Archives de catégorie : Lecture / autres

Toutes mes lectures, à l’exception des bandes dessinées et des livres écrits par des prix Nobel de littérature, classés à part.

Lecture : Amos Oz, Une histoire d’amour et de ténèbres

Couverture d'une histoire d'amour et de ténèbres, d'Amos Oz J’ai mis beaucoup de temps à achever la lecture du roman autobiographique d’Amos Oz, Une histoire d’amour et de ténèbres, publié en 2003 en Israël, traduit en 2004 par Sylvie Cohen pour Gallimard et sorti en Folio (n° 4265) en 2005.

Je voulais vraiment lire cet auteur, après ses déclarations au dernier salon du livre de Paris et un de membres fondateurs, en 1978, du mouvement La paix maintenant. Dès le milieu du livre, vers la page 250, il annonce le suicide de sa mère à l’âge de 38 ans, alors qu’il en avait 12 et demi. Enfin, il le suggère déjà avant, mais le dit clairement plus tard. Évidemment, cet épisode a fait écho à ma propre histoire. Surtout qu’à partir de ce point, il alterne les chapitres sur les relations avec son père et sa mère, sa famille, y compris les ancêtres qui vivaient en Europe centrale, les écrivains qu’ils fréquentaient, et la lente dégradation de l’état de santé psychique de sa mère, de plus en plus dépressive après la guerre d’indépendance d’Israël, sa rémission provisoire juste une semaine avant qu’elle ne passe à l’acte… dans le dernier chapitre. Mais avant, il parle déjà de  » l’après « , sa famille maternelle qui refuse de revoir son père après, l’absence de dialogue avec son père (jamais ils n’ont parlé ensembles du suicide, et il n’a pas pu assister à son enterrement), sa dégringolade scolaire et son entrée au kibboutz alors que son père se remarie et part vivre plusieurs années en Angleterre. À cette histoire très intime, dont il n’a pas pu parler avec son père avant son décès, nous dit-il, se mêle l’histoire tragique de la création d’Israël et de la vie littéraire de grands auteurs, dont Samuel Yosef Agnon qui reçut conjointement avec Nelly Sachs, juive allemande exilée en Suède le prix Nobel de littérature en 1966. Et aussi ses souvenirs d’enfant unique, qui apprit à lire très petit, dévorait les livres, commis une énorme bêtise un jour de visite chez un notable arabe, etc.

C’est un livre très fort, très poignant – enfin, qui m’a paru comme tel, au point d’être bloquée sur certains chapitres qui ont trait à l’état de santé de sa mère.

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Lecture : La fausse veuve, de Florence Ben Sadoun

Couverture de la fausse veuve de Ben Sadoun

Il y a un mois, j’ai reçu un mél de Violaine, du site Chez-les-filles.com. En lien avec les éditions Denoël, elle se proposait de m’envoyer le livre La fausse veuve, de Florence Ben Sadoun, à paraître le 25 août 2008 aux éditions Denoël donc (ISBN 978-2-207-26073-9, dépôt légal juin 2008). J’avais reçu le livre très vite, et vous en avais parlé aussitôt. Mais vous ne pouviez pas le trouver en librairie… Il va être mis en rayon dans le prochains jours, je vous remets donc l’article publié l’autre jour, complété avec des liens vers d’autres articles sur le même livre.

Retrouvez d’autres avis : Quoi de neuf Cécile, qui n’a pas trop aimé, pas plus que Praline. D’autres avis chez Bribes, Liliba, Sous le feuillage, le p’tit coin de lecture, lectrissima, Lily et ses livres, Paperblog, Chez Lorraine.

Ce livre, je ne l’aurai assurément pas acheté en librairie, surtout parce que c’est un petit livre (une centaine de pages en caractères assez gros, j’ai plutôt pour habitude d’attaquer des livres plus gros, surtout que je lis assez vite). L’auteure, Florence Ben Sadoun, est directrice de la rédaction de Première, journaliste à ELLE et chroniqueuse cinéma à France Culture. Plutôt prometteur. Puisque je l’ai reçu, je l’ai lu hier soir… et ça a été une bonne surprise.

