Archives par étiquette : soldat

Le maréchal Joffre à Paris, par Maxime Réal del Sarte

Paris, monument de Joffre par Réal del Sarte, 1, de face devant l'école militaire Je vous ai déjà montré un certain nombre d’œuvres de cet artiste, ultra-catholique et membre d’une ligue peu recommandable, à revoir dans les articles suivants (aussi pour des précisions sur l’artiste):

Aujourd’hui, je vous emmène à Paris, devant l’école militaire (et donc pas loin de la tour Eiffel, à l’autre bout du champ de Mars). Les photographies datent d’octobre 2010. Réalisée en 1939, elle a échappé aux fontes des nazis en 1940/1942, contrairement à une autre œuvre du même auteur représentant le général Mangin, qui se trouvait place Denys-Cochin et qui a été détruite en octobre 1940 (sa tête a pu être sauvée et se trouve aujourd’hui au musée du chemin des Dames). Mais revenons au sujet du jour…

Paris, monument de Joffre par Réal del Sarte, 2, l'inscription à la bataille de la Marne Le maréchal Joffre, vainqueur de la bataille de la Marne en septembre 1914, ainsi qu’il est rapporté sur l’inscription…

Paris, monument de Joffre par Réal del Sarte, 3, du côté gauche …vous accueille à cheval, sur un haut socle.

Paris, monument de Joffre par Réal del Sarte, 4, la signature du sculpteur Maxime Real del Sarte Le bronze porte les signatures du sculpteur « M[axime] REAL DEL SARTE »…

Paris, monument de Joffre par Réal del Sarte, 5, la signature du fondeur Alexis Rudier … et du fondeur « Alexis Rudier / fondeur Paris ».

Paris, monument de Joffre par Réal del Sarte, 6, le monument vu de gauche Allez, on tourne, voici l’autre face… Le cheval marche au pas, la patte avant gauche levée.

Paris, monument de Joffre par Réal del Sarte, 7, l'avant du cheval et le maréchal (côté droit) Un détail du maréchal Joffre, coiffé de son képi et portant un lourd manteau…

Paris, monument de Joffre par Réal del Sarte, 8, l'avant du cheval, côté gauche Sur l’image précédente, on voyait bien les éperons, voici maintenant un détail des pièces d’harnachement du cheval et de l’épée au côté gauche du maréchal.

Paris, monument de Joffre par Réal del Sarte, 9, le monument vu de dos Une dernière petite vue, de dos (il cache la vue sur la tour Eiffel!).

Le monument aux morts de Ligugé

Le monument aux morts de Ligugé, 1, vue générale Le monument aux morts de Ligugé est situé près de chapelle du catéchumène, l’église et l’abbaye. Si vous allez voir les photographies de la collection Maurice Couvrat, prise avant 1931 (directement ici pour le monument de Ligugé, clic sur la vignette pour avoir une image plus grande), vous verrez qu’il a été déplacé par rapport à son emplacement initial.

Le monument aux morts de Ligugé, 2, la signature d'Albert Deshoulière Pas de difficulté pour identifier le sculpteur, il a signé sur le devant de la terrasse (la partie verticale du socle) : il s’agit d' »A[lbert] Désoulières, sculpteur architecte, Poitiers ». Entrepreneur de travaux funéraires à Poitiers (3 rue du Pont-Neuf, d’après les annuaires, directeur de l’atelier dit Saint-Savin, qui a réalisé de nombreuses oeuvres pour les églises du département de la Vienne notamment), il s’est engouffré dans les années 1920 sur le créneau alors très porteur (et rémunérateur) des monuments aux morts. Il se qualifie alors de « architecte-sculpteur », comme ici. En plus de celui de Ligugé, il réalise (liste non exhaustive) dans la Vienne, par ordre alphabétique de communes, les monuments aux morts de Iteuil, Marnay, Montamisé (sans doute un des premiers inaugurés dans le département, le 2 novembre 1919), Mouterre-sur-Blourde, Luchapt, Neuville-du-Poitou, Saint-Georges-les-Baillargeaux (qui a un soldat presque identique à celui de Ligugé), Smarves (lui aussi avec un soldat, mais dans une autre position), Vivonne (avec un soldat similaire sinon identique à celui de Ligugé), Vouillé (lui aussi avec un soldat, dans la même position que celui de Smarves). Albert Désoulières a aussi réussi à démarcher dans le département voisin des Deux-Sèvres et obtenu au moins de réaliser ceux de Pamproux et Pouffonds.

