapé, habillé d’un uniforme français et portant un tricorne. Est-ce bien un Français? Le père du maire, rescapé gravement blessé des guerres napoléoniennes, vient le confirmer sur la plage. Un médecin de passage, victime d’une avarie de diligence, a beaucoup plus de doutes en soignant les personnes mordues par le prisonnier, mais il ne l’a pas encore vu. Pendant ce temps, le jeune mousse a aussi survécu et joue avec les enfants du village et le jeune Charles, le fils du médecin. Le chimpanzé, mascotte du bord, est jugé et condamné à mort comme espion français…

Mon avis: inspiré d’une légende qui a probablement sa part de réalité, et qui s’ancre dans la vieille histoire du meurtre du bouc émissaire (comme l’affaire de Hautefaye, dont je vous ai parlé l’autre jour). Un village reculé, isolé au bord de la mer, avec des habitants ignorants, dont la haine du Français est entretenue par un vétéran qui a survécu aux guerres napoléoniennes mais est revenu amputé des deux jambes… A part le singe, ce sera la seule victime de cette affaire, victime de lui même, puisqu’il se blesse mortellement en tirant un coup de canon. Avec le port de l’uniforme français par le singe, cet accident est le fait déclencheur de l’acte de vengeance. Le médecin humaniste présent par hasard (le père de Charles Darwin) ne peut rien pour éviter la pendaison du prisonnier, mais il ne fait pas non plus un grand effort pour essayer de lui rendre visite avant son exécution. Côté bande dessinée, les visages sont simplifiés mais rendent bien les expressions des protagonistes. L’ambiance est souvent sombre, la tempête, la pluie, l’intérieur de l’auberge. Un album à découvrir!

L’avis de Maryse: Cette BD raconte une histoire basée sur un fait réel, c’est en fait une tragédie qui met en scène la noirceur, la méchanceté, la bêtise (et c’est un euphémisme) de l’âme humaine. Un malheureux singe habillé en costume de marin français va être pendu après avoir été capturé par les gens du village tout près duquel a échoué le bateau où il se trouvait. Il devient un bouc émissaire et un tribunal se réunit sur la place du village pour le juger en tant que français. Rasé pour être plus présentable, il subit alors « une parodie de justice ». Les personnages, les français du bateau et les anglais du village, sont caricaturés comme des êtres stupides et ignorants et le dessin souligne ces traits de caractère. Les visages sont hideux et les couleurs où dominent les bruns, les noirs et les gris alourdissent l’atmosphère. C’est pesant! Les enfants aussi ne sont pas ménagés, ils ressemblent à leurs parents. Et à la fin de la BD… mais, on ne raconte pas la fin, subsiste un espoir…
Personnellement l’histoire m’a laissé une impression de malaise et pourtant j’ai aimé la manière dont elle était écrite et dessinée. Le réalisme avec lequel elle est racontée m’a glacée et c’est en même temps ce qui en fait l’intérêt.

Pour aller plus loin: voir les blogs de Wilfrid Lupano et de Jérémie Moreau.

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Sur la route de Banlung de Rochel et Vink

pioche-en-bib.jpgCouverture de Sur la route de Banlung de Rochel et VinkJe poursuis ma découverte de l’histoire contemporaine du Cambodge. Après Kampuchéa de Patrick Deville, L’élimination de Rithy Panh, L’eau et la terre, Cambodge, 1975-1979 et Lendemains de cendres, Cambodge, 1979-1993 de Séra, voici la suite de l’histoire avec l’organisation des élections de 1993, racontée dans cette bande dessinée trouvée dans les bacs de la médiathèque.

Le livre : Sur la route de Banlung, Cambodge, 1993, de Jacques Rochel (scénario), Vink (scénario et dessins) et Hubert (couleurs), avec la collaboration de Ciné, éditions Dargaud, 56 pages suivies d’un dossier sur les élections de 1993, 2011, ISBN 978-2205065091.

