Dimanche, vous allez/avez trop mangé? Attention, vous avez commis un grave péché! Après l’avarice et l’orgueil, je vous montre aujourd’hui la gourmandise située sur les stalles du 13e siècle de la cathédrale de Poitiers. Désolée, c’est encore du côté sud donc mes photographies ne sont pas terribles.
Voici donc, comme précédemment, un cliché de Jules Robuchon qu’il a édité en carte postale. La gourmandise est représentée sous les traits d’un homme barbu et joufflu, assis devant une table sur laquelle repose un panier plein de bons gros pains ronds marqués d’une croix (croix qui rappelle les hosties?).
Il tient l’un de ces pains de la main gauche et le découpe avec un grand couteau.
Dans le coin supérieur gauche, un ange (vous voyez son aile je pense), main droite le montrant de son index, lui murmure à l’oreille… sans doute que la gourmandise est un vilain défaut (péché)! Je vous montre très vite d’autres représentations des péchés capitaux… prises sur plusieurs édifices
Photographies de septembre 2014.
Les écoinçons des dorsaux des stalles nord, rangée supérieure de la cathédrale Saint-Pierre de Poitiers, numérotés à partir de l’ouest (à gauche quand on les regarde)
écoinçon 1 et tous les écoinçons impairs, des anges, le premier à gauche porte une seule couronne, le dernier à droite a été coupé lors du rétrécissement des stalles, les autres portent deux couronnes
écoinçon 2 : un coq
écoinçon 3 : une Vierge à l’Enfant retaillée dans l’ange d’origine, dont il subsiste les deux couronnes
écoinçon 4 : une chauve-souris
écoinçon 6 : un chat et une belette ou un rat (selon les auteurs)
écoinçon 8 : une tête d’homme barbu coiffé d’une capuche
écoinçon 10 : deux dragons affrontés, aux cous entrelacés
écoinçon 12 : une tête feuillue
écoinçon 14 : le phénix dans les flammes
écoinçon 16 : un animal fantastique, plus ou moins un griffon avec un buste et une tête d’oiseau et un arrière-train de cheval
écoinçon 18 : un centaure sagittaire
écoinçon 20 : deux étranges dragons
Les écoinçons des dorsaux des stalles sud, rangée supérieure de la cathédrale Saint-Pierre de Poitiers, numérotés à partir de l’est (à gauche quand on les regarde)
- écoinçon 1 et tous les écoinçons impairs, des anges, le premier à gauche porte une seule couronne, le dernier à droite a été coupé lors du rétrécissement des stalles, les autres portent deux couronnes, comme sur la rangée nord
écoinçon 2 : un lion mange un dragon- écoinçon 4 : deux avants-corps de chien
- écoinçon 6 : deux lutteurs
écoinçon 8 : un charcutier avec ses outils et une tête de cochon
écoinçon 10 : un architecte
écoinçon 12 : l’avarice
écoinçon 14 : l’orgueil
écoinçon 16 : la gourmandise- écoinçon 18 : un basilic ou un cocatrix
- écoinçon 20 : un homme assis et un animal fantastique
Comme ma photographie n’est pas terrible (toujours le contre-jour gênant pour les stalles côté sud), voici un cliché de Jules Robuchon sur une carte postale ancienne. Une femme est assise sur un tabouret (ou un banc) devant un coffre qui déborde de pièces (vous distinguez bien je pense sur la carte postale les petits ronds des pièces) au point qu’il est impossible de fermer le couvercle. Un sac suspendu derrière elle doit contenir d’autres trésors, et pourtant, elle semble de pas avoir les moyens de s’acheter des chaussures, vous voyez son pied nu?
Elle ne dépense pas non plus ses richesses pour refaire ses vêtements: vous voyez sur ce détail, sa robe est trouée au niveau du coude. Ses cheveux longs tressés sont retenus par un foulard noué à l’arrière. Elle tient de sa main gauche une coupe et plonge la droite dans le coffre, comme pour se rassurer sur la présence de ses pièces. « Ma cassette, ma cassette », semble-t-elle prête à crier comme l’avare de Molière!
… voici donc celle de Jules Robuchon. Comme dans d’autres représentations du 13e siècle, l’orgueil est représenté comme un homme qui tombe de cheval. Du cheval, on voit le dos et la très belle queue. La selle est bien en place. L’orgueilleux cavalier est lui dans une position grotesque, la tête en bas, les fesses au niveau de la selle, les jambes grands écartées, l’une en appui sur le bord de l’écoinçon, l’autre avec le pied replié vers l’encolure du cheval.
La semaine dernière, je recevais un commentaire à propos d’un vieil article sur le
Derrière le personnage donc se trouve un niveau, avec le petit plomb suspendu à une cordelette tressée (là où nous avons maintenant un tube avec une bulle… enfin, dépassé par les niveaux au laser)…
L’architecte, bien jeune, dessine sur sa table avec un compas (qui a perdu l’une de ses branches).
Devant, dans l’angle de l’écoinçon se trouve l’équerre.
Le torse humain s’appuie délicatement sur le rebord gauche, alors que la longue queue de cheval se déploie sur le bord opposé. Un chef-d’œuvre de sculpture, l’artiste ne devait pas casser la corde et l’arc qui se détachent à l’avant plan. Le visage semble être un portrait.
Le premier, situé dans le douzième écoinçon qu’il envahit complètement, est composé à partir de feuilles.
Avec ses yeux fermés, il ressemble à un masque funèbre. Le visage est barbu et moustachu, la tête couverte d’une capuche (d’un linceul ?) d’où dépassent quelques cheveux. Je le trouve assez sinistre…
L’artiste du 13e siècle l’a représenté dans un très élégant mouvement, formant un arc de cercle de la queue à l’extrémité de son aile droite, en arrière-plan. Son aile gauche butte contre le haut de l’écoinçon. Les flammes recouvrent ses pattes. Quel meilleur symbole pour fêter le retour du printemps ?
Après les