Le monument aux morts de Ligugé, 3, le soldat brandissant un drapeau Revenons donc à Ligugé. Devant une haute stèle avec une couronne végétale (pour les symboles, vous pouvez voir par exemple monuments aux morts portant des allégories de la République en Poitou-Charentes dans le Parcours du Patrimoine sur le sujet, rédigé par Charlotte Pon), un soldat brandit de la main droite un drapeau d’un geste victorieux.

Le monument aux morts de Ligugé, 4, détail du soldat Moustachu, il porte un casque de Poilu et une vareuse de soldat fermée par une grosse ceinture. Sur sa poitrine sont accrochées ses décorations militaires (la croix de guerre, apparemment). Deux sacoches sont accrochées à des lanières de cuir (des bretelles de suspension), serrées par la bandoulière de son fusil (pas visible ici).

Le monument aux morts de Ligugé, 5, vu de trois quarts dos Si on tourne, on voit maintenant son fusil dans le dos et une épée au côté gauche, ainsi qu’une ceinture à laquelle sont attachées deux sacoches.

Le monument aux morts de Ligugé, 6, détail de la chaussure gauche du soldat Le sculpteur a soigné les détails, comme ici, le cloutage des chaussures…

Le monument aux morts de Ligugé, 6, le soldat de face caché derrière la stèle Allez, une dernière petite vue, avec le soldat qui semble jouer à cache-cache derrière la stèle… un réflexe tristement acquis dans les tranchées?

Tours, le monument aux morts de la guerre 1870-1871

Tours, le monument aux morts de 1870, vue 1 : carte postale ancienne Quelques jours après la célébration de la fin de la guerre de 1870 (voir sur ce sujet mon article de l’année dernière, à propos du monument de Poitiers, l’histoire de ce conflit et des monuments érigés quelques années plus tard). À Tours, initialement installé place du Chardonnet (ici sur une carte postale ancienne)…

Tours, le monument aux morts de 1870, vue 2, de loin près du pont de fil …il est maintenant, d’après le dossier documentaire du service régional de l’inventaire de la région Centre), quai d’Orléans (adresse qui n’existe pas sur le plan fourni par l’office de tourisme, ni l’emplacement du monument), ou, plus simplement, à l’entrée du pont suspendu dit pont de fil ou pont Saint-Symphorien, juste à côté du château.

Tours, le monument aux morts de 1870, vue 8, signature de l'architecte Conçu par l’architecte Bernard Chaussemiche, architecte qui à Tours réalisa aussi la façade du lycée Balzac vers 1900 et un immeuble situé 41et 41bis boulevard Heurteloup, à retrouver dans les dossiers établis par l’inventaire ici et ), le monument aux morts de 1870 fut inauguré à la veille (moins d’un mois avant le début) de la Première Guerre mondiale, le 12 juillet 1914. La signature de l’architecte figure sur le socle au dos, en bas à droite. Dans le dossier de l’inventaire, vous pouvez voir le plan d’installation initiale sur la place du Chardonnet, daté de février 1914.

Tours, le monument aux morts de 1870, vue 9, signature du sculpteur Gaumont Le groupe sculpté est l’œuvre de Marcel Gaumont (1880-1962), dont la signature est porté en bas à gauche au dos du socle.

Tours, le monument aux morts de 1870, vue 4, le groupe sculpté De face, on voit une femme, allégorie probable de la République, et un soldat debout, un peu penché en avant, poing serré, comme attendant une revanche…

Tours, le monument aux morts de 1870, vue 5, de trois quarts dos Mais si vous contournez le monument…,

Tours, le monument aux morts de 1870, vue 6, de dos … vous découvrirez un soldat mort, qui n’est pas mentionné dans les descriptions du monument.

Tours, le monument aux morts de 1870, vue 7, le soldat mort Il gît au sol, dans une position désarticulée.

Tours, le monument aux morts de 1870, vue 3, de face Sur la face principale, la dédicace est la suivante : « à la / mémoire / des officiers et soldats / du 88e régiment de mobiles / d’Indre-et-Loire / morts / pour la patrie / 1870-1871 ».

À Tours, un autre monuments aux morts de 1870 se trouve au cimetière de la Salle, où se trouve aussi un monument aux morts de 1914-1918. Pour la Première Guerre mondiale, le monument principal se trouve, configuration extrêmement rare, à l’intérieur de l’hôtel de ville, je n’ai pas pu faire de photographies mais vous le montrerai sur des cartes postales anciennes. Un autre monument imposant se trouve dans la cour du lycée Descartes, dont je vous parlerai aussi à partir de documents anciens. Diverses plaques commémoratives se trouvent aussi en ville, dont une accompagnée d’un relief sculpté aux postiers morts pour la France dans la grande poste boulevard boulanger ou une très émouvante aux élèves juifs et instituteurs résistants à l’entrée de l’école Mirabeau… Plusieurs articles en perspective. Je vous rappelle aussi que vous pouvez retrouver tous les artistes auteurs de statuaire publique et/ou commémorative, avec des liens sur les articles concernés, sur cette page spécifique.