L’histoire : 1993 au Cambodge. L’ONU supervise l’organisation des premières élections libres du Cambodge. Jacques Rochel, un français vivant à New-York, né d’une mère vietnamienne, est envoyé dans la région de Ratana Kiri, une province proche du Viêt Nam et berceau des Khmers rouges. Il est notamment affecté chaque mois à la réception et à la distribution du paiement en liquide des personnes recrutées pour l’organisation des élections. Cette valise contenant 200 000 $ est convoitée par les Khmers qui continuent à occuper la région, et se méfient de ce Jacques qui parle chinois et semble aussi compromis avec les ennemis vietnamiens (ils ont renversé le régime Khmer rouge en 1979) pour rencontrer une médecin venue de l’autre côté de la frontière. Restée dans le New-Jersey, sa femme lui apprend que leur fils aîné vient d’être diagnostiqué comme autiste. Entre fantômes du passé et avenir de son fils, Jacques Rochel terminera-t-il sa mission de six mois au Cambodge?

Mon avis : une bande dessinée aux dessins assez classiques (effet renforcé par le lettrage très « carré », je finis par préférer les expressions plus libres dans le dessin et les textes) sauf deux grandes peintures pleine page. L’ONU tente d’organiser des élections libres à coups de dollars qui servent à payer des locaux chargés de convaincre les gens de se faire faire des cartes d’électeurs puis de voter, tout en restant neutres. Un amour de jeunesse de l’un des expatriés peut-il menacer ainsi la neutralité des élections? Le coût de ces élections pour la communauté internationale (des milliards de dollars) laisse pantois… surtout après l’indifférence dans laquelle la communauté internationale a laissé les Khmers rouges saigner le pays de 1975 à 1979. Quant à la famille laissée aux États-Unis, le diagnostic d’autisme et l’organisation de sa prise en charge, elle est peu évoquée, une remarque ici et là où pointe l’inquiétude du père impuissant à distance…

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Milady de Winter d’Agnès Maupré

pioche-en-bib.jpgLogo BD for WomenCouverture de Milady de Winter d'Agnès Maupré, tome 1Couverture de Milady de Winter d'Agnès Maupré, tome 2Une bande dessinée trouvée dans les bacs de la médiathèque, adaptation des Trois mousquetaires d’Alexandre Dumas.

Le livre : Milady de Winter d’Agnès Maupré (scénario et dessins), éditions Ankama, deux tomes, tome 1, 2010, 134 pages, ISBN 9782359101102, tome 2, 2012, 141 pages, ISBN 9782359102727.

L’histoire : dans la France et l’Angleterre du 17e siècle. La comtesse de la Fère a été pendue à un arbre par son mari… mais il a raté son coup, elle n’est pas morte et fuit en Angleterre. Elle y tombe sur lord de Winter, l’épouse… et le tue deux mois plus tard, alors qu’il vient de découvrir son secret, la marque au fer rouge indélébile sur son épaule… Pour tous, c’est un accident, d’autant plus qu’elle découvre qu’elle est enceinte. Quelques mois plus tard, elle reçoit la visite du cardinal de Richelieu, qui la convainc de devenir son espionne, puis d’un mousquetaire à la recherche des ferrets de la Reine…

Mon avis : un album en noir et blanc, où Agnès Maupré a choisi de raconter l’histoire des Trois-Mousquetaires du point de vue de la femme fatale… et en rapportant quelques-uns des épisodes les plus célèbres du gros pavé, les ferrets de la reine, le siège de La Rochelle et l’épisode du vin d’Anjou… Les personnages sont traités avec un graphisme simplifié avec de grands nez pointus (je ne suis pas vraiment séduite par ce style), Milady de Winter est presque devenue une héroïne de Fantasy, machiavélique et non plus « simple » victime des hommes.

Pour aller plus loin : le blog de l’auteure, Agnès Maupré.

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Lendemains de cendres de Séra

Couverture de Lendemains de cendres de Sérapioche-en-bib.jpgLa suite de L’eau et la terre, Cambodge, 1975-1979, trouvée dans les bacs de la médiathèque.

Le livre : Lendemains de cendres, Cambodge, 1979-1993, de Séra (scénario, dessins et couleurs), collection Mirages, éditions Delcourt, 130 pages, 2007, ISBN 978-2756006239.