L’histoire : la narratrice parle à son ami, d’abord dans le coma suite à un accident vasculaire cérébral. Puis réanimé, mais victime du locked-in syndrome. Mais si, ce syndrome, vous le connaissez ! Il a été rendu célèbre par Jean-Dominique Bauby et son livre, Le scaphandre et le papillon (paru chez Laffont et en poche chez Pocket). Son histoire fut adaptée l’année dernière au cinéma par Julien Schnalel, avec Matthieu Amalric dans le rôle principal (si vous n’avez pas lu ce livre, lisez-le, pour le film, il est sorti en DVD…). Ce syndrome donc dans lequel la personne est parfaitement consciente, mais incapable de faire le moindre mouvement, parfois juste un mouvement de paupière. Puis vient la confrontation avec l’ex-femme à l’hôpital, les longs trajets en train depuis la gare du nord, vers un lieu jamais nommé autrement que Le Vomi, mais qui ne peut être que Berck-sur-Mer… Et reviennent aussi des souvenirs d’enfance de la narratrice,  « juive berbère » comme elle se désigne. Et brusquement, on comprend que cet amant, c’est Jean-Dominique Bauby, même s’il n’est pas nommé.

Mon avis : après avoir été confronté au locked-in-syndrome de l’intérieur, par le récit de J.-D. Bauby, Florence Ben Sadoun nous livre l’autre côté de la barrière, celui de l’accompagnant, de son long parcours, de son deuil impossible puisque la personne aimée n’est pas décédée, mais quand même plus tout à fait vivante, et en tout cas plus comme avant. Au début, l’écriture est déroutante, mêlant dans une même phrase tutoiement et vouvoiement. Qui est ce tu, qui est ce vous ? L’amant devenu étranger ? Le lecteur auquel s’adresse le narrateur ? Puis, au fil des pages, des chapitres (très courts, deux, trois pages au maximum), je me suis habituée à ce style, suis entrée dans l’histoire, et l’ai dévoré en une heure à peine… Pas un grand livre, pas de la grande littérature (rien à voir avec les plus de 500 pages de Une histoire d’amour et de ténèbres d’Amos Oz, que j’ai commencé à la suite en fin de soirée), mais un récit poignant, plein de tendresse et de difficultés de la vie quotidienne qui tourne autour de l’autre, devenu absent, enfermé dans un hôpital lointain. Une question, quand même, est-ce bien un roman, ou un récit autobiographique ?

Logo de Chez les filles Le site Chez les filles.com (merci à eux et notamment à Suzanne) m’ont déjà envoyé ces autres livres, que j’ai parfois aimés, parfois pas du tout. Retrouvez-les sur la page des livres reçus pour critique.

Lecture : L’affaire Paola, de Donna Leon

Donna Leon, l'Affaire Paola J’ai déjà lu plusieurs aventures du commissaire Brunetti à Venise, en français et aussi en anglais (Requiem pour une cité de verre ; Mort à la Fenice, La femme au masque de chair). Je suis tombée sur celui-ci chez un bouquiniste, et je l’ai dévoré en une seule fois. Je suis encore en vacances, je peux donc lire beaucoup !

Le livre : L’affaire Paola, de Donna Leon, collection Points (P 1089), 2003, ISBN 2.02.055529.8.

Le début de l’histoire : Paola, la femme du commissaire Guido Brunetti, s’est disputée avec lui il y a quelques jours à propos des agences de voyage qui organisent des voyages de tourisme sexuel en Asie du Sud-Est. Une nuit, elle va détruire la vitrine d’une de ces agences. Son mari étouffe l’affaire, la vitrine est changée… et Paola récidive la nuit suivante. cette fois, elle est arrêtée, et son mari mis en congés quand, quelques jours plus tard, le propriétaire de cette agence est assassiné, avec à côté de lui un mot dénonçant le tourisme sexuel… Mais le propriétaire possédait aussi des usines chimiques et de produits pharmaceutiques. Alors, ce meurtre est-il une conséquence du geste de Paola contre la vitrine de l’agence de voyage?