Le monument aux morts de Haute-Garonne à Toulouse (4), Camille Raynaud

Toulouse, le monument morts de Haute-Garonne, Raynaud, 1918 Après la présentation générale et les sculptures de André Abbal et Henri Raphaël Moncassin, je termine en ce 11 novembre la visite du monument aux morts de Haute-Garonne à Toulouse avec la présentation des reliefs de Camille Raynaud.

Camille Raynaud (1868-19?) a été chargé des deux reliefs monumentaux sur les faces internes de l’arc de triomphe. La commande stipulait de glorifier les combattants (voir le dossier établi par les archives de la ville de Toulouse, la date de décès de Camille Raynaud semble inconnue). Il a choisi un relief très fort, presque du haut-relief (quand la sculpture se détache complètement du fond) par endroits.

Sur le piédroit (mur) situé droite lorsque l’on se met face à la face principale (celle avec le char), le relief a pour titre 1918. Camille Raynaud a choisi de représenter les Poilus démobilisés. Il se présentent comme une foule compacte, véritable cohue d’hommes pour les uns en tenue militaire, coiffés du casque de Poilu, pour d’autres en civil, tendant leur chapeau. Tous sont joyeux et souriants, pas de gueule cassée dans cette frise.

Toulouse, le monument morts de Haute-Garonne, Raynaud, 1918, détail, couple enlacé Quelques femmes ont réussi à s’introduire dans ce flux de soldat. Au centre en haut, un couple enlacé s’embrasse avec fougue…

Toulouse, le monument morts de Haute-Garonne, Raynaud, 1918, détail d'un couple en bas …alors que tout en bas, les retrouvailles de cet autre couple sont plus sobres.

Toulouse, le monument morts de Haute-Garonne, Raynaud, Victoire Sur le piédroit gauche, la Victoire, très différente des allégories de la République que l’on trouve habituellement et a fait scandale.

Un peu grassouillette, elle est représentée nue, avec juste un casque de Poilu sur la tête. Elle est assise dans une position abandonnée sur un gros rocher, les ailes déployées et repliées sur les côtés à cause des bords du cadre.

Les anciens combattants ont jugé cette allégorie indigne de traduire les intérêts moraux des victimes de la guerre et des anciens soldats. Si vous aller feuilleter l’album photographique réalisé par le service de l’inventaire du patrimoine culturel de la région Poitou-Charentes), vous verrez en effet le décalage avec les autres allégories de la République, qu’il s’agisse de Victoire ou autre Marianne. Les monuments aux morts étaient alors soumis à une commission départementale à l’état de projet puis pour le versement de la subvention allouée (proportionnelle au nombre de morts de la commune, rappelons-le). Ici, l’affaire est allée jusqu’au Conseil d’État, qui rejeta la requête du comité le 17 juillet 1935, en particulier à cause du surcoût qu’entraînerait le remplacement du haut-relief…

Le Poilu du monument aux morts de Saint-Lys, (chef-lieu de canton de l’arrondissement de Muret, toujours en Haute-Garonne) réalisé par Camille Raynaud, semble avoir posé moins de problème.

Toulouse, le monument morts de Haute-Garonne, carte postale ancienne, vue frontale Sur les cartes postales anciennes, la Victoire est soigneusement cachée. Sur la première que je vous ai sélectionné, fait rare, l’ensemble des artistes qui sont intervenus sont signalés.

Toulouse, le monument morts de Haute-Garonne, carte postale ancienne, vue de trois-quarts La seconde est celle que j’ai trouvé où l’on devine le mieux le relief les sculptures de Raynaud… mais la partie 1918, pas la Victoire. Vous jugerez vous-même.