L’histoire : 1979 au Cambodge. Suite à l’invasion des troupes vietnamienne, le régime khmer rouge de Pol Pot s’est effondré. Nekh, rescapé des camps de rééducation, cherche à fuir en Thaïlande après l’arrestation de son frère, le militaire révolutionnaire zélé, croise d’anciens déportés en exil comme lui, une jeune femme blessée qu’il tente d’aider, des civils bombardés, l’un des rares bonzes survivants… Le chaos règne, l’occupation vietnamienne permettra–elle de reconstruire le pays après la chute du régime khmer rouge?

Mon avis : un album presque aussi sombre que le premier volume, L’eau et la terre, Cambodge, 1979-1993. Des dessins très noirs (au sens propre), des cartes, des citations pour éclairer le propos, et parfois une planche pleine page, comme une apparition, un relief de temple ancien. La jungle, dans toute sa sauvagerie, en parallèle avec la sauvagerie du régime khmer, de ses atrocités, de la guerre civile, de l’exil.

Sur une histoire plus longue du Cambodge, voir aussi Kampuchéa de Patrick Deville et L’élimination de Rithy Panh.

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Top BD des blogueurs, janvier 2014

Logo du top BD des blogueurs 2013Le classement du TOP BD des blogueurs proposé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible du mois dedécembre est arrivé… merci à lui pour ces savants calculs et cette organisation. Il y a eu pas mal de changements ce mois-ci, voir ses commentaires dans son article! Après des mois dans le haut du classement, Maus (revoir mes avis sur le tome 1 : mon père saigne l’histoire, et le tome 2, Et c’est là que mes ennuis ont commencé), de Art Spiegelmann, dégringole de plusieurs places… de même que les ignorants d’Étienne Davodeau. Mauvais genre de Chloé Cruchaudet est sorti du classement juste avant que je ne le lise! Mais retournez voir mon article, j’y ai ajouté l’avis de Maryse (sans blog), à qui j’avais prêté l’album et qui l’a visiblement beaucoup apprécié.

