Archives par étiquette : préhistoire

Art magdalénien ce soir sur Arte

Ce soir sur Arte, à 21h35, sera proposé le film réalisé par Philippe Plailly (décédé d’un accident d’ULM en cours de tournage) et Pierre-Françis Gaudry, intitulé Le génie magdalénien. Ce film montre avant tout la frise sculptée magdalénienne (il y a environ 15000 ans) du Roc-aux-Sorciers à Angles-sur-l’Anglin, dans la Vienne, un site que je connais bien pour avoir travaillé au sein de l’équipe d’étude.

Pour le découvrir, je vous invite à aller naviguer sur le très riche site internet officiel consacré au Roc-aux-Sorciers. Pour les plus « mordus », il y a aussi un catalogue des collections sur le site de la réunion des monuments nationaux.

Darwinisme et sciences sociales

Après la soirée contre le créationnisme, je voulais vous signaler à Paris – si vous êtes par là et que le sujet vous intéresse – la séance qui aura lieu demain 12 janvier 2009 de 11h à 15h à l’école des hautes études en sciences sociales / EHESS (105 Bd Raspail ) dans le cadre de l’année Darwin sur le thème « Darwinisme et sciences sociales ». Retrouvez le programme complet sur le site de l’EHESS. Je ne pourrai pas y aller, mais c’est vraiment tentant.

Sinon, il a fait très beau aujourd’hui, froid encore, mais ça commence à fondre…

Cartes reçues

Je commence à recevoir de nombreuses cartes. Voici les cartes fabriquées maison.

D’abord, cette carte verte reçue de Miss Fil et accompagnée d’une grille maison pour la nouvelle année (je l’ai brodée et vous la réserve pour le jour de l’an).

Maintenant, la carte de qui l’a acheté à une association, Togo partage, lors d’un marché de noël.

Et la carte reçue de Anne-Lise / Milkinise.

Parmi les cartes qui ne sont pas des cartes maison, cette carte arrivée du Québec et envoyée par Alix.

Parmi les cartes institutionnelles (en plus des nombreuses cartes virtuelles), la palme revient pour l’instant au musée d’Altamira, avec une carte gaufrée représentant l’un des bisons de la grotte d’Altamira qui peut ainsi être découverte par les aveugles et les mal-voyants, avec une légende en braille.

Merci à Miss Fil, Anne-Lise / Milkinise, Brigitte et toutes les autres !

L’évolution : enjeux, débats et perspectives

Ces derniers temps, .nous assistons y compris en France à une offensive des créationnistes, sous deux formes Dans la forme radicale, issue des religions du Livre (judaïsme, christianisme, Islam), le monde et toutes les espèces ont été crées telles qu’elles sont en six jours par Dieu (relisez la Genèse) il y a environ 6000 ans ; parmi les plus chrétiens les plus ultras de cette tendance, signalons certains protestants évangélistes américains, les témoins de Jéhovah, l’Opus Dei. Dans une forme plus insidieuse, rebaptisée Intelligent design, les créationnistes peuvent accepter une certaine forme d’évolution (chez les bactéries par exemple), mais seule la présence d’un être supérieur (Dieu en l’occurrence) permet d’expliquer certaines « créations » ; cette thèse était fortement soutenue par le cardinal Ratzinger devenu depuis le pape Benoît XVI. Si ces créationnistes restaient dans le domaine de la religion, cela ne poserait pas de problème, mais ils essaient de se faire valoir comme une science alternative, qu’il conviendrait donc, à leurs yeux, d’enseigner aux côté des différentes sciences et en particulier de l’évolution. Leur lobbying est tel que le rapport dur le créationnisme rédigé il y a un peu plus d’un an pour le conseil de l’Europe par Guy Lengagne, mathématicien, a été accepté en commission de la culture mais non examiné par l’assemblée plénière. Dans de nombreuses structures liées à la préhistoire, il y a des tentatives d’introduire des propos qui n’ont rien à y faire… Raison de plus pour rappeler ce qu’est la science de l’évolution, et les évolution de cette science depuis les théories de la sélection naturelle…La soirée d’hier au Centre Mendès-France)à Poitiers, destinée à tous mais plus particulièrement aux enseignants (d’où la présence dans l’organisation de l’ADOSEN (Action et documentation santé pour l’éducation nationale), de l’Association départementale des pupilles de l’enseignement public (ADPEP 86), de l’Institut universitaire de formation des maîtres de Poitou-Charentes (IUFM),et de la délégation départementale de la Vienne de la MAIF), voulait faire le point sur ces questions, 150 ans après la parution De l’origine des espèces de Charles Darwin. Les différents débats et interventions ont réuni :