Mon avis : une histoire qui nous plonge à nouveau dans les rues de Venise, ses canaux… Une dénonciation du tourisme sexuel, et une nouvelle attaque contre la mafia et ses agissements.

De cette auteure, je vous ai parlé de:

Requiem pour une cité de verre ;

– L’affaire Paola ;

Mort à la Fenice

Lecture : L’automne des chimères, de Yasmina Khadra

Couverture du quattuor algérien de Yasmmina Khadra Petit rappel : les éditions Gallimard (collection Folio policier, n° 510, 2008, ISBN 978-2-07-035755-0 ) ont eu la très bonne idée de rééditer pour cet été sous le titre Le quatuor algérien quatre enquêtes du commisaire Llob, par Yasmina Khadra (pseudonyme de Mohamed Moulessehoul, voir sur le site officiel de l’auteur l’explication de ce pseudonyme). L’auteur a choisi la forme du roman policier pour dénoncer le terrorisme des années 1990, et surtout ses causes sous-jacentes, dont la corruption généralisée que tente de combattre le commisaire intègre Brahim Llob, ancien combattant de la première heure lors de la guerre d’indépendance. Les histoires sont éditées ici dans l’ordre du récit, et non dans l’ordre de parution. Il s’agit dans l’ordre de :
La part du mort, édité pour la première fois aux éditions Julliard en 2004 puis en 2005 dans la collection Folio policier, dont je vous ai parlé il y a trois semaines ;
Morituri, édité pour la première fois aux éditions La Baleine en 1997 puis en 1999 dans la collection Folio policier et adapté au cinéma en 2007 par Okacha Touita et dont je vous ai parlé il y a quinze jours ;
Double blanc, édité pour la première fois aux éditions La Baleine en 1998 puis en 2000 dans la collection Folio policier, dont je vous ai parlé la semaine dernière ;
L’automne des chimères, édité pour la première fois aux éditions La Baleine en 1998 puis en 2000 dans la collection Folio policier.
Il n’y a pas de traducteur pour ces livres, Mohamed Moulessehoul écrit en français, il justifie son choix sur son site officiel. C’est également un ancien officier de l’armée algérienne, né en 1955, donc trop jeune pour avoir participé la guerre d’indépendance, mais qui a participé activement à celle contre le terrorisme. Son père a néanmoins rejoint l’ALN (armée de libération nationale) et est donc un résistant de la première heure, comme le commisaire Llob, héros de ces quatre romans (noirs plus que policiers). Il vit en France avec sa famille depuis 2001.

Aujourd’hui, je vous parle donc de L’automne des chimères.

Le début de l’histoire : le commissaire Llob accompagne l’un de ses anciens camarades de maquis, devenu artiste, à l’enterrement de son frère dans son village natal. À son retour à Alger, il est convoqué chez son directeur : il est mis à la retraite anticipée pour avoir publié Morituri, dans lequel on l’accuse de dénigrer l’institution de la police et du pouvoir, alors que pour lui, il n’a fait que dresser un tableau honnête de la corruption ambiante. Il rencontre d’anciens camarades, essaye de remonter la pente alors que sa femme et ses enfants sont toujours à l’abri, loin de lui.

Mon avis : ce dernier volet ne comprend pas vraiment les intrigues policières des premiers et semble très autobiographique. À lire d’une traite (150 pages, deux très petites heures), mais un jour où vous avez le moral, il est quand même presque aussi noir que les précédents…

Et bientôt… Pour la rentrée littéraire, le prochain livre de Yasmina Khadra Ce que le jour doit à la nuit paraîtra le 21 août chez Julliard. Vous pouvez déjà en lire un extrait dans le numéro d’été de la revue Lire.

Post-scriptum : depuis la rédaction de cet article, j’ai aussi lu Ce que le jour doit à la nuit de Yasmina Khadra, paru fin août 2008, La longue nuit d’un repentiLes hirondelles de Kaboul et La rose de Blida.