Comme d’habitude, en gras, les albums que j’ai chroniqués ici…

1- (=) Le journal de mon père, 18.67, Jiro Taniguchi, Casterman
2- (=) Persépolis, 18.64, Marjanne Satrapi, L’Association
3- (=) Un printemps à Tchernobyl, 18.63, Emmanuel Lepage, Futuropolis, voir mon avis
4- (+) Le loup des mers, 18.55, Riff Reb, Soleil
5- (=) Asterios Polyp, 18.5, David Mazzuchelli, Casterman
6- (+) Pendant que le roi de Prusse faisait la guerre, qui donc lui reprisait ses chaussettes? , 18.5, Benoît Zidrou, Roger, Dargaud
7- (=) Idées Noires , 18.5, Franquin, Fluide Glacial
8- (=) NonNonBâ, 18.5, Shigeru Mizuki, Cornélius
9- (-) Maus, 18.49, Art Spiegelmann, Flammarion, j’ai parlé ici du tome 1 : mon père saigne l’histoire, et du tome 2, Et c’est là que mes ennuis ont commencé
10- (=) Daytripper, 18.46, Fabio Moon, Gabriel Ba, Urban Comics
11- (=) Tout seul, 18.38, Christophe Chabouté, Vents d’Ouest
12- (+) Les derniers jours de Stefan Sweig, 18.36, L. Seksik, G. Sorel, Casterman
13- (=) Le sommet des dieux, 18.33, Yumemuka Bura, Jirô Taniguchi, Casterman, Tome 1,Tome 2,Tome 3, Tome 4, Tome 5
14- (=) Universal War One, 18.33, Denis Bajram, Soleil, Tome 1, Tome 2, Tome 3, Tome 4, Tome 5, Tome 6
15- (=) V pour Vendetta, 18.22, Alan Moore, David Lloyd, Delcourt
16- (=) Le Grand pouvoir du Chninkel, 18.19, Van Hamme, Rosinski, Casterman
17- (N) Abaddon, 18.17, Koren Shadmi, Ici-Même, Tome 1, tome 2
18- (-) Rouge Tagada, 18.08, Charlotte Bousquet, Stéphanie Rubini, Gulf Stream Editeur
19- (=) Abélard, 18.04, Régis Hautière, Renaud Dillies, Dargaud, Tome 1, Tome 2
20- (N) Universal War Two tome 1, 18, Denis Bajram, Casterman
21- (N) Mon arbre, 18, Séverine Gauthier, Thomas labourot, Delcourt
22- (=) Il était une fois en France, 17.98, Fabien Nury, Sylvain Vallée, Glénat, Tome 1, Tome 2, Tome 3, Tome 4, Tome 5,Tome 6
23- (=) Habibi, 17.95, Craig Thompson, Casterman
24- (=) Gaza 1956, 17.92, Joe Sacco, Futuropolis, voir mon avis : Gaza 1956
25- (=) Trois Ombres, 17.9, Cyril Pedrosa, Delcourt
26- (=) Herakles tome 1, 17.88, Edouard Cour, Akiléos
27- (=) Saga, 17.88, Bryan K. Vaughan, Fiona Staples, Urban Comics, Tome 1, Tome 2
28- (=) Une métamorphose iranienne, 17.87, Mana Neyestani, Editions Ca et là
29- (=) Pinocchio, 17.85, Winschluss, Les Requins Marteaux
30- (=) Manabé Shima, 17.83, Florent Chavouet, Editions Philippe Picquier
31- (=) Scalped, 17.83, Jason Aaron, R.M. Guerra, Urban Comics, Tome 1, Tome 2, Tome 3, Tome 4, Tome 5, Tome 6, Tome 7,
32- (-) Les ignorants, 17.8, Etienne Davodeau, Futuropolis, je l’ai aussi beaucoup aimé
33- (=) Joker , 17.75, Brian Azzarello, Lee Bermejo, Urban Comics
34- (=) L’histoire des trois Adolf, 17.75, Osamu Tezuka, Tonkam
35- (=) Blankets, 17.73, Craig Thompson, Casterman
36- (=) Le pouvoir des innocents- Les enfants de Jessica tome 1, 17.73, . Brunschwig, L. Hirn, Futuropolis
37- (=) Calvin et Hobbes, 17.7, Bill Watterson, Hors Collection, Tome 1, Tome 2, Tome 15, tome 17,
38- (=) Les seigneurs de Bagdad, 17.7, Brian K. Vaughan, Niko Henrichon, Urban Comics
39- (+) Ma Révérence, 17.69, Wilfrid Lupano, Rodguen, Delcourt
40- (=) Holmes, 17.69, Luc Brunschwig, Cecil, Futuropolis, Tome 1, Tome 2, Tome 3
41- (=) Urban, 17.69, Luc Brunschwig, Roberto Ricci, Futuropolis, Tome 1, Tome 2,
42- (=) La petite famille , 17.67, Loïc Dauvillier, Marc Lizano, Editions de la Gouttière
43- (N) Tokyo Home, 17.67, Thierry Gloris, Cyrielle, Kana
44- (=) Anjin-san, 17.67, Georges Akiyama, Le Lézard Noir
45- (=) Lorenzaccio, 17.67, Régis Peynet, 12 Bis
46- (=) L’Orchestre des doigts, 17.65, Osamu Yamamoto, Editions Milan, Tome 1, Tome 2, Tome 3, Tome 4
47- (+) Portugal, 17.61, Cyril Pedrosa, Dupuis
48- (=) Voyage aux îles de la Désolation , 17.58, Emmanuel Lepage, Futuropolis
49- (=) Elmer , 17.58, Jerry Alanguilan, Editions Ca et là
50- (=) Moi, René Tardi, prisonniers de guerre au Stalag IIB, 17.58, Jacques Tardi, Casterman

Mauvais genre de Chloé Cruchaudet

Logo BD for Womenpioche-en-bib.jpgJe vous parle rarement deux jours en suivant de bandes dessinées… Mais cela faisait plusieurs semaines que j’étais sur la liste d’attente de la médiathèque pour avoir cet album, dont on parle beaucoup en ce moment, récupéré hier et en lice pour le prix du meilleur album qui sera remis demain à Angoulême à l’occasion du  41e festival international de la Bande dessinée (revoir autour de la bande dessinée à Angoulême : le musée, transformé en 2012 en musée privé par Art Spiegelman, le festival 2011, le buste d’Hergé, les murs peints : Margerin et Morris, façade d’une mutuelle par Sineux). Il a déjà reçu le Grand prix de la critique de bande dessinée 2014. [PS: il a finalement reçu le prix du jury, le grand prix est revenu à Come prima d’Alfred, le prix spécial du jury à La propriété, de l’israelienne Rutu Modan, une auteure dont je vous ai parlé pour Exit wounds. Le grand prix revient à Bill Watterson, le créateur de Calvin et Hobbes, qui présidera le festival 2015].

