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L’usine électrique de Vincent Vanoli

pioche-en-bib.jpgCouverture de L'usine électrique de Vincent VanoliUne bande dessinée trouvée dans les bacs de la médiathèque.

Le livre : L’usine électrique de Vincent Vanoli (scénario et dessins), collection Ciboulette, éditions de l’Associaiton, 2002, pages non numérotées, ISBN 978-2844140517.

L’histoire : dans le massif des Vosges, à Orbey dans le Haut-Rhin, en hiver dans les années 1960 sans doute [après vérification, l’usine construite à la fin des années 1920 et mise en service en 1934 n’a été arrêtée qu’en 2002 suite à des inondations et doit être remise prochainement en activité après des travaux]. L’usine hydroélectrique du Lac Noir va fermer, vaincue par le développement de l’électricité nucléaire. Si la plupart des ouvriers partent résignés, Aloysus Bergeon décide de rester un peu sur place. Il se retrouve avec deux inspecteurs (« vérificateurs »), Schmit et Schmidt, dans une usine fantôme… et hantée par des fantômes, le directeur qui s’est suicidé, un ouvrier mort d’un accident du travail.

Mon avis : un album en noir et blanc qui commence comme un roman graphique social (les conditions de travail dans une usine hydro-électrique perdue dans le massif des Vosges) et dérive peu à peu vers la science fiction ou le fantasy avec des personnages aux visages déformés. Je n’ai pas totalement adhéré au graphisme ni au scénario, pensant trouver un récit plus « social » sur le fonctionnement d’une usine isolée dans la montagne, avec des ouvriers qui vivent sur place en huis-clos pour la faire fonctionner.

Pour aller plus loin : voir le site personnel de Vincent Vanoli.

Logo du top BD des blogueurs 2013 Cette BD sera soumise pour le classement du TOP BD des blogueurs organisé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible. Mes chroniques BD sont regroupées dans la catégorie pour les BD et par auteur sur la page BD dans ma bibliothèque.

A la guerre comme à la guerre de Tomi Ungerer

Couverture de A la guerre comme à la guerre de Tomi Ungerer pioche-en-bib.jpgEn allant à Strasbourg en novembre 2010, j’ai visité le musée Tomi Ungerer. En passant ensuite à la médiathèque voir s’il y avait des livres de Sigrid Undset (sans succès, ils sont tous à la réserve, voire à lire sur place au fonds ancien), je suis tombée par hasard sur ce livre de Tomi Ungerer… Je le feuillette et l’emprunte illico.

Le livre : A la guerre comme à la guerre, dessins et souvenirs d’enfant de Tomi Ungerer, collection Medium, éditions l’école des loisirs, 2002, 115 pages, ISBN 978-2211066488.

L’histoire : près de Colmar. 1934. Âgé de 3 ans, petit dernier de la famille, Tomi Ungerer devient orphelin de père. Sa mère part habiter à Logelbach, dans la banlieue industrielle, avec la grand-mère. Et quelle grand-mère, dans ce portrait du jeune Tomi, elle déteste les enfants! Tomi est mis par sa mère fantasque au lycée (enfin, le petit lycée, notre collège actuel) à Colmar, où il vit en semaine chez son oncle et sa tante. Quand survient la guerre, Tomi dresse un portrait très drôle des soldats français qui semblent s’ennuyer. Mais très vite, c’est la débâcle. Il doit aller à l’école près de chez lui, avec les petits Alsaciens voisins… que jusqu’à présent, sa mère empêchait de fréquenter. Il apprend à parler l’Alsacien, l’Allemand devient la langue de l’école, il doit apprendre à écrire en gothique, faire un dessin raciste pour son premier devoir nazi (il est reproduit dans le livre, avec l’annotation du prof). Il continue néanmoins à tenir un journal en français (approximatif), ce qui vaut à sa mère une convocation à la police. Automne 1944, libération par les Américains (qui pillent plus que les Allemands…), retour au français à l’école, nouvelle épuration de la bibliothèque au lycée.

Mon avis : j’ai adoré cette vision de la guerre de l’intérieur par Tomi Ungerer, et ses petits dessins très drôles, qu’il a gardés et illustrent le volume au fil des pages… Quelle force dans ceux-ci, alors qu’il n’a que 10-12 ans… Le récit est plein d’humour, d’auto-dérision même. Tomi Ungerer revient sur des déclarations qu’il a faites plus tôt, les nuance, les annote. Je ne sais pas pourquoi ce livre est classé dans la littérature pour adolescents, tout le monde devrait le lire pour mieux comprendre ce qu’a été la vie en Alsace-Lorraine de 1940 à 1945. Et surtout méditer cet épisode, à la fin… Un groupe de jeunes enrôlés de force dans les troupes allemandes, tout juste 17/18 ans, sont contraints de retourner au lycée, leur Abitur allemand n’étant pas valable. Alors qu’ils reviennent de Russie, un prof de français, planqué lui pendant la guerre, leur demande de réciter Waterloo de Victor Hugo… Extrait de la page 109″ San enthousiasme, celui-ci annôna les vers de Victor Hugo. Scandalisé, le professeur rugit :  » Vous êtes donc totalement insensible à la beauté de ce poème ?  »
Le survivant se leva, attrapa le prof par le collet et lui dit :  » Je rentre de Russie, foutez-moi la paix avec votre littérature de batailles, s’il vous plaît ! « 
. Et oui, à méditer, un livre à lire absolument par tous…

Pour aller plus loin : visiter le site du musée Tomi Ungerer à Strasbourg. ET pour découvrir les dessins qui illustrent le livre, vous pouvez aller voir ce dossier pédagogique du CRDP de Strasbourg pour voir des extraits de ces dessins réalisés par Tomi Ungerer (qui, né en 1931, je le rappelle, était encore bien jeune de 1940 à 1944).