Lecture : Double Blanc, de Yasmina Khadra

Couverture du quattuor algérien de Yasmmina Khadra Petit rappel : les éditions Gallimard (collection Folio policier, n° 510, 2008, ISBN 978-2-07-035755-0 ) ont eu la très bonne idée de rééditer pour cet été sous le titre Le quatuor algérien quatre enquêtes du commisaire Llob, par Yasmina Khadra (pseudonyme de Mohamed Moulessehoul, voir sur le site officiel de l’auteur l’explication de ce pseudonyme). L’auteur a choisi la forme du roman policier pour dénoncer le terrorisme des années 1990, et surtout ses causes sous-jacentes, dont la corruption généralisée que tente de combattre le commisaire intègre Brahim Llob, ancien combattant de la première heure lors de la guerre d’indépendance. Les histoires sont éditées ici dans l’ordre du récit, et non dans l’ordre de parution. Il s’agit dans l’ordre de :
La part du mort, édité pour la première fois aux éditions Julliard en 2004 puis en 2005 dans la collection Folio policier, dont je vous ai parlé il y a quinze jours ;
Morituri, édité pour la première fois aux éditions La Baleine en 1997 puis en 1999 dans la collection Folio policier et adapté au cinéma en 2007 par Okacha Touita et dont je vous ai parlé la semaine dernière ;
Double blanc, édité pour la première fois aux éditions La Baleine en 1998 puis en 2000 dans la collection Folio policier ;
L’automne des chimères, édité pour la première fois aux éditions La Baleine en 1998 puis en 2000 dans la collection Folio policier.
Il n’y a pas de traducteur pour ces livres, Mohamed Moulessehoul écrit en français, il justifie son choix sur son site officiel. C’est également un ancien officier de l’armée algérienne, né en 1955, donc trop jeune pour avoir participé la guerre d’indépendance, mais qui a participé activement à celle contre le terrorisme. Son père a néanmoins rejoint l’ALN (armée de libération nationale) et est donc un résistant de la première heure, comme le commissaire Llob, héros de ces quatre romans (noirs plus que policiers). Il vit en France avec sa famille depuis 2001.

Aujourd’hui, je vous parle donc de Double Blanc.

Le début de l’histoire : Ben Ouda, diplomate, est sauvagement assassiné alors qu’il venait de rencontrer son ancien camarade de maquis, le commissaire Llob. Avant de mourir, il a tracé dans avec son sang les lettres HIV. Son jeune compagnon ne le supporte pas et se suicide du cinquième étage. HIV pour SIDA donc ? Pas sûr… Sur fond de guerre des polices et de terrorisme à son apogée, qui décime militaires, policiers, artistes, enseignants, écrivains etc. Il éloigne sa femme et ses enfants d’Alger, pour ne pas leur faire prendre de risque supplémentaire. Un nouveau flic fait son apparition dans l’équipe, en remplacement de celui qui a été victime d’un attentat dans Morituri. Si le commissaire reste incorruptible, il finit par se livrer à des actes de torture contre des suspects.

Mon avis : ce roman est peut-être encore plus noir que les précédents… et dérangeant par l’accumulation des actes atroces des terroristes mais aussi des ripostes des forces de l’ordre.

Post-scriptum : depuis la rédaction de cet article, j’ai aussi lu Ce que le jour doit à la nuit de Yasmina Khadra, paru fin août 2008, La longue nuit d’un repenti, Les hirondelles de Kaboul et La rose de Blida.

Lecture : Morituri, de Yasmina Khadra

Couverture du quattuor algérien de Yasmmina Khadra Petit rappel : les éditions Gallimard (collection Folio policier, n° 510, 2008, ISBN 978-2-07-035755-0 ) ont eu la très bonne idée de rééditer pour cet été sous le titre Le quatuor algérien quatre enquêtes du commissaire Llob, par Yasmina Khadra (pseudonyme de Mohamed Moulessehoul, voir sur le site officiel de l’auteur l’explication de ce pseudonyme). L’auteur a choisi la forme du roman policier pour dénoncer le terrorisme des années 1990, et surtout ses causes sous-jacentes, dont la corruption généralisée que tente de combattre le commissaire intègre Brahim Llob, ancien combattant de la première heure lors de la guerre d’indépendance. Les histoires sont éditées ici dans l’ordre du récit, et non dans l’ordre de parution. Il s’agit dans l’ordre de :
La part du mort, édité pour la première fois aux éditions Julliard en 2004 puis en 2005 dans la collection Folio policier, dont je vous ai parlé la semaine dernière ;
Morituri, édité pour la première fois aux éditions La Baleine en 1997 puis en 1999 dans la collection Folio policier et adapté au cinéma en 2007 par Okacha Touita ;
Double blanc, édité pour la première fois aux éditions La Baleine en 1998 puis en 2000 dans la collection Folio policier ;
L’automne des chimères, édité pour la première fois aux éditions La Baleine en 1998 puis en 2000 dans la collection Folio policier.

