Archives par étiquette : journalisme

La dernière image, de Gani Jakupi

Couverture de La dernière image, une traversée du Kosovo de l'après-guerre, de Gani Jakupipioche-en-bib.jpgUn album trouvé à la médiathèque.

Le livre : La dernière image, une traversée du Kosovo de l’après-guerre, de Gani Jakupi (scénario, dessins et couleurs), collection Noctambule, éditions Soleil, 2012, 88 pages, ISBN 9782302020627.

L’histoire : juin 1999. Gani Jakupi est envoyé au Kosovo avec un photographe par un magazine espagnol juste après le départ des troupes serbes. Il est accompagné d’un photographe qui cherche « l’image choc », lui, le dessinateur, profite de sa connaissance de la langue pour sortir des sentiers battus. Comment illustrer tel thème ou tel autre ? Son origine kosovar lui permet-elle de garder toute l’objectivité nécessaire à un journaliste sur le terrain ? N’a-t-il pas été piégé par le magazine qui avait surtout commandé un reportage photographique sur le retour d’un Kosovar dans son pays dévasté par la guerre, confronté aux retrouvailles avec ses proches…

Mon avis : j’ai choisi cet album sur la base de son titre, pensant qu’il serait dans la droite ligne de Goražde et Šoba, de Joe Sacco. Gani Jakupi s’est installé en France à la fin des années 1970 (donc bien avant la guerre des Balkans), a acquis la nationalité française en 1983, avant de s’installer en Espagne dix ans plus tard. En 1999, il y vivait quand il a été envoyé en reportage au Kosovo, il a mis presque quinze ans pour raconter cette mission qui l’a marqué, retour dans son pays natal, qui tourne à une grosse interrogation, comment raconter les ravages de la guerre? Lui n’a pas envie de faire un scoop ou de rapporter des images « à la Goya » (voir Les désastres de la guerre de Francisco de Goya), il choisit de dessiner plutôt les ambiances tout en racontant la position inverse du photographe qui l’accompagnait et qui avait finalement peut-être la mission de montrer les réactions du dessinateur / journaliste. Du coup, l’auteur/narrateur s’interroge sur le poids des images, l’éthique du reportage photographique, la recherche du scoop ou de l’image choc plutôt que de l’image qui refléterait davantage la réalité ambiante. Les couleurs sont douces pour un sujet aussi tragique. Un album très différent de ce à quoi je m’attendait, mais qui m’a bien plu…

Back Home, de Joachim Trier

Affiche de Back Home, de Joachim TrierSamedi, je suis allée voir le nouveau film de Joachim Trier (voir ou revoir mon avis sur son film précédent, Oslo, 31 août). Le film devait sortir sous le titre Plus fort que les bombes, traduction du titre original Louder than bombs, changé suite aux attentats de Paris…

Le film : de nos jours, à New York. Trois ans après la mort d’Isabelle Reed [Isabelle Huppert] dans un accident de voiture, son agence de presse prépare avec l’aide de Richard [David Strathairn], son ancien collègue, une rétrospective du travail de cette photographe de guerre. Son mari, Gene [Gabriel Byrne], qui vit avec Conrad [Devin Druid] son fils cadet, âgé de 16 ans, va devoir lui révéler la vérité sur la mort de sa mère, l’accident de voiture était en fait un suicide après son retrait de la vie de photographe de guerre… Il appelle à la rescousse Jonah [Jesse Eisenberg], son fils aîné, juste papa, jeune professeur d’université à 6h de route, à la fois pour trier les dernières photographies de sa mère que pour l’aider à communiquer avec son frère.

Mon avis : dans Oslo, 31 août, le suicide était la seule issue possible pour le junkie acculé à sa vie en dérive, ici, il a eu lieu il y a plusieurs années et on en voit les conséquences sur une famille dont le cadet a été tenu écarté de la vérité « trop jeune, il fallait le protéger ». Après plusieurs années, comment lui annoncer que l’accident était un suicide, des années de mensonge, si la famille ne lui révèle pas la vérité, il risque de l’apprendre par l’article préparé par son ex-collègue à l’occasion de la rétrospect. Comme dans le précédent film, les flash-back sont nombreux et permettent de mettre en scène une Isabelle Huppert très inspirée. Le film met en scène des hommes en plein doute sur leurs relations amoureuses: le papa-poule qui surprotège sans doute trop son cadet et a une aventure avec l’une de ses profs, l’adolescent mal dans sa peau et qui vit avec le souvenir de sa mère qui le hante dans ses rêves et est secrètement amoureux de l’une de ses camarades, le jeune adulte tout juste entré dans la vie active et jeune papa qui va renouer avec une ancienne amie d’université qui perd sa mère d’un cancer, l’ancien collègue en plein divorce qui avoue une relation avec la photographe lors de leurs reportages… Aucun de ces hommes ne semble assumer ses actes. Si les scènes répétées d’un accident de voiture peuvent être entêtantes, il y a aussi de très belles scènes, une de mes préférées, celle où l’adolescent, gauche, raccompagne à l’aube la fille dont il pense être amoureux, ivre après une soirée, et l’aide à se déboutonner pour faire pipi derrière une voiture. Je vous conseille vivement ce film!

Un jour à Poitiers, 60 jeunes reporters mercredi en ville!

Un atelier des assises du journalisme 2012, pohoto archives nouvelle république

Dans le prolongement des Assises du journalisme qui s’étaient tenues à Poitiers en 2011 et 2012, le club de la presse de la Vienne, le Clemi (centre de liaison de l’enseignement et des médias d’information), la ligue de l’enseignement de la Vienne et des classes et clubs « journalisme » de collèges et lycées de Poitou-Charentes s’étaient retrouvé le 9 octobre 2013 avec le théâtre et auditorium de Poitiers / TAP comme « quartier général ».

La formule est renouvelée cette semaine, le mercredi 19 novembre 2014. Une soixantaine d’adolescents, encadrés par des journalistes de la presse écrite, de la radio et de la télévision, vont réaliser des reportages en ville et livrer des articles, sons et sujets, au fur et à mesure de la journée sur le blog Un jour à Poitiers et sur twitter sur le hashtag #1JaP. Cette fois, le rassemblement aura lieu dans les locaux de Canopé/ex-CRDP de Poitiers, un lieu que mes fidèles lecteurs ont déjà pu découvrir (voir le cénotaphe de Saint-Hilaire et les expositions de Jephan de Villiers et Eric Straw). La « salle de presse », les ordinateurs pour la tenue du blog Un jour à Poitiers (j’y participerai activement) et les ateliers radio animés par l’association L’œil à l’écoute (avec le soutien matériel de France bleu Poitou) s’y tiendront.

Cette journée est possible grâce au soutien de la Région, du Département et de la Ville de Poitiers.