Les monuments aux morts de Toulouse dont j’ai déjà parlé ou dont je parlerai prochainement:

– le monument aux morts de Haute-Garonne (inauguré en 1928) : vue générale de l’œuvre de l’architecte Jaussely, les reliefs de André Abbal, de Henri Raphaël Moncassin, et ceux de Camille Raynaud

– le monument aux morts de Toulouse en 1914-1918 dans le cimetière de Salonique

– le monument aux morts de Indochinois, au dos du précédent, dans le cimetière de Salonique

– le monument aux morts de Skikda (Philippeville) dans le cimetière de Salonique

– le monument aux sportifs morts (Héraklès archer d’Antoine Bourdelle)

– le monument aux morts des quartiers Bayard-Matabiau-Concorde-Chalets, non loin de la gare

– le monument aux morts des quartiers Colone, Arago, Juncasse, Marengo, près de l’observatoire

– le monument aux morts du quartier Saint-Michel, allées Jules Guesde, non loin du muséum

– et pour la guerre de 1870, le monument du Souvenir français dans le cimetière de Terre-Cabade

Le monument aux morts de Haute-Garonne à Toulouse (3) : Moncassin

Toulouse, le monument morts de Haute-Garonne, Moncassin, le char Après la présentation générale et les sculptures de André Abbal, poursuivons la visite du monument aux morts de Haute-Garonne à Toulouse avec la présentation des sculptures de Henri Raphaël Moncassin, je reviendrai vous parler de celles de Camille Raynaud.

Henri Raphaël Moncassin (1883-1953) a été chargé de la frise de la face postérieure et du côté gauche (voir le dossier établi par les archives de la ville de Toulouse). Après la première guerre mondiale, il a réalisé des commandes pour des monuments, comme la Pleureuse du monument aux morts de Fontenay-aux-Roses (92) ou un médaillon Ecce Homo dans l’église de Bédeille.

Revenons à Toulouse. Sur la face principale, Henri Raphaël Moncassin a sculpté au centre de la frise principale un tank ou char d’assaut FT Renault (utilisé pour la première fois en 1916 dans la somme), mais souligne qu’il reste un manque flagrant d’équipement en représentant un attelage tiré par des bœufs ou des soldats frigorifiés couverts d’une peau de mouton.

Toulouse, le monument morts de Haute-Garonne, Moncassin, Arras Sur le petit relief à gauche (face principale), les soldats sont embourbés à Arras. Ils ont dû faire appel à un cheval de trait pour tirer un canon posé sur un char à chenilles.

Toulouse, le monument morts de Haute-Garonne, Moncassin, Verdun Sur le petit relief à droite (face principale), le sculpteur a choisi des hommes en action, au combat ou au transport des armes pour représenter la bataille de Verdun.

J’ai oublié de prendre des photos de détail de la bataille de Champagne, du radiotéléphoniste et de la civière…

Les monuments aux morts de Toulouse dont j’ai déjà parlé ou dont je parlerai prochainement:

– le monument aux morts de Haute-Garonne (inauguré en 1928) : vue générale de l’œuvre de l’architecte Jaussely, les reliefs de André Abbal, de Henri Raphaël Moncassin, et ceux de Camille Raynaud

– le monument aux morts de Toulouse en 1914-1918 dans le cimetière de Salonique

– le monument aux morts de Indochinois, au dos du précédent, dans le cimetière de Salonique

– le monument aux morts de Skikda (Philippeville) dans le cimetière de Salonique

– le monument aux sportifs morts (Héraklès archer d’Antoine Bourdelle)

– le monument aux morts des quartiers Bayard-Matabiau-Concorde-Chalets, non loin de la gare

– le monument aux morts des quartiers Colone, Arago, Juncasse, Marengo, près de l’observatoire

– le monument aux morts du quartier Saint-Michel, allées Jules Guesde, non loin du muséum

– et pour la guerre de 1870, le monument du Souvenir français dans le cimetière de Terre-Cabade

Le monument aux morts de Haute-Garonne à Toulouse (2) : André Abbal

Toulouse, le monument morts de Haute-Garonne, Abbal, le biplan Après la vue présentation générale, poursuivons la visite du monument aux morts de Haute-Garonne à Toulouse avec la présentation des sculptures de André Abbal, je reviendrai vous parler de celles de Henri Raphaël Moncassin et Camille Raynaud.

André Abbal (1876-1953) a été chargé de la frise de la face principale et du côté droit (voir le dossier établi par les archives de la ville de Toulouse). Il a par ailleurs réalisé entre autre des sculptures pour le parc Clément Ader à Muret (aménagé, comme le monument aux combattants de Haute-Garonne par Léon Jaussely) et le monument aux morts de Moissac ou celui de Lafrançaise (tous deux dans le Tarn-et-Garonne). Il a aussi exécuté le guetteur du monument aux morts de Canchy, dans la Somme (photo ici). Un musée lui est consacré à Carbonne (Haute-Garonne), dans son ancien atelier.

Revenons à Toulouse. Le relief central de la face postérieure s’organise autour d’un biplan. L’avion semble avoir été abattu et est encadré de deux groupes de soldats sonnent le clairon. Vers l’extérieur et en symétrie se tiennent d’autres soldats avec leur armement.

