Archives par étiquette : Victor Hugo

Le monument aux morts de 1870 de Bressuire

Bressuire, monument aux morts de 1870, carte postale ancienneJe continue à vous présenter des monuments aux morts avec le monument aux morts de 1870 de Bressuire, dans les Deux-Sèvres, qui porte une République (voir Les allégories de la République sur les monuments aux morts en Poitou-Charentes, par Charlotte Pon-Willemsen, dont je vous ai parlé ici). Il a été installé dans ce qui était alors la place Sadi-Carnot…rebaptisée en 1988 place des Anciens-Combattants. une place aujourd’hui bien encombrée par les voitures…

Bressuire, monument aux morts de 1870, carte postale ancienne

Bressuire, monument aux morts de 1870, carte postale ancienneVoici une autre vue, plus rapprochée, de la République.

Bressuire, monument aux morts de 1870, vue générale

Depuis ont été ajoutées de chaque côté des plaques portant les noms des victimes des conflits postérieurs. La République est représentée debout sur un haut socle (portant l’inscription « Aux enfants du canton de Bressuire morts pour la Patrie ») placé en avant d’un obélisque de presque 9 m de haut surmonté d’un pyramidion, le tout est réalisé en pierre calcaire de Chauvigny. Les chiffres et devises de la République dominent les faces du monument : liberté sur le côté gauche, égalité sur la face principale, fraternité à droite et RF (pour République française) au dos.

Bressuire, monument aux morts de 1870, signature des architectes et du sculpteur, RispalIl porte les signatures « Barbaud et Bauhain / architectes / Rispal statuaire » et dans une gravure plus légère « Dorotte, Arch. voyer – inspect[eur] / des travaux ».

Jules [Louis] Rispal (Bordeaux, 1871 – Piquey, commune de Lège-Cap-Ferret, 1910 et non 1909 comme on le trouve parfois) avait travaillé à plusieurs reprisés à Bordeaux avec l’architecte. Plusieurs de ses œuvres sont conservées à Bordeaux, au musée des beaux-arts, près de la mairie (Nymphe de Diane), dans le jardin public (groupe sculpté de l’écrivain Fernand-Lafargue). Les deux architectes, Raymond Barbaud, né en 1860 à Bressuire, et le bordelais Édouard Bauhain (1864-1930) ont régulièrement travaillé ensembles à Paris (par exemple pour un immeuble art nouveau 18 rue Perrée), à Bordeaux et dans l’ouest de la France (dont la poste de Bressuire, le bâtiment avec la rotonde au deuxième plan à gauche de la première carte postale ancienne qui illustre cet article).

Bressuire, monument aux morts de 1870, signature de l'entrepreneur BrémaudLes travaux ont été confiés à l’un des principaux entrepreneurs de monuments funéraires de la ville, « H[enri] Bremaud / entrepreneur ».

Bressuire, monument aux morts de 1870, le dos du monumentLe dos du monument relate l’histoire mouvementée de l’érection du monument, inauguré le 25 octobre 1903. Vous pouvez voir des photographies de l’érection et de l’inauguration sur cette page associative, ainsi que la liste des souscripteurs, mais attention, le relevé du texte gravé au dos y est approximatif. Voici le relevé que j’en ai fait:
« Ce monument  / élevé par la Société / des combattants de 1870-71 /et des colonies / à l’aide  / d’une souscription / publique, d’une / subvention municipale / et d’un secours de l’État / a été inauguré le 25 octobre 1903 / en présence de / M. le général André, / ministre de la Guerre/ M. Émile Loubet / étant Président de la République / Sagebien / préfet des Deux-Sèvres / Guillard / s-préfet de Bressuire / Clisson / Président de la Société / des combattants / Et René Héry / Maire de la Ville ». En-dessous se trouvent les armoiries de la ville de Bressuire.
Bressuire, monument aux morts de 1870, la République de face et de profil

Appuyée sur son épée, la République se tient en avant d’une grande couronne végétale composée de branches de laurier et de fleurs.