  • Jacques Arnould, dominicain, ingénieur agronome, docteur en histoire des sciences et en théologie, chargé de mission au CNES (voir par exemple son interview en janvier 2007 sur Canal Académie) et Dominique Lecourt, philosophe, professeur à l’université Paris Diderot, Paris 7 (voir son cursus sur sa fiche CNRS, sur le thème Darwin devant Dieu (points de vue d’un théologien et d’un philosophe)
  • Michel Morange, biologiste moléculaire et historien des sciences, professeur à l’université Paris-VI et à l’ENS (laboratoire de génétique moléculaire), à Paris, chercheur au département de biologie de l’Ecole normale supérieure et Thomas Lepeltier, French language and French philosophy instructor at Christ Church (University of Oxford), sur le thème évolutionnisme et créationnisme au regard de la science (les points de vue d’un biologiste et d’un épistémologue, ce dernier ayant été très critiqué dans le débat, car il défendait que certains créationnistes pouvaient avoir une démarche scientifique)
  • Guy Lengagne, membre honoraire du Parlement, ancien ministre, auteur du rapport au Conseil de l’Europe sur les dangers du créationnisme dans l’éducation
  • et une conclusion pleine de fougue de Michel Brunet Professeur du Collège de France, chaire de paléontologie humaine ; membre Institut International de paléoprimatologie et paléontologie humaine, IPHEP UMR CNRS 6046 de l’université de Poitiers, autour de l’évolution des primates et de l’homme et de notre histoire commune à tous.

La salle était encore pleine à 23h, ce qui prouve que ce sujet est vraiment d’actualité…

Le dolmen de Poitiers

Poitiers, 8 avril 2011, des haies, 10, le dolmen de face Le dolmen de la Pierre-Levée à Poitiers est situé non loin de l’hypogée des Dunes dont je vous ai parlé il y a quelques semaines. Il a fait l’objet de relevés dès le 19e siècle, et est mentionné dans des textes de la fin du 13e et du début du 14e siècle sous le nom de Petra levata, Petra sopoeze et Petra suspensa. Rabelais en parle dans Pantagruel (livre 2, chapitre 5). Mais il est mal connu. Sa vaste table (la grosse dalle qui servait de couverture) reposait sur sept piliers (les grosses pierres verticales). Comme les autres dolmens, il s’agit d’une sépulture collective néolithique (sa datation est difficile en l’absence de matériel… peut-être vers 4000 ans avant notre ère), mais aucun matériel archéologique provenant de ce dolmen ne nous est parvenu… Il ne reste pas de trace du tumulus (tas de terre et de cailloux) qui devait le recouvrir. Vu son état actuel et les gravures anciennes, il y a fort longtemps que sa chambre sépulcrale (sous la grosse dalle) a dû être entièrement vidée. Il devait être visible à l’époque romaine, car il constitue l’une des extrémités de la nécropole antique des Dunes.

Poitiers, 8 avril 2011, des haies, 9, le dolmen de dosQuand la ville posera-t-elle un petit panneau pour expliquer aux rares passants ce qui se trouve devant eux ?

Poitiers, carte postale ancienne, une dame en coiffe près du dolmen Et pour finir, cette carte postale ancienne de Robuchon , avec comme légende « Monument mégalithique des premiers âges de l’humanité » (et oui, rien que ça… mais complètement faux…). Une charmante dame en coiffe prend la pause…



Pour en savoir plus sur ce dolmen et tous ceux de la Vienne, à lire : Jean-Pierre Pautreau et Montserrat Mataro i Pladelasala, Inventaire des mégalithes de France, La vienne, éditions APC (association des publications chauvinoises), Mémoire 12, 1996, ISBN 2-909165-15-9.

Pour comprendre comment fonctionnaient les dolmens, à une soixantaine de kilomètres de Poitiers, le Musée départemental des tumulus de Bougon dans les Deux-Sèvres et son vaste parc vous accueilleront dans un cadre champêtre très agréable.

Pratique : pour y aller, vous avez le choix… Si vous êtes à pied, compter une vingtaine de minutes du centre-ville, passer le Pont-Neuf, remonter la rue (raide) du faubourg du Pont-Neuf, puis la rue de la Pierre-Levée à gauche. Après le Parc-à-Fourrage (où est fléché l’hypogée des Dunes), prendre à gauche la rue du Dolmen. Il se trouve dans un petit square clôturé. Si vous préférez monter en bus, prenez en ville la ligne 1 ou la 3, descendez à l’arrêt Prison, prenez la rue le long de la prison (rue du Petit-Tour), vous arrivez en face de la rue du dolmen et du dolmen.