Une petite précision suite à une question que j’ai reçue : il n’y a pas de traducteur pour ces livres, Mohamed Moulessehoul écrit en français, il justifie son choix sur son site officiel. C’est également un ancien officier de l’armée algérienne, né en 1955, donc trop jeune pour avoir participé la guerre d’indépendance, mais qui a participé activement à celle contre le terrorisme. Son père a néanmoins rejoint l’ALN (armée de libération nationale) et est donc un résistant de la première heure, comme le commissaire Llob, héros de ces quatre romans (noirs plus que policiers). Il vit en France avec sa famille depuis 2001.

Aujourd’hui, je vous parle donc de Morituri.

Le début de l’histoire : la fille d’un ancien homme politique encore influent, Ghoul Malek, a disparu, le commissaire Llob est chargé de la retrouver. Sa carrière stage parce qu’il refuse de se livrer aux mêmes magouilles que ses collègues. Le BRQ, bulletin quotidien de la police, fait état des attentats commis pendant les dernières 24 heures. Prostitution, drogue, alcool (qui semble couler flot dans certains milieux), peuple dans la misère noire, terroristes, anciens résistants de la guerre de libération (les vrais et ceux de la dernière heure),corruption, mouvements mafieux, tous ces milieux sont abordés.

Mon avis : Un roman très, très noir, mais j’ai adoré ! Il manque quand même la petite pointe d’espoir en l’avenir, mais il faut rappeler que ce live a été écrit par l’auteur alors qu’il venait d’assister à un attentat contre des scouts dans un cimetière alors qu’ils célébraient les quarante ans du déclenchement de la guerre de libération (voir la préface). Je n’ai pas vu l’adaptation de ce livre au cinéma l’année dernière.

Post-scriptum : depuis la rédaction de cet article, j’ai aussi lu Ce que le jour doit à la nuit de Yasmina Khadra, paru fin août 2008, La longue nuit d’un repenti, Les hirondelles de Kaboul et La rose de Blida.

Lecture : La part du mort, de Yasmina Khadra

Couverture du quattuor algérien de Yasmmina Khadra Les éditions Gallimard (collection Folio policier, n° 510, 2008, ISBN 978-2-07-035755-0 ) ont eu la très bonne idée de rééditer pour cet été sous le titre Le quatuor algérien quatre enquêtes du commissaire Llob, par Yasmina Khadra (pseudonyme de Mohamed Moulessehoul, voir sur le site officiel de l’auteur l’explication de ce pseudonyme féminin). L’auteur a choisi la forme du roman policier pour dénoncer le terrorisme des années 1990, et surtout ses causes sous-jacentes, dont la corruption généralisée que tente de combattre le commissaire intègre Brahim Llob, ancien combattant de la première heure lors de la guerre d’indépendance. Les histoires sont éditées ici dans l’ordre du récit, et non dans l’ordre de parution. Il s’agit dans l’ordre de :
La part du mort, édité pour la première fois aux éditions Julliard en 2004 puis en 2005 dans la collection Folio policier ;
Morituri, édité pour la première fois aux éditions La Baleine en 1997 puis en 1999 dans la collection Folio policier et adapté au cinéma en 2007 par Okacha Touita ;
Double blanc, édité pour la première fois aux éditions La Baleine en 1998 puis en 2000 dans la collection Folio policier ;
L’automne des chimères, édité pour la première fois aux éditions La Baleine en 1998 puis en 2000 dans la collection Folio policier.