Bressuire, monument aux morts de 1870, détail de la RépubliqueLa République casquée et cuirassée s’appuie fièrement sur son épée, dans une attitude très différente de celle du monument aux mobiles de la Charente à Angoulême.

 

Bressuire, monument aux morts de 1870, les deux faces latéralesUn long poème de Victor Hugo, Hymne aux morts de juillet, daté de 1831 et publié en 1836 dans les chants du crépuscule, est partiellement reporté sur les côtés du monument.

Le poème commence à droite :

« Ceux qui pieuse-/ment sont morts/ pour la patrie //
Ont droit qu’à leur / cercueil la foule / vienne et prie.//
Entre les plus / beaux noms leur / nom est le plus beau.//
Toute gloire près / d’eux passe et tom-/be éphémère//
Et comme ferait / une mère,//
La voix d’un peuple / entier les berce / en leur tombeau//
Gloire à notre  / France éternelle //
Gloire à ceux qui sont / morts pour elle!//
Aux martyrs aux / vaillants aux forts !//
À ceux qu’enflamme / leur exemple //
Qui veulent place / dans le temple //
Et qui mourront / comme ils sont / morts ! //

Il manque la strophe centrale et un refrain

« C’est pour ces morts, dont l’ombre est ici bienvenue,
Que le haut Panthéon élève dans la nue,
Au-dessus de Paris, la ville aux mille tours,
La reine de nos Tirs et de nos Babylone,
Cette couronne de colonnes
Que le soleil levant redore tous les jours ! »

Le texte se poursuit ensuite du côté gauche:
« Ainsi, quand de tels / morts sont couchés  / dans la tombe, //
En vain l’oubli, nuit / sombre où va tout / ce qui tombe,//
Passe sur leur sé-/pulcre où nous / nous inclinons//
Chaque jour, pour / eux seuls se le-/vant plus fidèle,//
La gloire, aube tou-/jours nouvelle,//
Fait luire leur / mémoire et redore / leurs noms ! // Gloire à notre / France éternelle !//
Gloire à ceux qui sont / morts pour elle ! //
Aux martyrs ! Aux / vaillants ! Aux forts !//
À ceux qu’enflamme / leur exemple,//
Qui veulent place  / dans le temple,//
Et qui mourront  / comme ils sont / morts// »

 

Photographies prises en octobre 2012.

Au fil du temps, l’entrée de la rue Victor-Hugo à Poitiers

Poitiers, place d'Armes, vers la rue Victor-Hugo, novembre 2010Je vous ai déjà un peu parlé de ce secteur de la place Leclerc, toujours désignée sous son ancien nom de place d’Armes, à Poitiers… Nous sommes à l’entrée de la rue Victor-Hugo, à l’opposée de l’hôtel de ville, aujourd’hui (enfin, je n’ai pas retrouvé de photographies plus récente, celle-ci date de deux ans, en novembre 2010, en plein chantier de cœur d’agglomération, cœur de pagaille…). Au fond, vous avez le cinéma Castille (qui accueille aussi à prix fort de location le TAP cinéma devenu TAP Castille, trois salles d’art et essai à côté du cinéma commercial), le crédit de l’Ouest qui a perdu sa coupole depuis longtemps, l’entrée de la rue Victor-Hugo avec la préfecture au fond, la verrue du printemps, où les travaux ne semblent pas avancer (le désamiantage a été réalisé, le promoteur semble avoir du mal à trouver des clients pour ses surfaces commerciales), et, hors photographie, sur la droite, l’ancien théâtre avec son grand miroir en verre églomisé de Pansart, qui a été l’objet d’une manifestation (250 à 300 personnes) hier contre sa privatisation et sa transformation en galerie marchande après la parodie de concertation la semaine précédente… J’ai un peu fouillé dans mes cartes postales anciennes pour vous montrer ce secteur au cours du dernier siècle, vous y verrez l’arrivée du Crédit de l’Ouest (avec une coupole aujourd’hui disparue), l’ancien théâtre puis celui qui lui a succédé e, 1954, les galeries qui ont été détruites par un violent incendie en 1961 (remplacées par le Printemps), ainsi que la station de tramway (n’en déplaise à l’un de mes lecteurs qui a laissé un commentaire il y a quelques mois, c’était bien un tramway sur rails et non un trolley-bus au début du 20e siècle)… Allez, on remonte le temps! Au passage, je ne regrette pas que les voitures aient été chassées de cette place… Voyez plutôt…