Déménagement…

Pas de lecture de prix Nobel de littérature aujourd’hui mercredi, ni d’autre article, je suis en train de reprendre toutes les pages de mon site personnel (préhistoire) vers mon nouveau domaine, vdujardin.com, il faudra que je fasse des mises à jour, j’ai quelques images à recharger, mais globalement, ça ne fonctionne pas trop mal. Aol est vraiment pénible d’avoir donné juste un mois de délai avant la fermeture de toutes ses pages personnelles… Il prévoit également dans les prochains mois de changer le système de stockage des images. J’ai aussi déménagé (en vrac cette fois) le site que j’avais créé pour le colloque sur le Magdalénien que j’avais organisé en 2003 à Angoulême http://www.vdujardin.com/magdalenien2003/index.html . Les actes ont été publiés depuis longtemps en société préhistorique française, mais le compteur m’indique qu’il y a toujours des visites, alors, j’ai aussi réintégré toutes les pages. Pour les prochaines soirées, il me reste à tester tous les liens, toutes les images, etc. Je dois aussi changer le système de compteur. Il faudrait en outre que je fasse une mise à jour de mon CV, mais ça, ce n’est pas le plus urgent. Au passage, si vous voyez des erreurs de lien, sur le blog ou sur le site, merci de me le signaler, cela me fera gagner du temps !

Lecture : Le jour et l’heure de Gil Jouanard

Jouanard, le jour et l'heure, couverture Il y a quelque temps, je vous avais parlé d’un livre de Gil Jouanard, Le goût des choses. Le jour et l’heure (éditions Verdier, 1998, ISBN 2-86432-296-X) en est la suite, récit toujours plus ou moins au jour le jour de ses notes de voyage et impressions de 1995 à 1997. Il y a toujours des allusions à la préhistoire, aux origines de l’homme, à la conservation de cet héritage (il s’offusque de la destruction d’un tumulus sur un des causses par un agriculteur pour élargir son champ). Les pages de descriptions de Dublin et autres régions d’Irlande sous la pluie m’ont rappelé mon dernier séjour là-bas ! À lire si vous aimez cette succession de textes courts (souvent moins d’une page), dans un langue très poétique (enfin, c’est mon opinion).

Lecture : Crime pariétal de Philippe Breton

Couverture de crime pariétal Hier, je suis tombée sur un roman préhistorique – un polar en fait – qui m’avait échappé : Crime pariétal de Philippe Breton, collection Polarchives aux éditions Le Passage (distribution Seuil, paru en 2003, ISBN 2-84742-028-2).

Le début de l’histoire : un jeune préhistorien, tout juste promu directeur de recherche au CNRS en raison de ses recherches dans la grotte Vauchet (anagramme de la grotte Chauvet, grotte ornée majeure découverte récemment), est retrouvé assassiné, en position de crucifié et transpercé d’une flèche, comme en extase. Peu après, son principal rival au CNRS et son aîné, aigri de ne pas avoir eu de promotion, est retrouvé mort. Sur fond de grotte ornée se croisent dans l’intrigue un flic, une ex-petite amie de la victime (thésarde en histoire contemporaine), un syndicaliste, un conservateur de l’Enfer de la bibliothèque nationale de France (ce département qui conserve les ouvrages érotiques, devenu célèbre depuis quelques mois avec l’exposition présentée dans cette noble bibliothèque), des prêtres etc.

Ce que j’en pense : l’intrigue est un peu tirée par les cheveux, mais ce petit polar se laisse lire. Une petite phrase au passage du syndicaliste sur la menace qui pèse sur les sciences humaines au CNRS est très bien vue (mais l’auteur est sociologue au CNRS d’après la quatrième de couverture, donc directement concerné). Dommage cependant qu’il y ait trop de coquilles (« pourquoi faire » ou, p. 136,  » je me suis toujours demandée pourquoi « , etc.).
Dommage aussi que certains détails n’aient pas été plus soignés. Ainsi, p. 9, on lit « dans une grotte du Sud-Ouest, la grotte Vauchet ». Pour les besoins de la narration, l’auteur aurait pu déplacer la grotte dans cette région riche en grottes ornées. Mais plus loin, elle est bien positionnée en Ardèche, comme dans la réalité (à Vallon-Pont-d’Arc, ce n’est pas précisé), donc loin du Sud-Ouest… Page suivante « la flèche rappelle bougrement saint Antoine ». Alors là, je ne comprends pas. En lisant la description, le jeune efféminé en extase, vêtu d’un pagne et transpercé d’une flèche, ça évoque tout de suite saint Sébastien (voir par exemple le très bel exemplaire par Mantegna, au Louvre…). La flèche ne fait pas partie des attributs de saint Antoine, en général, il est en bure franciscaine et tient l’Enfant Jésus dans ses bras, il a parfois pour autres attributs des poissons, une mule, un lys ou un cœur enflammé. Dommage aussi le détail sur la datation en urgence au laboratoire de Gif. Impossible de faire une datation dans la minute, même pour une datation au radiocarbone (impossible sur de l’ocre, comme indiqué dans le livre, car il ne contient pas de carbone) : le temps de préparation chimique de l’échantillon est bien plus long. Et pour avoir une idée rapide de l’âge, on ne met pas l’échantillon dans une simple machine avec un ordinateur, mais dans un accélérateur de particules. Certes, ce ne sont que des détails, mais pour un polar avec pour fond le milieu scientifique, mettre des détails réalistes ne coûte rien.