Aujourd’hui, je vous présente un sujet un peu « tordu » pour la semaine hongroise… C’est pour cela que je suis allée dimanche à Ligugé. Vous le voyez ici sur le trumeau (la partie verticale qui sépare le portail en deux)… en fondateur de l’abbaye de Ligugé. Il s’agit d’une statue du 19e siècle, créée par le père Jean Gourbeillon (1814-1895), parfois appelé Jehan de Solesmes.
Bon, je vous explique mon choix… Martin est né en 316 ou en 317 à Sabaria (ou Savaria) en Pannonie, aujourd’hui Szombathely dans l’actuelle Hongrie (et non dans l’ex-Yougoslavie, comme il est indiqué dans la plaquette à disposition des visiteurs dans l’église de Ligugé). Szombathely est aujourd’hui une ville de près de 80.000 habitants (chiffres de 2007), la 20e de Hongrie par sa population. Vous imaginez bien que je n’ai pas de photographie de son lieu de naissance (mais il y en a sur le site officiel de la ville, en anglais, en allemand ou en hongrois), je vais rapidement vous retracer son itinéraire, qui vous ai développé sur le site officiel de l’itinéraire culturel européen consacré à Saint-Martin (et dont vous voyez le logo ici sur la plaque de la chapelle du catéchumène et dans l’angle gauche, au sol, la marque de l’itinéraire) ou dans la Vie de Martin de Sulpice-Sévère, écrite peu après la mort de Martin. Revenons à lui. Fils d’un soldat romain, il passe son enfance à Pavie, en Italie. Il s’engage dans la cavalerie à l’âge de 15 ans. En 337, alors qu’il est en garnison à Amiens, il partage la moitié de son manteau avec un pauvre (c’est l’un des représentations les plus fréquentes de Martin): c’est alors qu’il est frappé par la foi, se convertit au christianisme et quitte l’armée en 356. Il est alors arrivé, toujours avec sa légion, à Worms, en Allemagne. Il se met alors au service de Hilaire, premier évêque de Poitiers. Il lui confie la fonction d’exorciste. Son périple (à lire en détail sur le site de l’itinéraire culturel européen) le renvoie en Panonie, à Milan, sur une île de Ligurie avant qu’il ne revienne à Poitiers, où Hilaire est revenu d’exil (360). Vous voyez le nombre de kilomètres parcourus à cheval et à pied en quelques années! Martin s’installe alors en ermite à Ligugé (ouf, nous y sommes!), dans une villa romaine en ruine mais il est très vite rejoint par des disciples et il fonde là le premier monastère d’Occident. Il est peu après appelé par les tourangeaux qui l’élisent évêque de Tours (le 4 Juillet 371 disent certains textes, les historiens préfèrent l’estimer entre 570 et 572). Il fonde tout près de la ville le monastère de Marmoutier et les premières églises rurales de la Gaule romaine. Il meurt 8 novembre 397 à Candes-Saint-Martin et est enterré le 11 novembre à Tours (après une bagarre autour de sa dépouille pour son lieu d’inhumation), hors les murs romains, dans un lieu… où une basilique est ensuite construite sur son tombeau.
À Ligugé, vous avez plusieurs choses à voir, très proches les unes des autres. D’abord, les vestiges les plus anciens, à l’état de ruine dans la pelouse à l’avant de l’actuelle église (je reviendrai une autre fois sur cet édifice). Ensuite, la crypte, pas prise en photographie, qui est le seul élément qui a survécu aux destructions des guerres de religion. On y voit aussi des restes de la villa romaine où Martin s’est installé. Plutôt que de vous assommer avec ces ruines, je propose que ceux qui sont intéressés aillent directement lire sur la plateforme de Persée l’article de Carol Heitz sur les fouilles du père Camille de la croix (fouilles et datation de l’ancienne abbatiale Saint-Martin de Ligugé, paru en 1992 dans les Comptes-rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 136e année, n° 4, p. 857-868).
Puis vous avez l’église et l’abbaye… L’église a eu une histoire mouvementée dont je vous parlerai une autre fois, cet article est déjà long… Sachez juste qu’elle a été reconstruite à partir de 1479 dans un chantier qui se traîne en longueur jusqu’au 16e siècle. Elle avait été incendiée en 1359, pendant la guerre de Cent Ans, d’abord par les paysans qui ne voulaient pas qu’elle tombe aux mains des Anglais (juste après la bataille de Poitiers, en 1356 et en fait la bataille eut lieu à Nouaillé-Maupertuis, où le roi de France Jean II le Bon est fait prisonnier, puis l’incendie de nombreux édifices en 1358-1359), puis par les Anglais qui sont quand même passés par là… N’hésitez pas à aller à la boutique de l’abbaye, vous y trouverez de beaux émaux, de nombreux enregistrements (le père abbé est un grand musicologue) ou même venez y passer quelques nuits… l’abbaye accueille chaque année 12000 personnes dans son hôtellerie (plus d’informations sur le site de l’abbaye).
Et enfin la chapelle du catéchumène, qui a été érigée un peu à l’écart de l’église. Cette chapelle date du 13e siècle et a été fortement (et radicalement) restaurée au 19e siècle.
La légende (rapportée par Sulpice-Sévère, mais un texte hagiographique – vie d’un saint, est toujours suspect et illustrée par ce vitrail contemporain en dalle de verre) veut qu’un catéchumène (un homme adulte à cette époque, qui vient apprendre les textes saints avant de recevoir le baptême) était venu se joindre aux novices autour de Martin. Mais un jour, il est pris de fièvre et mourut avant même d’avoir pu être baptisé (attention, en principe, au 4e siècle, il n’y a que l’évêque qui baptise… ou quelques rares personnes – dont Martin – à qui l’évêque a délégué la fonction, je ne pense pas que ce que l’on a appelé des siècles plus tard le baptême d’urgence, qui pouvait être donné par exemple par une sage-femme à un nourrisson mourant à la naissance, existait). Lorsque Martin revient, il s’enferme avec le cadavre et, à force de prières, il le ressuscite. De part et d’autre de l’autel, vous voyez les ex-votos, en remerciement de miracles ou intercessions de Martin depuis le 19e siècle. La légende veut que le catéchumène soit mort d’une piqûre de vipère.
Sur le tympan du 19e siècle de la chapelle, vous avez en haut le Christ bénissant et en-dessous, Martin et ses disciples accueillant de nouveaux arrivants.
Comme je vous l’avais annoncé, cette semaine sera hongroise, organisé du 7 au 13 mars 2011 chez par Schlabaya (qui organise aussi le défi du 1 % rentrée littéraire 2010) et Cryssilda (qui a créé le logo) : il s’agira de présenter des lectures, des recettes, des voyages en Hongrie…Je vais essayer de programmer un article chaque jour vers midi…
Mes articles de la semaine hongroise :
– une lecture : Le Faon de Magda Szabó ;
– une découverte de blog : Falby de là bas et son p’tit bonheur
– un vin : le tokay ou tokaji aszù
– une découverte patrimoniale : saint Martin (né en Hongrie et fondateur de Ligugé)
– une broderie : un berlingot sur une grille hongroise
– des timbres hongrois
– des découvertes : le stylo à billes, les allumettes et la vitamine C.
Waouuuh unarticle vraiment complet. Que de recherches… Bravo…
Tres interressant
Bises
merci pour ce voyage !
bisous
voilà encore un endroit à découvrir, merci pour ces photos et passe une belle journée
ça nous permet de découvrir un bel endroit! gros bisous. cathy
Un superbe sujet, mais vrai que penser à la Hongrie ainsi… lol!!!!