Aujourd’hui, je vous parle donc de La part du mort, qui occupe presque la moitié de ce volume (452 pages sur 920). L’histoire se déroule à l’extrême fin des années 1980, juste avant l’explosion des attentats terroristes des années 1990.

Le début de l’histoire : un psychopathe, dont le procès a été bâclé il y a une dix-sept ans, est en passe d’être libéré par grâce présidentielle après avoir alterné prison et asile psychiatrique. Parallèlement, Lino, l’adjoint du commissaire, sort avec une fille qui n’est pas de son monde, s’endette pour acheter des vêtements à la mode. M. Thobane, un riche dirigeant, fait pression contre lui auprès de sa hiérarchie… La suite en lisant le livre !

Mon avis : si l’histoire policière n’est pas le point fort de ce livre, il est, comme le voulait l’auteur, l’occasion de dresser un vaste tableau de l’Algérie et des germes de violence qu’elle portait avant l’explosion du terrorisme (et est-ce que cela a vraiment changé aujourd’hui ?). J’ai vraiment beaucoup aimé, même si le tableau est noir, très noir même. En dehors de la dénonciation de la corruption généralisée, de l’absentéisme, de l’alcoolisme de certaines élites, de l’écart entre les quartiers de villas et des taudis, la fascination des marques de vêtements et autre américaines et européennes, de petites remarques laissent entrevoir un vrai problème récurrent en Algérie : alors que c’est l’un des pays les plus riches d’Afrique (grâce au pétrole), l’eau ne coule qu’épisodiquement au robinet. Du coup, quand elle arrive, tous les récipients (et les baignoires, bien sûr) sont remplis… Il y a deux ans, lors de mon dernier séjour, c’était toujours un problème en dépit de la construction de plusieurs barrages.

Ce livre a reçu plusieurs prix littéraires, dont le prix du Meilleur polar francophone de Montigny en 2004 et le prix Beur FM Méditerranée en 2005.

Post-scriptum : depuis la rédaction de cet article, j’ai aussi lu Ce que le jour doit à la nuit de Yasmina Khadra, paru fin août 2008, La longue nuit d’un repenti, Les hirondelles de Kaboul et La rose de Blida.

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Lecture : Un lieu incertain de Fred Vargas

Couverture ed Un lieu incertain de Fred Vargas Idéal pour un aller-retour Poitiers-Paris en train ! Mais aussi sur la plage, tranquillement installé dans un fauteuil ou ailleurs. Je l’ai dévoré…

Le livre : Un lieu incertain de Fred Vargas, collection Chemins nocturnes, aux éditions Viviane Hamy, juin 2008, ISBN 978-2-87858-285-7.

Le début de l’histoire : au cours d’une conférence internationale de policiers à Londres, le commissaire Adamsberg et son adjoint, Danglard, tombent avec un collègue anglais sur 19 pieds coupés dans leurs chaussures près d’un cimetière (Highgate, où repose entre autre Karl Marx, sans rapport avec l’intrigue). De retour à Paris, dans un pavillon de banlieue, à Garches, un journaliste spécialisé en affaires judiciaires, Pierre Vaudel, a été sauvagement assassiné et retrouvé le corps pulvérisé dans son salon. L’histoire se complique avec un petit détour au pied des Carpathes, en Serbie…

Mon avis : … n’est peut-être pas impartial. Je suis une fan de Fred Vargas depuis son premier livre, écrit alors qu’elle était alors archéozoologue au Muséum d’histoire naturelle à Paris. Si les charmants archéologues et autres savants des premiers volumes ont disparu des intrigues depuis plusieurs tomes, celle de ce dernier ouvrage est magistrale. Un grand polar ! À lire impérativement cet été, même si cette auteure est maintenant à la mode, surtout depuis les adaptations au cinéma et en téléfilm. Et oui, vous avez remarquez, je lis plus de livres d’auteurs pas très connus que de best-sellers. Mon préféré de Fred Vargas reste cependant L’homme aux cercles bleus, réédité en livre de poche chez J’ai lu en 2002.