Le livre : Mauvais genre de Chloé Cruchaudet (scénario, dessins et couleurs), collection Mirages, éditions Delcourt, 2013, 160 pages, ISBN 978-2-7560-3971-8.

L’histoire : Dans un prétoire dans les années 1920. Une femme comparaît, on ne comprend pas pourquoi au premier abord. Retour en arrière, quelque part sur le front lors de la Première guerre mondiale. Paul, séparé de Louise juste après leur mariage, est confronté à la mort de trop, celle d’un camarade décapité devant lui, alors qu’il venait de « pêter les plombs ». Il décide de se mutiler un doigt, fera tout pour que sa blessure se sur-infecte. Mais voilà, un doigt en moins, ça ne suffit pas à être réformé. Il décide de déserter, retrouve Louise qui le cache dans un hôtel à Paris. Un peu par hasard, parce qu’il veut sortir prendre l’air et s’acheter une bouteille, il revêt les habits de Louise. Vient alors l’idée de continuer à vivre au grand jour, sous les traits d’une femme, Suzanne… ce qui va le mener à prendre un métier féminin, puis au bois de Boulogne.

Mon avis: La première guerre mondiale est à la mode en cette année de commémoration du centenaire, en voici une histoire singulière, celle d’un déserteur. Dans le concert de louanges autour de cet album, je vais avoir une note un peu discordante. J’ai beaucoup aimé le scénario, mais eu beaucoup plus de mal avec le dessin, noir et blanc aquarellé en gris, sauf, au fil des pages, des rehauts de rouge, notamment pour des vêtements. L’alcool semble jouer un rôle important: lors de la rencontre avant guerre dans une guinguette, pour la première sortie de Paul après sa désertion, pour faire la fête avec les collègues de travail, ce qui l’amènera à découvrir le bois de Boulogne. J’ai préféré la première partie, l’ambiance des tranchées rappelle les sombre tableaux d’Otto Dix par exemple. La suite est une belle histoire d’amour, un travestissement presque « par accident », de plus en plus assumé au fil des jours et des mois, des années même… puisqu’il a fallu attendre 1928 pour que les déserteurs soient amnistiés. Le retour à la vie de Paul sera tragique pour « Suzanne ».

PS: j’ai aussi reçu l’avis de Maryse, sans blog, à qui j’avais prêté l’album avant son retour à la médiathèque. Le voici:

Cette BD m’a été prêtée par Véronique, et moi qui ne suis pas trop BD, je l’ai lue d’un trait et relue. Scénario et graphisme superbes. Pour moi, enfin un contre-héros. Le poilu classique honoré et glorifié, terminé! Ici, c’est un homme qui déserte, qui se travestit pour vivre et survivre. On ne sait pas trop si on le plaint ou si on le déteste. Il se transforme en femme et on est surpris d’être tenu en haleine pour savoir jusqu’où il est capable d’aller. En face, sa femme qui l’a épousé avant qu’il ne parte à la guerre. Au début, elle est effacée, timide puis son personnage devient de plus en plus important, elle encourage son mari dans sa transformation, lui donne des conseils. Elle évolue et partage ses goûts homosexuels et « pervers » dans les bois où tout est permis. Elle devient plus putain que lui, jusqu’au bout…sans vous révéler la fin bien sûr. Vraiment à lire et relire… Très Bien +++++

Pour aller plus loin : voir le site officiel de Chloé Cruchaudet.

