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Home de Toni Morrison

Couverture de Home de Toni Morrisonpioche-en-bib.jpgPremier lundi du mois… je poursuis ma découverte des prix Nobel de littérature avec le dernier livre de Toni Morisson (prix Nobel en 1993), sorti lors de la rentrée littéraire 2012. J’ai emprunté ce livre à la médiathèque.

Le livre : Home de Toni Morrison, traduit de l’anglais (États-Unis) par Christine Laferrière, éditions Christian Bourgeois, 2012, 151 pages, ISBN 978-2267023831.

L’histoire : Seattle, dans les années 1950. Un homme s’enfuit d’un asile psychiatrique et trouve refuge chez le pasteur voisin, il s’agit de Frank Money, un vétéran noir de la guerre de Corée. Rentré des combats il y a une bonne année, il a lâché sa copine, Lily, pour aller porter secours à l’autre bout des États-Unis à sa sœur, Ycidra, dite Cee, qui travaille à Atlanta, en Géorgie, chez un médecin blanc fou qui s’en sert comme cobaye. Bien qu’il n’ait aucune envie de retourner à Lotus, la ville natale où ils ont été élevés par leurs grands-parents, Cee était la souffre-douleur de sa grand-mère Lenore, c’est pourtant là qu’il l’emmène et qu’ils vont tous deux tenter de se reconstruire, elle physiquement, lui des fantômes de la guerre…

Mon avis : un court roman qui condense néanmoins plusieurs thèmes, la place des Noirs dans le sud des États-Unis dans les années 1950, bons pour être de la chair à canon lors de la guerre de Corée mais toujours soumis à la ségrégation à leur retour, lâchés sans ressource dans un monde qui ne veut pas voir leurs cauchemars (Frank y a perdu ses deux amis d’enfance), la seule aide venant non des hôpitaux mais de pasteurs qui vont permettre son long trajet à travers le pays. Le récit aussi d’une enfance difficile dans une petite ville de province, Lotus, les parents débordés par leur travail de misère, la grand-mère qui en profite pour exploiter les petits-enfants, Cee qui fuit avec le premier homme qui passe, se fait immédiatement larguer et contrainte de survivre de petits boulots. Mais aussi la solidarité des femmes qui vont permettre sa guérison… Tout cela en 150 pages à découvrir d’urgence! Les dernières pages permettent de comprendre l’étrange scène qui ouvre le livre, deux enfants qui assistent à un enterrement de chevaux avec un pied qui dépasse d’une fosse.

Sur la ségrégation aux États-Unis, je vous conseille aussi la lecture de La couleur des sentiments de Kathryn Stockett et de Chien blanc de Romain Gary

 

La couleur des sentiments de Kathryn Stockett

Couverture de La couleur des sentiments de Kathryn Stockett logo du chalenge 1% rentrée littéraire 2010pioche-en-bib.jpgOn a beaucoup parlé de ce livre après la rentrée littéraire (il a d’ailleurs reçu le grand prix des lectrices de Elle), je l’ai lu après une longue attente sur la liste de la médiathèque.

Le livre : La couleur des sentiments de Kathryn Stockett, traduit de l’anglais par Pierre Girard, éditions Jacqueline Chambon, 2010, 526 pages, ISBN 978-2742792910.

L’histoire : de 1962 à 1964, à Jackson dans le Mississipi. D’un côté, un quartier blanc avec de grandes maisons et des femmes blanches qui s’occupent d’œuvres de charité pendant que les maris travaillent. De l’autre, un quartier noir avec des petites maisons bien tenues aussi par des femmes noires… qui écoutent les sermons du pasteur à la radio et fréquentent d’autres paroisses. Ces femmes sont aussi souvent bonnes chez les blanches, assurant le ménage et la garde des enfants, et pouvant être remerciées à tout moment. Du côté des blancs, une femme tente de mettre en place des toilettes séparées pour leurs bonnes noires (et aussi les jardiniers noirs). De l’autre, la progression des revendications des droits civiques, au péril de leur vie, parfois (un jeune homme est battu et reste aveugle pour avoir utilisé par erreur les mauvaises toilettes). Trois femmes mènent alternativement ce récit… Aibileen vit seule après la mort de son fils d’un accident de travail. Elle est bonne depuis quarante ans et essayent d’inculquer à la nouvelle petite fille qu’elle élève à la place de sa mère des notions d’égalité des blancs et des noires… Minny est sa meilleure amie. Elle a deux enfants, un mari alcoolique et une grande gueule. Elle n’arrête pas de se faire virer de chez ses patrons pour leur avoir dit ce qu’elle pense, malgré les recommandations de sa mère, jadis. Elle retrouve une place chez une femme blanche isolée dans sa communauté. Enfin, Skeeter Phelan, qui revient chez ses parents après ses études supérieures et rêve d’être journaliste et écrivain. outre la lettre de la paroisse, elle trouve un petit emploi dans un journal local, où elle doit tenir une chronique ménagère… domaine où elle ne connaît rien. Constantine, la bonne qui l’avait élevée, ayant brusquement disparu dans des circonstances étranges (partie, renvoyée?), elle s’adresse à Aibileen pour avoir les réponses. C’est alors que naît un projet fou et dangereux pour toutes, interviewer les bonnes pour raconter de leur point de vue leurs conditions de travail et de vie… Qui, à part Aibileen, va accepter de prendre le risque?