Toulouse, le monument morts de Haute-Garonne, Abbal, la Flandre Sur la face postérieure, à gauche, la bataille de Flandre. Un cycliste ouvre la marche sur la gauche, suivi de soldats qui courbent le dos sous le poids de leur équipement.

Toulouse, le monument morts de Haute-Garonne, Abbal, la Somme Toujours sur la face postérieure mais à droite, la bataille de la Somme dans une grande confusion de chevaux et d’hommes qui semblent à la peine.

Toulouse, le monument morts de Haute-Garonne, Abbal, la MarneLa frise du côté gauche est consacrée à la bataille de la Marne. Un canon est tiré par quatre chevaux alors que des cavaliers ouvrent la voie.

Toulouse, le monument morts de Haute-Garonne, Abbal, un aviateur Sur le cartouche au-dessus de l’inscription du côté gauche, un aviateur, casque et lunettes sur la tête, contraste avec les chevaux situé juste au-dessus.

Les monuments aux morts de Toulouse dont j’ai déjà parlé ou dont je parlerai prochainement:

– le monument aux morts de Haute-Garonne (inauguré en 1928) : vue générale de l’œuvre de l’architecte Jaussely, les reliefs de André Abbal, de Henri Raphaël Moncassin, et ceux de Camille Raynaud

– le monument aux morts de Toulouse en 1914-1918 dans le cimetière de Salonique

– le monument aux morts de Indochinois, au
dos du précédent, dans le cimetière de Salonique

– le monument aux morts de Skikda (Philippeville) dans le cimetière de Salonique

– le monument aux sportifs morts (Héraklès archer d’Antoine Bourdelle)

– le monument aux morts des quartiers Bayard-Matabiau-Concorde-Chalets, non loin de la gare

– le monument aux mortsdes quartiers Colone, Arago, Juncasse, Marengo, près de l’observatoire

– le monument aux morts du quartier Saint-Michel, allées Jules Guesde, non loin du muséum

– et pour la guerre de 1870, le monument du Souvenir français dans le cimetière de Terre-Cabade

Cinq monuments aux morts identiques de Maxime Réal del Sarte

Monument aux morts du Tréport par Réal del Sarte, carte postale ancienne Selon Annette Becker (Les Monuments aux Morts – Mémoire de la Grande Guerre, collection Art et Patrimoine, éditions Errance, 1991, notamment pages 24-29), Maxime Réal del Sarte a dressé 38 monuments aux morts et 16 monuments commémorant des faits d’arme, ainsi qu’une quarantaine de Jeanne-d’Arc. Je vous ai déjà montré les monuments de Sommières-du-Clain (Vienne) et de Briey (Meurthe-et-Moselle), sur lesquels je reviendrai prochainement. Je vous présente aujourd’hui ceux qui portent le groupe sculpté Je t’ai cherché est une œuvre qui fut exposée au Salon des Artistes Français en 1920 sous le n° 3396. Le sculpteur, Maxime Réal del Sarte, lui-même amputé de l’avant-bras gauche suite à une blessure près de Verdun le 29 janvier 1916, aurait pris comme modèle pour le soldat gisant Charles Eudes, un de ses camarades mort au front. J’en ai trouvé cinq pour le moment.

Il représente un soldat mort, allongé, en train d’être enveloppé dans un linceul par une femme penchée sur lui. Cette femme, qui porte une couronne végétale au-dessus d’un voile de veuve, représente la République en deuil. Elle tient dans la main droite une couronne végétale et maintient de la main gauche le linceul.

Celui de Ressons-sur-Matz a sans doute été commandé par l’intermédiaire de l’écrivain Jean Binet-Valmer (Jean-Auguste-Gustave Binet de son vrai nom, auteur de romans dit de mœurs, dont un intitulé Lucien, sur l’homosexualité, publié en 1910 ; Georges Simenon fut son secrétaire en 1922…), ami de l’artiste, qui participa à la reprise du village pendant la guerre 1914-1918 et y fut inhumé en 1940. J’aurais bien essayé de lire un roman de cet écrivain, mais il n’y en a aucun ouvrage à la médiathèque de Poitiers… Encore que le personnage de Binet-Valmer ne soit guère plus sympathique que Maxime Réal del Sarte, tous deux militants dans les ligues d’extrême-droite royaliste entre les deux guerres. Voici un récapitulatif des cinq monuments du même modèle que j’ai pu trouvés, il y en a peut-être d’autres (pour ceux d’autres modèles ou uniques, je vous les présenterai peut-être un jour…). Il me manque quelques données, en particulier sur les dates d’inauguration, mais voici un premier point.

