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Pater, d’Alain Cavalier

Affiche de Pater, d'Alain Cvalier

Le dernier film d’Alain Cavalier que j’avais vu, Irène, est resté gravé dans ma mémoire. Je voulais absolument voir son dernier né. Pater est sorti depuis un moment, mais en peu de copies, et il est seulement arrivé cette semaine au TAP cinéma.

Le film : à Paris, de nos jours. Alain Cavalier décide de jouer avec Vincent Lindon, chacun dans leur propre rôle, à un jeu de cour de récréation ou presque… « Et si j’étais président de la République, et si vous étiez mon premier ministre »? Comme un jeu de rôle en costume (pas facile, d’ailleurs, le choix du costume et de la cravate). Ils ont chacun leurs amis pour conseillers, il s’agit pour Vincent Lindon de monter un programme sur la limitation des salaires, avec un salaire maximum à X fois le salaire minimum dans une entreprise. Pour cela, Vincent Lindon, qui l’appliquait dans son entreprise, doit vendre celle-ci. Il plaide pour un salaire maximum égal à 10 fois le salaire minimum, le président est plutôt partant pour 15% (et aucun supérieur au salaire du président de la République). Il s’agit maintenant d’écrire les discours, de convaincre les députés et les sénateurs… avant les prochaines élections présidentielles! Alors, Lindon, fils adoptif de Cavalier? Ou bien tuera-t-il le père aux prochaines élections?

Mon avis : Alain Cavalier est vraiment un cinéaste à part, qui ne ressemble à aucun autre. Devant, derrière la caméra, qu’il confie aussi à Vincent Lindon. Une expérience dans laquelle il a entraîné l’acteur… qu’ils ont vécu visiblement dans le rire et la bonne humeur… sans oublier la bonne chair (ah, oui, ne faites pas comme moi, il vaut mieux aller voir le film le ventre plein, parce que devant vous, ils mangent et boivent de bonnes bouteilles, à table, en pique-nique à la campagne…). Des moments très drôles, je ne pourrai plus voir un tire-bouchon à « oreilles » comme avant Je ne sais pas exactement comment ça s’appelle, vous savez, ces tire-bouchons qui ont des bras sur les côtés qui se lèvent quand vous l’enfoncez dans le bouchon (PS : en fait, apparemment, ça s’appelle un tire-bouchon à levier… image « volée » sur un site marchand en ci contre, le mien n’est pas de ce modèle).

Tire-bouchon à levier Donc, je ne pourrai plus voir de tire-bouchon à levier bras levés sans penser à ce film, Alain Cavalier imitant bras levés le « je vous ai compris » de De Gaulle. Il y a quand même une chose inquiétante: et si nos « vrais » politiques prenaient leurs décisions comme ça, autour d’un bon repas (pas la peine de gâcher une bonne bouteille avec le président actuel, il ne sait pas apprécier, paraît-il). Et tout à coup, la « vraie vie » entre dans le film, Lindon redevient Lindon, furieux après son propriétaire (pour une histoire d’ascenseur), la caméra tournait, la scène a été gardée, grandiose! Gare aussi aux ongles rongés, ça en fait mal au spectateur (oui, filmé en vis à vis, ça se voit!). Une expérience cinématographique unique (d’un an quand même) pour Vincent Lindon, à ce que j’ai lu et entendu, mais aussi un OVNI cinématographique pour le spectateur. Filmé avant l’affaire DSK, mais avec cette mise en garde de Cavalier-Président, attention aux histoires de fesses. D’ailleurs, il remet à Lindon une photo compromettante de son principal adversaire politique… L’utilisera-t-il?

Un film à tout petit budget (d’après Cavalier, la plus grosse dépense, ce sont les 6000 euros du massacre à la pioche de la voiture ministérielle), pas beaucoup de copies qui circulent, mais surtout, allez le voir si vous pouvez… Et il y a plein de scènes de franche rigolade, la main dans les glaçons (trop de mains serrées), la sieste du boulanger, ou d’intimité quotidienne, comme le ronron du chat…

On devrait obliger tous les candidats à la prochaine campagne et toute leur équipe à aller voir ce film! Chiche pour mettre le salaire maximal légal dans vos programmes pour la prochaine campagne? A part le salaire maximal, il y a aussi dans le programme la condamnation à la peine maximale de tout élu ayant détourné ne serait-ce qu’un euro à son profit personnel, et le retrait de la légion d’honneur (s’il l’avait) et de tout accès aux palais de l’État à tout exilé fiscal. Je vote pour!

Irène, de Alain Cavalier

Affiche de Irene, de Alain Cavalier Dans le cadre du festival Télérama 2010, j’ai aussi vu Irène de Alain Cavalier. Je suis allée voir ce film en plus de ce que j’avais prévu, après une longue discussion, et je le place aujourd’hui également après mûre réflexion et analyse. Aucune inquiétude à avoir donc pour mes proches, je ne sais pas si je vais bien aujourd’hui, j’ai rédigé l’article il y a un mois et demi et ne compte pas le relire… et j’ai rendez-vous à 13h chez le psychologue.

Le film : aujourd’hui et en 1970/1971… Comme un dialogue entre l’auteur, Alain Cavalier, et le journal intime de son amie, décédée en 1971 d’un accident de la route. Mais était-ce bien un accident ? Irène avait fait plusieurs tentatives de suicide. Ce jour là, ils étaient chez des amis et sur le point de se séparer. Alain a refusé de l’accompagner pour une promenade, elle a fui en voiture et a eu un accident de voiture au carrefour suivant. Consciente à l’arrivée des secours, elle ne donne pas son identité ni le numéro de téléphone… Elle décède dans la soirée. Alain revisite aujourd’hui les lieux qu’ils ont partagé, au fil du journal intime…

Mon avis : un film très curieux, où le spectateur semble en position du voyeur, alors même qu’Irène n’est évoquée que par ses textes, quelques rares photographies et des silhouettes (édredon positionné en forme humaine sur un lit, allusion avec la reproduction d’un tableau de De la Tour, etc…). Aucun acteur, pas de musique… Un film qui doit avoir aidé – au moins je l’espère – l’auteur à évacuer sa culpabilité 40 ans après… Une heure et demie d’un film impossible à classer… et qui prend un écho très particulier pour moi, mais je le savais avant d’y aller. À ne pas voir sans être prévenu, mais il y a peu de risque, peu de copies, et à part Arte, je ne vois pas quelle chaîne de télévision prendra le risque de le diffuser (en tout cas pas à une heure de grande écoute).

Les films que j’ai déjà vus du festival Télérama 2010 :

PS : depuis, j’ai vu aussi d’Alain Cavalier, Pater.