Je vous ai parfois parlé d’illusions d’optique, encore récemment avec le thaumatrope (voir Préhistoire de la bande-dessinée à Lussac-les-Châteaux, il est encore temps d’aller visiter l’exposition) ou auparavant avec les flipbooks (Quand les livres s’amusent au musée de l’imprimerie à Lyon) ou les zootropes (Des mondes de papier, l’imagerie populaire de Wissembourg à Strasbourg). Cette fois, point de persistance rétinienne, mais une question de courbure de la terre et de trajectoire d’avion… car je ne pense pas qu’une fusée ait décollé plein sud par rapport à Poitiers vers 13h le 26 août (2015). Ou bien le farfelu qui exposait des missiles dans sa ferme de la vallée du Né en Charente il y a des années a-t-il fait décoller l’un d’entre eux? 😉
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Préhistoire de la bande-dessinée à Lussac-les-Châteaux
Il reste quelques jours de vacances, amis poitevins ou de passage dans la Vienne, je vous propose de vous déplacer jusqu’à Lussac-les-Châteaux, à la Sabline, vous irez bien sûr à l’étage voir les portraits gravés magdaléniens de la grotte de La Marche et les autres sites préhistoriques,et peut-être lire au bord de l’étang sur le site de l’ancien château L’enfance heureuse d’un petit paysan de Léon Pineau, qui y fut écolier.
Au rez-de-chaussée est présentée depuis quelques semaines et jusqu’au 27 septembre 2015 l’exposition Préhistoire de la bande dessinée et du dessin animé proposée par le préhistorien Marc Azéma. Il y présente les travaux issus de sa thèse, mais accessibles à tous, sur la représentation du mouvement dans l’art préhistorique et propose de voir dans le dédoublement de certaines peintures ou gravures des décompositions des mouvements. La découverte de la grotte Chauvet (voir La grotte des rêves perdus, de Werner Herzog) a permis de vérifier à grande échelle un phénomène plus discret ailleurs, mais il montre des exemples appliqués à Lascaux, Niaux, Les Trois-Frères, Baume Latrone ou encore ici à Lussac-les-Châteaux, sur une plaquette de la Marche. Dans la conférence qui a suivi, comme dans son livre et le DVD qui l’accompagne (voir extrait ci-dessous, j’avais déjà vue la démonstration au colloque de l’IFRAO à Tarascon-sur-Ariège en 2010), il a également montré sa reconstitution d’archéologie expérimentale: une rondelle en os magdalénienne perforée trouvée au Mas-d’Azil en Ariège (conservée au musée d’archéologie nationale à Saint-Germain-en-Laye) pourrait être l’ancêtre du thaumatrope. Il n’y a plus qu’à analyser les traces d’usures sur les perforations de la pièce expérimentale et sur la pièce originale! Et aussi à vérifier toutes les rondelles perforées gravées, à analyser les fractures (contraintes dues au mouvement)…
Thaumatrope? Il s’agit d’un procédé d’optique qui joue sur la persistance rétinienne de l’image, comme les flipbooks (revoir Quand les livres s’amusent au musée de l’imprimerie à Lyon) ou les zootropes (revoir l’exposition Des mondes de papier, l’imagerie populaire de Wissembourg à Strasbourg). Les abonnés au journal de Mickey doivent en avoir vu sans connaître le nom. Le thaumatrope est composé d’une rondelle (en carton, en os), on glisse une ficelle ou un élastique, on fait tourner, et par exemple l’oiseau entre dans la cage… Battu de plus de quinze millénaires, le physicien John Ayrton Paris qui est censé avoir inventé le procédé en 1825 (et aussi son concurrent l’astronome John Herschel)! Vous voulez vous en fabriquer un? Rendez-vous sur le site de loisirs créatifs de La tête à modeler!
Pour aller plus loin : Marc Azéma, La Préhistoire du cinéma : origines paléolithiques de la narration graphique et du cinématographe, éditions Errance, 2011, 293 pages, 1 DVD.
Marc Azéma, Préhistoire de la bande dessinée et du dessin-animé, catalogue d’exposition, Musée d’Orgnac-Centre du Pech-Merle-Passé Simple, 2008.