Commune Date d’inauguration Lien externe Carte postale ancienne
Cérisy-la-Salle (Manche) Pas trouvée Relevé avec photographie sur Genweb. Désolée, je n’ai pas trouvé de carte postale ancienne…
Ressons-sur-Matz (Oise) 6 avril 1924 Relevé avec photographie sur Genweb, sur un site consacré aux monuments aux mortset dans un dossier établi par l’office du tourisme de l’Oise (voir page 34). Monument aux morts de Ressons-sur-Matz par Réal del Sarte, carte postale ancienne
Saint-Chély-d’Apcher (Lozère) 24 septembre 1922 Dossier sur un site consacré aux monuments aux morts et relevé avec photographie sur Genweb Monument aux morts de Saint-Chély par Réal del Sarte, carte postale ancienne
Sare (Pyrénées-Atlantiques) Pas trouvée Relevé avec photographie sur Genweb Monument aux morts de Sare par Réal del Sarte, carte postale ancienne
Le Tréport (Seine-Maritime) Pas trouvée Relevé avec photographie sur Genweb Monument aux morts du Tréport par Réal del Sarte, carte postale ancienne

Les monuments aux morts de Briey et Sommières-du-Clain

Monument aux morts de Briey, l'ensemble du monument Il y a quelques semaines, je vous ai présenté le monument aux morts de Sommières-du-Clain, dans la Vienne, sculpté par Maxime Real del Sarte. J’avais reçu un peu plus tard un commentaire (merci à Chantal) me signalant un monument similaire à Briey, en Meurthe-et-Moselle. Surprise, car nous ne l’avions pas repéré dans notre étude du monument de Sommières-du-Clain. Nous savions que le monument aux morts de Sommières-du-Clain était une sorte d’étude pour le groupe sculpté (en trois dimensions donc) de Langogne en Lozère et de Saint-Martin-aux-Buneaux en Seine-Maritime (voir l’image sur le site interministériel chemins de mémoire). Une première vérification dans google images confirme que le monument de Briey est bien un tirage en bronze d’un modèle similaire à celui de Sommières-du-Clain. Un rapide retour à la base de données Mérimée (interrogation avec le nom de l’auteur) me donne une fiche simplifiée du monument de Briey, mais pas de photographie. Le service régional de l’inventaire de Lorraine transmet à notre service de Poitou-charentes le dossier qu’ils ont établi en 1975 sur ce monument et la bibliographie. Je complète alors le dossier documentaire de Sommières-du-Clain avec ce renvoi et la bibliographie de Briey. Mais entre-temps, en regardant sur une carte, je vois que Briey n’est pas très loin de chez Zazimuth… Je lui envoie un mél et elle a eu la gentillesse de contacter une de ses amies de Briey et d’aller par deux fois prendre des photographies du monument de Briey (toutes celles ci-contre et ci-dessous), un grand merci à toi, Véronique !

De la puissance des blogs… Les dossiers documentaires de Sommières-du-Clain et de Briey étaient disponibles pour tous dans des bases de données, mais le rapprochement n’avait pas été fait.

Maintenant, il reste à savoir lequel des deux monuments a été fait en premier… Le monument de Briey, réalisé en bronze et donc à partir d’un modèle en terre ou en plâtre, est plus détaillé que celui en pierre calcaire de Sommières-du-Clain. Je vous ai d’ailleurs fait un petit tableau comparatif avec à gauche Briey et des photographies de Zazimuth et à droite celui de Sommières-du-Clain avec mes photographies. Vous voyez par exemple des pensées sous la tête du soldat à Briey mais pas à Sommières-du-Clain, dans le second cas, le pommeau de l’épée de Jeanne-d’Arc est lisse mais celui de Briey est cannelé, etc. Par ailleurs, à Sommières-du-Clain, il n’y a pas de nom sur le cartouche de la cathédrale alors qu’il est inscrit Strasbourg sur celui de Briey.

Le monument aux morts de Sommières-du-Clain a été commandé en 1919 par un membre de la famille de Vareilles-Sommières, propriétaire du château voisin (voir sur ce sujet ce qu’en dit Charlotte Pon Willemsen dans le Parcours du patrimoine consacré aux monuments aux morts avec une allégorie de la République). Le monument aux morts de Briey a été inauguré le 24 septembre 1922.

Désolée pour les balises <HEADER>, qui permettent aux mal-voyants de se repérer dans les tableaux : je les avais mises, mais OB les enlève automatiquement… Grrr… Et l’accessibilité web?

