Papier maison : étirage des feuilles

Fabrication du papier, phase2, pâte mixée et étendage sur lavette

Après la fabrication de la pâte, voici comment étirer les feuilles.

Il faut d’abord fabriquer un cadre. Le premier que j’avais fait était composé de quatre baguettes maintenues par des équerres métalliques, mais ce n’était pas très stable. Du coup, j’en ai refait un avec un cadre pour photo, format A5 à peu près. Sur la face inférieure, j’ai tendu du tulle (mouillé, pour une bonne tension), maintenu tout autour avec des punaises en continu. Dans beaucoup de magazines qui parlent de fabrication de papier, il faut un second cadre qui sert à délimiter le bord des feuilles, mais je m’en dispense.

Une fois le cadre prêt, mélanger une dernière fois la pâte. Ajouter de l’amidon (ou de la colle de riz, je vous expliquerai une autre fois sa fabrication) si vous voulez écrire sur le papier, c’est la phase d’encollage.

La pile journal et lavettes avec papier mouillé prêt à êre mis sous presse

Préparer la zone où sera étendu le papier. Je mets un plastique pour éviter les débordements d’eau, un journal en dessous, puis une lavette genre lavette pour la cuisine, ouverte mais prête à être pliée en deux.

Ensuite, plonger le cadre tulle vers le haut, dans un mouvement régulier pour que la feuille ait une épaisseur constante, recueillir la pâte dans la bassine. Selon le mouvement et la densité de la pâte, la feuille sera plus ou moins épaisse. Laisser un peu égoutter au-dessus de la bassine. Ajouter éventuellement sur la pâte des éléments décoratifs (feuilles, pétales ou autre). Retourner le cadre sur la lavette, en principe, la pâte détrempée vers le bas adhère suffisamment le temps du retournement. J’éponge en pressant fortement sur le tulle. Ensuite, passer un doigt sur celui-ci pour faire adhérer la pâte à la lavette, et retirer doucement le cadre. Fermer la lavette, mettre une autre couche de journal, une autre lavette et recommencer. Quand j’ai terminé (plus de pâte, plus de lavette sèche ou autre…), je pose une planche sur le tout, et presse fortement (le plus simple est de monter sur la planche pendant quelques minutes). Enlever le papier journal et le remplacer par du papier sec (je récupère ce journal séché plusieurs fois de suite), remettre sous presse quelques heures (cette fois, j’utilise l’encyclopédie, heureusement que j’en ai une en papier, pas un CD !). Le soir au coucher, pour un séchage plus rapide, j’étale au sol les lavettes. Le lendemain matin, c’est encore humide, je remets sous presse pour la fin de la journée, ainsi, j’ai du papier bien plat, sans système d’étendage sur corde (mes feuilles sont trop petites).

Les feuilles séchées

Quelques variantes : pour obtenir des textures différentes, il est possible d’étaler le papier sur du plastique bulle, sur des joncs ou autre, dans ce cas, pas de passage sous le journal, ça met plus de temps à sécher. Pour obtenir du papier de couleur, je recycle du papier coloré. À défaut, il est possible de faire une pâte blanche et d’utiliser du colorant alimentaire ou des colorants végétaux. Je vous parlerai une autre fois de papier en fibres naturelles (à partir de légumes, gazon etc.).

Retrouvez ce papier maison sur plusieurs réalisations :

17 réflexions sur « Papier maison : étirage des feuilles »

  1. titbelette

    hello ça c’est super ta recette, car je me suis achetée le livre sur le papier végétal maison, et j’ai hâte de tenter!!!
    je vasi tenter le papier recyclé ça aussi j’y pense depuis un moment, pour mon scrap, carte, bref tout ce qui a besoin de papier, comment fait tu si tu veux y mettre des dessins(pas motifs dont tu parles) mais dessiner dessus?
    bises

    Répondre
  2. florence+pacaud

    tout zazimuth vient de m envoyer des feuilles faites comme toi à la main  ton colis part demain avec des bouts de tissus de fils pour mettre dans ton papier , je vais broder main et machine ces papiers cel a l air sympa cette matiere

