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Profession du père, de Sorj Chalandon

pioche-en-bib.jpgCouverture de Profession du père, de Sorj ChalandonEn attendant la nouvelle rentrée littéraire (nouveau défi organisé par Hérisson par en vue?), j’ai lu un roman salué lors de celle de 2015, c’est la première fois que je lisais un livre de Sorj Chalandon, dont je lis les critiques cinéma chaque semaine dans Le Canard enchaîné. J’ai emprunté ce livre à la médiathèque.

Le livre : Profession du père, de Sorj Chalandon, éditions Grasset, 320 pages, 2015, ISBN 9782246857136.

L’histoire : dans les années 1960, quelque part dans une ville de province. Émile, 12 ans, a un père qui a plein de métiers, à l’entendre… Que répondre dans la case « profession du père », sur la fiche du collège? Champion du monde de judo, prêtre, agent secret, ami intime de De Gaulle?Et qui est ce mystérieux parrain américain? La vie du petit garçon n’est pas simple, entre entraînement pour la cause de l’OAS (allant jusqu’à lui faire prendre des risques pour déposer des lettres anonymes) et punitions qui vont au-delà de la maltraitance… Qu’est devenu ce petit garçon, comment s’en est-il sorti?

Mon avis : le roman (autobiographique) parle avec légèreté et beaucoup d’humour des « missions » confiées par ce père mythomane à son jeune fils, mais on souffre avec lui dans l’armoire où il est enfermé, puni, au pain et à l’eau, avec la mère au minimum complice passive du bourreau… quoiqu’elle encaisse aussi sa part de la violence du mari. Un fils chassé de chez ses parents le jour de ses 18 ans (ils déménagent en lui laissant le dernier mois dans l’ancien appartement). Il faut attendre que ce père devienne vieux, incontrôlable, enfin enfermé à l’hôpital psychiatrique pour que le fils fasse admettre à sa mère la folie de ce père qui a pourri leurs deux vies. Que lui aussi admette quelque part cette terrible emprise du père, pour lequel il était prêt à tout faire, pour une parcelle d’amour (ou juste d’une levée de punition?). La folie qui a aussi eu des conséquences tragiques pour l’un de ses camarades de classe, mais ça, je vous laisse le découvrir en lisant ce roman poignant!

Ondine Khayat, le pays sans adultes

Couverture du Pays des sans adultes, de Ondine Khayat J’ai reçu ce livre par le site Chez les filles.com, qui m’a déjà envoyé d’autres ouvrages (voir en fin d’article), un grand merci à ce site.

Le livre : Le pays sans adultes de Ondine Khayat, aux éditions Anne Carrière, ISBN 978-2-8433-7508-8, 2008, 335 pages.

L’histoire : le narrateur, Slimane, raconte sa vie à la première personne. Il habite avec son frère aîné, Maxence, et ses parents dans un HLM. Sa mère travaille comme femme de chambre dans un hôtel, son père, chômeur, alcoolique, lui tape dessus pour la moindre broutille, et n’épargne pas les frères quand ils tentent de s’interposer ou quand la mère est absente. Un jour, le père retrouve un emploi, la vie s’améliore dans la famille, le père semble redevenir un père normal (quoique… un peu excessif). Et il perd son boulot, retombe dans l’alcool, les coups. Maxence ne supporte plus, ne comprend pas sa mère qui refuse de porter plainte, les voisins qui ferment les yeux… autant que l’éducation nationale, quand un enfant fait systématiquement des malaises pour éviter la piscine (à cause des bleus), mais que l’infirmière ne vérifie rien, est-ce normal ? Maxence choisit de rejoindre le monde sans adulte (se suicide, en clair), son frère tente de le suivre dans la mort mais se retrouve hospitalisé, et tente de reconstruire sa vie.

Mon avis : ce livre est émouvant, bouleversant, écrit dans une langue simple (celle d’un enfant de 11 ans, en principe). mais efficace. J’ai bien aimé, aussi, cette manière d’introduire le débat sur la maltraitance et l’aveuglement de la société, ainsi que la note d’espoir qui apparaît dans les cent dernières pages…

Logo de Chez les filles Le site Chez les filles.com (merci à eux et notamment à Suzanne) m’ont déjà envoyé ces autres livres, que j’ai parfois aimés, parfois pas du tout. Retrouvez-les sur la page des livres reçus pour critique.