Je vous ai déjà parlé de l’église Sainte-Radegonde à Poitiers pour son chevet et le tombeau de Radegonde, ainsi que pour un chapiteau qui porte Daniel dans la fosse aux lions et la Tentation d’Adam et Ève (ainsi que Nabuchodonosor sur une autre face). Au retour de la promenade nocturne de décembre, je voulais vous montrer ce parvis sur lequel nous nous sommes arrêtés, mais je n’avais pas les photographies que je souhaitais, je suis donc allée en refaire… Cette église a une longue histoire, que je ne reprends pas ici, reportez-vous aux articles précédents. Ce parvis date de la fin du 15e siècle, sans doute en même temps que le placage du portail gothique flamboyant sur le clocher roman (bon, voici encore des articles en perspective…). Lors des derniers travaux de restauration, les vantaux du portail ont pu être datés par dendrochronologie (détermination de la date d’abattage d’un arbre par l’étude de la largeur des cernes successifs): les bois ont été abattus vers 1490, voici qui date à peu près le portail et le parvis.
De quoi s’agit-il ? De l’un des rares parvis de justice de la fin du Moyen-Âge qui nous soit parvenu, mais ils devaient être assez nombreux. Pour ceux qui connaissent Poitiers, non loin de là, devant la cathédrale se trouvait un espace de même type, détruit et réaménagé avec des escaliers au 19e siècle.
Revenons à Sainte-Radegonde. Il s’agit d’un espace clos de murs et pavé situé en avant du portail. La justice y était rendue au nom des chanoines du chapitre. Vous apercevez en contrebas du mur de clôture les bancs où prennent place le juge (un abbé sans doute), ses assistants, l’accusé, les témoins, les plaignants, etc. Le public restait à l’extérieur. Les entrées des petits côtés étaient gardés par des lions de pierre aujourd’hui très érodés.
Les deux entrées du grand côté étaient gardées par des anges agenouillés (bon, je sais, il n’en reste pas grand chose) qui devaient tenir des écussons (aux armes du chapitre sans doute, peut-être à celle du roi de France).
Le juge se tenait au milieu, dans une partie où la surélévation du mur marque l’importance du personnage qui siégeait en contrebas…
Dernière précision, sous le pavage doivent se trouver des défunts importants, chanoines et donateurs, alors que le cimetière paroissial se trouve au nord, il servait il y a quelques années de parking, les anciens arbres ont été remplacés par de nouveaux qui ont été plantés au même endroit, pour limiter l’impact sur les sépultures… Si vous voulez voir un détail du pavage, j’en ai mis une photographie dans cet article.
Pour terminer, deux cartes postales anciennes du parvis… La première avec le parvis vide…
… la seconde avec des marchandes de cierges assises sur le mur de clôture… Vous pouvez poursuivre la visite de cette église avec le portail et ses parties du 15e siècle (le collège apostolique (plus détaillé ici) et les singes monstrueux) et les sculptures de la fin du 19e siècle (Vierge à l’Enfant, saintes Agnès, Radegonde, Disciole, saint Hilaire).