    Répondre
  3. laurent

    Bonjour,
    je voudrais faire un abat jour pour lampadaire, en papier que j’aurai fait comme vous l’indiquez, dans lequel j’incorporerai des fleurs cueillies cet été à la montagne. Mais pour faire un abat jour cylindrique, je crois qu’il vaut mieu une grande feuille de papier. Mais je n’ai pas de cuvette assez grande… Je pensais donc faire des petites feuilles, que je raboutterais au moment du préssage. pensez vous que cela fera une grande feuille ? Merci
    bonne journée

    Répondre
    1. Véronique D

      Pour un abat-jour, à part des cuves professionnelles, et aussi un grand cadre, impossible de lever des feuilles assez grandes en amateur à la maison, si vous regardez dans Diderot-Dalembert, les grandes feuilles sont levées sur des cadres à grille métallique avec deux ouvriers pour avoir une feuille d’épaisseur constante. Je pense que cela peut fonctionner de superposer de plus petites feuilles, mais il faudra un système de presse assez lourd je pense, genre une planche et toute l’encyclopédie… Sinon, les fibres risquent de ne pas être assez cohérentes entre les feuilles.  Bonne journée!

      Répondre
  4. michel valière

    Chapeau !!! et merci de ce rappel pâteàpapieresque… Avez-vous visité le moulin à papier de Puymoyen ? Ca devrait vous intéreser bigrement.
    Cordiales amitiés et félicitations pour la richesse patrimoniale de ce blog, Véronique.

    Répondre
    1. Véronique D

      Merci! Oui, je connais le moulin de Puymoyen, et le musée du papier d’Angoulême… J’ai fini de lire Nous les filles de Marie Rouanet ce WE! Je préparerai l’article le WE prochain, parce que cette semaine va être bien remplie…

      Répondre
  5. luyton

    Bonjour, je me demande où mettons-nous l’eau qui a servé à la pâte ? Car certaines encres sont toxiques. Pour l’instant je suis à la phase de trempage du papier déchiré après l’eau je ne souhaite qd même pas la jeter dans les égouts pour polluer ! Avez – vous des connaissances pour éviter de polluer l’environnement ? biz

    Répondre
    1. Véronique D

      Avec un bac de 10 litres d’eau, je fais plusieurs séries de recyclage, sur plusisuers jours. A la fin, je filtre l’eau dans une passoire fine, cela permet de récupérer les dernières particules de papier. Pour le reste, la quantité est faible et je jette, surtout quej en’utilise pas de papier journal (encres plus toxiques). Mais il est aussi possible de laisser évaporer l’eau, de récupérer le fond du bas et de jeter le résidus à la poubelle, qui sera incinérée… Pour le papier de prospectus, comme c’est du papier glacé, non seulement c’est plus toxique, mais en plus, les particules de papier ne s’aggrègent pas bien. Par ailleurs, le papier recyclé ainsi est un papier qu’il est difficile d’obtenir très fin, et si vous n’ajoutez pas d’amidon ou de colle, il a la structure du papier buvard… Pas sûre que ce soit très agréable comme PQ. Pourquoi ne pas utiliser, comme dans de nombreux pays (et en France jusque dans les années 50), directement du papier journal coupé en petites feuilles? Un des jardins de Chaumont d’ailleurs y a fait un clin d’oeil…

      Répondre
  6. Nicole Kirchner

    Bonjour,

    Pourriez-vous me faire savoir où je pourrais prendre des cours de fabrication de papier où peut-être en donnez-vous.

    Merci de votre réponse.

    Meilleurs messages,

    Nicole Kirchner

     

    Répondre
    1. Véronique D

      Non, je ne donne pas de cours, ce sont juste mes loisirs! Si vous passez par Poitiers et que je suis libre, je peux vous montrer, sinon, s’il y a des moulins à papier là où vous habitez, ils organisent peut-être des stages (mais alors, ça sera sur des cadres professionnels).

      Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.