Vue Monument aux morts de Briey
(Meurthe-et-Moselle)
Photographies de Zazimuth
Monument aux morts de Sommières-du-Clain
(Vienne)
Photographies de V. Dujardin
Vue générale Monument aux morts de Briey, 2 vue générale Le monument aux morts de Sommières-du-Clain, 2, vue générale
La cathédrale Monument aux morts de Briey, 3 : la cathédrale Le monument aux morts de Sommières-du-Clain, 3, la cathédrale
La couronne Monument aux morts de Briey, 4, la couronne Le monument aux morts de Sommières-du-Clain, 4, la couronne
Les têtes de Jeanne-d’Arc et du soldat Monument aux morts de Briey, 5, les têtes du soldat et de Jeanne-d'Arc Le monument aux morts de Sommières-du-Clain,5, les têtes de Jeanne d'Arc et du soldat
Les pieds du soldat Monument aux morts de Briey, 6, les pieds Le monument aux morts de Sommières-du-Clain, 6, les pieds
La pointe du drapeau Monument aux morts de Briey, 7, la pointe du drapeau Le monument aux morts de Sommières-du-Clain, 7, la pointe du drapeau

Gloria Victis de Mercié à Niort

Niort, Gloria Victis de Mercié, vue de loin, de trois quarts Il y a quelques semaines, en vous parlant de la statue de Jeanne d’Arc par Antonin Mercié à Toulouse, je vous parlais de la Gloria Victis (Gloire aux vaincus) qui figure sur le monument aux morts de 1870 à Niort. En allant à une réunion de l’alliance maladies rares l’autre jour, pour représenter Valentin Apac, association de porteurs d’anomalies chromosomiques, j’ai fait un petit crochet par la place de Strasbourg pour prendre quelques photographies…

Niort, Gloria Victis de Mercié, vue de face, de loin La voici de plus près, de face…

Allez, on s’approche, vous voyez mieux le groupe sculpté composé d’une Victoire soutenant un soldat en train de mourir.

Niort, Gloria Victis de Mercié, vue de face, rapprochéeEncore un peu plus près…

Niort, Gloria Victis de Mercié, vue de face, le groupe sculpté Regardez la légèreté du soldat…

Niort, Gloria Victis de Mercié, les têtes de la Victoire et du sldat mourant … et quand on tourne un peu autour de la sculpture, la souffrance de son regard, son glaive brisé…

Niort, Gloria Victis de Mercié, le pied du soldat Admirez la qualité de la sculpture, ici sur le drapé et le pied droit du soldat…

Niort, Gloria Victis de Mercié, la Gorgone … ou encore sur le pectoral (partie de l’armure protégeant la poitrine) orné d’une tête de Méduse (sensée pétrifiée l’ennemi de son regard) porté par la Victoire.

Niort, Gloria Victis de Mercié, inscription Gloria Le titre de l’œuvre figure sur sa base, Gloria…

Niort, Gloria Victis de Mercié, les pieds et inscription Victis … Victis (Gloire aux vaincus). Au passage, le pied de la Victoire est aussi visible sur cette photographie.

Niort, Gloria Victis de Mercié, la signature du sculpteur Mercié La signature du sculpteur, (Antonin) Mercié aussi…

Niort, Gloria Victis de Mercié, la signature du fondeur Thiébaut …ainsi que celle du fondeur, les frères Thiébaut, qui ont aussi fondu le monument aux morts de 1870-1871 de Jules Félix Coutan à Poitiers. Il s’agit en effet d’un tirage en bronze d’un modèle en plâtre présenté au Salon de 1874 par Antonin Mercié, qui reçut une médaille d’honneur.

Niort, Gloria Victis de Mercié, le socle avec inscription de la souscription Sur la face arrière du socle figure la mention de la souscription qui a permis d’ériger le monument en 1881. Sur la face principale, vous le devinez sur la deuxième photographie, est inscrite la dédicace,  » aux enfants / des Deux-Sèvres / morts pour la défense / du pays / 1870-1871 « .

Niort, Gloria Victis de Mercié, carte postale ancienne Pour la route, je vous ajoute une vue sur une carte postale ancienne, quand les arbres n’avaient pas encore poussé… et avec des canons bien guerriers tout autour.

D’autres sculptures s’étaient trouvées auparavant à cet emplacement, une statue d’Henri IV créée en 1828 puis une statue de Napoléon en 1850.
Vous trouverez d’autres informations sur cette œuvre dans le Parcours du patrimoine consacré aux monuments aux morts avec une allégorie de la République, et dans le dossier documentaire réalisé par le service de l’inventaire du patrimoine culturel de la région Poitou-Charentes). Un autre tirage se trouve au musée des Augustins à Toulouse, un autre à Bordeaux près de la cathédrale, un autre encore au musée de Grenoble, etc. Une autre statue célèbre d’Antonin Mercié, représentant David, se trouve à Toulouse, suivre le lien pour la voir. Vous pouvez aussi découvrir une photographie du plâtre présenté au salon de 1874.