Mon avis : la forme de ce récit à trois voix m’a beaucoup plu. Même s’il est parfois rédigé dans une langue familière et parlée, et desservi (et oui, encore) par trop de coquilles… Cette fois, c’est dû je pense au traducteur, car il s’agit de fautes de grammaire (singulier/pluriel) récurrentes, plus il y a de fautes au départ, plus il en reste après le passage du correcteur, mais voyant cela, l’éditeur aurait pu commander une autre lecture… Voir en fin d’article mon relevé des fautes pour la fin du livre (agacée, j’ai fini par noter)… Cette forme littéraire est un très bon moyen pour partager la montée de la lutte pour les droits civiques, faire prendre conscience des humiliations continuelles dont sont victimes les bonnes. Les événements nationaux sont à peine signalés, l’assassinat de Kennedy, la grande marche de Martin Luther King (pour l’éditrice, le livre doit paraître en fonction de cette marche). Au fil des pages, quelques progrès quand même, la bibliothèque des blancs s’ouvre aux noirs… Un récit sensible, émouvant, que j’ai dévoré sur deux jours… Sur un sujet proche mais un point de vue différent, je vous conseille aussi Chien blanc de Romain Garry.

Les fautes que j’ai relevées dans les 150 dernières pages, je n’ai pas noté avant et j’en ai sans doute laissé passer: elle pour elles page 372, il pour ils p. 397, ait pour ai p. 398, il pour ils p. 474, on pour ont p. 523. Il faudrait peut-être offrir un petit Bled au traducteur?

Chien blanc de Romain Gary

Couverture de légendes du je, de Gary et Ajar Logo des coups de coeur de la blogosphère Je poursuis la lecture des légendes du je, sélection de romans de Romain Gary/Émile Ajar (liste ci-dessous).

Je l’ai lu dans le cadre des coups de cœur de la blogosphère, challenge organisé par Theoma (clic sur le logo pour accéder à la liste).

Le livre : Chien blanc de Romain Gary. Première édition en 1970. Je l’ai lu dans Romain Gary, Émile Ajar, Légendes du Je, récits, romans, collection Quarto, éditions Gallimard, 2009, 1428 pages (pages 561-726), ISBN 978-2070121861.

L’histoire : à Beverly Hills, puis à Nice et Paris, à partir du 17 février 1968, date d’arrivée de Batka, un grand berger allemand qui fait irruption dans la vie de l’auteur et de sa femme, l’actrice Jean Seberg. Batka se révèle très vite être un « chien blanc », un chien élevé par des blancs dans un états du sud des États-Unis et dressé à attaquer spécifiquement les noirs. Romain Gary ne peut se résoudre à le faire piquer et décide de le « rééduquer », avec l’aide de Keys, un grand black jusqu’alors employé dans un centre d’extraction des venins de serpents. Y arriveront-ils ?

Mon avis : Garry écrit ce livre en pleine lutte des noirs Américains pour leurs droits civiques. Le chien arrive en février 1868, le 4 avril 1968 est assassiné Martin Luther King. C’est l’époque aussi de la guerre du Viêt Nam et des « évènements » de mai 68 à Paris. Jean Seberg était très impliquée dans ce combat contre le racisme des blancs. Romain Gary entend, par ce beau récit, dénoncer tous les racismes : celui des blancs envers les noirs, mais aussi le racisme en retour des noirs envers les blancs, ou l’hypocrisie de certains artistes hollywoodiens engagés dans la lutte pour la déségrégation avec des arrières pensées bien mercantiles… Un texte à lire et relire, dans le contexte de l’époque, mais aussi dans celui d’aujourd’hui, avec l’intolérance, le racisme et le populisme qui re-fleurissent partout en Europe ces derniers mois.

Les titres du volume :

Je l’ai lu dans le cadre des coups de cœur de la blogosphère, challenge organisé par Theoma dont je regroupe mes articles sur cette page. Il était recommandé par Praline.