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Quatre soeurs, Enid, de Malika Ferdjoukh et Cati Baur

pioche-en-bib.jpgLogo BD for WomenCouverture de Quatre soeurs, Enid, de Malika Ferdjoukh et Cati BaurUne bande dessinée dont j’avais entendu parler à plusieurs reprise et que j’ai fait exhumer des réserves de la médiathèque.

Le livre : Quatre soeurs, tome 1, Enid de Malika Ferdjoukh (roman, scénario) et Cati Baur (scénario, dessins et couleurs), collection Encrages, éditions Delcourt, 2011, 161 pages, ISBN 978-2-7560-2008-2.

L’histoire : en 2008 dans une grande villa (Vill’Hervé) au bord de la mer. Les sœurs Verdelaine sont orphelines depuis 19 mois, leurs parents sont morts dans un accident de voiture. Elles sont cinq, Enid la cadette, 9 ans, Hortense 11 ans, Béthina 14 ans, Geneviève 16 ans, et Charlie, 23 ans, amoureuse de Basile, jeune médecin. Les sœurs s’organisent entre elles pour vivre dans cette grande maison, sous la surveillance lointaine de tante Lucrèce, avec les chats, les bruits de la maison, les tempêtes, la chaudière à maîtriser, le bus pour aller à l’école… et les parents qui apparaissent ici et là, petites voix qui guident les filles.

Mon avis : un album en couleur adapté par l’auteure elle-même d’un roman jeunesse en quatre tomes de Malika Ferdjoukh, paru à l’école des Loisirs et que je n’ai pas lu. Le premier tome de la bande dessinée se place du point de vue de la cadette, un peu rêveuse, aventurière à ses heures (elle part explorer le puits où l’arbre centenaire a atterri suite à la tempête). J’aime bien le rendu de la grande villa et de ses multiples pièces, mais aussi du parc, notamment pendant la tempête. Je trouve en revanche que le rendu des personnages, et notamment des visages, est trop simplifié. Mais bon, la cible de cet album, c’est la jeunesse, ceux (et surtout celles) qui ont lu le roman, je suppose.

Le tome 2, Hortense, est paru, ainsi qu’une autre adaptation en bande dessinée chez Je Bouquine.

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L’eau et la terre de Séra

pioche-en-bib.jpgCouverture de L'eau et la terre de SéraUne bande dessinée trouvée dans les bacs de la médiathèque. Voir aussi la suite : Lendemains de cendres.

Le livre : L’eau et la terre, Cambodge, 1975-1979, de Séra (scénario et dessins), préface de Rithy Panh, collection Mirages, éditions Delcourt, 100 pages, 2005, ISBN 978-2847897289.

L’histoire : avril 1975 au Cambodge. Les Khmers rouges ont pris le pouvoir, mettent en place le régime de l’Angkar et déportent la population des villes, direction des camps de travail à marche forcée. Les écoles sont fermées, pour l’instituteur, c’est la fin du monde. Une fillette perdue est recueillie par un couple, la survie s’organise pour certains, beaucoup meurent d’épuisement ou se laissent mourir. Le seul sourire qui subsiste est celui qui est figuré sur un billet de banque de l’ancien temps. Civils, soldats, Khmers rouges, destins tragiques mêlés de toute une population, longues marches, charniers, travail aux champs, massacres…

Mon avis : une bande dessinée sombre, tant par le propos, le texte (illustré quand même par quelques espoirs issus de textes poétiques tirés de la tradition khmère ancienne) que les dessins tout en sépia gris, noirs, bleus et brun-rouge. Quelques cartes au fil du texte, avec une longue légende, illustrent le propos et les déportations. Et l’enfant enrôlé qui grandit et répète comme un leitmotiv  » et je ne suis toujours pas mort « . Une histoire dans un pays en huis-clos, la communauté internationale n’est pas (ou quasi pas) mentionnée dans l’ouvrage (et dans la réalité a aussi été d’une grande passivité), seul le Viêt Nam voisin finit par intervenir.

