Place Beaulieu à Angoulême, au bout du plateau dominant la Charente, non loin du lycée Guez-de-Balzac, se dresse l’imposant monument aux morts de 1914-1918. Je vous ai déjà montré le monument aux morts de 1870, dit monument aux mobiles de la Charente, situé près de l’hôtel de ville.
En 1923, la ville d’Angoulême avait lancé un concours et retenu la maquette du sculpteur René Pajot, sculpteur dont je vous ai montré le buste d’Émile Roux à Confolens. Le deuxième prix avait été attribué au sculpteur Charles André Valère Juin et le troisième à Émile Peyronnet.
C’est finalement le projet arrivé en quatrième et dernière position, proposé par l’architecte Breil, qui est mis en œuvre non pas par lui, mais par l’architecte Roger Baleix et le sculpteur Émile Peyronnet, avec une nouvelle maquette présentée en 1924 au salon de la société des artistes français sous le numéro 3813. Le monument a été inauguré le 11 novembre 1926, en dépit de la polémique sur le coût du monument et le dépassement des devis initiaux. Leurs signatures (« R. Baleix architecte / E. Peyronnet sculpteur ») se trouvent au dos du monument. D’Émile Peyronnet, je vous ai aussi montré à Angoulême le buste de Raoul Verlet, et à Saint-Jean-d’Angély le monument à Joseph Lair et la fillette du monument à André Lemoyne.
Ce dernier se compose d’une sorte de chambre funéraire installée sur un podium de quelques marches, surmontée d’une sorte de pyramide tronquée très massive sur laquelle est sculptée en bas-relief une république aux bras levés brandissant deux couronnes végétales (voir la vue rapprochée à droite de la première photographie). De part et d’autre de la chambre funéraire se tiennent la mère du soldat défunt (à gauche), sa femme et sa fille (à droite). Le modèle des femmes voilées est à rapprocher du modèle qu’il avait présenté au salon de 1911 pour le monument aux soldats morts pour la patrie de Castelnaudary.
La mère du soldat est représentée sous les traits d’une femme âgée, debout, vêtue d’une longue cape avec une capuche qui lui couvre la tête. De sa main gauche toute ridée, aux veines apparentes, elle maintient sa cape fermée alors que sa main droite apparaît juste un peu, tenant vers le bas un bouquet de fleurs.
De l’autre côté se tient la femme du soldat, triste, la tête couverte d’un long voile de deuil, soutenant leur fillette en lui posant une main sur la tête et en lui tenant la main droite. La fillette est vêtue, comme celle du monument de Parthenay, d’une robe à manches courtes et elle tient de la main gauche un bouquet de fleurs qu’elle laisse pendre vers le bas, comme sa grand’mère.
De dos et de côté, on voit bien l’aspect massif du monument…
Pour aller plus loin, voir le catalogue réalisé par Béatrice Rolin, Fantômes de pierre : La sculpture à Angoulême 1860-1930, éditions du Germa à Angoulême (1995)., voir notamment pages 11-12, 66, 80, 84.
Vous trouverez d’autres informations sur cette œuvre dans le Parcours du patrimoine consacré aux monuments aux morts avec une allégorie de la République, et dans le dossier documentaire réalisé par le service de l’inventaire du patrimoine culturel de la région Poitou-Charentes).
Voir aussi le livre de Charlotte Pon-Willemsen, Les allégories de la République sur les monuments aux morts en Poitou-Charentes. Parcours du Patrimoine, n° 342. Geste éditions, 2008, page 48.
La figure aux deux couronnes m’en rappelle une autre, que tu avais précédemment montrée, au sujet de laquelle je me souviens t’avoir signalé le modèle de la Victoire de la fontaine du Palmier… mais où était-ce ?
http://paris1900.lartnouveau.com/paris01/chatelet/la_fontaine_du_palmier.htm
A Lessac.
Ah oui, je reconnais !!
Il a besoin d’un petit nettoyage… Comme le monument à Carnot! Bon après-midi, je file!
S’il n’y avait qu’eux, encore…
J’aime bien les traits de la mère agée, le visage est très expressif.
Il va falloir que je retourne un peu faire un tour à Angoulême on y a fait une balade avec des amis qui n’étaient pas du coin, mais on a zappé des momuments. Il faut dire qu’en une journée on en fait des kilomètres pour voir toutes ces belles choses et puis il faut attendre que certains aient pris des photos etc, etc.
Biz à toutes
Il s’agit donc de deux monuments Charentais, et de la même période, celui d’Angoulême, légèrement plus ancien, ayant pu influencer ce qu’on a voulu faire à Lessac…
Non, je ne pense pas. Pourquet est un sculpteur parisien qui n’a sans doute pas mis les pieds à Lessac. Il a de son côté réalisé d’autres Victoires tenant deux couronnes, comme celle du bas-rellief du monument aux morts de Pierrepont-sur-Avre, dans la Somme, et celle qui a servi de modèle à Lessac, sculptée pour Corvol-l’Orgueilleux, dans la Nièvre, détruit en 1992, modèle réalisé en 1922 ou 1923 en plâtre plaqué bronze puis tiré en fonte semble-t-il à une dizaine d’exemplaires.
La commune de Lessac a justement commandé en 1926 un exemplaire d’un type de figure à couronnes, comme celui inauguré la même année au chef-lieu du département ; mais au lieu d’une création originale, elle a choisi un tirage d’un modèle existant…
je me souviens plus du monument de l’Ecole Normale.
Clic, clic sur le lien dans l’article, ou bien patiente jsq dimanche, article spécial en cours de programmation…