
En plein centre-ville de Strasbourg, à deux pas de la cathédrale se trouve la place Gutenberg (ancienne place du Marché aux herbes), dominée par le monument qui commémore ce grand homme qui est installée devant un beau bâtiment dont je vous reparlerai, la Chambre de commerce construite en 1585.
La statue en pied, de très grande taille (3,31 m) est posée sur un haut socle de grès rouge sur lequel ont été ajoutés des bas-reliefs également en bronze. Bien que protégée pendant la seconde guerre mondiale, la statue est endommagée par des bombardements en 1943 et elle est restaurée en 1957.
La statue porte la signature « P.J. DAVID D’ANGERS » et la date 1839. Je vous reparlerai de ce sculpteur, j’ai visité il y a peu sa galerie… à Angers (où vous pouvez voir le plâtre préparatoire)! Mais si vous souhaitez déjà découvrir Pierre Jean David dit David d’Angers (1788-1856), vous pouvez consulter le dossier de l’exposition que lui consacre la bibliothèque nationale de France à Paris (site Richelieu) jusqu’au 25 mars 2012. La fonte est de SOYER et INGER. L’idée de ce monument revient à une société savante de Strasbourg en 1835, la statue en pied est fondue en 1839, le moment inauguré en juin 1840 pour le 400ème anniversaire de l’invention de l’imprimerie. Pour les Parisiens encore, vous pouvez en voir une copie dans le 15e arrondissement, rue de la Convention, devant l’ancien siège de l’Imprimerie Nationale. Ce deuxième tirage, réalisé par le fondeur J.H. Destailleur, a été inauguré en octobre 1851. Une petite différence entre les deux: sur le tirage en papier (euh, en bronze) que Gutenberg tient entre les mains, à Paris est inscrit « et la lumière fut », extrait de la Genèse. Sur l’exemplaire de Strasbourg, elle a été traduite en allemand lors de l’occupation allemande.
Johannes Gensfleisch, dit Gutenberg, est né entre 1394 et 1399 à Mayence. Il a séjourné à Strasbourg de 1434 à 1445, où plusieurs personnes, dont Jean Mentelin (1410-1478), cherchaient le moyen de reproduire les textes en série… C’est à Strasbourg qu’il réalisa la première impression à partir de caractères mobiles en 1440… l’imprimerie était née, avec juste une page. Il imprimera plus tard à Mayence, où il était rentré, une grammaire en 1451 puis le premier gros livre, la Bible, en 1452-1454. A sa mort (à Mayence) en 1468, il lègue son invention à l’humanité… Pas de brevet donc, une découverte mise à disposition de tous! Ah l’heureux monde où le bien collectif primait sur l’intérêt individuel…

Gutenberg tient donc une feuille imprimée à la main, et une presse (qui est plutôt due aux travaux de Jean Mentelin, est posée au sol à sa gauche (à droite quand on regarde la statue de face).

Les quatre bas-reliefs en bronze du socle ont été ajoutés en 1844, ils n’étaient pas terminés lors de l’inauguration, ce sont des modèles en plâtre peint qui avaient été mis en 1840. Ils représentent les bienfaits de l’imprimerie en Amérique, en Afrique, en Asie et en Europe. Sur chaque relief, on reconnaît une presse d’imprimerie et des personnages qui sont identifiés par des inscriptions. Pour l’Europe, que l’on voit ici, le projet était de figurer Luther et Bossuet à côté de Gutenberg. Ils étaient sur le plâtre peint en 1840. Devant la polémique qui éclata dans les milieux catholiques et protestants, ils ont finalement été remplacés sur le bronze par Erasme et Montesquieu (il existe une version intermédiaire de 1842, toujours avec Luther et Bossuet, conservée au musée de Strasbourg).
Voici deux détails de la plaque consacrée à l’Europe. En haut, vous apercevez les personnages célèbres avec leurs noms gravés sur le fond au-dessus d’eux (il y a aussi des inscriptions tout en bas), et au centre en bas, un groupe d’enfants qui apprennent à lire et à écrire.

Voici maintenant l’Amérique. Sur la droite (zut, ma photo de détail de cette partie était floue, je ne l’ai pas mise), une partie militante, des esclaves qui supplient pour leur libération tout en se rapprochant de Bolivar… Au-dessus de la presse, Benjamin Franklin brandit l’acte d’indépendance des États-Unis, avec à ses côtés Georges Washington, Thomas Lefferson, Gilbert de La Fayette et d’autres signataires de cet acte.
Un détail de l’Amérique…

L’Afrique… A gauche de la presse, William Wilberforce, abolitionniste anglais, étreint et semble protéger un Africain représenté nu et tenant un livre contre sa poitrine… Ce panneau est très militant sur l’abolition de l’esclavage.
Deux détails de l’Afrique, en haut, on voit mieux le détail de la scène. Sur la droite de la plaque (détail en bas), Thomas Clarkson libère un groupe d’esclaves de leurs liens et de leurs fers. A l’arrière-plan, un groupe de femmes récupère leurs enfants enfin libérés. D’autres figures abolitionnistes, comme l’abbé Grégoire, sont représentés dans ce bas-relief foisonnant.

