De nouveaux massacres sont annoncé à Poitiers, cette fois dans le square de la République… [PS de du 24 février 2012: le massacre continue… le monument lui-même a subi un nettoyage intempestif, avec un décapage par hydrogommage, sablage si vous préférez. Sa restauration a commencé en juin 2012.].
Alerte pour la sauvegarde des grilles et de deux arbres
Le 19 novembre dernier, les Verts (Europe-Ecologie-les-Verts) organisaient une manifestation devant le square de la République (localement généralement appelé square Magenta). Parallèlement, en cherchant des informations sur le changement de nom des rues Renaudot et Carnot (dates précises toujours pas trouvées…), j’étais tombée sur un article de l’Avenir de la Vienne, 124e année, n° 301, mardi 24 et mercredi 25 décembre 1895, vues numérisées 41 et 42 notamment, racontant l’inauguration, avec les discours et le menu du banquet… Plus de détails sur l’article Le monument aux morts de 1870-1871, publié une première fois en janvier 2009 et complété en janvier 2010… puis au début du mois avec la presse locale.
Aujourd’hui, ce sont les grilles qui risquent d’être détruites. Depuis la fin de la semaine dernière (je l’ai vu dimanche, je n’avais pas mon appareil photo), le réaménagement de la zone de chantier laisse présager une intervention imminente. Celle-ci risque fort de se traduire par l’abattage de deux arbres (objet de la manifestation du 19 novembre), mais aussi par la destruction de la remarquable grille en fer forgé qui enclot le square. On la voit bien sur cette carte postale ancienne. [voir une vue du projet en commentaire ci-dessous et dans l’article de Grégory Vouhé : Édouard André et Jean-Camille Formigé. Le square de la République, L’Actualité Poitou-Charentes, n° 95, 2012, p. 45]. Le soldat est une œuvre de Jules Félix Coutan, fonte des frères Thiébaut, le square et les grilles ont été dessinés par Édouard André, et le monument et les autres bronzes de Jean-Camille Formigé, le tout a été inauguré en 1895.
Sur le dessin affiché sur les grilles de chantier (photographies du 19 novembre 2011 à midi), sur un panneau qui ne peut pas être considéré comme un affichage légal (il manque entre autre le numéro et la date du permis d’aménager…), les ateliers Lion, qui pilotent le projet Poitiers cœur d’agglomération, cœur de pagaille…,ont supprimé les grilles de ferronnerie côté rue et remplacé les autres par quelque chose qui ressemble à des barreaux de prison. Du coup, si l’on en juge par la définition du mot square, ça n’en sera plus un : « Jardin public généralement peu étendu, entouré d’une grille, au milieu d’une place« . Il ne s’agira même plus d’un jardin, il n’y aura plus aucune herbe ni plante en dehors des bacs surélevés qui entoureront les arbres, juste des pavés, encore des pavés… Avant, il y avait un peu de verdure en périphérie du monument et autour du square…
Peut-on savoir quel sort est réservé à ces grilles en fer forgé??? La casse? Le remploi? La fonte? Aucune information n’a jamais été donnée à ce sujet.
Je vous mets aussi quelques photographies du 19 novembre 2011… de 15h à 16h environ, le temps de la manifestation. Les Verts y ont procédé à l’affichage légal du permis de construire, plus quelques slogans bien sentis sur la minéralisation du centre-ville (parmi les rares arbres plantés, il y a des poiriers de Chine sur lesquels je reviendrai bientôt… une espèce potentiellement invasive dont je vous ai déjà parlé cinq jours après le démarrage des travaux, il y a plus d’un an). Alors qu’en réunion publique, il avait été dit que les arbres du square de la République seraient sauvegardés, il est prévu d’en abattre deux pour créer une nouvelle rue au fond du square. Au fait, pourquoi tracer une rue alors que la philosophie de cœur d’agglo est de chasser les voitures du centre-ville? Je n’ai pas dû bien comprendre…
Un dernier montage photo… A gauche, le projet de Yves Lion, à droite, une photographie du monument aux morts de 1870/1871 deux ans avant les travaux… Cherchez l’erreur? Allez, je vous aide, ce cabinet d’architecte en principe « mondialement réputé » () n’est même pas capable de mettre le bon monument aux morts sur son photo-montage! L’obélisque (la « pyramide » offerte par la famille Vareilles-Sommières, je cherche encore une source certaine comme quoi il s’agit de la pyramide de Saint-Hilaire, rapporté ici et là, mais aucune source primaire fiable et même il y a plutôt des arguments contre) a été remplacé par une colonne brisée, et le soldat est placé en miroir. Faut-il y voir aussi une menace sur le monument lui-même ou juste une bourde de l’architecte?
PS : dans le photo-montage plus récent sur le projet artistique, le soldat du monument est le bon… mais il n’y a même plus un brin de verdure au pied des arbres. Grrr!
Mardi 29 novembre : les grilles ont été passées à la meuleuse, voici une photographie en cours de découpe, envoyée par B.D. Il suggère que les grilles soient remployées rue des Quatre roues, où une promenade vient d’être aménagée après le rachat par la ville des terrains riverains. C’est une très bonne idée, je trouve! J’ai des photos de l’aménagement, quand les travaux n’étaient pas tout à fait terminés, j’en referai aux beaux jours…
Mercredi 30 décembre 2011: photographies de ce midi… les grilles ont été enlevées dès hier, il n’en reste plus de trace, elles ont semble-t-il été découpées et entassées sur des camions sans ménagement hier. Pour quelle destination??? Pas la casse, j’espère… Au moins qu’elles puissent être remployées (rue des Quatre-Roues?).
PS2 : sur la pyramide de Saint-Hilaire: elle est signalée dans l’arrêté de protection du musée de Chièvres (dont je vous ai parlé pour le portail des Augustins, il faut d’ailleurs que je mette cet article à jour avec des photographies après restauration) : « Petit monument commémoratif dit Pyramide de Saint-Hilaire sis 21 rue Bourbeau démonté (au musée de Chièvres) en attente de réédification soit au musée même, soit dans la ville : inscription par arrêté du 21 juin 1952« .
Pour aller plus loin : voir les articles de Grégory Vouhé, Édouard André et Jean-Camille Formigé. Le square de la République, L’Actualité Poitou-Charentes n° 95, janvier 2012, p. 45 et Édouard André, jardins pour Poitiers, L’Actualité Poitou-Charentes n° 96, avril 2012, p. 42-44.
Voici en complément une carte postale envoyée par Grégory montrant l’aménagement d’Édouard André, publiée dans cet article, il y a maintenant à la place une rue bétonnée…