PS: depuis, je vous ai parlé, toujours de Fred Vargas, de L’armée furieuse et de Temps glaciaires.

Lecture : De Gaulle, Van Gogh, ma femme et moi de Jean-Jacques Reboux

La librairie du Feu rouge à Poitiers Je viens de terminer ce livre, De Gaulle, Van Gogh, ma femme et moi, de Jean-Jacques Reboux, collection Lunes blafardes n° 8, aux éditions Après la lune (octobre 2006, ISBN 2-35227-023-5). J’ai trouvé cette petite pépite à la librairie du Feu rouge dans la Grand’Rue à Poitiers, qui vend des livres de petits éditeurs (dont les siens, aux éditions flbl, prononcer fleubeuleu, PS, la librairie a fermé depuis la rédaction de cet article).
La quatrième de couverture et deux des livres précédents de cet auteur que j’avais lus dans la collection du Poulpe (édition de la Baleine, La cerise sur le gâteux et Parkinson le glas) m’ont convaincus.

Couverture de De Gaulle, Van Gogh, ma femme et moi, de Reboux Ce livre est inracontable… L’écriture assez décalée, un peu dans la lignée des Poulpe. Comment dire ? Sur un parking de supermarché, Bernard Maresquier, le narrateur, attend sa femme sur un parking de supermarché. Au fil des pages vont se croiser de Gaulle, né quatre mois après le suicide de Vincent Van Gogh à Auvert-sur-Oise, des petites vieilles hilarantes, des écrivains, des journalistes, plein d’autres personnages, sur fond d’intrigue de roman noir (le narrateur est enterré vivant à Auvert-sur-Oise). Et je viens de découvrir une nouvelle injure : « ancêtre de Toumaï ». Ça ne vous dit rien ? C’est un pré-hominidé découvert il y a quelques années au Tchad, d’une lignée différente des Australopithèques (Lucy et autres). Alors, j’avais déjà vu comme injure Australopithèque, voire Néandertal (pourtant très proche de nous, notre plus proche cousin humain), mais jamais encore Toumaï. Bon, ce ne sont que quelques mots parmi 300 pages, mais ça m’a fait sourire.

Un livre à lire si vous voulez sortir des livres conformistes, des histoires linéaires et rationnelles.

Lecture : A genoux de Michael Connely

Couverture de A genoux de Connely Un nouveau compte-rendu de lecture, même si ceux-ci restent la plupart du temps sans commentaire et sans réaction, pas plus que ce qui concerne les expositions ou les musées… Mais que voulez-vous, je lis beaucoup (je ne rends compte que d’un livre sur deux ou trois que je lis), et par période, visite de nombreuses expositions… en lien avec mon métier ou pas. Cette fois, je vous parle d’un polar, facile et rapide à lire en ces beaux jours estivaux.

Le livre : À genoux de Michael Connely, aux éditions Seuil policiers, 2008, ISBN 978-2-02-096201-8.

Le début de l’histoire : un médecin est retrouvé mort, exécuté de deux balles dans la tête, à Los Angelès. L’inspecteur Hary (Hieronymous) Bosch (oui, comme le peintre Jérôme Bosch) est appelé sur les lieux, le FBI débarque aussi, parce que, suite aux attentats du 11 septembre, ils craignent que cela soit lié à un trafic de Césium et qu’il s’agisse d’une tentative de fabrication de bombe sale.

Mon avis : les Américains sont vraiment devenus paranos par rapport au terrorisme, et la police (surtout le FBI) se permet tout au nom de la lutte contre celui-ci, et au mépris de la liberté de chacun et du respect des procédures judiciaires. Inquiétant. Ce n’est pas le meilleur Connely, loin de là. Pas le pire non plus (ceux sans le policier Hary Bosch ne sont vraiment pas bons), c’est un honnête polar qui se lit très bien, j’étais installée à l’ombre de mon figuier, en regardant tranquillement passer l’eau de la rivière et sur fond de chant de oiseaux…

Pour aller plus loin : j’ai aussi parlé ici de Le verdict du plomb, du même auteur.