L’Asie semble plus apaisée… Au centre, à gauche de la presse, William Jones et Anquetil Duperron (merci les inscriptions, sinon, impossible de reconnaître ces messieurs) offrent des livres imprimés à des Brahmanes qui sont debout de l’autre côté de la presse. A gauche de cette scène, le sultan Mahmoud II lit le journal, a abandonné son turban et revêtu des vêtements européens. Tout à gauche de la plaque, un Chinois lit un livre de Confusius. A droite, un Européen enseigne à un groupe d’enfants et des femmes semblent écouter un homme identifié comme le philosophe indien Rammonhun-Roy…

Un détail de la partie centrale de l’Asie… Nous avons donc un discours plutôt en faveur de l’abolition de l’esclavage, de l’instruction des enfants et des peuples… mais qui semble relativement favorable à la colonisation (ce sont des Européens qui apportent le livre et l’instruction sur tous les continents…).
Cet article entre dans le cadre du défi Mars, mois de l’Europe centrale organisé par Schlabaya.

Le
Mon avis : l’exposition mélange plusieurs choses… Au début de la période, il s’agit d’exhiber des « sauvages » comme on exhibe aussi des personnes difformes dans les foires, etc. Voyeurisme, pas de doute, mais à ce moment-là, il n’est pas sûr qu’il s’agisse d’un comportement raciste et de bourrage de crâne du visiteur de ces exhibitions comme cela semble être le discours tout au long de l’exposition. Pour l’image du « sauvage », au passage, je vous invite à revoir ceux qui portent les armoiries de Niort… Je vous remets l’image, si avez avec la flemme d’aller 
Il se compose d’une stèle centrale en calcaire sur laquelle sont apposés trois médaillons en bronze, encadré de deux stèles un peu plus basses portant chacune la sculpture d’un éléphant, tête tournée vers la stèle centrale.
Sur le côté droit du monument sont inscrits le nom des auteurs, » Pierre Grizet / Architecte DPLG / G. Prud’homme / médaillons / L. et G. Chaumot / sculpteurs « . Pierre Grizet était l’architecte de la ville de La Rochelle, je reviendrai sur les autres plus bas, avec leurs signatures.
Voici de plus près l’éléphant de gauche…
… qui surmonte l’inscription » à la mémoire de trois conquérants pacifiques / de la Côte-d’Ivoire partis de La Rochelle / Arthur Verdier, capitaine de navire, marchand / armateur, colon, résident de France à / Grand Bassam et Assinie et à ses collaborateurs « .
Voici l’éléphant de droite…
qui porte la signature des sculpteurs, L et G. Chaumot. Il s’agit de Louis Chaumot et de son fils Georges. Georges Chaumot a aussi réalisé à La Rochelle la sculpture de
En-dessous, la suite de l’inscription : » qui moururent à la tâche / Amédée Brétignère et Marcel Treich-Laplène / ce monument a été élevé 50 ans / après les traités qui donnèrent à la France / cette belle et riche colonie « . Un monument colonial donc, inauguré en septembre 1937, qui mériterait sur place une petite explication… et au moins la mention de l’indépendance de la Côte-d’Ivoire en 1960.
Sur la stèle centrale se trouve une carte de l’Afrique avec de petits carrés à l’emplacement de la Côté-d’Ivoire.
Au pied de cette carte, deux masques traditionnels avec des sceptres, à la manière de trophées ou de prises de guerre avec les dates » 1887-1937 « . Sur le projet, ils étaient prévus en bronze, ils ont finalement été réalisés en calcaire.
Le haut de cette stèle identifie clairement le monument : » Aux pionniers / de la Côte-d’Ivoire « , puis trois médaillons en bronze reliés entre eux et enfin… quatre noms et non trois! Soit : » Treich Laplène / 1860-1890 / Brétignière 1856-1890 / Verdier / 1835-1898 / commandant Charles-Emmanuel Valteau / 1855*1907.
Les médaillons portent la date de leur réalisation, » MCMXXXVII » (1937)…
… et la signature du médailliste, Georges Henri Prud’homme (Capbreton, 1873 – Paris, 1947), assez connu, dont je vous ai parlé pour un
Trois médaillons avec des portraits, donc, si on se fie aux inscriptions sur la stèle, Marcel Treich-Laplène à gauche,
Arthur Verdier au centre
et Amédée Brétignère à droite. Vous remarquerez la mode de la moustache dans les années 1880, que tous trois portent, associée à une barbe taillée en pointe pour Marcel Treich-Laplène et Amédée Brétignère.

J’ai trouvé ce livre à la