Après 1964…

Poitiers, place d'Armes, carte postale, vue aérienne après 1964

Vers 1960…

Poitiers, place d'Armes, carte postale ancienne, vers 1960

Après la construction du Crédit de l’Ouest

Poitiers, place d'Armes, carte postale ancienne, milieu du 20e siècle, Crédit de l'Ouest construit

Une vue un peu plus large…

Poitiers, place d'Armes, carte postale ancienne, vers 1950

Avant la construction du crédit de l’ouest…

Poitiers, place d'Armes, carte postale ancienne, début du 20e siècle

Une vue un peu plus large…

Poitiers, place d'Armes, carte postale ancienne, début du 20e siècle

… et la station de tramway devant les nouvelles galeries parisiennes…

Poitiers, place d'Armes, carte postale ancienne, vers 120, station de tramway

 

PS: Grégory m’a fait parvenir deux clichés plus anciens. Les deux premiers sont extraits du catalogue Un Louvre pour Poitiers (catalogue d’exposition du Musée Sainte-Croix, 2011, par Anne Benéteau-Péan et Grégory Vouhé) et ont été  prises en 1864 (avant le percement de la rue Victor-Hugo) et 1884. La chapelle des Augustins est encore en place sur ces deux vues.

La place d'armes de Poitiers en 1864 et 1884, extrait du catalogue Un Louvre pour Poitiers

La vue de la carte double a été prise vers 1910, et est tirée de l’article de Grégory Vouhé, la place d’armes rénovée, paru dans l’actualité Poitou-Charentes, n° 95 (janvier 2012), p. 46-47.La place d'Armes de Poitiers vers 1910, extrait de l'actualité Poitou-Charentes

Claude Gueux de Victor Hugo

Couverture de Claude Gueux de Victor Hugo, en édition du livre de poche 1997 Après Le Diable et le Bon Dieu, de Jean-Paul Sartre, je poursuis la (re)lecture de classiques dans le cadre du défi J’aime les classiques proposé par les Carabistouilles de Marie avec Victor Hugo.

Le livre : Claude Gueux de Victor Hugo, 1834. Je l’ai lu dans une édition de 1995 du livre de poche, 93 pages (dont une trentaine de pages d’introduction et de nombreuses notes, quelques illustrations en pleine page), ISBN 2-253-13653-0.

L’histoire : à Paris en 1831. Claude Gueux, pauvre ouvrier, la trentaine, a volé pour nourrir sa femme (enfin, son amante) et son enfant. Arrêté, condamné à 5 ans de prison à la centrale de Clairvaux (dans l’Aube), il se fait un ami, Albin, qui partage avec lui son pain. Leur relation ne plaît pas au directeur de la section, qui envoie Albin dans un autre quartier, un autre atelier. Claude, fou de cette injustice, décide de le tuer et ai grandement aidé par la présence d’outils dans les ateliers où les ouvriers travaillent.

Mon avis : à lire ou relire absolument, et compléter par Le dernier jour d’un condamné, paru deux ans plus tôt. Dans Claude Gueux, Victor Hugo ne fait pas seulement un texte contre la peine de mort, mais invite aussi le lecteur à s’interroger sur la pauvreté et le manque d’éducation qui ont, dans une spirale infernale, conduit Claude Gueux, pourtant intelligent, à commettre un vol puis un crime. Un texte assurément à envoyer à tous les sénateurs et procureurs américains…

Pour aller plus loin : retrouvez sur le site de l’académie de Rouen, tous les textes de Victor Hugo en rapport avec la peine de mort.

Logo du défi J'aime les classiques Je l’ai lu dans le cadre du défi J’aime les classiques proposé par les Carabistouilles de Marie. Je ne sais pas encore ce que je lirai le mois prochain…