Le monument aux morts de Sommières-du-Clain (Vienne)

Le monument aux morts de Sommières-du-Clain, Face principale, relief avec Jeanne-d-Arc de Real del Sarte Je vous ai montré lundi la Jeanne d’Arc d’Antonin Mercié à Toulouse et vous signalais alors que Jeanne d’Arc était figurée sur quelques monuments aux morts, par exemple en Poitou-Charentes. Charlotte Pon en a parlé dans le Parcours du patrimoine consacré aux monuments aux morts avec une allégorie de la République, comme d’un cas particulier. En ce 8 mai, jour de commémoration de la seconde guerre mondiale, je vous montre un monument aux morts érigé pour la première guerre mondiale, et qui sert de lieu de recueillement et de mémoire pour toutes les guerres.

Le monument aux morts de Sommières-du-Clain, Face avec la liste des victimes En allant rendre visite l’autre jour à Jardin zen, j’ai donc fait une halte au retour à Sommières-du-Clain. Là, le monument aux morts a été commandé par une riche famille de la commune, les Vareilles-Sommières (propriétaires du château qui domine l’église), à Maxime Real del Sarte, un sculpteur ultra catholique engagé, qui a réalisé d’autres monuments en hommage à Jeanne-d’Arc, mais juste pour la commémorer (vous pouvez apercevoir celle du square des cordeliers ou square Jeanne-d’Arc à Poitiers à gauche de la photo en bas de cet article, je lui en consacrerai un à part entière prochainement, et une liste plus longue des œuvres de ce sculpteur dans le dossier documentaire du service de l’inventaire de Poitou-Charentes). Entre la commande et la pose du monument devant la mairie, la municipalité avait changé et il semble que c’est la raison pour laquelle, quand vous allez à la mairie de Sommières-du-Clain, vous découvrez la face avec la liste des morts des guerres et non la face sculptée.

Le monument aux morts de Sommières-du-Clain, Face principale, le relief avec Jeanne-d-Arc de Real del Sarte Revenons à celle-ci. Le soldat mourant, enveloppé dans le drapeau national, est soutenu par Jeanne-d’Arc, avec son auréole de sainte, son armure et son épée au côté. L’oeuvre avait été commandée fin 1919, au moment de la sculpture, elle venait juste d’être canonisée en 1920 par Benoit XV.

Le monument aux morts de Sommières-du-Clain, Face principale, relief avec Jeanne-d-Arc de Real del Sarte, détail de Jeanne et du soldat La voici de plus près, vous pouvez remarquer qu’elle porte aussi dans sa main droite une couronne de feuilles de chêne, probablement plus symbole de la force plus que couronne civique ici.

Elle lève sa main gauche vers le ciel…

Le … en direction d’un élément d’architecture qui pourrait être une cathédrale, mais symbolise probablement plutôt l’Église en tant qu’institution et donc le salut de l’âme du soldat si l’on tient compte de l’engagement militant, virant même au prosélytisme, de Maxime Réal del Sarte. Étonnant, ce monument aux morts, non ?

Si vous voulez voir d’autres Jeanne-d’Arc sur des monuments aux morts en Poitou-Charentes, vous pouvez acheter le Parcours du patrimoine consacré aux monuments aux morts avec une allégorie de la République (de Charlotte Pon, paru chez Geste éditions en novembre 2008) ou aller voir dans le nord des Deux-Sèvres, à Bressuire (une grande commune, il y en a deux, l’une à Saint-Porchaire, l’autre à Chambroutet), ou encore au Tallud, dans le même département, près de Parthenay (les liens renvoient aux dossiers documentaires). Dans ces trois derniers cas, il faut se rappeler que nous sommes assez près du secteur des guerres de Vendée, sous la Révolution, où le catholicisme est (était?) fortement implanté et où vous pouvez aussi voir de gigantesques calvaires du 19e et du début du 20e siècles assez impressionnants.

Post-scriptum : une lectrice du blog m’a signalé un monument identique à Briey, en Meurthe-et-Moselle, je suis allée voir (en ligne) et ai trouvé cette photographie : il s’agit d’un tirage en bronze. J’essayerai de savoir pourquoi et comment il est arrivé là… Lequel des deux est l’oeuvre originale? En tout cas, j’ai pu comparer les deux monuments grâce à Zazimuth.Et je pense pour Briey comme original, mais c’est intuitif…