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La patience de Mauricette de Lucien Suel

Couverture de la patience de Mauricette, de Lucien Suel Il y a quelques mois, mon père m’avait fait découvrir le premier roman de Lucien Suel, Mort d’un jardinier. En lui rendant visite l’autre jour, j’ai lu le second, paru récemment…

Le livre : La patience de Mauricette, de Lucien Suel, éditions de La Table ronde, 333 pages, 2009, ISBN 9782710331452.

L’histoire : à Deûlémont et à Armentières, pour l’essentiel, dans le nord de la France donc, aujourd’hui. Mauricette, âgée de 75 ans, institutrice à la retraite, vient de disparaître de l’hôpital psychiatrique d’Armentières. Il y a vingt ans, elle avait fait connaissance dans un club informatique de Christophe Moreel. Puis avait déjà été hospitalisée en hôpital psychiatrique, avait disparu pendant une dizaine d’années. Ils s’étaient retrouvés, elle était toujours suivie en consultation dans un centre médico-psychologique (CMP)… Le livre alterne le point de vue de Christophe Moreel, d’une mystérieuse amie, reconstitue en fait en un long récit la vie de Mauricette, et un cahier abandonné par Mauricette où l’on apprend très vite que sa mère est morte en couches, à la naissance de son frère, et qu’il est arrivé malheur à son frère et à son père…

Mon avis : j’ai dévoré ce livre… Très différent de Mort d’un jardinier. Cette fois, nous plongeons à la fois dans le monde de la psychiatrie, et dans le récit reconstitué d’une malade, avec sa syntaxe très particulière. L’alternance avec le récit de la vie de Mauricette et de ses amis, dans un ordre non chronologique, est très réussie. En parlant de réussite, le titre joue sur la patience (le jeu de cartes, ici sur un ordinateur), la patiente, au sens de malade comme au sens de personne qui attend longtemps. La vallée de la Lys est un fil que l’on suit au long des chapitres… Le fait que le livre ait été écrit au cours d’une résidence d’écrivain à l’hôpital d’Armentières est sans doute pour beaucoup dans la justesse de ton. À lire absolument !
Maintenant, j’ai vu que la médiathèque propose de la poésie de Lucien Suel, affaire à suivre, donc…

Pour aller plus loin : sur le blog de Lucien Suel, liens vers des lectures et d’autres avis.

Logo du challenge du un pour cent rentrée littéraire 2009 Cette lecture entre dans le challenge du 1 % rentrée littéraire 2009, organisé par la Tourneuse de page.

Logo des coups de coeur de la blogosphère Je l’ai sélectionné pour les coups de cœur de la blogosphère, challenge organisé par Theoma et regroupé sur cette page.

Mort d’un jardinier de Lucien Suel

Couverture de la mort d'un jardinier de Lucien Suel Il y a quelques semaines, mon père a écouté des interprétations de Patti Smith par Lucien Suel, puis est allé l’écouter lire ses poésies, enfin, a acheté son premier roman paru fin 2008. Il me l’a prêté, je l’ai dévoré !

Le livre : Mort d’un jardinier, de Lucien Suel, éditions de la Table ronde, 2008, 170 pages, ISBN 9782710330929.

L’histoire : un narrateur, peut-être le double du jardinier, s’adresse à lui à la deuxième personne (tu), quelque part dans le Nord ou le Pas-de-Calais. Ce jardinier vient d’être terrassé par une crise cardiaque dans son petit jardin, dont il revoit les principales étapes au fil des saisons, mais aussi des étapes de sa vie d’enfant, la tuerie du cochon, du poulet, la lutte contre les limaces (tiens donc !), les odeurs, son ressenti, ses amis, un pistolet mitrailleur Mat 49 (??? nous sommes dans une zone où les combats de 1914-1918 ont été intenses et ont laissé des balles dans le jardin, si j’ai bien compris), et puis, d’autres souvenirs encore, l’impression de chercher des pierres taillées par Néandertal (si, si, Emmanuelle, mais Biache-Saint-Vaast et son célèbre squelette n’est pas loin non plus), et la recette des frites cuites au saindoux et à la graisse de bœuf… La graisse animale les rend plus croustillantes, les Belges utilisent aussi la graisse de cheval… (on en trouve encore, Bidouillette ?).

Mon avis : je l’ai dévoré d’une traite. Il faut dire que les pages sont courtes… mais les phrases longues, encore que je n’ai trouvé le problème qu’à la fin du deuxième chapitre… En fait, chaque chapitre (de 3 à 6 pages) est constitué d’une seule phrase, mais les virgules et points-virgules ponctuent cette phrase et permettent de respirer.

Pour aller plus loin :
– le blog de Lucien Suel
– l’avis de Florence Trocmé chez Poezibao
la résidence d’écrivains de la Villa Marguerite Yourcenar (conseil général du nord), dans laquelle ce livre a été en grande partie rédigé
mon père m’a signalé un intéressant article sur langue sauce piquante, le blog des correcteurs du journal Le Monde, dans lequel vous pourrez lire l’explication de l’auteur sur l’utilisation des (rares) ponctuations de ce livre…
– vous trouverez des liens sur Patti Smith dans mon article sur l’exposition à la fondation Cartier.

J’ai aussi adoré la patience de Mauricette du même auteur.