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De briques et de sang de Régis Hautière et David François

Couverture de De briques et de sang J’avais entendu parler de ce titre à la librairie francophone sur France Inter et l’ai offert (après l’avoir lu, LOL!) à mon père qui avait déjeuné il y a un moment à l’économat du familistère de Guise, dans l’Aisne, créé par Jean-Baptiste Godin (le créateur des poêles Godin) au milieu du 19e siècle sur le modèle du Phalanstère de Fourier : un fonctionnement en coopérative autour de l’usine, avec des logements où dorment aussi bien le patron que les ingénieurs et les ouvriers, une école (mixte dès l’origine), une buanderie, un théâtre, une piscine, une cantine, etc. Attention, sur le site de l’éditeur et tous ceux qui font des copier/coller, Guise est localisé dans l’Ain, quel manque de respect, cette approximation…

Le livre : De briques et de sang de Régis Hautière (scénario) et David François (dessin et couleurs), collection KSTR, éditions Casterman, 2010, 146 planches, ISBN 978-2-203-00854-0.

L’histoire : au familistère de Guise, en 1936. Une dame revient ici à l’occasion de la mort de son père et se souvient des événements qui se sont passés au début de l’année 1914. Alors que 1500 personnes vivent au Familistère surviennent plusieurs meurtres dans cette société clause et apparemment soudée… D’abord, un ouvrier fondeur est retrouvé assassiné… Puis, quinze jours plus tard, c’est autour d’une veuve de mourir dans des conditions louches. la presse, accourue, repart aussi vite, le contexte (la montée des tensions avant la première guerre mondiale). Un couple est alors retrouvé asphyxié dans sa chambre, intoxication au monoxyde de carbone? Incroyable chez un producteur de poêles qui met en avant la sécurité et avait donc installé un système de ventilation efficace dans chaque logement. Une jeune fille, Ada, d’origine alsacienne et dont le père, Rudolf Volsheim, dit « Bismarck », dans ce contexte, est soupçonné, mène l’enquête avec Victor Leblanc, un journaliste de l’Humanité. Ils découvrent très vite que toutes ces victimes ont en commun d’avoir fait partie du même conseil de gestion du familistère il y a quelques années… Mais pourquoi sont-ils tous assassinés les uns après les autres ?

Mon avis : j’ai été un peu déroutée au départ par les tons sombres de l’encrage… mais suis vite entrée dans le scénario qui permet de découvrir le monde clos du familistère où, derrière l’utopie de la vie idéale, les hommes et les femmes qui y vivent ont les mêmes soucis, les mêmes pulsions qu’à l’extérieur, peut-être exacerbés par la promiscuité de la vie en commun permanente…

Pour aller plus loin : voir absolument le site du familistère de Guise.

Logo top BD des blogueurs 2011 Cette BD sera soumise pour le classement du TOP BD des blogueurs organisé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible. Mes chroniques BD sont regroupées dans la catégorie pour les BD et par auteur sur la page BD dans ma bibliothèque.

Les cinq cents millions de la Bégum de Jules Verne

verne_begum.jpg Après la Princesse de Clèves, de Madame de Lafayette le mois dernier, pour le défi J’aime les classiques proposé par les Carabistouilles de Marie, j’ai relu Les cinq cents millions de la Bégum de Jules Verne. En fait, je ne m’en souvenais pas vraiment, j’ai lu tout Jules Verne dans la voiture entre la maison et le collège en classe de cinquième… J’aurais bien aimer lire aussi la nouvelle de Paschal Grousset dont Jules Verne s’est inspiré…

Le livre : Les cinq cents millions de la Bégum, de Jules Verne, première édition en 1879 dans la Bibliothèque d’éducation et de récréation de Jules Hetzel, il en existe de très nombreuses éditions sur le marché… J’ai pris le volume paru dans la collection lecture clé en français facile chez Nathan… Je ne suis pas très d’accord, pour comprendre ce récit, il faut un minimum de notions d’histoire…

L’histoire : dans les années 1870, à Londres. Le Dr François Sarrasin, un médecin français (ch’ti de Douai) présente une communication sur l’hygiène… Un avoué l’identifie comme un héritier des 525 millions de francs de la riche Bégum Gokool, en Inde. Quelques jours plus tard, un autre héritier se fait connaître, le professeur Schultze, un Allemand. Ils se partagent la fortune et s’en vont tous deux dans la très libérale Amérique naissante au capitalisme. Le premier construit une ville utopique, Franceville, avec les principes d’urbanisme et d’hygiène pour le confort de chacun. De son côté, Schultze construit Stahlstadt, avec une mine de charbon, de fer et une usine de métallurgie. Marcel, l’ami alsacien du fils de Sarrasin, réussit à s’y faire embaucher. Réussira-t-il à percer le secret de Stahlstadt et ses formidables canons ?

Mon avis : ce livre doit être replacé dans le contexte qui a suivi la guerre de 1870/1871, dont je vous ai un peu parlé ici. La perte de l’Alsace-Lorraine par la France, la course à l’armement qui précéda la guerre de 1914-1918 sont le fond de ce récit écrit en 1879. Les chiffres des bienfaits de Franceville sont biaisés, les chercheurs ayant sélectionné les habitants, il est impossible de les comparer à la population générale d’Amérique (elle aussi biaisée par l’immigration) ou d’Europe… Au passage, Jules Verne invente quand même les trop fameuses et meurtrières bombes à sous munitions (BASM, plus d’informations ici) et la téléconférence… Un petit livre à lire ou à relire…

Pour aller plus loin : voir Jules Verne à Nantes.


Logo du défi J'aime les classiques Je l’ai lu dans le cadre du défi J’aime les classiques (attention, nouveau blog) proposé par les Carabistouilles de Marie. Le mois prochain, un livre d’Albert Camus

Logo du challenge ABC critique de BabelioJ’ai sélectionné ce livre pour le défi ABC critique organisé par Babelio.