C’est avec tristesse que j’ai appris hier la mort d’Alain Resnais… à quelques jours de la sortie de son dernier film.
Samedi, je suis allée voir Ida de Paweł Pawlikowski, qui passe ici seulement depuis ce mercredi, et encore, avec une séance par jour, il y avait donc foule à 18h. Les toilettes étaient toujours fermées au TAP Castille, mais plus d’immondes odeurs comme la fois précédente (Un beau dimanche de Nicole Garcia). En revanche, un spectateur au rang juste derrière moi s’est endormi dès la première demi-heure et a ronflé avec force quasiment jusqu’à la fin!
Le film: en Pologne en 1962. Alors qu’elle va prononcer ses vœux dans quatre jours, Anna [Agata Trzebuchowska], jeune orpheline élevée au couvent, est envoyée par la mère supérieure recommande à la rencontre de sa tante Wanda [Agata Kulesza], juge populaire (après avoir été procureur de la République et fait condamner à mort des ennemis du peuple dans les années 1950), qui court les aventures avec les hommes, boit et fume trop. Après avoir hésité, Wanda lui apprend qu’elle s’appelle en fait Ida, qu’elle est orpheline, issue d’une famille juive, et lui présente des photographies de ses parents et d’un petit garçon qui n’est pas son frère… Le lendemain, elle l’emmène dans son village natal. Le fils du voisin occupe la maison, le père, fervent catholique, avait caché la famille juive dans la forêt. Sait-il qui les as tués pendant la deuxième guerre mondiale? Où la famille est enterrée? La quête commence dans la ville voisine, où le père est habite. Mais il n’est pas chez lui, Ida tombera-t-elle amoureuse de Lis [Dawid Ogrodnik], un saxophoniste pris en stop sur la route? Découvrira-t-elle ce qui est arrivé à ses parents? Prononcera-t-elle ses vœux?
Mon avis: l’utilisation du noir et blanc est magnifique, la photographie splendide! Le format du film, presque carré (en fait un rapport de 1,33 entre la hauteur et la largeur), est rare aujourd’hui et mis à profit pour les cadrages, et notamment certains gros plans des visages qui sont magnifiques. J’ai beaucoup aimé ce film et surtout la dernière partie, après la scène de suicide (celle là, j’aurais préféré savoir avant qu’elle allait arriver). Sa tante lui avait dit qu’on ne pouvait goûter au renoncement des vœux monastiques que si l’on a « déjà essayé avant » l’amour avec un homme. Ira-t-elle jusqu’au bout de la démarche, croira-t-elle encore en Dieu quand elle aura découvert le comportement des bons voisins chrétiens de ses parents puis le suicide de sa tante? De son côté, pourquoi la tante boit-elle tant? Quelle blessure cache-t-elle? Doucement, les deux femmes vont apprendre à se connaître, même si ce n’est que quelques jours. Comme l’indique le générique, le film a été tourné aux alentours de Łódź, donc à proximité des camps de concentration d’Auschwitz et Birkenau.
Dans plusieurs critiques, j’ai lu que les parents étaient morts dans les camps de la mort… encore une reprise d’une erreur par des gens qui n’ont pas dû voir le film!
J’avais beaucoup aimé aussi l’interview de Paweł Pawlikowski dans Cosmopolitaine sur France Inter, où il explique pourquoi après ce film, lui l’exilé est revenu s’installer en Pologne…
Ce film a été inclus dans le festival Télérama 2015, dans lequel j’ai vu:
- Winter sleep de Nuri Bilge Ceylan
- Mommy de Xavier Dolan
- Ida de Paweł Pawlikowski
- The Grand Budapest Hotel de Wes Anderson
- Une nouvelle amie de François Ozon
- Hippocrate de Thomas Lilti
- Au bord du monde de Claus Drexel
- Bande de filles de Céline Sciamma
- Dans la cour de Pierre Salvadori
- Eastern Boys de Robin Campillo
- Le garçon et le monde (coup de cœur « Jeune public ») de Alê Abreu