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Je suis Charlie…

Je suis Charlie, hommage aux journalistes et dessinateurs de Charlie Hebdo… que dire de plus? Bernard Maris est, était, celui que j’entendais le plus, sur France Inter, avec le débat économique du vendredi avec Dominique Seux, un débat toujours intéressant… Cabu, je ne ratais jamais le Beauf et, depuis quelque temps, son fils aux oreilles pointues chaque semaine en page 7 du Canard Enchaîné, que j’allais lire immédiatement après la une, ni ses dessins au fil des pages du Volatile. Je ne prenais pas chaque semaine Charlie Hebdo chez la buraliste, c’est elle qui m’a annoncé l’attentat hier à midi et demi, quand je me suis arrêtée prendre Le Canard, justement. Je feuilletais presque toujours Charlie Hebdo à la médiathèque, aimais (pas toujours) les propositions de Cabu, Charb, Wolinski, Tignous et Philippe Honoré, leurs impertinences qui ne laissaient pas le lecteur indifférent. L’équipe de Charlie Hebdo était toujours très présente au festival international de la Bande dessinée d’Angoulême, Wolinski notamment, grand prix en 2001… En 2006, après les caricatures de Mahomet, le festival avait tenu à exprimer tout son soutien à Charlie Hebdo. Le rôle des caricatures et du dessin de presse, du journalisme de presse, il en fut longuement question lors des assises de la Presse en 2012 à Poitiers, au cours de la mémorable soirée animée par Plantu le jour anniversaire des 40 ans de son premier dessin à la une du Monde, où il parla abondamment de Cartooning for Peace, l’association qu’il a co-créée pour la liberté d’expression des dessinateurs de presse du monde entier, en montrant des dessins de tous ceux qui sont menacés ou ont été blessés voire tués pour leurs dessins. La liste s’est cruellement allongée avec cinq d’entre eux tués et un blessé (Riss). Ne les oublions pas, pour une presse libre, contre tous les intégrisme. Si les journalistes de Charlie et leurs amis (les grands titres de la presse française ont proposé hier une aide technique et matérielle) arrivent à sortir une édition la semaine prochaine ou plus tard, ne laissons pas le titre mourir avec la plus grande partie de sa rédaction, achetons-le massivement et durablement [j’ai depuis pris un abonnement pour deux ans].

Une pensée pour les 12 tués (les dessinateurs Cabu, Charb, Wolinski, Tignous et Philippe Honoré, les chroniqueurs Bernard Maris et Elsa Cayat, le correcteur Mustapha Ourad, Michel Renaud, invité de la rédaction, deux policiers, Franck Brinsolaro, chargé de la protection de Charb, et Ahmed Merabe, ainsi qu’un agent d’entretien, Frédéric Boisseau), les blessés (dont Riss, dessinateur, Simon Fieschi, webmaster, et les journalistes Philippe Lançon et Fabrice Nicolino, ainsi que deux policiers), leurs familles et leurs proches.

Voici l’adresse OFFICIELLE pour faire des des dons à Charlie, géré par la caisse des dépôts www.jaidecharlie.fr

Vous pouvez aussi vous abonner

et bien sûr participer aux rassemblements citoyens.

PS: Le Petit Quotidien a mis en ligne son dernier numéro en accès gratuit, pour aborder la question avec vos enfants…

PPS: voir le premier dessin de Dilem, Dieu est humour, caricaturiste algérien lui-même menacé, qui avait échangé pris la une du monde à la place de Plantu pendant une semaine en 2012 (qui dessinait cette semaine là pour lui dans le journal algérien francophone Liberté)

PPPS: aux victimes précédemment citées, il convient d’ajouter Clarissa Jean-Philippe, policière municipale stagiaire abattue jeudi 8 janvier à Montrouge, et les quatre victimes juives du supermarché casher (Super Cacher) de Vincennes, Yoav Hattab, Philippe Braham, Yohan Cohen, François-Michel Saada, exécutées le vendredi 9 janvier. Les terroristes ne seront pas mentionnés ici.

Article du 7 janvier 2015, mis à jour quotidiennement jusqu’au 10 janvier.

Gutenberg à Strasbourg

Strasbourg, monument Gutenberg, 1, vue de loin

Le château de Schönbrünn à Vienne en Autriche en 1993, 2, de plus près

En plein centre-ville de Strasbourg, à deux pas de la cathédrale se trouve la place Gutenberg (ancienne place du Marché aux herbes), dominée par le monument qui commémore ce grand homme qui est installée devant un beau bâtiment dont je vous reparlerai, la Chambre de commerce construite en 1585.

La statue en pied, de très grande taille (3,31 m) est posée sur un haut socle de grès rouge sur lequel ont été ajoutés des bas-reliefs également en bronze. Bien que protégée pendant la seconde guerre mondiale, la statue est endommagée par des bombardements en 1943 et elle est restaurée en 1957.

Strasbourg, monument Gutenberg, 2, signature de David d'Angers et date de 1839 La statue porte la signature « P.J. DAVID D’ANGERS » et la date 1839. Je vous reparlerai de ce sculpteur, j’ai visité il y a peu sa galerie… à Angers (où vous pouvez voir le plâtre préparatoire)! Mais si vous souhaitez déjà découvrir Pierre Jean David dit David d’Angers (1788-1856), vous pouvez consulter le dossier de l’exposition que lui consacre la bibliothèque nationale de France à Paris (site Richelieu) jusqu’au 25 mars 2012. La fonte est de SOYER et INGER. L’idée de ce monument revient à une société savante de Strasbourg en 1835, la statue en pied est fondue en 1839, le moment inauguré en juin 1840 pour le 400ème anniversaire de l’invention de l’imprimerie. Pour les Parisiens encore, vous pouvez en voir une copie dans le 15e arrondissement, rue de la Convention, devant l’ancien siège de l’Imprimerie Nationale. Ce deuxième tirage, réalisé par le fondeur J.H. Destailleur, a été inauguré en octobre 1851. Une petite différence entre les deux: sur le tirage en papier (euh, en bronze) que Gutenberg tient entre les mains, à Paris est inscrit « et la lumière fut », extrait de la Genèse. Sur l’exemplaire de Strasbourg, elle a été traduite en allemand lors de l’occupation allemande.