Sur une histoire plus longue du Cambodge, voir aussi Kampuchéa de Patrick Deville et L’élimination de Rithy Panh. Voir aussi L’année du Lièvre, tome 1, Au revoir Phnom Penh de Tian

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Haarmann, le boucher de Hanovre, par Peer Meter et Isabel Kreitz

pioche-en-bib.jpgLogo BD for WomenCouverture de Haarmann, le boucher de Hanovre, par Peer Meter et Isabel KreitzUne bande dessinée trouvée dans les bacs de la médiathèque. Je vous ai déjà parlé d’un album avec un scénario de Peer Meter mais avec une autre dessinatrice, Barbara Yelin (revoir L’empoisonneuse). De Isabel Kreitz, voir aussi L’espion de Staline.

Le livre : Haarmann, le boucher de Hanovre de Peer Meter (scénario et dialogues) et Isabel Kreitz (dessins), traduit de l’allemand par Caroline Dolmazon et Paul Derouet, collection écritures, éditions Casterman, 2011, 175 pages dont un dossier documentaire d’une dizaine de pages, ISBN 9782203038820.

L’histoire : Hanovre, 1924. L’un des canaux de la ville est curé suite à la plainte de riverains, il est plein de restes humains découpés. Dans l’Allemagne en crise après la Première Guerre Mondiale, Fritz Haarmann vend des vêtements d’occasion et de la viande à des prix défiant toute concurrence. Il est aussi indicateur de la police, notamment dans la gare de Hanovre. Mais les rumeurs courent sur son compte, il a déjà été condamné plusieurs fois pour homosexualité, de jeunes hommes entrent chez lui et n’en seraient jamais ressortis… La police qui le couvre pour ses informations finira-t-elle par lui demander des comptes et prendre en compte les plaintes des voisins?

Mon avis : un album en noir et blanc qui raconte l’histoire de Fritz Haarmann, tueur en série allemand, histoire résumée en texte à la fin de l’album, avec une liste des 24 victimes reconnues. L’album insiste sur la prédation des jeunes hommes, les viols, la découpe des cadavres, la revente de leurs vêtements et de viande (en morceaux ou transformée en charcuterie) dont il est plus que suggéré qu’il s’agit de celle des victimes. Le dessin est sombre, plein de détails sur les rues de Hanovre, la foule, l’intérieur de l’appartement de Haarmann. Un très bon polar graphique historique…

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Top BD des blogueurs, décembre 2013

Logo du top BD des blogueurs 2013Le classement du TOP BD des blogueurs proposé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible du mois dedécembre est arrivé… merci à lui pour ces savants calculs et cette organisation. Il y a eu beaucoup moins de changements ce mois-ci, voir ses commentaires dans son article!