Quand les livres s’amusent à Lyon
Le musée de l’imprimerie à Lyon organise en ce moment et jusqu’au 24 juin 2012 une exposition intitulée Quand les livres s’amusent (clic pour les infos pratiques dans le dossier de presse). Attention (les lecteurs habituels de mon blog connaissent ma sensibilité au sujet), le musée, situé dans un immeuble Renaissance (en partie l’ancien hôtel de ville), n’est absolument pas accessible aux personnes à mobilité réduite et je pense difficilement aux handicapés visuels s’ils ne sont pas accompagnés (il y a plein d’escaliers, de marches isolées entre les pièces, de couloirs étroits).
Elle présente les livres animés sous toutes ses formes, avec en tout premier les livres scientifiques animés de divers dispositifs pour mieux comprendre le cosmos ou diverses machines… puis sont arrivés les livres pour enfants, ou plutôt des livres destinés aux enfants mais à manipuler par des adultes (pas comme tous les livres actuels fabriqués en Chine et plus ou moins costauds… ces premières versions sont assez fragiles). Un petit espace est réservé aux flipbooks (sur le sujet, le mieux est de visiter ce site qui leur est exclusivement consacré, flipbooks, le collectionneur avait réalisé il y a quelques années une magnifique exposition à Rennes, et a prêté certains de ses ouvrages à Lyon). Un autre espace est consacré au livre-théâtre animé, mais point de zootropes comme ceux que j’ai vus en 2010 à Strasbourg dans l’exposition Des mondes de papier, l’imagerie populaire de Wissembourg). Le dernier espace est dédié aux livres d’artistes, avec de très belles et astucieuses réalisations… Pour ceux qui passent à Lyon, la visite s’impose… pour les autres, il y a un beau petit catalogue (pas cher… 10 euros!).
Exposition : Des mondes de papier, l’imagerie populaire de Wissembourg
Au cours de mon grand week-end début novembre 2010 à Strasbourg, j’ai visité tous les musées et la plupart des expositions en cours. Aujourd’hui, je vous présente Des mondes de papier, l’imagerie populaire de Wissembourg, exposition proposée par le Musée alsacien jusqu’au 31 janvier 2011 dans la Galerie Heitz du Palais Rohan. Y sont présentées des planches d’images en couleur imprimées entre 1839 et 1939 par l’entreprise de lithographie fondée par Jean-Frédéric Wentzel dans la petite ville alsacienne de Wissembourg, cette production d’images étant même plus importante que celle d’Épinal. J’ai fait de belles découvertes, comme les personnages imprimés grandeur nature, les petits personnages et décors à découper et coller sur carton pour faire des théâtres de papier, des jeux de l’oie, ou encore des zootropes. Kézako? C’est un procédé qui permet, en collant des images dans un cylindre, d’obtenir une impression de mouvement, un peu comme pour les flipbooks (ces petits livres dont on tourne les pages vite en les tenant par le coin et cela donne l’impression de mouvement, j’avais vu une super exposition à rennes il y a quelques années). Mais pour les zootropes, les images tournent dans le cylindre et on les regarde par une fente… Vous préférez comprendre en image? Retrouvez ici les flipbooks et là les zootropes… et vous pouvez même acheter un kit ici (fautes de grammaires gratuites… je ne garantis pas la boutique).
J’ai aussi appris que ces images que je pensais imprimées en lithographie en couleur ne l’étaient pas le plus souvent. Pour réaliser une lithographie en couleur, il faut des ouvriers imprimeurs hautement qualifiés (et donc chers…) pour bien caler chaque pierre les unes après les autres (une par couleur, voir les explications ici par exemple), le moindre décalage est fatal… Du coup, à Wissembourg (et sans doute ailleurs), ils ont préféré imprimer les lithographies en noir et blanc. puis des ouvrières peu qualifiées procédaient à la mise en couleur à l’aide de pochoirs, une ouvrière par couleur, toujours la même couleur, et plus facile à caler que la feuille à l’envers sur la presse…
J’ai moins aimé les productions d’images pieuses, mais apprécié ces ancêtres de la BD que sont les petites histoires illustrées…
Je vous invite à aller découvrir le dossier en ligne du Musée alsacien.