La Métamorphose version androïde d’Oriza Hirata

Le théâtre et auditorium de Poitiers après l'ouverture du viaduc, février 2014Dans le cadre de ma saison 2014-2015 au  théâtre et auditorium de Poitiers / TAP, je suis allée voir la semaine dernière La Métamorphose version androïde d’Oriza Hirata (traduit par Mathieu Capel assisté de Hirotoshi Ogashiwa) d’après la nouvelle de Franz Kafka, avec l’androïde Repliee S1 créé par le Pr Hiroshi Ishiguro et l’ingénieur Takenobu Chikaraishi, manipulé par Thierry Vu Huu qui lui donne aussi sa voix. Le spectacle a été créé par le Festival d’automne en Normandie (dont c’était la dernière
édition…)

L’histoire : En 2040 quelque part dans le sud de la France. Grégoire
Samsa [l’androïde Repliee S1] se réveille un matin sous les traits d’un
robot androïde. Seul le haut de son corps est mobile, il ne peut pas se lever pour aller travailler. C’est la guerre en Méditerranée, les
départs au front se multiplient, le travail se fait de plus en plus
rare, les émigrés et les réfugiés affluent. Stupeur de sa sœur
[Laetitia Spigarelli] puis de sa mère [Irène Jacob]. Le père [Jérôme
Kircher], débordé par son propre travail menacé, refuse tout simplement d’y croire. Puis peu à peu, ils finissent par accepter cet autre Grégoire qui leur parle, et leur pose aussi problème: il ne travaille plus, l’argent ne rentre plus, d’autant que le père puis la sœur sont licenciés, ce n’est pas le bénévolat de la mère dans une association d’alphabétisation des migrants qui va faire bouillir la marmite. La présence de Grégoire menace l’acceptation d’un locataire, Monsieur Darmon, un médecin réfugié spécialiste du cerveau [Thierry Vu Huu]…

Le spectacle et mon avis: Comme un personnage principal, un lit, une fenêtre à l’arrière, un cadre qui marque le mur vers le reste de l’appartement, une porte, la porte de la chambre, les voix
off des autres membres de la famille, à l’arrière, invisibles à
certains moments. Sur le lit [je n’ai pas pu m’empêcher de repenser à  Romain Duris dans La nuit juste avant les forêts, seul en scène sur un lit dans une pièce de Koltès] un robot, corps métallique mais un masque blanc de théâtre traditionnel japonais à la place de la tête et des mains également gantées de blanc. La bouche, les lèvres, les yeux, les bras, les mains bougent, la voix est enregistrée mais parfaitement synchronisée. Je ne sais pas, mais je pensais que le robot serait plus mobile. Un questionnaire avait été distribué à l’entrée, ramassé à la fin, sur la crédibilité et l’acceptabilité des robots. Je ne sais pas ce qu’ils pourront en tirer, il y avait énormément de questions négatives, ce qui complique la compréhension de la réponse! (ex fictif: le robot n’est pas crédible, à noter sur une échelle allant de 0 « je n’y crois pas » à 10 « j’y crois »).
Il faudrait que je me replonge dans la Métamorphose de Kafka, écrite en pleine première guerre mondiale (1915), lue il y a des lustres (au
lycée?), car ici, dans la transposition, l’auteur nous invite à réfléchir sur la guerre, l’immigration, les réfugiés, le bénévolat. La brève intervention du locataire pousse la réflexion sur les états végétatifs, les organes artificiels, jusqu’où peut-on parler d’un humain? Un spectacle que je vous conseille s’il passe près de chez vous!

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