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Moi, assassin, d’Antonio Altarriba et Keko

Logo rentrée littéraire 2014Couverture de Moi, assassin, d'Antonio Altarriba et KekoCet album m’a été recommandé par Frank, le patron de Bulles d’encre, la librairie BD de Poitiers, qui l’a mis en avant en vitrine… Il entre aussi dans le cadre du défi de la rentrée littéraire organisé par Hérisson.

Le Livre : Moi, assassin, d’Antonio Altarriba et Keko, traduit de l’espagnol par Alexandra Carrasco, éditions Denoël, 2014, 136 pages, ISBN 9782207116883.

L’histoire: de nos jours au Pays Basque. Enrique Rodríguez Ramírez, 53 ans, professeur d’histoire de l’art à l’université, dirige un groupe de recherche à l’intitulé curieux, Chair souffrante, la représentation du supplice dans la peinture occidentale. Il ne se contente pas d’étudier les corps martyrisés dans la peinture classique (religieuse ou mythologique surtout) ou dans l’art contemporain, il le met en pratique en élevant le crime au statut de performance artistique. Mais un jour, son rival dans l’équipe de recherche, avec qui il est en conflit, est retrouvé assassiné, mis en scène comme dans un tableau de Goya, il est soupçonné par la police, mais cette fois, ce n’est pas lui l’assassin…

Mon avis : Les désastres de la guerre de Goya et autres chefs-d’œuvre de l’art occidental élevés en modèle de crimes, il fallait oser… Mais je trouve que c’est un excellent moyen de faire le tour de l’histoire de l’art ou de la littérature: il y a énormément de références citées ou dessinées dans le décor, reproductions ou couvertures de livres. Il va d’ailleurs falloir que je me lance vraiment dans la lecture des Chants de Maldoror, de Lautréamont, qui apparaissent dans les mains du héros, je me l’étais déjà dit après les deux spectacles de Scorpène (revoir Réalité non ordinaire et A l’envers). Revenons à notre bande dessinée… L’album est aussi une bonne critique du monde universitaire, les rivalités au sein des départements, les colloques aux titres pompeux (ce qui n’est pas sans rappeler ), sans oublier, contexte basque oblige, une dimension politique (peut-on absoudre l’ETA ou pas). Le dessin en noir et blanc avec des « touches » de rouge (enfin, touches, ça peut aller d’une pomme ou de la boule rouge d’un logo à un tableau / « performance criminelle » sanglant) sert bien le propos.

A signaler une curieuse faute dans le lettrage, non détectée par l’éditeur, aucun doute, les chiffres romains sont de moins en moins lus dans la société, et le sens absurde de 17e-12e siècles n’a pas dû lui apparaître, deux fois, pages 125 et 130, sur l’affiche avec l’intitulé d’un colloque: « Triomphes, gloires et apothéoses dans la peinture des XVIe et XVIIe siècle ».

Logo top BD des bloggueurs Cette BD sera soumise pour le classement du TOP BD des blogueurs organisé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible. Mes chroniques BD sont regroupées dans la catégorie pour les BD et par auteur sur la page BD dans ma bibliothèque.

Les conquérants de Xabi Molia

Affiche de Les conquérants de Xabi MoliaUne nouvelle sortie au cinéma avec Les conquérants de Xabi Molia.

Le film : de nos jours au bord d’une route… Deux hommes en costume noir marchent vers l’enterrement de leur père… Ce sont deux demi-frères, Galaad (Denis Padalydès) et Noé () qui vont à l’enterrement de leur père qui était un aventurier à la recherche de trésors archéologiques. Plus tard, ils se retrouvent dans le Nord de la France, Noé, récemment plaqué par sa femme, entraîneur d’une équipe de football de quatrième division, Galaad acteur dans une troupe de seconde zone, en rechute d’un lymphome. Ce dernier réussit à persuader son demi-frère qu’ils ont la poisse à cause du graal volé par leur père dans les Pyrénées et vendu à un collectionneur. Il a un plan: il suffit d’aller le voler à leur tour chez ce dernier puis de le remettre à sa place dans une grotte en suivant les instructions remises par le père sur une cassette juste avant sa mort…

Mon avis : je ne connaissais pas du tout ce réalisateur et écrivain, Xabi Molia, dont c’est pourtant le troisième long métrage (Les grandes personnes en 2008 et 8 fois debout en 2009), je n’ai pas non plus lu ses livres. Une comédie au second degré avec des passages assez drôles, que ce soit dans la dépression de ces deux hommes qui n’ont pas grand chose en commun ou plus tard, lorsqu’ils finissent par agir dans le même sens pour voler l’objet tant recherché et partir « à la quête du graal » (ou plutôt à la remise du graal à sa place) dans les Pyrénées… l’apparition du cheval ailé façon Pégase est peut-être de trop, mais j’ai passé un agréable moment de détente. Les deux acteurs principaux sont excellents dans ce quasi duo! Et il y a de très beaux paysages dans la dernière partie en plein pays basque, en opposition avec le pays minier du Nord-Pas-de-Calais du début.

 

Bernardo Atxaga, L’homme seul

Avant de ranger le livre Espagne, ombre et lumière (Omnibus, 2002 – acheté chez un soldeur -, ISBN 2-258-05646), lu pendant les vacances de noël, je voulais vous parler du roman contenu dans cette compilation qui m’a le plus plu. Il s’agit de L’homme seul de Bernardo Atxaga (El hombre solo, traduit par André Gabastou).

L’histoire : un groupe d’anciens terroristes basques amnistiés a réalisé il y a plusieurs années un braquage pour pouvoir se payer et ouvrir un hôtel-restaurant près de Barcelone. Pendant la coupe du monde de football (quelle année ?), ils hébergent l’équipe de Pologne. Le livre retrace aussi bien la vie en vase clos de ces anciens terroristes que la délicate question du repentir. L’un d’eux est amené, presque contre sa volonté, à héberger clandestinement un couple de terroristes qui viennent de commettre un attentat mortel au Pays basque, alors que l’hôtel grouille de policiers, officiellement présents pour protéger l’équipe de foot. Je vous laisse découvrir par vous même la fin, mais c’est un superbe roman, écrit par un auteur basque que je ne connaissais pas du tout.

Un autre récit présent dans cette compilation m’a touché, mais pour des raisons complètement différentes : Arènes sanglantes par V. Blasco Ibañez (Sangre y arena, traduit par Georges Hérelle). C’est un voyage sanglant dans le monde des corridas, des taureaux et des torreadors. Un ami, décédé maintenant, allait chaque année à la corrida et voulait m’y emmener, pour me faire vivre ces moments inoubliables (selon lui)… Il est décédé, je n’irai probablement jamais, et ce n’est pas ce livre qui me donnera envie d’y aller.