Il n’y a que quelques semaines que j’ai lu Réparer les vivants (voir aussi Tangente vers l’est). J’ai trouvé son dernier titre parmi les nouvelles acquisitions de la médiathèque.
Le livre : À ce stade de la nuit de Maylis de Kerangal, collection Minimales, éditions Verticales, 2015, 74 pages, ISBN 9782070107544.
L’histoire : à Paris, une nuit d’octobre 2013. La radio rapporte un nouveau naufrage au large de Lampedusa. Au-delà du drame, ce nom fait écho à de multiples références dans sa vie, cinéma, lecture, îles italiennes…
Mon avis : ce livre est un récit très court (encore plus court que Tangente vers l’est), petit format, moins de 60 pages si on enlève les pages blanches, il a bien sa place dans une collection intitulée « Minimales ». La forme est intéressante, chaque chapitre commence par « à ce stade de la nuit », avec un à minuscule (mais les phrases qui suivent ont leur majuscule). Écrit à la première personne, il reflète le rythme d’une nuit d’insomnie avec la radio en bruit de fond. Burt Lancaster apparaît d’abord, dans une évocation de la nouvelle version du Guépard de Visconti. Il ouvre une longue série de références, je n’aurais sans doute pas pensé au Chant des pistes de Bruce Chatwin (page 41 – que l’auteure-narratrice dit avoir lu lors de son voyage en Sibérie) en entendant parler de Lampedusa, le trajet de ce chant ancestral qui se propage à travers l’Australie évoque plus pour moi l’ethnographie que les migrations, mais c’est aussi un livre qui m’a beaucoup marquée. En empruntant ce livre, je pensais lire une réflexion sur les dizaines de milliers de migrants morts en Méditerranée ces derniers années, j’ai plutôt lu un livre sur les tourments d’une nuit d’insomnie, mais la forme de l’écriture vaut de faire ce court voyage littéraire…
Ce livre entre dans la catégorie romans pour le défi de la rentrée littéraire organisé à nouveau en 2015 par Hérisson.