Comme d’habitude, en gras, les albums que j’ai chroniqués ici…

1- (=) Le journal de mon père, 18.67, Jiro Taniguchi, Casterman
2- (=) Maus, 18.66, Art Spiegelmann, Flammarion, j’ai parlé ici du tome 1 : mon père saigne l’histoire, et du tome 2, Et c’est là que mes ennuis ont commencé
3- (+) Persépolis, 18.64, Marjanne Satrapi, L’Association
4- (=) Un printemps à Tchernobyl, 18.63, Emmanuel Lepage, Futuropolis, voir mon avis
5- (=) Asterios Polyp, 18.5,
David Mazzuchelli, Casterman
6- (=) Le loup des mers, 18.5, Riff Reb, Soleil
7- (=) Idées Noires, 18.5, Franquin, Fluide Glacial
8- (=) NonNonBâ, 18.5, Shigeru Mizuki, Cornélius
9- (=) Daytripper, 18.46, Fabio Moon, Gabriel Ba, Urban Comics
10- (-) Punk Rock Jesus, 18.44, Sean Murphy, Urban Comics
11- (+) Pendant que le roi de Prusse faisait la guerre, qui donc lui reprisait ses chaussettes?, 18.4, Benoît Zidrou, Roger, Dargaud
12 (=) Tout seul, 18.38, Christophe Chabouté, Vents d’Ouest
13- (=) Le sommet des dieux, 18.33, Yumemuka Bura, Jirô Taniguchi, Casterman, Tome 1,Tome 2,Tome 3, Tome 4, Tome 5
14- (=) Universal War One, 18.33, Denis Bajram, Soleil, Tome 1, Tome 2, Tome 3, Tome 4, Tome 5, Tome 6
15- (+) Rouge Tagada, 18.3, Charlotte Bousquet, Stéphanie Rubini, Gulf Stream Editeur
16- (=) Les derniers jours de Stefan Sweig, 18.25, L. Seksik, G. Sorel, Casterman
17- (=) V pour Vendetta, 18.22, Alan Moore, David Lloyd, Delcourt
18- (=) Le Grand pouvoir du Chninkel, 18.19, Van Hamme, Rosinski, Casterman
19- (=) Revenants, 18.08, Olivier Morel, Maël, Futuropolis
20- (=) Les ignorants, 18.06, Etienne Davodeau, Futuropolis, je l’ai aussi beaucoup aimé
21- (+) Abélard 18.04, Régis Hautière, Renaud Dillies, Dargaud, Tome 1, Tome 2
22- (=) Il était une fois en France 17.98, Fabien Nury, Sylvain Vallée, Glénat, Tome 1, Tome 2, Tome 3, Tome 4, Tome 5,Tome 6
23- (=) Habibi, 17.95, Craig Thompson, Casterman
24- (=) Gaza 1956, 17.92, Joe Sacco, Futuropolis, voir mon avis : Gaza 1956
25- (=) Trois Ombres, 17.9, Cyril Pedrosa, Delcourt
26- (=) Herakles tome 1, 17.88, Edouard Cour, Akiléos
27- (=) Saga, 17.88, Bryan K. Vaughan, Fiona Staples, Urban Comics, Tome 1, Tome 2,
28- (=) Une métamorphose iranienne, 17.87, Mana Neyestani, Editions Ca et là
29- (=) Pinocchio, 17.85, Winschluss, Les Requins Marteaux
30- (=) Manabé Shima, 17.83, Florent Chavouet, Editions Philippe Picquier
31- (=) Scalped, 17.83, Jason Aaron, R.M. Guerra, Urban Comics, Tome 1, Tome 2, Tome 3, Tome 4, Tome 5, Tome 6, Tome 7
32- (=) Joker, 17.75, Brian Azzarello, Lee Bermejo, Urban Comics
33- (=) L’histoire des troisAdolf, 17.75, Osamu Tezuka, Tonkam
34- (=) Blankets, 17.73, Craig Thompson, Casterman
35- (=) Le pouvoir des innocents- Les enfants de Jessica tome 1, 17.73, L. Brunschwig, L. Hirn, Futuropolis
36- (=) Calvin et Hobbes, 17.7, Bill Watterson, Hors Collection, Tome 1, Tome 2, Tome 15, tome 17
37- (=) Les seigneurs de Bagdad, 17.7, Brian K. Vaughan, Niko Henrichon, Urban Comics
38- (=) Holmes, 17.69, Luc Brunschwig, Cecil, Futuropolis, Tome 1, Tome 2, Tome 3
39- (=) Urban, 17.69, Luc Brunschwig, Roberto Ricci, Futuropolis, Tome 1, Tome 2,
40- (=) La petite famille, 17.67, Loïc Dauvillier, Marc Lizano, Editions de la Gouttière
41- (=) Anjin-san, 17.67, Georges Akiyama, Le Lézard Noir
42- (=) Lorenzaccio, 17.67, Régis Peynet, 12 Bis
43- (=) L’Orchestre des doigts, 17.65, Osamu Yamamoto, Editions Milan, Tome 1, Tome 2, Tome 3, Tome 4
44- (+) Ma Révérence, 17.64, Wilfrid Lupano, Rodguen, Delcourt
45- (=) Alice au pays des singes, 17.62, Tébo, Nicolas Keramidas, Glénat
46- (N) Mauvais genre, 17.61, Chloé Cruchaudet, Delcourt, j’en ai aussi parlé
47- (=) Voyage aux îles de la Désolation, 17.58, Emmanuel Lepage, Futuropolis
48- (=) Portugal, 17.58, Cyril Pedrosa, Dupuis
49- (=) Elmer, 17.58, Jerry Alanguilan, Editions Ca et là
50- (+) Les Carnets de Cerise, 17.58, Joris Chamblain, Aurélie Neyret, Soleil, Tome 1, Tome 2,