Strasbourg, monument Gutenberg, 3, vue rapprochée Johannes Gensfleisch, dit Gutenberg, est né entre 1394 et 1399 à Mayence. Il a séjourné à Strasbourg de 1434 à 1445, où plusieurs personnes, dont Jean Mentelin (1410-1478), cherchaient le moyen de reproduire les textes en série… C’est à Strasbourg qu’il réalisa la première impression à partir de caractères mobiles en 1440… l’imprimerie était née, avec juste une page. Il imprimera plus tard à Mayence, où il était rentré, une grammaire en 1451 puis le premier gros livre, la Bible, en 1452-1454. A sa mort (à Mayence) en 1468, il lègue son invention à l’humanité… Pas de brevet donc, une découverte mise à disposition de tous! Ah l’heureux monde où le bien collectif primait sur l’intérêt individuel…

Strasbourg, monument Gutenberg, 4, vu de face et de dos

Gutenberg tient donc une feuille imprimée à la main, et une presse (qui est plutôt due aux travaux de Jean Mentelin, est posée au sol à sa gauche (à droite quand on regarde la statue de face).

Strasbourg, monument Gutenberg, 5, le relief Europe

Les quatre bas-reliefs en bronze du socle ont été ajoutés en 1844, ils n’étaient pas terminés lors de l’inauguration, ce sont des modèles en plâtre peint qui avaient été mis en 1840. Ils représentent les bienfaits de l’imprimerie en Amérique, en Afrique, en Asie et en Europe. Sur chaque relief, on reconnaît une presse d’imprimerie et des personnages qui sont identifiés par des inscriptions. Pour l’Europe, que l’on voit ici, le projet était de figurer Luther et Bossuet à côté de Gutenberg. Ils étaient sur le plâtre peint en 1840. Devant la polémique qui éclata dans les milieux catholiques et protestants, ils ont finalement été remplacés sur le bronze par Erasme et Montesquieu (il existe une version intermédiaire de 1842, toujours avec Luther et Bossuet, conservée au musée de Strasbourg).

Strasbourg, monument Gutenberg, 6, le relief Europe, deux détails Voici deux détails de la plaque consacrée à l’Europe. En haut, vous apercevez les personnages célèbres avec leurs noms gravés sur le fond au-dessus d’eux (il y a aussi des inscriptions tout en bas), et au centre en bas, un groupe d’enfants qui apprennent à lire et à écrire.

Strasbourg, monument Gutenberg, 7, le relief Amérique

Voici maintenant l’Amérique. Sur la droite (zut, ma photo de détail de cette partie était floue, je ne l’ai pas mise), une partie militante, des esclaves qui supplient pour leur libération tout en se rapprochant de Bolivar… Au-dessus de la presse, Benjamin Franklin brandit l’acte d’indépendance des États-Unis, avec à ses côtés Georges Washington, Thomas Lefferson, Gilbert de La Fayette et d’autres signataires de cet acte.

Strasbourg, monument Gutenberg, 8, le relief Amérique, détail Un détail de l’Amérique…

Strasbourg, monument Gutenberg, 9, le relief Afrique

L’Afrique… A gauche de la presse, William Wilberforce, abolitionniste anglais, étreint et semble protéger un Africain représenté nu et tenant un livre contre sa poitrine… Ce panneau est très militant sur l’abolition de l’esclavage.

Strasbourg, monument Gutenberg, 10, le relief Afrique, deux détails Deux détails de l’Afrique, en haut, on voit mieux le détail de la scène. Sur la droite de la plaque (détail en bas), Thomas Clarkson libère un groupe d’esclaves de leurs liens et de leurs fers. A l’arrière-plan, un groupe de femmes récupère leurs enfants enfin libérés. D’autres figures abolitionnistes, comme l’abbé Grégoire, sont représentés dans ce bas-relief foisonnant.

Strasbourg, monument Gutenberg, 11, le relief Asie

L’Asie semble plus apaisée… Au centre, à gauche de la presse, William Jones et Anquetil Duperron (merci les inscriptions, sinon, impossible de reconnaître ces messieurs) offrent des livres imprimés à des Brahmanes qui sont debout de l’autre côté de la presse. A gauche de cette scène, le sultan Mahmoud II lit le journal, a abandonné son turban et revêtu des vêtements européens. Tout à gauche de la plaque, un Chinois lit un livre de Confusius. A droite, un Européen enseigne à un groupe d’enfants et des femmes semblent écouter un homme identifié comme le philosophe indien Rammonhun-Roy…

Strasbourg, monument Gutenberg, 12, le relief Asie, détail

Un détail de la partie centrale de l’Asie… Nous avons donc un discours plutôt en faveur de l’abolition de l’esclavage, de l’instruction des enfants et des peuples… mais qui semble relativement favorable à la colonisation (ce sont des Européens qui apportent le livre et l’instruction sur tous les continents…).

Cet article entre dans le cadre du défi Mars, mois de l’Europe centrale organisé par Schlabaya.