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L’autre côté de l’espoir de Aki Kaurismäki

Ma sortie cinéma du week-end a été pour L’autre côté de l’espoir de Aki Kaurismäki ; vous pouvez aussi (re)lire mon avis sur Le Havre, qui passera ce mercredi sur Arte… Il a reçu l’ours d’argent au dernier festival de Berlin.

Le film : à Helsinki de nos jours. Khaled  [Sherwan Haji] émerge de la cale à charbon d’un ferry ; jeune émigré syrien, après une bonne douche, il se rend au commissariat pour déposer une demande d’asile, et se retrouve en centre d’accueil, où il se lie d’amitié avec Nyrhinen [Janne Hyytiäinen], un Irakien qui patiente depuis plus longtemps que lui. De son côté, Wikhström [Sakari Kuosmanen], la cinquantaine, quitte sa femme alcoolique, revend son stock de chemises, fait fructifier son capital au poker et rachète un restaurant qui vivote… Débouté du droit d’asile, parce que même si toute sa famille a été tuée dans un bombardement, sauf sa sœur dont il a été séparé et qu’il a cherché en vain, Alep n’est plus considéré comme dangereuse (le jour même du bombardement d’un hôpital), Khaled prend la fuite et est recueilli par Wikhström.

Mon avis : ce film casse l’image de la Finlande hospitalière, le rendu du jugement de reconduite à la frontière turque, mis en perspective avec l’actualité télévisée à Alep, est mis en scène de manière très surréaliste par Aki Kaurismäki. Il contrebalance les attaques des groupes d’extrême droite, soit par l’indifférence du chauffeur de bus, soit par la réaction plus forte d’un groupe de musiciens d’un certain âge. La gestion du restaurant relève de la grande improvisation, avec un personnel qui, pas payé par l’ancien patron, avait pris des habitudes ses aises, peut-être pas si grave que ça après la visite des services de l’hygiène 😉 Ces petites touches d’humour permanentes, le fond de musique rock des années 1960, détendent en permanence l’ambiance. Des rencontres fortuites (un marin, une employée du centre d’accueil, le choix du local à ordures du restaurant), des petits gestes permettent à Khaled de survivre dans la capitale finlandaise où il a amerri par hasard. Un film plein d’humanité…

Le Havre de Aki Kaurismäki

Affiche du film Le Havre de Aki Kaurismäki

J’avais raté la projection spéciale du film Le Havre de Aki Kaurismäki donnée à Poitiers en lien avec l’exposition Le Havre : ville reconstruite. Auguste Perret – Oscar Niemeyer à la maison de l’architecture (jusqu’au 24 février 2011, elle ira ensuite à Royan et Angoulême, je crois), puis quand j’ai vu que le film était sélectionné dans le festival Télérama 2012, j’ai attendu pour aller le voir…

Le film : Le Havre, dans les années 1950 sur fond d’actualité de l’année 2007… Marcel Marx (André Wilms) vit dans une des baraques provisoires en attendant la reconstruction avec sa femme, Arletty (Kati Outinen). Elle, femme dévouée à la maison, lui, cireur de chaussures et pilier du bistrot voisin. Un jour, celle-ci tombe gravement malade, alors que Marcel recueille Irissa (Blondin Miguel), un jeune clandestin qui a réussi à s’échapper du container où il a été retrouvé, plus ou moins grâce au commissaire Monet (), qui a empêché ses collègues de l’abattre… Réussira-t-il à sauver ce gamin et à l’aider à rejoindre Londres, malgré les dénonciations de son voisin ?

Mon avis : le mélange de périodes est un peu déroutant au début, avec les baraquements en attendant la reconstruction (sous la direction de Auguste Perret) qui côtoient la ville et le port du Havre d’aujourd’hui, la jungle de Calais, les CRS en tenue de combat de dernière génération… Un moyen original d’aborder la question des sans-papier, de la délation mais aussi de l’aide directe et indirecte : organisation, ravitaillement, commissaire humain qui va agir contre le préfet et les autres policiers, concert de soutien du rockeur Little Bob… J’ai beaucoup aimé!

J’ai revu  quelques jours plus tard dans Les neiges du Kilimandjaro de Robert Guédiguian…

Pour la reconstruction du Havre, et les grèves des ouvriers, lire aussi Un homme est mort de Kris et Davodeau, dont j’avais aussi beaucoup aimé l’adapation en BD-concert.

Ce film était sélectionné pour le festival télérama 2012. Voici les dix films que j’ai vus dans cette sélection de quinze films: